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Algérie : La force locale après les accords d’Évian (mars-juillet 1962)


bena11

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Marie-Noel Membre 8 messages
Baby Forumeur‚
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Cependant, la résiliation des sursis ainsi que l’anticipation du service militaire, imposées par l’ordonnance, suscitent des critiques.

Évidemment, mais la France, ou, la Nation Française avait sans doute l'obligation de le faire. Pourquoi??

Effectivement dans les arrestations, suites aux attentats sur les musulmans, la police des deux pays se trouvaient confrontés, a l'arrestations de certains jeunes, qui n'auraient pas dû "se trouver au mauvais endroits au mauvais moments".Et c'était plutôt, pour leurs sauver la vie que la résiliation de leurs sursis et l'anticipation du service militaire leur fut imposé.

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Marie-Noel Membre 8 messages
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Cependant, la résiliation des sursis ainsi que l’anticipation du service militaire, imposées par l’ordonnance, suscitent des critiques.

Effectivement, cette résiliation ainsi que l'anticipation au service militaire, ne pouvaient pas plaire.

Mais je crois que la Nation Française, et la police des deux pays, n'avaient pas le choix pour sauver les jeunes français d'Algérie.

Ceux-ci, avaient le malheur de se trouver "au mauvais moment, au mauvais endroit" lors des rafles de la police, suite aux attentats de l'OAS, contre la population musulmane.

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bena11 Membre 3 087 messages
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Cependant, la résiliation des sursis ainsi que l’anticipation du service militaire, imposées par l’ordonnance, suscitent des critiques.

Évidemment, mais la France, ou, la Nation Française avait sans doute l'obligation de le faire. Pourquoi??

Effectivement dans les arrestations, suites aux attentats sur les musulmans, la police des deux pays se trouvaient confrontés, a l'arrestations de certains jeunes, qui n'auraient pas dû "se trouver au mauvais endroits au mauvais moments".Et c'était plutôt, pour leurs sauver la vie que la résiliation de leurs sursis et l'anticipation du service militaire leur fut imposé.

Le plan Simoun en accusation

11.En effet, l’Union nationale des étudiants de France(UNEF) s’élève aussitôt contre l’incorporation anticipée. De fait, les jeunes gens incorporés ne pourront pas se présenter aux examens 14. En outre, dans une émission pirate, le 22 mai, l’OAS conteste l’appel sous les drapeaux des jeunes FSE. Elle ordonne à la population de les cacher et aux fonctionnaires de saboter le plan 15. Dans l’émission du 2 juin, elle compare le plan Simoun au service du travail obligatoire (STO) et assimile Christian Fouchet au Gauleiter Fritz Sauckel 16. Certes, le STO était effectué en Allemagne à titre de substitut du service militaire et des sursis furent supprimés. Néanmoins, le rapprochement, voire l’amalgame, entre ces deux concepts est injustifié car l’appel anticipé était également destiné à protéger ces jeunes.

14 Le Monde, 27-28 mai 1962, p. 3.

15 SHD/GR, 1 H 1736, dossier 2, émission pirate de l’OAS, diffusée entre 19h40 et 19h58, le 22 mai 1962(...)

16 SHD/GR, 1 H 1736, dossier 2, émission pirate de l’OAS, diffusée entre 19h56 et 20h15, le 2 juin 1962(...)

17 Journal officiel de la République française, 3 juillet 1962, p. 2179.

18 Le Monde, 6 juin 1962, p. 2.

12. Enfin, à la veille du plan Simoun, un député de Batna dénonce également cette cinquième mesure de l’« opération Fouchet ». Le général Dominique Marie Renucci, choisit d’effectuer le rapport d’un télégramme d’un électeur, le 5 juin 17. Il affirme que cet appel anticipé va à l’encontre de l’article 3 du chapitre IX des accords d’Évian sur la protection des droits et des libertés des citoyens algériens de statut civil ou de droit commun qui signale que : « (…) les Algériens de statut civil de droit commun seront, pendant cinq ans, dispensés de service militaire ». Il insiste également sur les répercussions psychologiques que pourraient avoir l’envoi des appelés outre-mer 18. Cependant, le plan Simoun commence deux jours plus tard, le 7 juin.

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Une incorporation délicate

Des appelés anticipés à amadouer

13. L’ordonnance a été dûment méditée et a été l’objet d’une étroite correspondance entre Christian Fouchet et le général Michel Fourquet. L’objectif était d’éviter des désertions et d’incorporer un grand nombre de jeunes FSE, d’Alger et d’Oran. À cette fin, le général Michel Fourquet a proposé à Christian Fouchet d’aligner les âges d’incorporation d’Algérie sur ceux de la métropole 19. C’est pourquoi, l’idée d’une mobilisation à l’âge de 19 ans a provoqué autant de remous. De fait, il existe un décalage entre les classes creuses en France, liées à une fécondité en chute et les classes trop importantes en Algérie, en vertu de la mobilisation des FSNA. Ils sont, donc, mobilisés à 20 ans en métropole, tandis qu’en Algérie, ils sont incorporés à l’âge de 21 ans.

