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12 mai 1664. Première et dernière représentation du "Tartuffe" de Molière devant la cour, à Versailles.


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12 mai 1664. Première et dernière représentation du "Tartuffe" de Molière devant la cour, à Versailles.

Pliant devant le parti dévot, Louis XIV fait interdire la pièce, qui ne sera jouée en public que cinq ans après, profondément remaniée.

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Le jeune Louis XIV âgé de 25 ans est fou amoureux de la douce et tendre duchesse de La Vallière, 19 ans. Ils forment un couple plus glamour que François et Valérie, plus insouciant que Nicolas et Carla... Marie-Thérèse, l'épouse officielle, est reléguée au second plan. Depuis le 30 avril, ce ne sont que spectacles, jeux, bals et banquets donnés à Versailles en l'honneur de Madame de La Vallière. Ces Fêtes des Plaisirs de l'île enchantée, comme elles sont intitulées, se déroulent dans le jardin merveilleusement dessiné par Le Nôtre. Le château, lui, n'a pas encore subi tous les travaux d'agrandissement.

Chaque soir, les spectacles se succèdent pour le plus grand plaisir de la cour. Sur scène, c'est un festival Molière. Sa troupe joue toutes les pièces de son répertoire, entrecoupées de ballets mis en musique par Lully. C'est un triomphe. Officiellement, les réjouissances s'achèvent le 9 mai, mais le roi décide de jouer les prolongations. Molière est chargé d'animer les soirées. Le dimanche 11 mai, sa troupe joue Les Fâcheux. Le lendemain, lundi 12 mai 1664, Molière décide d'offrir au roi sa dernière pièce en trois actes, Tartuffe ou l'Imposteur. Il semble, du reste, que ce soit le jeune souverain qui en ait soufflé le thème à son auteur.

Le matin de la représentation, le roi fait organiser une loterie galante dont il a réparti par avance les lots, car l'étiquette exige que la reine décroche le plus beau. Vers 17 heures, Louis participe à une course de têtes, un jeu d'adresse. "Le soir, Sa Majesté fit jouer une comédie nommée Tartuffe, que le sieur Molière avait faite contre les hypocrites", écrit Loret dans La Gazette de France. Cette première version de la pièce ne nous est pas parvenue. Mais on en connaît, en gros, la teneur. Acte I : Orgon, mari dévot, accueille chez lui un directeur de conscience, Tartuffe, qui donne l'apparence d'une grande piété. Acte II : Tartuffe tente de séduire Elmire, l'honnête épouse d'Orgon, qui répugne, néanmoins, à le dénoncer. Le mari, informé par ailleurs, refuse de croire en la trahison de Tartuffe. Acte III : pour convaincre son époux de l'hypocrisie de Tartuffe, Elvire le fait assister, caché, à une deuxième tentative de séduction du faux dévot. Celui-ci est démasqué et chassé de la maison. Longtemps les historiens ont cru que la première version de Tartuffe s'achevait avec le triomphe de celui-ci, d'où la colère des censeurs. On est maintenant convaincu du contraire.

"Absolument injurieuse"

La satire est applaudie par le jeune roi, qui apprécie la charge contre le parti des dévots qui ne cesse de lui reprocher ses amours adultères avec Madame de La Vallière, enceinte de ses oeuvres pour la deuxième fois. Louis en a ras la couronne de toutes ces grenouilles de bénitier qui condamnent le libertinage, le luxe et les fêtes. "Il ne manquerait plus qu'ils interdisent le mariage gay !" ronchonne le souverain...

Plusieurs semaines avant la représentation de la pièce de Molière à Versailles, les censeurs, mis au courant du thème, avaient déjà tenté de la torpiller. Mais le roi leur a donc tenu tête. Au cours des jours qui suivent la représentation, les culs-bénits, renforcés par Anne d'Autriche, la reine mère, parviennent à faire plier le roi en lui faisant interdire les représentations publiques de Tartuffe. La Gazette de France précise que "Sa Majesté, pleinement informée de toutes choses, [la] jugea absolument injurieuse à la religion et capable de produire de très dangereux effets". Furieux de cette interdiction, Molière se précipite à plusieurs reprises chez le jeune souverain pour plaider sa cause et soutenir "le bon droit de son travail persécuté". En vain. Seules les lectures ou les représentations privées sont tolérées.

lire la suite (Le Point).

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