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Algérie : La force locale après les accords d’Évian (mars-juillet 1962)


bena11

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bena11 Membre 3 087 messages
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La guerre d’Algérie revisitée : zones d’ombre, points aveugles

Dans une communication intitulée : « La guerre d’Algérie revisitée : zones d’ombre, points aveugles » datant de 2002, l’historien Guy Pervillé notait que des événements importants de la guerre d’Algérie restaient « méconnus ou mal connus, soit parce que les enquêtes sérieuses qui ont été faites sont trop peu diffusées et trop peu relayées par les médias, soit parce qu’aucune enquête méthodique n’a pu être faite ». Parmi ces zones d’ombres, il évoquait des événements relatifs à la période qui suit les accords d’Évian. C’est en effet au moment des négociations du cessez-le-feu que le Comité des Affaires Algériennes (CAA) prend la décision de créer une force complètement hybride, aux multiples dénominations dont l’appellation la plus courante est celle de « force locale. C’est pourquoi nous retiendrons cette dénomination... ». Rares sont les ouvrages sur la guerre d’Algérie qui évoquent son rôle durant la période de transition du pouvoir. Pourtant cette force inédite de par sa composition a connu la période trouble qui s’est déroulée du 19 mars 1962, date de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie, aux premiers jours de l’indépendance.

http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=53

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Il y a eu la guerre d'Algérie, avec ses zones d'ombres, mais aussi:

- la guerre d'Indochine (on n'en parle pas de celle-là et pourtant beaucoup de vietnamiens vivent en France)

- la guerre de 40

- la guerre du Rifles deux guerres franco-malgaches

- la guerre de 14

- les deux guerres franco-malgaches ( dont on ne parle pas non plus)

- la guerre de 70 (qui nous a amenée les cosaques à Paris)

- la guerre du Mexique (qui la connaît, celle-là? Elle était au programme de seconde autrefois)

- la guerre de Crimée (allusions dans la Comtesse de Ségur et les manuels d'histoire de la classe de seconde d'autrefois)

- les guerres napoléoniennes,

- les 4 guerres de coalition

- la guerre d'indépendance des Etats-Unis (vous savez, Lafayette),

- la guerre de 7 ans,

- les guerres de succession (Autriche, Pologne, Espagne, Portugal)

- la guerre de quadruple l'Alliance

- la guerre de Hollande, la guerre d'Espagne, les guerres d'Italie (au nombre de 11 ou 12)

- la guerre de trente ans,

- les guerres maritimes contre l'Angleterre,

- la guerre de cent ans,

- la guerre des Flandres,

- la bataille de Bouvines (Angleterre)

et on peut remonter au roi Charles le Simple qui a en 911 cédé la Normandie au chef viking Rollon en échange de l'arrêt des raides normands ou encore plus loin, aux invasion des Francs ou à la conquête de la Gaulle par Jules.

J'ai oublié Attila... On pourrait rappeler aux Hongrois les massacres, les pillages et les incendies qu'ils ont causé en France vers l'an 450... "Là où mon cheval passe, l'herbe ne repousse jamais!"

Toutes ces guerres avaient leurs zones d'ombre.

On pourrait ouvrir un sujet (pardon, un topic) sur chacune des ces guerres plus celles que j'ai oubliées) histoire de rafraîchir nos connaissances sur l'Histoire de France et de raviver les inimitiés d'antan.

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Invité vieilledame
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pardon: faute très idiote: guerre du Rif (je pensais aux fusils quand j'ai tapé cette phrase.) :)

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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:hu:

A part celà ou tout cela devrais-je dire, avez vous Vieille Dame une idée sur la Force Locale? Cette force inédite de par sa composition qui s’est déroulée du 19 mars 1962 jusqu'à la date de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie.

Est ce parce que presque personne ne savait c'était quoi cette force inédite de par sa composition et sa mission ?