19 SHD/GR, 1 H 1385, 10 mai 1962.

14. L’ordonnance impose également la résiliation des sursis. En effet, c’est le général Michel Fourquet qui a proposé cette seconde mesure, complétant l’alignement des âges d’incorporation. Néanmoins, afin de ne pas provoquer le mécontentement des jeunes FSE, il prévoit, non seulement, de supprimer les sursis de tous les partisans de l’OAS arrêtés ; mais aussi, de multiplier les contrôles de la police, dans les villes d’Oran et d’Alger, d’en garder à chaque fois une fraction et de les interner administrativement. Ceux qui se révèleraient être en sursis seraient mobilisés. Enfin, outre les résiliations de sursis, le général Michel Fourquet annonce que les sursitaires, qui renonceront à leur sursis avant le 15 septembre ou dont le sursis arrivera à expiration avant le 1er novembre ainsi que ceux dont le sursis n’aura pas été renouvelé au titre de l’année scolaire 1962-1963, seront incorporés. En somme, l’effectif susceptible d’être appelé et de 19 500 jeunes, comprenant 11 000 FSE, jusqu’à l’âge de 18 ans et cinq mois, 7 000 FSE sursitaires et 1 500 FSE en report d’incorporation.

20 SHD/GR, 1 H 1385, 26 mai 1962.

15. En réalité, entre le 10 mai, date de rédaction de la note de service du général Michel Fourquet à Christian Fouchet et l’émission de l’ordonnance du 17 mai, le nombre a été réduit. In fine, 6 000 FSE, toutes catégories comprises, habitant Alger et Oran, sont visés. Par ailleurs, bien que l’incorporation s’adresse à tous les jeunes âgés de 19 ans résidant au sein des villes d’Alger et d’Oran, on constate des exceptions. Dès la parution de l’ordonnance, certains jeunes aux cas particuliers se sont présentés spontanément aux centres d’instruction demandant le maintien de leurs sursis ou le report d’incorporation. Le général Michel Fourquet s’engage à étudier lui-même chacun des cas sans déléguer le pouvoir de décision 20. Cette initiative reflète donc, de nouveau, le désir de ne pas susciter de mécontentement, voire la rébellion des jeunes FSE. C’est pourquoi, les conditions matérielles destinées à améliorer le moral des jeunes FSE, empreints d’amertume par la résiliation des sursis et l’appel anticipé, doivent aussi être valorisées.

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Marie-Noel Membre 8 messages
Baby Forumeur‚
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Il ne faut pas confondre - FSE d'Algérie (futur militaire) qui concernait ce plan. Et - militaire FSE du contingent de métropole qui avaient été mutés d'office dans les forces locales Algérienne pendant cette période, qui auraient préférer être renvoyer en France, mais qui ont tenu leurs missions en Algérie, mission qui a été occultée pendant 50 ans.

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Membre, 91ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 91ans‚
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C'est bien ce qu'ils comptaient faire au nord du pays, laisser le Sahara à De Gaulle afin de tirer et le pétrole et l'arme nucléaire... Les autochtones restant dans leurs montagnes.

C'est un truc qui ne tient pas debout !
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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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C'est un truc qui ne tient pas debout !

Suis d'accord en partie.

La FRance a fait la même chose en Nouvelle France...pour quelques arpents de neige disait-elle..

Le Sahara -un desert de sable- vaut son pesant d'or aujourd'hui.

Longue histoire.

:hu:

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Un accueil rigoureusement préparé

16. Les recrues doivent être correctement accueillies. Cette idée est constante au sein des archives concernant le plan Simoun 21. C’est pourquoi, les autorités militaires se fondent sur les comptes rendus des précédentes incorporations outre-mer.Le général Michel Fourquet cible le personnel et les cadres chargés du plan Simoun. Il signale que les généraux commandant les régions territoriales et les corps d’armée d’Alger et d’Oran doivent mettre chacun sur pied un centre de rassemblement chargé de l’accueil des recrues, puis de leur mise en condition et de leur embarquement. Le personnel, responsable de l’accueil des recrues, doit être composé pour chaque ville, d’un officier supérieur, chef de centre, secondé par deux adjoints chargés des questions administratives. À ceux-ci doivent s’ajouter, un secrétariat étoffé comprenant des secrétaires et des dactylos, ainsi qu’une équipe médicale composée de plusieurs médecins et infirmières. De même qu’une antenne de recrutement, composée d’un officier et de plusieurs sous-officiers et secrétaires.

21 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.

22 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.

17. Chargés d’accompagner les jeunes incorporés en métropole et de porter les pièces matricules, les documents concernant leur transport, les cadres de conduite sont définis de la manière suivante par le général Michel Fourquet : un officier d’active dirigera 200 recrues. En outre, un sous-lieutenant s’occupera de 50 recrues. Enfin, un sous-officier sera à la tête de 20 recrues. Ces derniers doivent se présenter la veille du jour de leur prise de service à huit heures. Sous la conduite du service général de centre, ils devront consacrer la journée aux reconnaissances nécessaires à l’exécution des services de réception et d’accueil qui seront assurés le lendemain. Ainsi, la préparation rigoureuse du plan Simoun reflète de nouveau la volonté des autorités militaires de réussir l’accueil et l’envoi outre-mer des jeunes FSE 22.

23 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juin 1962.

24 Pieds-noirs magazine, n° 21, décembre 1991, Pons (Cagnes), p. 32.

25 SHD/GR, 1 H 1385, 1er juin 1962.

26 SHD/GR, 1 H 1385, 30 mai 1962.

18. Le plan Simoun doit se dérouler du 7 juin jusqu’au 16 juin inclus pour la ville d’Alger et du 7 juin au 13 juin inclus pour la ville d’Oran 23. Dès le 1er juin, les généraux commandant les régions territoriales d’Alger et d’Oran ont déterminé les centres de rassemblement, destinés à accueillir les jeunes recrues, au sein de leurs villes respectives. En effet, objets du plan Simoun I, les jeunes FSE d’Alger vont être accueillis au camp du Lido et embarquer à l’aérodrome militaire de Maison Blanche 24, leur transport étant effectué par voie aérienne. Leur débarquement est prévu dans les aérodromes militaires du Bourget et de Strasbourg. Tandis que les recrues d’Oran, cibles du plan Simoun II, devront se présenter au centre de rassemblement d’Eckmühl. Elles sont destinées à embarquer à l’aérodrome militaire de la Sénia et à débarquer à Istres 25.

