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Expansion


La Suggestion

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Membre, Posté(e)
La Suggestion Membre 438 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonsoir,

Voilà deux questions qui me taraudent en ce moment: Y a t-il une corrélation entre l'expansion d'une structure sociale/économique/symbolique etc.. et sa capacité à se restructurer? De plus, lorsqu'elle se restructure et s'étend augmente-t-elle sa capacité à s'étendre et ce faisant consume-t-elle un espace virtuel d’expansion qui est lui limité?

Deux exemples pris au hasard de plusieurs facettes de ce phénomène "d'inertie post-expansion":

Mettons que je suis un marchand à une époque où le gros du monde est inconnu. Je me met à bâtir des comptoirs commerciaux un peu partout. Je bâtis des puits dans des villages sujets à la sécheresse etc..

La nouveauté de la situation, le fait que le monde inconnu ait un charme intrinsèque, le fait qu'il soit encore possible de créer des commerces à partir de rien sans dépendre de grands marchands déjà trop influents , l'impératif de compétence nécessaire autant chez le marchand que chez les artisans etc ( dans une société où les moyens sont rares technologies comme ressources on ne peut pas vraiment produire d'objet inefficaces) ou encore le fait que la majorité des individus soient vulnérables etc...

Tout cela, me permet relativement facilement de vraiment pousser les gens à s'investir dans un projet commun et humain. Comme la misère est encore généralisée il est plus facile de galvaniser des gens très différents car ils ne sont pas suffisamment forts individuellement pour se protéger de tout. L'alliance s'impose donc par intérêt.

Je suis donc à un stade de l'Histoire où je peux ancrer dans le "coeur historique" des nations un sentiment commun d’appartenance, des structures commerciales qui se développent autour d'une éthique, des structures qui de par leur simple ancienneté aurons de l'influence (ordre de chevalier, ordre religieux ) etc....

Mais une fois la phase d'expansion finie, que la majorité des pays ont une forme d'autonomie etc .. que les structures de chaque se soient différenciées etc....

Une fois que la capacité d'action d'un homme est changée également : aujourd'hui par exemple un érudit a peu de pouvoir comparativement à certaines époques à moins de découvrir quelque chose de particulièrement puissant et il est difficile de protéger l'information. Les armes à feu et les armes stratégiques sont des expressions de pouvoirs issus de structures économiques, un homme seul sans information ni équipement ne peut plus faire grand chose, même le hacking requiert une certaine puissance économique.

N'arrive-t-on pas à un état quasi-inerte?

Le deuxième exemple est là en renfort pour en rajouter une couche mais il n'est pas nécessaire:

Mettons qu'une série télévisé imaginaire reprenne le mythe du roi Arthur et en offre une nouvelle conception. Mettons que l'objectif de l'auteur est de réutiliser le poids de l'ancienneté et de la symbolique du mythe arthurien pour transmettre certaines émotions (esprits de chevalerie etc...).

Si le mythe n'a pas été réutilisé depuis longtemps ni trop de fois, la nouvelle série peut à la fois bénéficier d'un effet de nouveauté ainsi que du poids symbolique du mythe.

Si la reprise est complète et traite en sous-texte des thématiques contemporaines cela peut même devenir l'interprétation dominante du mythe puisque le mythe originel est suffisamment obscur et sujet aux divergences.

Du coup, on obtient une expansion symbolique (la valeur symbolique du mythe augmente) et se restructure (la symbolique est un peu modifiée).

De ce changement les lecteurs tirent une forme "d'énergie" car ils ont " l'impression d'avoir compris quelque chose de nouveau" et tirent des symboles une envie de mimétisme qui les poussent à reconsidérer des valeurs (ex chevalerie), il y a un élan comme dans les révolutions, la mode ou autre...

Cependant, si cette énergie ne prend pas en ampleur (ces valeurs se transmettent peu, le mimétisme ne fait pas beaucoup changer les gens pour x raisons etc...) elle retombe. Le problème c'est que si l'on veut à nouveau générer cette "énergie" le système (ici le système symbolique) a de l'inertie: on a déjà utilisé ce symbole et ça n'a pas marché. Donc si on refait une série sur le fond du mythe arthurien, cette série aura encore plus de mal que la précédente à susciter l’intérêt.