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Ce sujet intéresse apparemment beaucoup de monde... :smile2:

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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De fait durant environ cent cinq jours, le Haut-Commissaire de la République Christian Fouchet et l’Exécutif provisoire, institution mixte dirigée par Abderrahmane Farès s’accordent sur des mesures de maintien de l’ordre, en particulier dans les deux principales villes d’Algérie, Alger et Oran, où l’Organisation Armée Secrète (OAS) conteste activement le cessez-le-feu par une série d’attentats. L’Exécutif provisoire a également la charge d’organiser le scrutin sur l’autodétermination de l’Algérie. C’est à cette fin qu’il a obtenu la création d’une force locale qui devra garantir le bon déroulement du référendum. Pour les autorités françaises elle pourra également faire concurrence à l’Armée de Libération Nationale (ALN), le bras armé du Front de Libération Nationale (FLN) en devenant l’embryon de la future armée algérienne bien qu’elle inclue des recrues européennes. Analyser le rôle de la force locale, c’est donc non seulement mettre en lumière la création d’une force militaire sans précédent mais aussi mettre en évidence les nombreux événements tragiques de la fin de la guerre d’Algérie.

http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=53

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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christine974 Membre 1 577 messages
Baby Forumeur‚
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:hu:

A part celà ou tout cela devrais-je dire, avez vous Vieille Dame une idée sur la Force Locale? Cette force inédite de par sa composition qui s’est déroulée du 19 mars 1962 jusqu'à la date de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie.

Est ce parce que presque personne ne savait c'était quoi cette force inédite de par sa composition et sa mission ?

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"Cette force inédite de par sa composition qui s’est déroulée du 19 mars 1962 jusqu'à la date de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie." autrement dit elle n'a duré moins que ce que vivent les roses

sans intéret , benali devait en être le commandant

Ce sujet intéresse apparemment beaucoup de monde... :smile2:

"ouverture du feu par un barrage de tirailleurs algériens de l’armée française sur une foule manifestant pacifiquement pour l ‘Algérie française dans la rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962,"

où étais tu ce jour là , déserteur ?

cette question s'adresse bien entendu à benali

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

"ouverture du feu par un barrage de tirailleurs algériens de l’armée française sur une foule manifestant pacifiquement pour l ‘Algérie française dans la rue d’Isly à Alger le 26 mars 1962,"

où étais tu ce jour là , déserteur ?

cette question s'adresse bien entendu à benali

:rtfm:Halte au feu !

Cette manifestation était INTERDITE. L'OAS vous a poussé dans la rue pour aller délivrer Bab-el-Oued et comme les forces de l'ordre faisaient barrage, les gars de l'OAS ont tirés des toits avoisinants sur les militaires, ces derniers ont ripostés en tirant dans la foule, ne sachant pas d'ou les tirs venaient... Le sous-lieutenant algérien Ouchene Daoud -4ièmeR.T.A.- a réussi enfin à faire cesser le feu et sauver de la sorte de nombreuses vies humaines.

Encore là l'OAS vous interdisait de partir en métropole en faisant savoir :

la valise c'est le cercueil !

Oui, la Force Locale n'a duré que 100 jours en réalité.

C'est tout cela qui a précipité et le vote pour l'indépendance du pays et votre fuite dans le désordre...

:hu:

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Membre, 90ans Posté(e)
Rasibus Membre 4 080 messages
Baby Forumeur‚ 90ans‚
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... la création d’une force locale qui devra garantir le bon déroulement du référendum..

Quel référendum ? Celui portant sur l'autodétermination a eu lieu en janvier 1961

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Quel référendum ? Celui portant sur l'autodétermination a eu lieu en janvier 1961

Non pas celui là, celui après les accords d'Evian soit après le cessez le feu du 19 mars 1962. qui a eu lieu le 1er juillet 1962 -effectué en Algérie- et qui portait le nom de référendum d'autodétermination de l'Algérie et a ouvert la voie à l'indépendance de ce pays le 3 juillet 1962.

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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L’historique de la force locale révèle que sa création, d’essence française car préparée en amont par le gouvernement français, a été sévèrement discutée aux Rousses et à Évian voire contestée par les deux parties. Si elles sont d’accord sur cette création, la pierre d’achoppement porte sur sa composition et son effectif. Ainsi c’est au CAA que revient l’initiative de la formation d’une force algérienne. Mais il faut attendre le mois de mars 1962 pour que la force locale soit définitivement créée. La valse hésitante des civilo-militaires n’a donc pas laissé un grand souvenir d’efficacité et révèle une grande improvisation.