Les FSE nés entre le 1er avril 1942 et le 30 avril 1943 domiciliés et résidant dans les communes d’Alger et d’Oran et les sursitaires nés entre le 1er mai 1935 et le 30 avril 1943 résidant dans les mêmes communes, soit environ 6 000 jeunes, sont convoqués 26.

27 SHD/GR, 1 H 1385, 24 mai 1962.

28 Le Monde, 23 mai 1962, p. 7.

19. Les recrues sont mobilisées par ordre d’appel individuel établi et posté par le service du recrutement. Simultanément, un communiqué indiquant pour chaque tranche d’appel les lieux et les dates de convocation est diffusé par voie de presse et de radio le premier jour de l’appel, et répété pour chaque tranche, la veille du jour de convocation 27. Cependant, les bureaux de recrutement militaire des deux villes connaissent des difficultés d’ordre technique pour envoyer les convocations à chacun des jeunes FSE appelés sous les drapeaux. Les autorités n’hésitent pas à utiliser la télévision, ce qui étonne l’envoyé spécial du journal Le Monde, Alain Jacob :« Ce mode d’appel insolite a été décidé par l’autorité militaire en raison des perturbations que connaît actuellement le service des postes dans les deux villes et sans doute parce que les gendarmes ont d’autres tâches à remplir. » 28 Le communiqué est diffusé sur France V. Ces initiatives démontrent encore le vœu des autorités françaises d’incorporer le maximum de jeunes FSE et d’éviter leur adhésion à l’OAS en les éloignant de l’Algérie.

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Un transfert outre-mer hâtif

20. Rigoureusement préparé, le plan Simoun est en outre opéré promptement, car la situation dans les deux villes est tendue et le départ est difficile, tel que le signale un témoin : « Mes parents m’accompagnent : ce sont nos dernières paroles, nos derniers sourires, nos dernières embrassades sur ce sol d’Algérie. C’est la première fois que je quitte ma famille sans savoir si on se reverra. Je pars, eux restent encore… et l’inéluctable fait sentir sa présence. Je souris mais le cœur n’y est pas. Je laisse vingt ans de ma vie sur le sol, tous les membres de ma famille, mon quartier, une réelle douceur de vivre, que je n’ai plus retrouvée à l’identique, tous mes repères. À l’époque pas de cellule d’accompagnement ! » 29

29 Témoignage de monsieur Bernard Venis, op.cit.

30 SHD/GR, 1 H 1385, 27 juin 1962.

31 SHD/GR, 1 H 2709, 19 juin 1962.

21. Aux centres de rassemblement, du Lido et d’Eckmühl, où les recrues d’Alger et d’Oran, sont respectivement attendues, les formalités sont, en effet, expédiées et ce constamment dans la double logique d’évacuer rapidement les jeunes Européens et d’éviter leur insatisfaction. L’organisation des centres comporte un service de réception et d’accueil fonctionnant, d’une part à la gare routière, d’autre part aux centres d’instruction des deux villes, ainsi qu’une chaîne de mise en condition destinée à préparer les jeunes FSE à embarquer. Cette dernière comprend une antenne de recrutement, un service général et une antenne médicale 30. Ainsi, dès leur arrivée les recrues se rassemblent pour écouter l’allocution du chef de centre 31, leur présentant les différentes étapes de l’incorporation et leur recommandant une parfaite tenue.

32 SHD/GR, 1 H 2709, 19 juin 1962.

33 Ibid., 27 juin 1962.

22. Par groupe de 20 recrues en tenue civile, ils sont pris en charge par les cadres désignés pour les accompagner jusqu’au lieu de destination. Les jeunes recrues passent successivement devant un service de fouille, puis devant l’antenne de recrutement et, enfin, au secrétariat. Ce dernier est organisé en deux ateliers, un par destination, Strasbourg et Le Bourget d’une part, Istres d’autre part. Il procède immédiatement à l’enregistrement des renseignements sommaires concernant chaque recrue et à des listes nominatives destinées aux cadres 32. Ensuite, les jeunes FSE passent une visite médicale. Les inaptes médicaux sont renvoyés chez eux, après avoir été pointés, avec une attestation régulant provisoirement leur situation. Durant leur séjour dans les centres, les recrues déjeunent sur place. Ils assistent à une présentation de matériels blindés ainsi qu’à une séance de cinéma récréatif avant leur départ 33.

23. Pendant les quatre premiers jours, les moyens de transport aériens présents ont permis d’embarquer environ deux tiers des incorporés. À partir du 11 juin, grâce à une augmentation des moyens de transports et au report dans l’après-midi des horaires de départ, la totalité des recrues a été dirigée en métropole, le jour même. Un témoin, a embarqué dans un DC-6, un quadrimoteur de la Swissair et un autre a embarqué sur un porte-avions léger, le Lafayette. De nouveau, la diversité des moyens de transports employés par les autorités militaires pour faciliter le départ des jeunes FSE révèle la volonté de les éloigner au plus vite.

