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Le Temps, un sixième sens à explorer


Jedino

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 035 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

Le Temps, un sixième sens à explorer

Le temps fait partie intégrante de notre vie quotidienne, que nous soyons pressés, reposés, sous l'emprise d'une émotion ou en proie à l'ennui. Qu'il s'agisse de marcher, conduire, écouter de la musique, entendre la sonnerie du téléphone, participer à une conversation ou faire du sport, le temps est là : omniprésent et immatériel. Alors que la perception de la vue, du toucher, de l'ouïe, de l'odorat, du goût met en jeu des récepteurs sensoriels spécialisés, il n'existe aucun récepteur spécifique du temps ! Et pourtant le temps est aussi présent en nous, dans le cerveau, véritable machine à traiter le temps.

"Dès le plus jeune âge, le nourrisson est plongé dans un monde avec de nombreuses régularités temporelles. Il apprend alors les durées associées à des actions dont il fait l'expérience au quotidien", souligne la professeure Sylvie Droit-Volet, du Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (CNRS, université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand). "Il réagit, en s'agitant ou en pleurant, quand ce qu'il attend n'arrive pas au bon moment : quand le mobile au-dessus de son lit s'arrête de tourner plus tôt que d'habitude, quand sa mère met plus de temps que prévu à faire son biberon", ajoute-elle.

Le très jeune enfant "vit dans le temps" avant d'avoir conscience que le temps passe. Il appréhende le temps directement à travers son expérience des actions. Ainsi, note Sylvie Droit-Volet, "pour l'enfant de 3 ans, le temps est multiple, spécifique à chaque action". A 5-6 ans, un enfant devient capable de transposer la durée apprise lors d'une action (appuyer sur une poire en caoutchouc) sur une autre (tirer sur une manette). "Il commence à comprendre qu'un temps unique existe indépendamment des actions", indique-t-elle.

COMPTER LE TEMPS

La sensibilité au temps s'améliore pendant l'enfance du fait du développement des capacités d'attention et de mémoire de travail chez l'enfant, qui dépendent de la lente maturation du cortex préfrontal. En effet, juger correctement le temps demande non seulement de lui prêter attention, mais aussi de conserver en mémoire le flux de l'information temporelle et de maintenir une attention soutenue. C'est ainsi que les enfants avec un trouble de déficit de l'attention avec hyperactivité éprouvent des difficultés à estimer correctement le temps.

Un moyen d'augmenter la précision des performances temporelles consiste à compter le temps. "A 5 ans, l'enfant n'est pas capable de compter le temps, mais peut le faire si un adulte le demande. Cependant, le comptage ne suit pas vraiment le rythme des secondes. A partir de 8 ans, l'enfant commence à compter tout seul le temps avec régularité, mais il faut attendre l'âge de 10 ans pour qu'il compte le temps spontanément avec régularité, sans l'aide d'un adulte", précise Sylvie Droit-Volet.

Sur la base de notre capacité précoce à estimer le temps, des chercheurs ont imaginé, dès 1963, que le temps perçu par notre cerveau (temps subjectif) est calé sur le tic-tac d'une pendule intérieure, de la même façon que notre vie est rythmée par le tic-tac de notre montre (temps objectif). Ils ont modélisé un mécanisme de mesure du temps, une sorte d'horloge interne. Celle-ci est constituée d'une "base de temps" émettant en permanence des impulsions ("tic-tac") qui sont stockées dans un accumulateur. La durée subjective du temps dépend du nombre d'impulsions accumulées. Quand l'horloge interne s'accélère, le nombre d'impulsions augmente et le temps paraît plus long.

Par ailleurs, dès qu'on détourne son attention du temps, les impulsions sont bloquées et ne parviennent plus à l'accumulateur. Du fait que ces "tic-tac" ne sont pas comptabilisés, le temps est alors jugé plus court qu'il ne l'est objectivement. Utile pour prédire le comportement de sujets dans les recherches en psychologie, l'horloge interne n'est cependant qu'une métaphore, car non plausible sur les plans neurophysiologique et neuroanatomique.