Le 20 janvier 1961, un groupe de travail civilo-militaire dépendant du CAA prévoit pour la fin de l’année la constitution d’une force qui comptera entre 30 000 et 35 000 hommes. Placée sous l’autorité d’un délégué général, elle sera transférée « le cas échéant, à un organisme algérien chargé de préparer l’autodétermination. Le 24 octobre, son nom est modifié. Elle est désormais appelée : « force d’ordre, locale » et en théorie sa composition serait la suivante : elle comprendrait 4 500 gendarmes auxiliaires, 11 000 gardes des Groupes Mobiles de Sécurité (GMS) et 18 000 moghaznis, sous l’autorité d’une personnalité civile musulmane, assistée d’un officier supérieur musulman. Initialement, les autorités françaises et le FLN s’opposent au recrutement de supplétifs dans la force locale. Redha Malek négociateur à Évian, rappelle dans son livre que les « harkis et groupes d’autodéfense en seront exclus. En réalité les auxiliaires de gendarmerie sont des supplétifs qui ne sont pas désignés par leur appellation courante : « harkis gendarmerie. Selon l’historien François-Xavier Hautreux, la force locale représente donc une solution de reclassement pour l’ensemble des GMS et de nombreux harkis. D’ailleurs le lieutenant Georges Grillot, chef du « Commando Georges » crée en 1959, demandera en vain l’intégration de ses supplétifs dans la force locale afin qu’ils ne rejoignent pas l’OAS.

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Pourtant, un problème de recrutement est posé en raison du déficit de l’encadrement musulman. Les autorités françaises décident donc de recruter des cadres européens. En février 1962, la composition de la force locale est encore étudiée aux Rousses et elle est l’objet de vives discussions entre les deux parties. D’un effectif de 30 000 à 35 000 hommes, elle comprendrait des unités de sécurité à base de GMS, de maghzens et de pelotons de gendarmes auxiliaires. Néanmoins, la délégation du FLN n’accepte pas qu’il y ait des GMS et des moghaznis. C’est pourquoi, les négociateurs envisagent de remplacer les moghaznis par 19 000 appelés dont 1 000 Européens. Pour Pierre Messmer, le ministre des Armées, qui souhaite la création de la force locale afin de ne pas mêler l’armée aux tâches secondaires :

La moitié des officiers musulmans n’étant pas volontaire pour l’encadrer, il faudra désigner sans faire appel au volontariat (sic) des cadres français, qui ensuite pourront constituer des organismes d’assistance technique de l’armée algérienne, comme cela a si bien réussi au Maroc. Les gendarmes, peuvent fournir 4 500 hommes. Ou bien on obtient 10 000 à 15 000 GMS, complétés par 15 000 appelés. Ou bien aucun GMS, il faudrait alors trouver 25 000 appelés, qui seront « d’une mauvaise qualité technique ».

Une autre alternative est également proposée. Il s’agirait d’utiliser des unités existantes, retaillées en gardant les cadres et en y mettant des appelés. Selon le capitaine de Camille Renaud – une ancienne recrue de la force locale – cette solution a été confirmée. Il lui aurait dit lors d’un entretien téléphonique en 2000 :

« Votre commando 127, on n’en a plus besoin. On va le transformer en force locale ». Il raconte ensuite : « Après ça, il arrivait des Algériens (appelés) de partout. Alors, on a utilisé les anciens locaux du commando 127 et la structure ».

Cependant d’emblée, des responsables sont réticents à la création de la force locale. La composition comme la direction de cette force sont controversées. Et ce, du côté des autorités européennes comme des autorités algériennes. À Reghaia, le commandement est hostile à cette initiative. Le général Emmanuel Hublot, chef d’état-major, estime que le maintien de l’ordre requiert des forces spécialisées. Tandis que les frontistes refusent cette force qui ferait concurrence à l’ALN. En effet, pour le général de Gaulle cette force locale pourrait constituer le noyau de la nouvelle armée et boycotter l’ALN :

Plus l’Exécutif provisoire exercera une emprise, plus il souhaitera avoir une armée. Ces forces peuvent être appréciées et devenir le noyau d’une future armée au lieu de l’ALN. Le but à atteindre est de fournir des éléments militaires valables qui puissent constituer l’embryon de cette armée.

http://guy.perville....3?id_article=53

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bena11 Membre 3 087 messages
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Avant le cessez-le-feu de grandes opérations ont été menées pour réduire la pression sur les wilayas […] Noyauter le passage à une armée nationale avec la constitution à la veille de l’indépendance, durant la période de cessez-le-feu, précisément, d’une force locale. Pour les Français, la force locale devait servir de colonne vertébrale à la constitution d’une armée nationale.