34 SHD/GR, 1 H 1385, 30 mai 1962.

35 Témoignage de monsieur Gilbert-Ange Caramante extrait du site suivant : www.cerclealgerianiste.ass(...)

24. L’arrivée des jeunes FSE en métropole s’articule autour de trois temps forts 34. Le premier temps est l’incorporation. L’affectation des recrues est prononcée à leur arrivée en métropole. Chaque jour, les FSE sont ainsi répartis : 80 % au sein de l’armée de Terre, 15 % à l’armée de l’Air, et 5 % dans la Marine nationale. Ainsi, un témoin, breveté parachutiste, a été affecté au 7e bataillon de chasseurs alpins à Bourg-Saint-Maurice en Savoie. Situé à 50 kilomètres d’Albertville, ce bataillon fait partie de la 27e brigade d’infanterie de montagne : « Alors l’hiver 1962-1963, pour quelqu’un qui n’avait pratiquement jamais vu la neige et des températures très froides, cela forge le moral. » Un autre témoin a, pour sa part, été incorporé au 10e régiment d’artillerie anti-aérien, dans la ville de Vannes. Enfin, un témoin a été envoyé à Lure au 54e régiment d’artillerie 35.

25. Dès leur arrivée, les recrues sont immédiatement rattachées à la fraction du contingent 1962/2 A incorporée dès le 1er juillet. Ils passent ensuite une visite médicale, normalement prévue, à toute incorporation. C’est pour eux, la seconde visite, la première ayant eu lieu en Algérie. Le second temps est celui de la sélection. Un « tri » est effectué dans l’objectif de faciliter le troisième temps, qui est celui de l’instruction. Ces derniers reçoivent la formation élémentaire du combattant en même temps que la fraction du contingent 1962/2 A. Dès l’incorporation de cette fraction, les recrues originaires d’Algérie sont associées à celles du contingent métropolitain. En attendant le début de l’instruction, une formation sommaire préparatoire à la formation commune de base et orientée essentiellement sur l’éducation physique militaire, la marche, l’armement et le tir, est dispensée. Alors que, le service militaire des jeunes FSE d’Alger et d’Oran âgés de 19 ans transférés en métropole ou en Allemagne commence, le plan Simoun s’achève.

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bena11 Membre 3 087 messages
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Une incorporation autoritaire

Une incorporation anticipée fructueuse

26. Ainsi que l’atteste la presse, les recrues sont arrivées à destination aux dates prévues, sans retard. La Dépêche d’Algérie datée du 8 juin titre : « 400 jeunes algérois "mobilisés anticipés" ont "rejoint". Ils seront acheminés aujourd’hui sur la métropole et surtout en Allemagne. » 36 Le bilan numérique effectué par le général Michel Fourquet semble satisfaisant. Ainsi, pour le Grand Alger, sur 2 672 jeunes européens convoqués : 1 428 se sont présentés, soit un pourcentage de 53,4 %. Tandis que pour la ville d’Oran, sur 1 350 FSE convoqués : 1 002 se sont présentés, soit 74,2 %. Par conséquent, au total, pour les opérations Simoun I et Simoun II sur 4 022 recrues convoquées, 2 430 se sont effectivement présentées, soit 60,7 %, dont 50 furent déclarés inaptes. 2 313 au total furent incorporés en métropole, tandis que 67 jeunes européens d’Oran furent dirigés vers Mers el-Kébir 37. L’étude des statistiques ainsi que le ton allègre des autorités militaires permettent d’observer que leurs espérances ont été comblées.

36 La Dépêche d’Algérie, 8 juin 1962, p. 1.

37 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juillet 1962.

38 Nous avons effectué le calcul suivant : 2 313 (recrues incorporées en métropole) + 67 (recrues dir(...)

39 SHD/GR, 1 H 1385, 2 juin 1962.

40 Témoignage de monsieur René Mancho.

27. Cependant, il faut nuancer la réussite du plan Simoun. En effet, à l’origine, les autorités militaires comptaient envoyer 6 000 jeunes outre-mer donc un nombre beaucoup plus important que le résultat obtenu, soit 2 380 38. De plus, le graphique proposé par le général Michel Fourquet, démontre qu’aucune catégorie de jeunes ne s’est présentée en totalité. Nombreux sont les FSE qui ne sont pas venus spontanément le jour de leur convocation aux centres d’instruction. La preuve étant que, normalement le plan Simoun I, concernant la ville d’Alger, devait s’échelonner du 7 au 16 juin et le plan Simoun II, visant la ville d’Oran, devait s’étendre du 7 au 13 juin 39. Or, plusieurs recrues ont été mobilisées après le 16 juin, avec quelques jours de retard, comme un témoin envoyé en métropole, le 21 juin 40.

28. En réalité, la satisfaction des autorités militaires peut être, en partie, expliquée par la situation même des deux villes concernées par l’appel anticipé. Les jeunes FSE mobilisés demeurent loin des attentats de l’OAS. Effectivement, le 7 juin, premier jour du plan Simoun, correspond au pont culminant de la stratégie de la « terre brûlée » de l’OAS. À Alger, la Bibliothèque nationale est incendiée, dix écoles sont plastiquées de même que le marché ouvert de Bab el-Oued entre autres. À Oran, ce sont la mairie, la bibliothèque municipale et trois écoles qui sont les cibles d’attentats de l’OAS. C’est pourquoi, les autorités militaires affirment que les appelés du plan Simoun ont été envoyés loin de ces deux villes avec succès. Certes, aucun incident n’a été noté. Le bon fonctionnement du transfert des jeunes FSE outre-mer est dû au personnel dont l’attitude est louée par le chef du centre de rassemblement d’Alger, notamment. Il était indispensable que les cadres se présentent d’une façon parfaite devant les jeunes recrues. Un devoir dûment imposé aux autorités militaires et qui a permis la concrétisation, sans problème majeur, du plan Simoun.

