Le cimetière de Picpus

Dans cet ancien couvent sont enterrés les suppliciés de la guillotine.

La chapelle Notre-Dame-de-la-Paix, où sont gravés les 1306 noms des morts guillotinés. © DR

C'est un long rectangle de verdure, de calme et d'apaisement. Ses dimensions sont stupéfiantes : plus de trois cents mètres de long sur trente de large. Près d'un hectare en plein Paris, aux mains d'une fondation privée qui ouvre ce lieu chaque après-midi, après 14 heures.

On aperçoit d'abord une chapelle dédiée à Notre-Dame-de-la-Paix. A l'intérieur, de chaque côté du choeur, un immense mur de noms, 1 306 au total, qui pourrait rappeler celui du Mémorial de la Shoah. Ce double panneau émouvant, où les patronymes gravés sont accompagnés de leur profession - épinglier, garçon meunier, brasseur... - ou de leur état - comte, princesse, marquis... -, commémore les victimes de la guillotine, qui, à deux pas d'ici, sur la place de la Nation, rebaptisée alors place du Trône-Renversé, coupa les têtes à tout-va pendant l'été 1794.

Jusque-là, on a exécuté place de la Concorde et enterré près du parc Monceau, au cimetière des Errancis. Mais les habitants de la rue du Faubourg-Saint-Honoré se plaignent des odeurs. On délocalise donc la veuve à l'est, sur cette grand-place. Encore faut-il trouver un coin de terre pour les cadavres.

Le Paris révolutionnaire a nationalisé les biens de l'Eglise, puis les a revendus. C'est ainsi que le couvent des Chanoinesses de Saint-Augustin, au 35, rue de Picpus, a été reconverti en maison de santé appartenant au sire Coignard.

On sait ce qui s'y cache, des nobles ayant payé une somme rondelette pour s'y terrer et traverser la tempête, mais la Terreur, corruptible, ferme les yeux et repère surtout la porte charretière, qui, à l'extrémité nord - vers l'actuel lycée Saint-Michel de Picpus -, permettra une arrivée discrète des tombereaux. Deux zones pour les fosses communes, encore visibles aujourd'hui, sont délimitées, et entre la porte et les trous une grotte chapelle, dont il demeure l'entrée, est utilisée par les fossoyeurs pour trier les affaires des morts.

Suite http://www.lepoint.fr/villes/le-cimetiere-de-picpus-22-11-2012-1567959_27.php