Par ailleurs l’effectif de cette force est aussi critiqué dès le premier jour des négociations à Évian, le 7 mars. Les nationalistes algériens veulent qu’elle soit nombreuse afin de lutter efficacement contre l’OAS. C’est pourquoi le nombre de 40 000 hommes avancé par les autorités françaises est jugé « dérisoire » par Saâd Dahlab. Celui qui est alors ministre des Af­faires étrangères du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) propose un volume entre 50 000 et 80 000 hommes.

En dépit de ces critiques, la force locale est tout de même créée et correspond à la composition déjà prévue par les autorités françaises bien avant les accords d’Évian ; comme le révèle une lettre de Pierre Messmer au commandant supérieur des forces armées en Algérie le général Charles Ailleret, en date du 24 février 1962.

C’est finalement l’arrêté interministériel du 30 mars 1962 pour l’ap­plication du Titre IV du décret 62-306 du 19 mars 1962 portant sur l’orga­nisation provisoire des pouvoirs publics en Algérie qui fixe dans l’article 2, la répartition des 40 000 hommes en :

une direction des commandements régionaux et départementaux ;

– 114 GMS « Groupes mobiles de sécurité » ;

– 110 Pelotons de Garde Territoriale (PGT) constitués par des gendarmes et des auxiliaires de gendarmerie ;

– 114 compagnies constituées par des appelés, dont la numérotation commence à 401.

À ces unités s’ajoutent des compagnies sahariennes d’un effectif total de 3 500 hommes.

Destinée à être l’embryon de la future armée algérienne, la force locale comporte pourtant des Européens.

Une force hybride ou des '' compagnies caméléons "".

Dans son livre intitulé C’était de Gaulle le ministre de l’Information Alain Peyrefitte, rapporte une discussion au cours du Conseil des ministres du 18 avril 1962 sur la mise en place de la force locale et sa composition : « Diverses unités sont constituées de 90 pour cent de musulmans du contingent et de 10 pour cent de Français de Souche Européenne (FSE) -Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle- Les Unités de Force Locale (UFL) sont donc mixtes. Le commandant supérieur.... Majoritairement composées de Musulmans - voir le dossier : Exécutif provisoire -, elles comportent aussi quelques Européens ce qui donne lieu à des « compagnies caméléons ».

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bena11 Membre 3 087 messages
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De nombreux Européens refusent d’en prendre le commandement. C’est l’exemple du capitaine J. de F., dont le témoignage est rapporté par l’historien Maurice Faivre. Il a été désigné en avril 1962 pour être à la tête d’une UFL -Unité de la Force Locale- par le colonel Bernard, commandant le 19e RC. N’acceptant pas cette responsabilité il est, en conséquence, condamné à une peine d’un mois d’arrêt de forteresse. Finalement il change d’avis et prend le commandement d’une UFL déplacée de Bou Saada à Bouira.

En outre le transfert dans la force locale est très mal vécu par certains Européens. On peut citer à ce propos le témoignage de Camille Renaud. Appelé européen métropolitain de 2e classe, il a appris son incorporation dans la 514e UFL à son retour de permission, en avril 1962. Il insiste sur le changement brutal résultant de l’alliance de l’armée française avec le FLN :

Je m’adressais au capitaine qui me connaissait : « Je n’ai pas demandé cette affectation ! Je ne les considère pas comme mes frères ! Je n’ai rien à faire de la force locale ! » Dès les premiers mots, le capitaine m’arrêta : « Puisque vous le prenez sur ce ton, Renaud, je refuse de vous écouter. » Il me tourna le dos. Fou de rage, je continuais à crier mon désespoir. Le lieutenant Ghazzi, un Arabe, militaire de carrière, me prit par le bras et m’entraîna à l’écart : « Qu’est-ce qu’il y a Renaud ? Qu’est-ce qui ne va pas ? » J’étais incapable de parler, les larmes me brouillaient les yeux. Et je me dégageais sans douceur. Notre désarroi était total. Nous étions livrés, aux ordres d’une armée arabe, commandés par des Arabes, que nous venions de combattre, un mois auparavant.