41 SHD/GR, 1 H 1385, 7 juin 1962.

42 SHD/GR, 1 H 1385, 22 juin 1962.

29. Finalement, seules quelques difficultés sont à noter. D’une part, une modification du plan de transport. En effet, pour permettre une meilleure répartition des recrues entre les régions militaires de métropole, le lieu de débarquement des jeunes recrues d’Alger a été en partie modifié. Il reste sans changement du 7 au 13 juin inclus. En revanche, les recrues convoquées à partir du 14 juin ont débarqué à l’aérodrome militaire d’Istres, où elles ont été réparties entre les 5e, 6e, 7e, 8e, et 9e régions militaires 41. Par ailleurs, des dépenses supplémentaires, relatives à l’alimentation, sont signalées 42. Hormis ces deux faits, le transfert des jeunes européens s’est déroulé correctement. Cependant, l’adhésion était obligatoire et revêtait un caractère grandement autoritaire, ce qui permet de nuancer les propos des autorités au sujet du comportement des jeunes Européens.

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bena11 Membre 3 087 messages
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Une mobilisation obligatoire

30. Une grande pression a été exercée par le gouvernement et les autorités militaires françaises. Les jeunes FSE, qui n’avaient pas été appelés, devaient se présenter sous peine d’être hors-la-loi. Dans la même logique, les autorités militaires se sont engagées à transférer les recrues qui ne pourraient guère se rendre, faute de moyen de transport, au centre de rassemblement. Les jeunes FSE devaient se présenter au district de transit d’où ils ont été acheminés aux camps du Lido, pour Alger et d’Eckmühl pour Oran. L’accueil et le transport des appelés venant dans ces conditions au district de transit demeuraient à la charge de l’officier supérieur, chef du centre de rassemblement des recrues 43. Une initiative qui témoigne non seulement de la rigoureuse organisation de l’opération mais aussi de l’urgence de sa réalisation.

43 SHD/GR, 1 H 2709, 2 juin 1962.

44 SHD/GR, 1 H 1385, 6 juin 1962.

31. Par ailleurs, le caractère autoritaire du plan Simoun s’avère incontestable car les jeunes recrues obligées de se présenter sont escortées par des militaires chargés d’empêcher toute rébellion. En effet, le général commandant la zone d’Alger Sahel a été chargé d’assurer la protection contre toute menée subversive susceptible de troubler le déroulement des opérations d’appel, en particulier aux abords du district de transit d’Alger et du camp du Lido, ainsi que pendant le transport des recrues entre ces deux points et lors de leur déplacement vers l’aéroport d’embarquement. Concrètement, ces décisions se traduisent par la présence d’une patrouille blindée pour deux camions au maximum et d’un peloton blindé au-delà de deux camions 44.

45 Cros (V.), Le Temps de la violence, Paris, Presses de la Cité, p. 207.

46 Katz (J.), L’honneur d’un général, Oran 1962, Paris, L’Harmattan,p. 238-246.

47 Journal officiel de la République française, 18 mai 1962, p. 4869-4870.

32. Enfin, les autorités militaires multiplient les fouilles des jeunes FSE habitant Alger et Oran, déjà importantes au mois de mai. En effet, d’une part, le préfet de police d’Alger, Vitalis Cros, affirme que dans le seul mois de mai, il eut 472 arrestations de tueurs ou de plastiqueurs et plus de 30 000 armes saisies 45. D’autre part, le général du corps d’armée d’Oran, Joseph Katz, note que du 1er au 13 mai, 1 500 personnes et 300 véhicules ont été contrôlés, 500 personnes appréhendées, 214 arrêtées. Tandis que du 15 au 25 mai, plus de 10 000 personnes et plus de 300 véhicules dans les différents quartiers de la ville européenne ont été contrôlés ainsi que 300 personnes arrêtées 46. Aux prémices du mois de juin, l’objectif des autorités militaires est de retrouver les éventuels retardataires ou déserteurs. Néanmoins, le caractère autoritaire du plan s’exprime, surtout, en Algérie. Selon les autorités françaises, le plus important étant que les jeunes FSE demeurent outre-mer. En effet, nombre d’entre eux ont déserté à leur arrivée en métropole. En outre, les jeunes FSE sont libérés à partir du mois d’août. Le troisième article de l’ordonnance stipulait que : « Lorsque les circonstances le permettront, les jeunes gens titulaires d’un sursis qui auront été incorporés en application des articles 1er et 2e ci-dessus pourront bénéficier, dans des conditions déterminées par décret, d’une suspension de service afin de reprendre leurs études. » 47

48 Ibid.,7 août 1962, p. 7818.

49 Ibid., 1er juillet 1962, p. 6410.

33. L’ordonnance no 62-908 du 4 août « relative aux obligations militaires des jeunes gens de statut civil de droit commun en Algérie » 48 est destinée à appliquer cet article. Elle démontre, de nouveau, sans ambages que le plan Simoun était un prétexte, temporaire, destiné à éloigner la jeunesse FSE de l’action de l’OAS en Algérie. Paradoxalement, à Alger dans une ville vidée de sa jeunesse, une session de rattrapage était proposée aux étudiants. Le décret du 30 juin, émis par le ministre de l’Éducation nationale Pierre Sudreau, stipulait l’organisation d’une session spéciale d’examens au début du mois de novembre 49. À cette date, le gouvernement français pensait probablement qu’après le référendum les jeunes appelés anticipés, minorité européenne au sein du pays nouvellement indépendant, pourraient terminer leurs études en Algérie. Néanmoins, le plan Simoun devint pour de nombreux appelés anticipés le symbole d’un non-retour.

