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Swoon, courant alternatif


eklipse

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eklipse Membre 14 471 messages
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Swoon, courant alternatif

19 JANVIER 2014 | PAR HUGO VITRANI

Avec ses installations, ses collages de portraits gravés et découpés façon dentelle sociale, Swoon renouvelle depuis une dizaine d'années les arts urbains. Retour en vidéo sur le parcours engagé de cette artiste pirate exposée à Paris et prochainement au Brooklyn Museum (NYC).

Armé de son flingue et de ses pinceaux, l'artiste révolutionnaire Diego Riveraaffirmait en 1921 qu'un « peintre qui ne ressent pas d'affinités avec les aspirations du peuple ne peut pas produire une œuvre durablement valable. (…) Un art coupé des objectifs pratiques n'est pas un art. » Quartiers pauvres et faillite industrielle des États-Unis, mur de séparation en Palestine, ravage du tremblement de terre en Haïti, femmes tuées de Ciudad Juarez (Mexique), destruction de l'environnement : Swoon développe depuis une quinzaine d'années une œuvre alternative et engagée auprès des invisibles et des luttes contemporaines. Rencontre

L'œuvre de Swoon est relationnelle. Le mur de séparation opprime les Palestiniens ? Swoon y peint

dans le cadre du projet Santa's Ghetto deBanksy (2008). New York s'est fait balayer par l'ouragan Sandy (2012) ? Elle peint un mur XXL en hommage aux victimes en collaboration avec l'association Groundswellet des jeunes en réinsertion partis à la rencontre des victimes de la catastrophe naturelle. En Pennsylvanie, la ville de Braddock a perdu sa production d'acier et emprunte le sort de Detroit ? L'artiste s'y investit pour y créer des projets artistiques et sociaux avec les communautés et associations locales. Haïti est ravagé par un séisme (2010) ? Swoon et son collectif Konbit Shelter construisent des maisons antisismiques et artistiques, inspirées de l'architecte iranien Nader Khalili, dans le village Barrière Jeudy. Le système D n'est pas condamné à l'esthétique low cost...

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Construction de la maison de Monique Pierre, Haïti. © Swoon, Konbit Shelter

« Les pensées guident les actions des gens. Tout ce qui peut provoquer un dialogue entre les cultures et les activités peut changer le monde. Avec mes projets, j'essaye de créer des alternatives, de créer du lien entre les personnes. » Quand son pays est en mode guerre contre le terrorisme et Tolérance 0, Swoon et une bande de 75 artistes, performeurs et marginaux larguent les amarres, laissant derrière eux la vie citadine, partant plusieurs mois sur des radeaux Do it yourself inspirés des Floating Neutrinos, autant de sculptures, d'autels et d'espaces de vie nomades et alternatifs, à la recherche de rencontres aléatoires.

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Swimming Cities Of Serenissima © Swoon studio

Ce projet inédit de micro-villes flottantes sera remixé plusieurs fois par l'artiste, jusqu'à traverser la mer Adriatique en 2009 pour investir illégalement les canaux de Venise et pirater la 53e Biennale d'art contemporain.

Artivisme, mixe d'art et d'activisme

« Les arts urbains permettent une politisation et une démocratisation de l'espace public. Enfant, j'étais fascinée par les photographies qui documentaient le mouvement social de Mai 68, lorsque les gens sont sortis dans la rue en peignant les murs. » Issue d'une famille de hippies pas épargnés par la drogue, Swoon est née en 1977 au milieu des pêcheurs de Daytona Beach (Floride). C'est dans les rues de NYC que “Callie” (Caledonia Curry, selon son état civil) a mis à mal les exercices trop bien rodés qu'on lui enseignait dans la prestigieuse école d'art Pratt Institute (Brooklyn). Après avoir très symboliquement piétiné une toile en plein cours et découvert les découpes urbaines deGordon Matta-Clark, Swoon s'est emparée de l'héritage insolent du graffiti en prenant part au renouveau du street art des années 2000 avec ses collages figuratifs découpés. Une dentelle sociale et fragile en papiers peints ou imprimés, avec la précarité du XXIesiècle en toile de fond. Surgissent alors dans l'espace public des portraits taille réelle de ses amis, de sa famille, des laissés-pour-compte, des ouvriers exploités mais combattants. Les regards fixent le ciel. Les références sont métissées : des peintures de Klimt aux poupées indonésiennes, en passant par les muraux mexicains et l'imaginaire maritime. Les corps gravés se décomposent en ligne de fuite où se déroulent des micro-scènes basées sur des histoires réelles et documentées par l'artiste, témoin actif de son époque.

