Aller au contenu

Le fils parricide et son exécutant, tandem mortifère aux assises de Paris


PASDEPARANOIA

Messages recommandés

Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
52ans‚ In girum imus nocte et consumimur igni ,
Posté(e)

3469885_3_697e_lucas-et-son-pere-bernard-mazieres_49950d6fad3d7e273e56e6ec02a395e7.jpg

Quand son fils Lucas, 17 ans et demi, lui a téléphoné du pied de leur immeuble de Saint-Germain-des-Prés, dans le 6e arrondissement de Paris, pour l'aviser qu'un de ses copains montait récupérer un casque audio, Bernard Mazières, 60 ans, ne s'est pas méfié. Le journaliste politique à la retraite venait de passer une soirée conviviale et arrosée avec des voisins et amis. Lucas, lui, profitait des vacances de Noël pour sortir et passer la nuit ailleurs, comme trop souvent depuis un an et demi, au goût de son père.

Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.fr. Profitez de tous les articles réservés du Monde.fr en vous abonnant à partir de 1€ / mois | Découvrez l'édition abonnés

Aux environs d'une heure trente du matin, le 24 décembre 2010, Bernard Mazières a donc ouvert à Dany Manfoumbi, 25 ans. Quelques heures plus tard, sa femme de ménage découvrait M. Mazières baignant dans son sang, le crâne fracassé au niveau du front, la veine jugulaire sectionnée par une arme blanche. Son portefeuille et ses cartes bancaires avaient disparu.

A partir de lundi 2 septembre, Lucas Mazières et Dany Manfoumbi répondent de l'assassinat de Bernard Mazières devant la cour d'assises des mineurs de Paris. Les soupçons se sont très rapidement portés sur le tandem lorsque l'examen du téléphone portable de Lucas a révélé qu'il avait appelé son compère à 26 reprises le 24 décembre 2010, notamment aux heures correspondant aux premiers retraits d'argent effectués grâce aux cartes de la victime qui a été délestée de 7 500 euros.

LES RELATIONS SE SONT DÉGRADÉES EN 2009

Les deux jeunes gens ont sympathisé chez un ami commun, un peu plus d'un an avant les faits. Lucas s'est ouvert à Dany, négociateur immobilier à Montreuil (Seine-Saint-Denis), de ses relations conflictuelles avec son père. Il voulait "s'émanciper", a expliqué M. Manfoumbi aux enquêteurs, "voler de ses propres ailes", il considérait aussi ne pas recevoir suffisamment d'argent pour les vacances.

Les parents de Lucas ont divorcé alors qu'il avait 3 ans et, si son père s'était toujours montré aimant et attentif, les relations se sont dégradées en 2009 quand Lucas s'était fait exclure – sur fond de rumeur de consommation de stupéfiants – de la très huppée Ecole active bilingue qu'il fréquentait depuis la maternelle. Depuis lors, Lucas déraillait, séchait les cours, piquait les coordonnées bancaires d'amis de son père pour effectuer des achats sur Internet.

Une dizaine de jours avant les faits, son lycée du 6e arrondissement de Paris avait convoqué Bernard Mazières pour le sommer de justifierl'absentéisme de son fils. "Un an et demi d'accumulation, du mépris qu'il avait à mon égard, de la distance, il n'y avait plus aucun dialogue et dans son regard, on voyait presque de la haine, a raconté Lucas aux enquêteurs, ajoutant qu'en 2009 il avait sombré dans un état dépressif à la suite d'une rupture sentimentale. C'était soit lui, soit moi..."

"UNE IDÉE MORBIDE PASSÉE ENTRE LES MAINS DE LA MAUVAISE PERSONNE"

Il s'était ouvert de son fantasme d'éliminer son père à Dany Manfoumbi. Par un empoisonnement médicamenteux d'abord, afin qu'il meure "sans souffrance". Le 10 décembre 2010, dans un café de Saint-Germain-des-Prés, Dany, devinant que Lucas n'aurait pas "le cran" de passer à l'acte, se propose de lui "rendre service". Il est convenu qu'il touchera 5 000 euros, et une montre de valeur dérobée par Lucas lors d'une soirée chez un ami. "Une idée morbide passée entre les mains de la mauvaise personne", a-t-il ensuite tenté d'expliquer aux enquêteurs.

Tous deux imaginent une mise en scène. "Cela devait se passer dans la rue, a expliqué Lucas pendant l'instruction, il [Dany] devait lui casser le crâne [de Bernard Mazières] par-derrière, lui subtiliser sa carte bancaire, je lui aurais donné le code et il serait allé retirer de l'argent afin de se faire rétribuer pour le meurtre."

Lucas n'ignorait pas qu'à ce moment, Dany était sous contrôle judiciaire pour "vol avec violences". En février 2009, il avait tailladé à l'aide d'une machette la gorge d'un étudiant se livrant au trafic de stupéfiants dans son appartement, où il lui avait également volé son ordinateur. Ces faits lui ont valu, le 14 octobre 2011, une condamnation à trente mois d'emprisonnement par le tribunal correctionnel de Paris

"TERMINER LES SOUFFRANCES [DE SA VICTIME]"

Le 23 décembre 2009, dans un magasin de bricolage, Lucas et Dany ont acheté une paire de gants, un cutter et un marteau "américain" avec arrache-clous pour plus d'aisance. "Nous ne souhaitions pas spécialement que notre future victime souffre inutilement", a précisé Dany, passé aux aveux dès sa première audition une semaine plus tard. Le dîner au restaurant prévu ayant été annulé, Dany est passé à l'action dans l'appartement des Mazières alors que Lucas, au courant de ce qui se tramait, était sorti.

Selon Dany, Bernard Mazières a aperçu le manche du marteau dépassant de sa poche de manteau. Parvenu à s'en saisir, il a tenté de frapper Dany de l'autre main mais celui-ci lui a décoché une série de coups de poing au visage avant de le faire chuter par un croche-pied. C'est alors que Dany lui a porté les coups de marteau sur le crâne. "Il ronflait bizarrement", a-t-il dit durant l'enquête, expliquant avoir hésité à "appeler les secours" ou à "terminer les souffrances [de sa victime]". Il a ensuite utilisé le marteau pour lui enfoncer dans la gorge "comme si c'était un clou" un couteau glané dans la cuisine, avant d'empocher le portefeuille pour faire croire à un cambriolage qui aurait mal tourné.

Plus tard, dans un café où ils se sont retrouvés, il a dit à Lucas : "C'est fait", puis se sentant mal, il est rentré chez lui après s'être débarrassé de l'arme du crime. Lucas, lui, est allé dormir chez sa mère. Ce soir-là, son père lui avait dit qu'il l'aimait. "Cela faisait six mois qu'il ne me l'avait pas dit", a dit le garçon aux enquêteurs. Durant l'instruction, des analyses ont révélé que Bernard Mazières n'était pas le père biologique de Lucas. L'un comme l'autre l'ignoraient au moment des faits.

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/09/02/le-fils-parricide-et-son-executant-tandem-mortifere-aux-assises-de-paris_3469674_3224.html

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×