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bena11 Membre 3 087 messages
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Un symbole du non-retour ?

34. Plusieurs jeunes hommes ne sont, effectivement, pas retournés en Algérie, leur terre natale, depuis leur transfert outre-mer. Ainsi en témoigne le poème d’un appelé anticipé : « Ce triste 21 juin 1962, le soleil plombe mais tout est flou, mes yeux s’embrument, les larmes coulent et je ne peux pas lutter. À travers les brumes de ma vue, là-bas Oran n’est plus qu’une tache floue. Oran, Oran de ma jeunesse. » 50 Le plan Simoun est donc à corréler à l’exode des Européens. Cet appel anticipé est donc devenu un exil anticipé, forcé, dans un lieu souvent inconnu. En effet, les jeunes FSE ont été déracinés, leurs familles ont été disloquées. Ils tentent de retrouver leurs proches dont ils n’ont plus de nouvelles : « Le 14 août 1962 tout le personnel au grand complet fut réuni tôt le matin dans l’enceinte majestueuse du 54e RA. Notre chef de corps nous annonça alors, sans rire, que nous pouvions si nous désirions rentrer dans nos foyers. Quels foyers ? La plupart d’entre nous n’avait aucune nouvelle de notre famille », affirme un témoin51. Ce dernier, à l’image de plusieurs jeunes, préféra terminer son service militaire avant de rejoindre sa famille dont il réussit finalement à connaître la localisation : « Un échange assez compliqué m’avait rassuré sur le sort de ma mère et ma grand-mère qui avaient été hébergées à Béziers (...). Ils vivaient, serrés (…) mais sains et saufs. » 52 Afin de pallier l’arrivée des rapatriés, dont la plupart n’a pas de toit, ni de ressources, des mesures d’accueil sont mises en œuvre.

50 Témoignage de monsieur René Mancho.

51 Témoignage de monsieur Ange Gilbert Caramante.

52 Ibid.

35. La création d’un secrétariat d’État aux Rapatriés, le 24 août 1961, confié à Robert Boulin, est destinée à conduire les opérations de rapatriement. Une allocation mensuelle de subsistance est accordée pour un an aux rapatriés, en attendant leur reclassement professionnel. En 1967, la catégorie « rapatriés » disparaît des statistiques de demandeurs d’emplois, ce qui révèle leur intégration économique. Les plus jeunes recrues concernées par le plan Simoun, âgées de 19 ans en 1962, ont à cette date 24 ans.

53 Pieds noirs magazine, op.cit., p. 32-33.

36. Subsistent encore les blessures d’ordre psychologique et mémoriel, pour ces anciennes recrues dont on tait l’appel anticipé. Le témoignage d’un appelé, un sursitaire âgé de 20 ans, dont le sursis fut résilié, est empreint d’amertume : « Alors, question : combien de jeunes gens ont été touchés par ce qu’il faut appeler une rafle ? Et pourquoi les historiens sont si peu bavards à ce sujet ? » 53 Cette réflexion pose le problème constant de la mémoire dans la thématique de la guerre d’Algérie, une guerre qui n’a été reconnue que très récemment. De fait, ce n’est que le 10 juin 1999 que l’Assemblée nationale adopte une loi qui substitue l’expression de « guerre d’Algérie »à celle« d’opérations de maintien de l’ordre ».

Soraya Laribi , « Le plan Simoun ou la mobilisation anticipée des conscrits européens d’Algérie en juin 1962 », Revue historique des armées,

http://rha.revues.org/index7584.html.

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Poéme de René Mancho au sujet du plan Simoun :

lafayette2.jpg

C’est fini.

La rade de Mers el Kebir défile sous mes yeux.

Je suis sur un porte-avions « Le Lafayette », c’est son dernier voyage, il va être désarmé et comme pour se venger, il m’arrache à mes racines.

Cela fait trois semaines que je résiste, trois semaines que le « PLAN SIMOUN » a été déclenché :

« Tout jeune, âgé de dix huit à vingt cinq ans, sursitaire ou pas, doit rejoindre l’armée. »

Je viens d’avoir vingt ans, je suis instituteur dans le bled, je ne me sens pas concerné.

« Part René, c’est foutu, dans quelques jours tu vas être déserteur, tu es déjà considéré comme insoumis. »

Ma mère, mon frère, ma sœur tous me tombent dessus.

J’ai cédé et je suis sur le pont de ce monstre d’acier.

Ce triste 21 juin 1962 le soleil plombe mais tout est flou, mes yeux s’embrument, les larmes coulent et je ne peux pas lutter.

A travers les brumes de ma vue, la-bas Oran n’est plus qu’une tache floue.

Oran, Oran de ma jeunesse…..

oran.jpg

René Mancho

- - - -

Peau/aime :

Si la parole se fait dure à présent,

Au point de glacer le sang du poème,

C’est qu’elle craint tout autant les envolées belliqueuses

Que les élans qui confieront bientôt aux urnes

Une demande de dureté plus grande encore!

Est-ce une Europe guerrière que nous voulons ainsi,

Une terre grillagée,

Ou bien un continent où s’invente un avenir,

Un vivier de lueurs possibles,

Une clairière de paix pour l’homme ?