Quand nous l’interrogeons sur cette réaction, Camille Renaud s’ex­plique a posteriori :

Mon désarroi n’était pas d’être commandé par des Musulmans, mais d’avoir été muté malgré moi, dans une armée étrangère, celle-là que nous combattions, depuis 16 mois pour mes camarades et moi. Comme je l’ai indiqué à ma première entrée dans cette chambrée que je connaissais bien, j’ai instantanément compris que je n’incorporais pas l’armée française mais l’armée du FLN.

Il avait donc le sentiment de servir l’armée algérienne même si la force locale dépendait clairement des autorités civiles françaises. Les propos de Camille Renaud sont corroborés par le général de brigade Robert-Jacques Frat, commandant la Zone Nord-Constantinois (ZNC) qui affirme au mois de mai 1962 que :

Les cadres européens se trouvent aux ordres d’un organisme pour moitié composé de membres du FLN qu’ils combattent depuis sept ans. Aux difficultés d’ordre interne qu’ils vont connaître va s’ajouter l’impression d’être sous les ordres de l’adversaire.

En revanche pour certains supplétifs, l’engagement dans la force locale est un moyen de rester en Algérie. En effet alors que J.-P. Sénat, chef de Section Administrative Spécialisée (SAS) à la SAS du barrage de Ghrib, à l’ouest de Médéa, conseille à ses moghaznis d’aller en métropole, certains décident de rejoindre les UFL, à l’image de Z. dont l’entretien est rapporté par l’historien Gregor Mathias. « Moi, on m’a dit que la force locale, c’était comme l’armée », raconte le témoin qui s’est engagé volontairement dans la force locale, de mars à juillet 1962.

Ce n’est pas le point de vue de M. Saadi. Abandonné par ses supérieurs, ce moghazni doit essayer de rejoindre la métropole par ses propres moyens. Le chef de SAS d’Azrou M’Béchar, le capitaine J.M. a mis ses affaires dans un conteneur et l’armée a récupéré ses armes et ses munitions. M. Saadi semble alors très perplexe quant à son intégration dans la force locale, qu’il attribue à tort à Ahmed Ben Bella, où se côtoient des recrues de diverses origines :

On nous a dit de nous débrouiller et de faire ce qu’on voulait. De toute façon, Ben Bella va nous intégrer soi-disant dans une force locale : comme si on pouvait mettre ensemble un chien et un chat.

Finalement se dégage une impression de force hybride voire « fourre-tout », qui est confirmée par le témoignage de Jean Kersco, auteur du livre : Quand le merle sifflera. Algérie, 1961-1962, du putsch à l’indépendance :

On en profite pour déverser le tout-venant des harkas, des maghzens, des forces supplétives de gendarmerie, etc. qui déserte au bout de quelques jours avec son arme afin de donner des gages tardifs au FLN. C’est la démarche du patron qui veut licencier sans respecter ses obligations légales : il crée une structure provisoire dans laquelle il entasse les candidats au licenciement. Un véritable fiasco, un tonneau des Danaïdes qui se vide aussitôt qu’il se remplit.

À cela s’ajoute le problème de la gestion de la force locale : son autonomie est théorique.

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bena11 Membre 3 087 messages
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La force locale est censée être sous l’autorité de l’Exécutif provisoire selon l’article 3 de l’arrêté interministériel du 30 mars 1962 :

Les pelotons de garde territoriale, les compagnies de force de l’ordre ainsi que les personnels militaires désignés pour servir dans la direction et les commandements, sont mis pour l’emploi à la disposition de l’Exécutif provisoire.

L’article 4 précise que :

L’emploi des unités de la force de l’ordre relève normalement des autorités préfectorales. L’Exécutif provisoire peut, toutefois donner à une partie d’entre elles, normalement aux groupes mobiles de sécurité et exceptionnellement seulement aux autres formations, des missions particulières hors de la région où elles sont stationnées. Les pelotons de garde territoriale et les compagnies agissent en principe dans les limites de l’arrondissement où ils sont implantés.

