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January

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January Modérateur 62 438 messages
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Le privilège de saint Romain permettait au chapitre de la cathédrale de Rouen de gracier chaque année un condamné à mort le jour de l'Ascension. Son origine fait partie de la légende de saint Romain. Sans cesse contesté par le roi de France, il a été exercé pour la dernière fois en 1790.

La foule arrivait de toute la Normandie et même d’Angleterre, le jour de l’Ascension, pour voir ce condamné à l’échafaud, traversant les rues, couronné de fleurs, heureux de sa liberté recouvrée par le privilège de Saint Romain ou de «la Fierte».

Comment cela se passe-t-il ?

Dix-huit jours avant la fête de l’Ascension, une délégation du chapitre va au Parlement de Rouen et autres institutions de justice, rappeler l'existence du privilège.Toutes les exécutions capitales sont suspendues. Pendant les trois jours des Rogations qui précèdent l'Ascension, le chapitre enquête pour élire le condamné qui sera gracié. Le privilège permet aux délégués du chapitre d'entrer dans toutes les prisons et de se faire présenter tous les prisonniers qu'ils veulent entendre. Le chapitre tient audience pour entendre des témoins et prendre connaissance des interventions écrites. Tout ce qui est dit est couvert par un secret sous serment « comme celui de la confession ».

Le matin de l'Ascension, le chapitre vote ; seuls les chanoines prêtres y ont une voix. L'élu est extrait de la prison et reçu par le président du Parlement qui vérifie que son crime fait partie de ceux que prévoit la coutume d'amnistie. Ensuite, le chapitre et la confrérie de Saint-Romain se rendent en procession de la cathédrale à la Haute-Vieille-Tour où est conservée la Fierte, châsse des reliques de saint Romain ; l'élu ferme la marche. L'élu monte les marches du monument de la Fierte Saint-Romain sur la place des Halles, et lève trois fois le reliquaire devant la foule. La procession suivie de la châsse portée par l'élu continue vers la cathédrale pour la grand-messe. Après des cérémonies expiatoires, le gracié prête serment de ne pas récidiver et est libéré.

L’histoire de la Fierte

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Le privilège de Saint-Romain, exercé par le chapitre de la cathédrale de Rouen,était vu par le roi de France comme un empiètement sur son droit de grâce. En 1210, le gouverneur du château royal de Rouen (celui où Jeanne d'Arc sera enfermée en 1431) refuse de remettre le prisonnier. Le chapitre adresse une remontrance au roi Philippe-Auguste. L'enquête royale établit que le privilège était déjà exercé sous le règne du roi Plantagenêt Henri II (1154 - 1189).

Au cours du temps, le chapitre réussit à maintenir le privilège, malgré les tentatives des institutions de l'État. Le roi Henri IV (1589 - 1610) tente d'exclure les condamnés pour certains crimes (lèse-majesté, hérésie, fausse monnaie, assassinat par guet-apens, viol).

A la fin du XVIe siècle, c'est le soulèvement : historiens, jurisconsultes, savants, tous "intellectuels" attaquent vivement le privilège.

Bodin, dans sa République, qualifie "d’abus et d’entreprises" ces privilèges que s’étaient arrogés des fonctionnaires ou des communautés, de donner grâce en certains cas.

De Thou se plaint énergiquement dans son Histoire universelle de ce que« dans ces derniers temps on avoit fait servir le privilège de la fierte à une impunité détestable et sans bornes pour tous les malfaiteurs du royaume, pour tous les crimes les plus abominables. »

Étienne Pasquier dit, dans ses Lettres « qu’il ne se pouvoit bonnement résoudre comme il se pouvoit faire qu’un si homme de bien que sainct Romain produisît un effect contraire à sa saincteté, et que ceste saincteté fust comme une franchise des meurdres les plus détestables »

Mais le chapitre n’écoute rien du tout et répond par ce discours : "Nous demeurons d’accord, disaient ces ecclésiastiques, (en parlant de l’assassinat de Du Hallot par le marquis d’Alègre), nous demeurons d’accord que c’est un meschant acte, un assassinat, un guet-à-pens que l’on ne sçauroit assez blasmer. Mais aussy nostre privilège n’est point pour les fautes légères, pour les cas rémissibles, pour les délits communs... : c’est un remède extraordinaire, une grâce du ciel dont la grandeur n’esclate, sinon par l’opposition de l’énormité des crimes qui sont esteints et abolis par icelle."

Fin 1596, Henri IV étant à Rouen, les abus de Fierte lui furent dénoncés avec virulence par des familles qui n’avaient obtenu d’autre réparation de l’assassinat de leurs proches, que de se voir insolemment bravées par les assassins, fiers de leur scandaleuse impunité. On lui raconta, de nouveau, avec force détails, des assassinats récents dont les meurtriers avaient levé la Fierte.

Le pouvoir commença à travailler à la réduction du privilège. Avertis, les chanoines s’empressèrent d’envoyer une supplique au Roi, qui néanmoins, le 25 janvier 1597, signa une déclaration qui modifiait beaucoup la Fierte, déclaration qui continua de la régir jusqu’au moment où elle a cessé d’exister, en 1791.

Ah ! J'allais oublier : Le monument de la Fierte Saint-Romain est toujours visible à Rouen. Il n'en reste que la façade, contigüe à la Fierte. La Haute-Vieille-Tour, là où avait lieu la cérémonie, n'existe plus. La châsse de Saint-Romain, du XIIIe siècle, est conservée dans le Trésor de la cathédrale de Rouen.

500px-Rouen_fierte_saint_romain_pessiot.png

http://fr.wikipedia....de_Saint-Romain

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