Si on fait une analogie et que l'on étend ça à tous les aspects de la société : économie/religion/symbole etc... ne peut-on pas penser qu'a chaque "révolution" les modèles déjà expérimentés gagnent en inertie. Qu'en réalité, plus une société avance dans le temps et plus son orientation se fige (contrairement à ce que l'on dit souvent sur le fait que plus la société avance plus ses moyens augmentent et plus ses possibilités augmentent) ?

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Membre, 31ans Posté(e)
No prejudice Membre 289 messages
Baby Forumeur‚ 31ans‚
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Oui et non. C'est un peu compliqué ton bordel là hein :p.

Je pense qu'une fois passé le stade de la démocratie oui le modèle s'affine et ne changera plus radicalement, mais avant tout est sujet au changement...

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Membre, Posté(e)
La Suggestion Membre 438 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

En gros j'ai l'impression que quand un modèle s'affine il acquiert une certaine "énergie d'action" lié au simple fait qu'il change mais plus le modèle est complexe et affiné , c'est à dire moins les changements qu'il peut encore subir sont radicaux, moins il peut générer cette "énergie d'action". Donc si on utilise l'énergie d'action pour former un "état final" bâtard on a plus assez d'énergie pour changer sauf en cas de concours de circonstance exceptionnel (phénomène psychologique positif généralisé etc..).

Autre exemple: on ne dérégule pas le marché tant qu'on a pas discipliné auparavant tous les acteurs et gravé dans leur tête par la culture une forme d'auto-discipline et une "éthique de marchand"/entrepreneur. Là on joue aux grands comme si on pouvait gérer le truc mais au final le marché finit par être un grand bac à sable.

Or pour rectifier ça il faudrait par exemple que les "nouveaux joueurs" puissent être coincé dans une hiérarchie où il leur serait structurellement difficile d'évoluer sans l'approbation de grands "clans/entreprises/familles etc..." qui eux seraient le produit d'une discipline particulièrement ancienne et influente basé sur un grand mélange "entrepreneuriat paternaliste" ou entrepreneuriat tout cour, avec "éthique/ dignité marchande" etc... qui seraient, ne serait-ce que par leur existence symbolique, obligé au minimum de tenir en apparence une ligne de conduite. Auquel cas en cas de transgression la réaction serait immédiate.

Sauf que pour faire ça il faut une structure assez ancienne pour s'être engrammée culturellement or "l'énergie de changement" économique utilisée depuis la fin XXe n'a pratiquement pas servie à construire ce genre de chose.

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Invité Quasi-Modo
Invités, Posté(e)
Invité Quasi-Modo
Invité Quasi-Modo Invités 0 message
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La difficulté que tu vas rencontrer va être de définir le changement du modèle, puisque l'Histoire peut être vue comme une continuité interminable (la fin des temps étant à reléguer au rang des mythes bibliques) qui se continuera que l'humain soit de la partie ou non. A partir de quand un changement dans la société ou dans les règles de l'économie, ou que sais-je encore, va-t-il impliquer un changement de modèle ou de nature plutôt qu'un changement de degré dans le même modèle.

Il ne faut pas simplement considérer les modèles de société ou de civilisation comme si ils n'avaient pas d'interaction entre elles. Prenons l'exemple du bouddhisme qui a été importé en occident, sous une forme moins formelle et rituelle, mais plus philosophique et spirituelle. Et bien ce modèle du bouddhisme occidental a également fait retour chez les asiatiques qui commencent à développer une forme de néo-bouddhisme. Les modèles s'influencent perpétuellement les uns les autres de façon diffuse, créant sans cesse de l'altérité et donc, de l'évolution possible.

Exactement comme on ne peut pas imaginer un petit groupe de gens qui dirigeraient les médias de masse et domineraient absolument la plèbe en leur diffusant les informations qui les arrangeraient : par rebond, les modifications de la plèbe modifieraient également l'élite qui a besoin de l'altérité pour se définir. Les sociétés qui sont condamnées sont celles qui ne savent pas intégrer et organiser l'altérité en leur sein (comme l'islam) sinon sur le mode de la condamnation et de la réprobation. Les sociétés qui s'imposent sont simplement celles qui ont fait de l'altérité une chance et une opportunité d'amélioration de leur propre système. Je pense vraiment qu'il ne faut pas chercher plus loin le succès du modèle occidental (et son universalité)..

