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Copie et Plagiat à l'ère d'écriture numérique


Ernest_et_Celestine

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Membre, Posté(e)
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Aujourd’hui avec la progression de la numérisation, la copie devient un moyen très efficace d’utiliser et de stocker des informations. Par contre lorsqu’on fait des simples copier-coller, on est susceptible d’être engagé dans un plagiat. Surtout il peut s’agir des problèmes scolaires, étant donnée la grande disponibilité de diverses informations.

Il est évident que rien ne nous empêche de copier des explications des mots d’un dictionnaire pour faire une présentation sans citer explicitement l’origine. Et plus souvent, des utilisations privées et non-commerciaux de certains documents ne sont pas considérées comme un plagiat. Mais ce n’est pas le cas avec d’autres types de documents pour des objectifs plus larges, et avec un plus grand volume de contenu copié. Le souci principal est que, parfois il est difficile de définir le seuil entre la copie et le plagiat.

Nous cherchions à réfléchir le rôle de la numérisation dans ce thème de la copie et du plagiat. Par exemple, est-ce que l’émergence du monde numérique a vraiment stimulé plus d’actions du plagiat ? Ou est-ce qu’elle nous a donnée la possibilité de mieux contrôler ces phénomènes de plagiat, par exemple les logiciels d’anti-plagiats? :)

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Membre, Posté(e)
Zelig Membre 5 446 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

(1) Bien sûr que oui, que la disponibilité de tous ces documents numérisé a très largement augmenté l'incidence du plagiat. Je me souviens que l'on m'avait demandé de procéder à une vérification de mémoires de troisième cycle dans une université marocaine: en une seule journée, j'ai pu établir que près de 71% de l'échantillon auquel j'avais eu accès était passé d'une façon ou d'une autre par la case plagiat, et que dans au moins 27% des cas, il s 'agissait même de plagiat intégral. C'est à dire qu'il n'y avait pour ainsi dire pas de lignes qui aient été rédigées de la main de celle ou celui qui pourtant en revendiquait la paternité.

(2) Car en réalité, la plupart de ceux qui y ont recourt se font prendre, et que cela peut entraîner de très graves complications pour eux même s'ils peuvent faire illusion quelques mois avec leurs diplômes nouvellement acquis, le temps du moins que leurs mémoires soient officiellement validés, numérisés et rendus d'accès public (et là, ça peut vite tourner en catastrophe une fois la supercherie éventée). Celles et ceux qui passent par le plagiat sont souvent les plus stupides et les plus paresseux d'entre tous, et une simple relecture même rapide de leurs mémoires/thèses permet généralement de prouver leur fraude.

Dans certains des cas précités, cela a abouti à des mesures disciplinaires drastiques contre les élèves incriminés, c'est à dire que l'on leur a retiré leurs diplômes assorti d'une interdiction formelle de se réinscrire nulle part dans le royaume, une cérémonie particulièrement grave et humiliante. Dans les meilleurs des cas [lorsque la fraude était restée relativement faible], on leur a cependant autorisé à repasser intégralement leurs examens.

(3) Il faut aussi expliquer aux étudiants ou aux aspirants-écrivains que les logiciels de détection de plagiat sont de plus en plus sophistiqués et ne se contentent plus de détecter le fait de copier telle quelle une phrase prise au hasard sur la toile, mais parviennent également à démontrer la fraude même lorsque la phrase est légèrement modifiée afin d'en conserver le sens. Mieux encore, les dernières versions repèrent également les plagiats en provenance d'autres langues, c'est à dire ceux provenant d'une traduction plus ou moins adroite et même "faite main" tant que le sens général reste grosso modo le même.

A la fin, tenter de réaliser un plagiat suffisamment sophistiqué et convaincant au point de parvenir à déjouer ces systèmes requiert tellement d'intelligence et d'adresse que le mieux reste alors de rédiger un vrai texte original: c'est en réalité bien plus simple et moins risqué. D'autant que les logiciels continent de progresser d'années en années, et que les chances d'être finalement découvert augmentent fatalement avec le temps. En dehors de pays extrêmement corrompus où le népotisme reste maître (comme c'est le cas hélas en Afrique du nord), nombre de jeunes diplômés ont parfois été rattrapés par des affaires de plagiat même des années après les faits, et dans certains cas, cela a pu aboutir directement à leur mise à pied et à stopper net une carrière déjà bien engagée. Inutile d'aller chercher à les imiter: le jeu n'en vaut tout simplement pas la chandelle !

(4) C'est d'autant moins simple que, comme je n'ai eu de cesse de l'expliquer à mes étudiants, citer un auteur n'est pas en soi interdit, au contraire même. Il suffit juste de donner clairement et explicitement la source et de décrire son contexte, c'est tout. Citer, c'est tout à fait normal... or nombre d'étudiants continuent de croire que citer revient à plagier, confondent allègrement les deux activités. Il faut donc leur faire quelques rappels méthodologiques, leur expliquer l'usage des italiques et des guillemets, des notes de fin de page, mais aussi et surtout de parvenir à avoir une pensée à la fois riche et critique.

Citer, ce n'est pas humiliant, ce n'est pas voler la pensée des autres c'est au contraire la respecter.

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