La belle cycliste

Je relis des vieux trucs, j'en ai trouvé un ardemment érotique, je vous le soumets !

 

 La belle cycliste

Apparut alors, sur l’intense amertume de Je, bicyclétant d’une rue de traverse, la jolie jeune et pulpeuse mais ferme, Madame Missel, aux lèvres bigarreau. Bicyclétante et désinvolte, auréolée d’une jupette écrue légérissime, flottante et tournoyante à son entour comme une onde de vague... Et les roues de la bicyclette devaient être bien grandes — ou tout petit Je Humble — car au fur et à mesure de son approche, il comprenait qu’il pourrait la voir... PAR EN DESSOUS !

À partir de la taille serrée, la claire jupe palpitait en une ample respiration de corolle pétalaire... À chaque mouvement d’une jambe s’hissant, Je discernait entre ses cuisses, au dessus de la selle crochue, sombre et bec-vorace-d’aigle-morphe, ce qu’il prit tout d’abord pour les poils châtain clair — très-très-clair — de son sexe.

Dévoilé.

Une manière de pistil poilu !

LE CHŒUR :

Et Je Humble aimerait

d’être une fine guêpe

pour lutiner

l’entrejambe des femmes

s’accroupi-

(pipi)ssant,

genoux flexés

et écartés...

Il aimerait

étudier

— scientifiquement —,

le degré d’adhérence

ventousique

de tels replis cachés

désordonné-

(ma)ment.

 

Mais il se ravisa : ce n’était (las !) que la culotte !

La femme poursuivait son élégant pédalement au zénith de Je Humble, en une interminable séquence, révélant à chaque haussement mécanique de cuisse, un détail inédit de son intimité floralistique. Au coup de pédale suivant, Je apprit de la culotte qu’elle était de dentelle... ajourée... couleur chair... et presque transparente... Au suivant qu’elle tenait — la culotte — à mi-hanches, d’une faible attache aussi fine qu’un fil. Dont Je, n’eût osé espérer qu’accidentellement, eût pu, à la seconde, et SUR ses yeux, se délacer ce fil...

Il devenait de plus en plus évident que son impression du tout début (à savoir que le beau sexe de la belle dame était sur le point de) était exacte. Il put même admirer lorsqu’elle le frôla, que le fin duvet follet dont le léger volume, enserré dans le vaporeux voile culottique, s’émancipait par endroit : sourdaient donc de VRAIS poils, comme un yaourt aux fruits, vivaces et par petites touffes, des trous de la dentelle...

Et les tendres replis de la peau rose vif par l’effort déformés, s’écrasaient sur le dur cuir pointu de la selle cornée, il est vrai arrondie à son extrémité : Dieu est bon !

Voilà !

Voilà pourquoi rentrant chez lui, Je remarqua chemin faisant, contrebassant la route droite, tel jardinet à l’arrosage.

S’étendaient là, quatre couches carrées, disposées deux, puis deux... Cependant, si les deux près de Je, se trouvaient largement inondées, les deux plus éloignées, elles (couches), semblaient souffrir atrocement du manque d’eau ! (Et pour sûr que le mince filet sourdant du béal (canal) , serait insuffisant.) Je remonta vers le village... Et à mi-pente du raidillon qui conduisait aux premières maisons, là où s’intersectaient les canaux débondants, allait s’élucider pour lui la raison du peu d’eau dans les jardins du bas : le flanc droit de l’un d’eux s’était décolmaté par où se perdait l’eau ! Je empoigna sa "sarpe", et d’un coup plat, précis, digne d’un jardinier expert, reboucha vitement la brèche du ruisseau.

 

LE CHŒUR : Je, n’est qu’action et décision.

 

Le fin filet glougloutant, dévalant la rigole, suffirait désormais à arroser les deux derniers carrés.

 

LE CHŒUR :

Entendez-vous, entendez-vous le soir venu,

sentant monter l’inspiration,

Je lentement s’en épancher

en un poème aux riches rimes ?

 

Sonores et imagés, les mots coulaient, intarissables :

« Culotte

Culotte

Culotte... »

 

LACAN : L’art ne donne pas à voir mais à cacher...

 

 

 

 

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