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Avec le portrait de Silvia Elena souvent collé dans les rues, Swoon rend hommage aux femmes tuées à Ciudad Juarez. © Swoon

Lors de notre rencontre avec Swoon, elle s'échappait encore une fois de son exposition à la galerie L.J (Paris) pour exécuter une œuvre clandestine sur un mur flingué de graffitis, équipée de colle forte, d'un balai et d'un dessin sur papier mylar enroulé. Nouvelle marchandise artistique à la mode, le street art n'échappe plus à la spéculation : le collage n'a survécu que trente minutes avant d'être kidnappé par un passant. « J'aime le processus de la ruine, la façon dont le temps marque son passage sur la matière et la vie. La plupart de mes créations sont vouées à disparaître. On peut en conserver un élément mais l'œuvre entière, elle, est éphémère, qu'il s'agisse d'un simple collage, d'une installation ou des instants que je provoque en direct. Les pièces que j'effectue en extérieur sont publiques, pour tout le monde. Je veux qu'elles échappent au processus du marché capitaliste. Lorsqu'elles sont retirées des espaces publics et présentées ou vendues dans un autre contexte, il s'agit bien d'un vol. C'est malheureusement inévitable dès lors que mon travail est associé à une valeur marchande. »

“Artiviste” mais dans le marché de l'art ? « Il y a effectivement un conflit lorsque tu crées un travail gratuit et public, et qu'il devient créateur d'argent. Ton travail intègre alors une économie qui participe à la destruction du monde, qui menace l'écosystème naturel. Je n'ai pas trouvé la solution miracle pour répondre à cette situation, mais j'ai trouvé le moyen pour l'accepter : générer des projets qui ont un impact concret et financer des actions dont je me sens proche. D'ailleurs certains de mes collectionneurs évoluent et accompagnent cette prise de conscience en s'intéressant eux aussi aux problématiques que j'aborde dans ma démarche. »

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Thalassa au New Orleans Museum of Arts (NOMA), 2011© Swoon

Bientôt exposée au Brooklyn Museum (NYC), Swoon va y construire une installation monumentale en détruisant et recyclant les carcasses de ses radeaux anarcho-punk tendance hippie qu'elle conservait jusqu'à présent dans un entrepôt en Italie. Une manière d'affirmer que le musée est un espace public comme un autre : un territoire où l'imaginaire mondialisé peut dériver à contre-courant.

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http://www.brooklynstreetart.com/theblog/wp-content/uploads/2011/09/brooklyn-street-art-swoon-geoff-hargadon-ica-boston-5-web.jpg

http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/190114/swoon-courant-alternatif?page_article=2

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Membre, Dazzling blue², 53ans Posté(e)
eklipse Membre 14 471 messages
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Sublime épopée : un collectif d’artistes navigue sur les mers d’Europe dans des maisons flottantes faites de déchets

Corentin Vilsalmon, le 5 août 2013 A mi-chemin entre l’exploration pure et le projet artistique, un collectif s’est fabriqué des radeaux sophistiqués naviguent sur les fleuves et mers d’Europe pour vivre une folle aventure au milieu de l’eau. Découvrez tout de suite les dessous de cette colocation flottante pas comme les autres !

Cette petite flotte composée de trois pyramides de déchets et vieux meubles flottants s’appelle la Swimming Cities Of Serenissima. Un nom original pour un projet qui l’est tout autant. C’est la street artiste américaine Swoon (de son vrai nom, Caledonia Dance Curry) qui l’a initié. Et même, en réalité ce n’est pas le première flotte de radeaux sophistiqués qu’elle crée ! Il y en a déjà eu deux autres, la Swimming Cities of Switchback Sea (2006) et la Miss Rockaway Armada (2008) qui ont navigué respectivement dans les eaux de la rivière Hudson et du Mississippi.

Quelques années après, en 2009, les matelots hippies Swimming Cities Of Serenissima sont finalement partis explorer d’autres contrées : l’Europe. Et plus précisément, les rivières et canaux de Slovénie jusqu’à la mer Adriatique puis Venise. Ces radeaux pas comme les autres ont été fabriqués à partir de débris d’objets retrouvés sur terre ou au fond des mers et des rivières : des carcasses de voiture, des meubles vétustes, etc. La croisière a été considérée surtout comme une expérience et un projet artistique plutôt que comme un acte de prise de conscience politique et écologique par son équipage, une vingtaine de personnes triées sur le volet par Swoon. Ce collectif d’artistesa a donc formé l’équipage du Serenissima.

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« Je dirais que le principal intérêt de ces voyages est l’inspiration« , explique Tod Seelie, à qui nous devons les photographies ci-dessous. Lui aussi vécu sur ce navire inhabituel, c’est même l’un des membres fondateurs de la troisième flotte, la Miss Rockaway Armada. Il faut dire qu’en plus d’être une aventure étonnante, c’est également une aventure humaine qui a attendu les participants à ce projet. Dès que Serenissima touchait le bord d’un quai près d’un village, les radeaux se transformaient en scènes en plein air : concerts de musique, petites représentations théâtrales, etc. Les voyageurs incitaient ensuite les habitants des villages locaux à venir à leur rencontre et à échanger avec eux.

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C’est une expérience hors du commun qu’a vécu ce collectif. Une aventure humaine originale qu’on aimerait bien rejoindre… Même si on n’est pas persuadés de pouvoir tenir plus de deux semaines sur des bateaux de ce genre ! Pour l’instant, aucune suite à ce projet n’est encore en chantier : Swoon semble se consacrer à d’autres projets artistiques sur la Terre ferme. Ça vous ne ferait pas rêver de partir ainsi à l’aventure, à voguer sur les mers et rivières accompagné de vos amis (hippies) ?

SOURCE WIRED

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Membre, ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée, 53ans Posté(e)
Amazones Membre 13 439 messages
53ans‚ ...... Phoenix ..... Une cendre déterminée,
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Bonjour et merci eklipse ... Très intéressant où je vais prendre temps à scruter ce navire et lire avec attention ce que tu nous as fait partager .... :bisou:

Bonne journée

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