En effet si elle est d’abord organisée par le général de gendarmerie Corberant, à partir du mois d’avril cette responsabilité est confiée au colonel Ghenim et au commandant Yazid, attachés au cabinet d’Abderrahmane Farès. Son commandement est quant à lui, assuré par le préfet de Saida, le commandant Omar Mokdad et par son adjoint le lieutenant-colonel Abdelkrim Djebaili, nommés au début du mois d’avril par l’Exécutif provisoire. Enfin la force locale est supervisée par Abdelkader El Hassa.

Néanmoins pour Redha Malek, son autonomie est fictive car elle dépend de la logistique française. Initialement, le but était de créer une force indépendante des autorités françaises et du FLN, uniquement aux ordres de l’Exécutif provisoire. En réalité cette institution n’a que trop peu de pouvoir et de légitimité en Algérie. De plus le maintien de l’ordre relève, en dernier ressort, de l’autorité du Haut-Commissaire de la République en Algérie : Christian Fouchet. D’ailleurs, lorsque le ministre des Affaires algériennes Louis Joxe demande au général Philippe de Camas d’exposer les conceptions françaises sur la façon d’assurer l’ordre en Algérie pendant les mois critiques il affirme que :

En cas de situation grave et, si la force locale était débordée, l’Armée française interviendrait sous la requête du Haut-Commissaire.

Il est vrai que le maintien de l’ordre restera finalement essentiellement entre les mains de Christian Fouchet. C’est donc conjointement que le Haut-Commissaire et le président de l’Exécutif provisoire inspecteront les rangs de la force locale...

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Les missions de la force locale

Selon l’article 1 de l’arrêté interministériel du 30 mars 1962 sa principale mission est de faire régner l’ordre :

La force de l’ordre créée par l’article 19 du décret 62-306 du 19 mars 1962 est chargée d’assurer la surveillance de générale, la protection des personnes et des biens et le maintien de l’ordre à l’exclusion de toutes des missions en matière de police judiciaire et de police militaire.

Le 14 avril 1962 lors d’une réunion de l’Exécutif provisoire, Abdelkader El Hassar annonce que la force locale doit servir à lutter contre l’OAS. Cette idée est soutenue par Chawki Mostefai. En revanche pour Abderrahmane Farès, la force locale devrait être employée dans les maquis du Sud afin de combattre les opposants aux accords d’Évian. Mais Abdelkader El Hassar maintient sa volonté de déplacer des UFL dans les villes, lors de la réunion du 19 avril. Puis le 24 avril, il propose également la création de policiers auxiliaires car il estime que la force locale n’est pas assez efficace.

Il est vrai que dans les grandes villes fortement européanisées : Alger et Oran, les activistes pratiquent la stratégie de la tension qui se manifeste par de nombreux attentats. C’est pourquoi Rabah Zerari, dit Si Azzedine, le commandant de la Zone Autonome d’Alger (ZAA), attend avec impatience le déploiement de la force locale dans Alger afin de liquider les groupes de l’OAS. À la suite de l’attaque orchestrée par l’OAS à l’encontre des dockers musulmans qui a eu lieu le 2 mai sur le port d’Alger, le chef de la ZAA décide de riposter ouvertement en opérant une série d’attentats visant des commerces européens dans la ville, le 14 mai. Puis lors d’une conférence de presse, il réclame la force locale insistant sur le fait que les autorités françaises ne luttent pas assez contre l’OAS. Cet argument récurrent dans le discours nationaliste est peu justifié : au même moment, commence l’opération Fouchet, une série de mesures prises par le Haut-Commissaire afin de dissoudre l’OAS. Mais la présence d’une force composée majoritairement de Musulmans est aussi réclamée par Si Azzedine à des fins stratégiques car elle serait plus bienveillante envers les nationalistes.