Feignons-nous d’ignorer

Qu’en guerre nous l’étions déjà,

Et cela depuis des siècles !

Dominant le reste du monde,

La part de l’humanité la plus pauvre,

La plus misérable,

La plus vulnérable aussi.

Certes la puissance de nos armes avait fait taire les leurs.

L’économie régnait en maître, à notre profit.

Sans vergogne, nous avons pillé et spolié leurs ressources et leurs terres.

Nous avons cru que cette domination serait sans fin,

Et que nul parmi ces humiliés ne se lèverait jamais.

C’était méconnaître la force d’insurrection d’une foi commune

Quand elle embrase un destin constamment écrasé.

Il y a soixante ans, en pleine guerre d’Algérie,

Un homme* avait perçu cela avec une rare acuité.

Il avait vu venir le choc que nous éprouvons aujourd’hui.

Avons-nous su, comme il nous y invitait, en retarder suffisamment l’échéance?

Nous sommes-nous préparés avec vigilance à l’inévitable rencontre ?

A mesure que le doute s’empare de nous

A propos de ce que nous avons fait de l’homme et de la terre,

Se dresse face à nous l’intransigeance d’une foi totale

Et prétendument pure des méfaits que nous aurions commis.

Elle n’est pas, cette foi, aussi esseulée que nous aimerions le croire.

Elle règne au cœur même du sanctuaire de ce continent sacré.

Les princes de cette religion ont certes joué avec le feu :

Sont-ils encore en mesure d’en juguler la fièvre destructrice ?

Ses pauvres n’ont plus rien à perdre !

Quand leur avons-nous prouvé que nous étions à leurs côtés ?

Certains pourtant étaient nés et avaient grandi parmi nous…

JEAN LAVOUE

*André Malraux

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Je me souviens du 'Kairouan' :

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  • 2 semaines après...
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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Je veux revenir sur la fin de la guerre d'Algérie en citant ce que Louis BULIDON écrivait sur son blog le 4 avril 2016.

La fin de la guerre d'Algérie

Nicolas Sarkozy a eu tord de contester la date du 19 mars pour commémorer la fin de la sale guerre d'Algérie. Cette date mémorielle appartient à l'Histoire pour rappeler les sacrifices imposés aux soldats du contingent.

A tout homme politique, serait-il ancien président de la République, il est demandé de réfléchir avant toute communication. Ce propos, je l’adresse à Nicolas Sarkozy lorsqu’il s’est prononcé publiquement contre le choix de la date du 19 mars pour commémorer le souvenir de la fin de la guerre d’Algérie en 1962, après sept années d’opérations militaires dictées par la répression contre le soulèvement du peuple algérien. Le soldat du contingent, la troupe à laquelle j’ai appartenu de 1960 à 1962 ont salué les accords d’Evian signés le 18 mars 1962 entre la France et la délégation algérienne comme le deus ex machina d’une aventure coloniale dont ils n’étaient pas partie prenante. Ces hommes, appelés ou rappelés comme en 1957 ont vu de près ou de loin tomber au combat dans des embuscades vingt mille d’entre eux. Cette jeunesse qui avait connu les angoisses et les privations sous l’Occupation allemande fut mobilisée pour une guerre qui ne portait pas son nom et, contrairement à celles de leurs pères et grands-pères, n’avait rien de patriotique.

Nous étions des colonisateurs en Algérie depuis 1830. Cette terre avait accueilli des générations de petits français appelés déjà par le service militaire pour servir dans des opérations de conquête et de maintien de l’ordre et qui, une fois libérés de leurs obligations, choisissaient de s’établir en Algérie car bénéficiaires pour les plus humbles de conditions de vie bien meilleures qu’en France métropolitaine. Tel fut le cas de mon grand-père qui, après avoir servi comme zouave, oublia sa misère auvergnate en trouvant un emploi à l’hôpital Mustapha à Alger où naquit mon père. Ce dernier passa son enfance dans la Ville blanche avant d’être contraint, devenu orphelin, à un retour dans une Auvergne toujours aussi déshéritée et inhospitalière. Ce fut la vie algérienne que connurent Albert Camus et son instituteur, mais qui ne justifiait pas pour autant de s’approprier le statut de français d’Algérie. La nationalité algérienne revenait d’emblée au peuple arabo-musulman autochtone et à ses racines numides remontant à la guerre de Jugurtha contre l’envahisseur romain.

Si les accords d’Evian ne mirent pas fin aux tueries en Algérie entre extrémistes des deux camps, ils suscitèrent un immense soulagement pour les hommes du contingent, les appelés qui comprirent que leurs sacrifices, bien inutiles mais acceptés sous la contrainte, avaient trouvé la conclusion qui s’imposait avec la fin de cette sale guerre. Pour la majorité d’entre eux, les combats cessaient et leur rapatriement en métropole s’organisait avec une réduction progressive de leur temps de service ramené de 28 à 18 mois, la durée légale. A eux seuls revient le droit de se prononcer sur la commémoration du 19 mars.

Nicolas Sarkozy, mal conseillé et mal instruit sur ce que furent les sacrifices de ma génération, aurait dû réserver son jugement sans en faire une déclaration politicienne. La commémoration de ce 19 mars 2016 devant le Mémorial du quai Branly en présence du chef de l’Etat est très honorable, mais François Hollande aura attendu la cinquième année de son mandat pour se décider à ce geste symbolique. Nous devons le Mémorial du quai Branly à l’initiative du président de la République Jacques Chirac qui lui, contrairement à ses deux successeurs, avait de solides raisons pour rappeler le sacrifice de ces jeunes appelés morts pour la France dont les noms défilent en bleu, blanc, rouge sur les trois colonnes du monument. Jacques Chirac avait servi comme sous-lieutenant pendant la guerre d’Algérie.