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Membre, Posté(e)
La Suggestion Membre 438 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonjour,

Effectivement, c'est assez difficile de différencier changement de modèle et changement de degré dans le même modèle quand les changements sont subtils c'est pourquoi je préfère faire une analyse locale: une période, quelques modèles dominants etc... Cependant je peux classer les modèles par niveaux de stabilité. Je classe d'abord les modèles par axiomes d'origine (les gros axiomes sur lesquels ces modèles évoluent) puis par niveau de stabilité par rapport aux modèles partageant les mêmes axiomes.

Les modèles qui restent stables sans violer les axiomes d'origine sont des modèles que je considère arbitrairement comme "meilleurs". Je définis un changement de modèle par le changement des axiomes. Et je suppose que deux modèles de stabilité équivalente ne peuvent pas être issus du même jeu d'axiomes ou alors c'est que le jeu d'axiomes est incomplet.

Je ne suis pas sûr de bien comprendre ce que tu entends par l'altérité, si par là tu entends le fait d'accepter l'autre/ ce qui est différent et

de l'accepter comme partie intégrante de l'évolution des modèles parce qu'ils interagissent je suis d'accord. Cependant, bien que les modèles soient différents il y a des groupes de modèles qui ont des structures communes.

Par exemple, même les bouddhiste on besoin d'un structure qui régit le travail parce qu'ils ont des besoins physiologiques. Quand bien même ils chercheraient tous à (je dis un truc au hasard ) s'élever spirituellement pour ne plus avoir d'existence physique.

Donc leur modèle est quand même conditionné par un modèle commun même aux modèles non-spirituels par exemple.

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Membre, le corps sur Terre, l'esprit ailleurs , 55ans Posté(e)
pascalin Membre 15 340 messages
55ans‚ le corps sur Terre, l'esprit ailleurs ,
Posté(e)

Bonsoir,

Voilà deux questions qui me taraudent en ce moment: Y a t-il une corrélation entre l'expansion d'une structure sociale/économique/symbolique etc.. et sa capacité à se restructurer? De plus, lorsqu'elle se restructure et s'étend augmente-t-elle sa capacité à s'étendre et ce faisant consume-t-elle un espace virtuel d’expansion qui est lui limité?

Expansion ne veut pas dire pérennité ne serait-ce justement par l'environnement qui, premièrement est changeant et deuxièmement n'est pas dévolu a une seule expansion.

Ce n'est pas tant qu'il y aurait consumation^^ d'une propriété, d'un combustible qui existerait pour "l'occasion" , c'est que cette ressource n'existe pas tout simplement parce que la Terre n'est pas la mère nourricière d'une quelconque structure ou d'un quelconque mythe humain hyper-structuré pouvant se jouer de sa mère .

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Membre, 59ans Posté(e)
essayeur Membre 3 422 messages
Baby Forumeur‚ 59ans‚
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Pas pour nous, pas en occident, mais nous sommes un cas particulier ; d'autres cultures ont envie d'arriver à une sorte de classicisme et d'y rester.... ça se voit dans les vêtements : considère l'histoire de la mode occidentale, qui est insensée quand tu regardes les culottes bouffantes Henri 4, puis les perruques Louis 14, et compare à la mode bédouine, figée depuis 2000 ans, ou à la mode asiatique et indienne qui ont trouvé un point d'équilibre il y a fort longtemps et n'auraient jamais bougé si l'occident n'avait pas imposé son délire de changement perpétuel....

Mais nous sommes drogués au changement en occident, y compris dans nos valeurs sociétales, il parait évident qu'un jour nous modifierons notre code génétique, par ailleurs les modes changent aussi parce que ça arrange les marchands, histoire de vendre... c'est le commerce libre qui engendre la liberté de penser et les changements de valeurs morales, c'est paradoxal et peu consensuel, mais le libéralisme économique détient un germe auto-réformateur.

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