Le gouvernement français renforce ainsi la lutte contre l’OAS en déplaçant dans les grandes villes des UFL, comme le montre un article du journal Le Monde datant du 14 mai 1962 qui a pour titre : « La reprise en mains dépend de l’emploi de la force locale. L’absence de la force locale à Alger. » D’ailleurs certaines recrues de la force locale protestent elles aussi contre leur affectation dans des zones relativement calmes. Elles demandent à être transférées à Alger où leur rôle serait, selon elles, plus utile : « Dans la région de Batna en particulier deux groupements ont protesté contre leur maintien dans une région où ils n’ont rien à faire alors que leur présence paraissait beaucoup plus nécessaire à Alger? Les UFL sont également aidées par les Auxiliaires Temporaires Occasionnels (ATO), désignés dès le mois de mai 1962. Ce sont des policiers musulmans au nombre de 1 200 à 1 500 qui seront encadrés par des gendarmes mobiles, dont 150 venant du Maroc et établis dans huit commissariats d’Alger. Ils poursuivront la lutte contre les activistes sous la houlette du commandant Omar Oussedik, officier de liaisons et de renseignements de la wilaya 4. Mais la force locale a aussi d’autres missions comme le montre le témoignage de Jacques Macé – sergent de la 3e compagnie du 3e Zouaves dans le Constantinois – affecté au sein de la 403e UFL au mois de mars 1962 :

Début avril, la 403e UFL, rassemblée à Ouled Rahmoun-important nœud ferroviaire au sud de Constantine-était transférée en plein bled, à la Cheffia à une quarantaine de kilomètres au sud de Bône.

Sa mission nous allions l’apprendre progressivement était triple :

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Marie-Noel Membre 8 messages
Baby Forumeur‚
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:hu:

A part celà ou tout cela devrais-je dire, avez vous Vieille Dame une idée sur la Force Locale? Cette force inédite de par sa composition qui s’est déroulée du 19 mars 1962 jusqu'à la date de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie.

Est ce parce que presque personne ne savait c'était quoi cette force inédite de par sa composition et sa mission ?

Effectivement, cela intéresse beaucoup de monde.98 000 visiteurs sur mes sites.Yvon Priou dans la force locale de l'ordre Algérienne

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Effectivement, cela intéresse beaucoup de monde.98 000 visiteurs sur mes sites.Yvon Priou dans la force locale de l'ordre Algérienne

Salut Bon Homme, :)

Peut-on avoir un lien vers votre site svp ?

Merci,

Bien/Ben

XXX UFO

:dev:

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bena11 Membre 3 087 messages
Baby Forumeur‚
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Début avril, la 403e UFL, rassemblée à Ouled Rahmoun-important nœud ferroviaire au sud de Constantine-était transférée en plein bled, à la Cheffia à une quarantaine de kilomètres au sud de Bône.

Sa mission nous allions l’apprendre progressivement était triple :

– protéger le chantier d’un important barrage hydraulique en construction dans le cadre du Plan de Constantine ;

– assurer la sécurité d’un regroupement de population situé près de notre camp ;

– ouvrir le barrage de la frontière tunisienne (la Ligne Morice) pour permettre l’entrée en Algérie des unités de l’ALN stationnées de l’autre côté de la frontière.

Pour Jean-Claude Enard, 2e classe, transféré dans le Sud Constantinois avec une trentaine de soldats européens et environ 300 Musulmans dans une SAS à Henchir Toumghani afin d’encadrer la 413e UFL :

[La] mission consistait notamment à les former à la discipline militaire. J’étais moi-même secrétaire, trésorier et je devais enseigner à un jeune Algérien comment gérer les effectifs, effectuer la paye, acheter la nourriture pour les hommesé

Une autre mission est d’assurer le bon déroulement du référendum sur l’autodétermination en veillant à la protection des urnes et au maintien de l’ordre aux abords des bureaux.

Yvon Marie-Noël Priou – 2e classe du 4e Bataillon de Chasseurs à Pied (BCP) – affecté dans la 434e UFL à T’kout puis à Guyotville raconte :

Au milieu d’une circulation imposante et d’une foule assourdissante, le matin du 1er juillet 1962, j’avais accompagné le capitaine […] de l’unité 434 et le nouveau chauffeur de la jeep J… M. du 86, pour aller vérifier l’installation des bureaux de vote de Guyotville, pendant que l’armée française était consignée dans leurs cantonnements respectifs.

http://marienoelyvonpriouforcelocale19mars1962.e-monsite.com/

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