L’Histoire n’est pas réservée aux hommes politiques de notre pays, quelle que soit leur stature, mais aux citoyens qui en ont été les témoins directs. Nos deux présidents de la République, l’ancien et l’actuel, seraient mieux dans leur rôle en dénonçant les conséquences des campagnes d’essais nucléaire conduits par la France en Algérie et dont la catastrophe du tir Béryl dans le Hoggar, le 1er mai 1962, témoigne encore par ses retombées radioactives et son coût humain non assumé par notre pays.

4 AVR. 2016 PAR LOUIS BULIDON BLOG : LE BLOG DE LOUIS BULIDON

https://blogs.mediapart.fr/louis-bulidon/blog/040416/la-fin-de-la-guerre-dalgerie

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LA SECTION- Journal d'un appelé en Algérie (1959-1961)

Editions De Paris-Max Chaleil, 2009

Journal d'un sous-lieutenant de réserve impliqué dans une guerre dont il découvre l'inutilité, et chronique de la vie d'une section d'infanterie. L'auteur témoigne de la monotonie du quotidien, rompue par des combats avec leurs blessés et leurs morts, de la peur, de l'amitié, des liens fugitifs avec les habitants des douars, de la beauté des paysages, de la nostalgie du pays, etc.

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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1956, le sous-lieutenant Chirac

DE L'ALGERIE, Jacques Chirac, seul des présidents de la Ve République à y avoir servi sous l'uniforme, dit encore : « Ces mois-là ont été les plus passionnants de mon existence. » Officier à Souk el-Arba. Quand il débarque à Oran, le 14 avril 1956, le sous-lieutenant Jacques Chirac n'a pas encore 24 ans.

Quelques jours plus tôt, sa feuille de route lui ordonnait de gagner Berlin. Avec pour mission de jouer les interprètes de russe au sein de l'état-major français. Mais, grâce à quelques relations et à beaucoup de culot, le futur énarque réussit, in extremis, à convaincre l'influent général Koenig que sa place est en Algérie. Et voilà, en deux temps trois mouvements, le jeune marié (il vient d'épouser Bernadette Chodron de Courcel, rencontrée à Sciences-po) qui, à Oran, descend la passerelle du paquebot « Sidi bel-Abbès », à la tête des 32 hommes du 3e escadron du 6e RCA (régiment de chasseurs d'Afrique). Direction : Souk el-Arba, à la frontière marocaine. A Paris, les députés viennent d'accorder au président du Conseil, le socialiste Guy Mollet, des « pouvoirs spéciaux » : l'Algérie doit rester française. Quatorze mois durant, le 6e RCA va affronter les « fellaghas » qui, eux, se battent pour l'indépendance. « On nous avait dit que nous étions là pour la bonne cause. Nous ne remettions pas cela en question », confiera plus tard Chirac, laconique. De fait, le sous-lieutenant est « très Algérie française ». Enarque à Alger. Arrive l'été 1957 : l'heure de la démobilisation. Promu lieutenant, Chirac veut « rempiler ». Il faut alors toute l'autorité du directeur de l'ENA pour lui rappeler qu'il a signé un autre engagement : celui d'intégrer la haute fonction publique. En métropole, la IVe République n'en finit plus de rendre l'âme, et les « événements » (on ne dit pas « la guerre ») pèsent sur le moral du pays. Il est de plus en plus question d'en appeler au général de Gaulle. A l'ENA, Chirac (qui n'a pas sa langue dans sa poche) gagne une réputation de militariste, voire de « facho » : certains de ses camarades moquent le « virage à droite » d'un étudiant jadis fiché comme « pacifiste », voire « communiste ». Car il a opté pour un gaullisme de raison : le général, croit-il, saura « garder l'Algérie ». Une Algérie qui mobilise militaires, mais aussi hauts fonctionnaires. Au nom des « réformes » à accomplir, le gouvernement général d'Alger réquisitionne ainsi les promotions de jeunes énarques. Chirac a déjà accompli son service militaire : cette réquisition ne le concerne donc pas. Mais il tient à l'Algérie : il insiste donc et convainc les autorités de l'envoyer à nouveau sur place. A partir de 1959 et pendant un an, enthousiaste et dopé par le « Je vous ai compris » du général, il planche sur la réforme agraire. Objectif premier : la distribution de 250 000 hectares de terres cultivables à la population musulmane, « Déboussolé ». En 1960, les « barricades » et la mise aux arrêts du fameux « quarteron de généraux à la retraite » (Jouhaud, Salan, Challe et Zeller) laissent cependant Chirac, il l'admettra des années plus tard, « déboussolé ». C'est le grand tournant. Hésite-t-il ? En tout cas, le haut fonctionnaire n'oubliera jamais son engagement dans le djebel. De retour à Paris, il appuie une campagne de presse en faveur des harkis et noue des contacts (parfois jugés « compromettants ») avec les groupes pieds-noirs. A la fin des années soixante, jeune élu de Corrèze, il ne fera pas non plus mystère d'avoir fait parvenir des colis à la prison de Tulle, où sont détenus quelques-uns des officiers « félons ». Entre l'Algérie et Chirac, plus de quarante ans de passions.

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http://www.leparisien.fr/une/oran-1956-le-sous-lieutenant-chirac-14-06-2000-2001438494.php

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