L'ACTIVITÉ OSCILLATOIRE

Un modèle physiologiquement plus réaliste a été développé au début des années 2000 par le professeur Warren Meck, de la Duke University à Durham (Caroline du Nord, Etats-Unis). Dans ce modèle, baptisé "striatal beat-frequency", la représentation du temps est sous-tendue par l'activité oscillatoire de neurones situés dans les régions superficielles du cerveau (cortex). Chaque neurone oscillateur présente une activité caractérisée par un rythme qui lui est propre. La fréquence des oscillations est détectée par certains neurones du striatum dorsal, sous-structure des "ganglions de la base", terme désignant un ensemble de centres nerveux enfouis profondément sous le cortex.

"Chacun de ces neurones reçoit jusqu'à 30 000 connexions provenant d'un contingent de neurones du cortex oscillant à des fréquences différentes. Ces neurones du striatum seraient à même de lire le code temporel émis par des neurones oscillateurs corticaux. Ils s'activeraient notamment lorsque l'activité oscillatoire correspondrait à des profils d'activité détectés antérieurement et stockés en mémoire", indique Warren Meck.

Parallèlement à ce modèle dans lequel l'activité neuronale est à l'origine de l'estimation du temps, les structures cérébrales impliquées dans le traitement de l'information temporelle diffèrent selon qu'il s'agit d'estimer la durée d'un stimulus ("temps explicite") ou de percevoir la durée qui nous sépare d'un événement dont on s'attend qu'il se produise dans les secondes ou minutes à venir ("temps implicite").

"Pour des durées allant de quelques millisecondes à quelques minutes, le traitement du temps explicite et du temps implicite n'implique pas les mêmes zones neuroanatomiques", souligne Jennifer Coull, chercheuse CNRS au Laboratoire des neurosciences cognitives à l'université d'Aix-Marseille. Ces différences s'expliquent du fait que "le traitement du temps implicite sert presque toujours à réaliser un but sensitivo-moteur - "Avant de participer à une réunion de travail, ai-je ou non le temps de prendre un café ?" -, alors que le traitement du temps explicite vise à estimer une durée en tant que telle", note la spécialiste. Les études sur le temps explicite montrent que deux structures corticales, l'aire motrice supplémentaire, qui coordonne les gestes complexes, et le cortex préfrontal droit, sont constamment activées.

TIMING IMPLICITE

Il a été montré que le cervelet joue un rôle majeur dans les tâches motrices nécessitant la perception du temps implicite. D'autres zones du cerveau peuvent être impliquées dans l'estimation du timing implicite, comme le cortex pariétal gauche, qui gère les intentions du mouvement, et le cortex prémoteur gauche, région du lobe frontal dont le rôle est de planifier et d'organiser le mouvement. Il arrive que le cortex préfrontal droit, habituellement impliqué dans l'estimation du temps explicite, soit sollicité pour l'estimation du temps implicite. C'est le cas lorsqu'un événement ne survient pas dans le délai auquel on s'attendait à le voir apparaître, par exemple lorsqu'un feu rouge dure bien plus longtemps que prévu. Il se produit alors une mise à jour par le cerveau des prédictions temporelles avec une nouvelle anticipation du délai d'attente.

Par ailleurs, "les zones cérébrales impliquées diffèrent selon le contexte, et ce d'autant que la durée du stimulus est brève, inférieure à quelques 200 millisecondes", précise Jennifer Coull. On observe que le cortex visuel est activé lorsqu'on évalue la durée d'un stimulus visuel. De même, il se produit une activation du cortex moteur primaire lorsque l'estimation temporelle est associée à une action, et le cortex auditif est sollicité lors de l'estimation de la durée d'un stimulus sonore.

Surtout, la perception du temps par le cerveau met en jeu des processus liés à la mémoire et à l'attention. Pour preuve, la sensation que le temps passe plus vite si on est très occupé, qu'on s'adonne à une activité passionnante ou amusante. Il s'envole même lorsqu'on est amoureux ! A l'inverse, l'eau mettra un temps fou à bouillir si l'on garde les yeux fixés sur la casserole. De même, l'étudiant n'en finira pas de regarder sa montre si le cours lui semble prodigieusement ennuyeux...

"Du fait de la participation conjointe de processus mnésiques et attentionnels, le traitement par le cerveau de l'information temporelle ne peut reposer que sur un réseau fonctionnel, non sur une structure unique. Cela explique sans doute la raison pour laquelle il n'existe pas de maladie neurologique ou psychiatrique uniquement caractérisée par des déficits temporels", note Jennifer Coull.

Suite et fin de l'article

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Invité Syfher
Invités, Posté(e)
Invité Syfher
Invité Syfher Invités 0 message
Posté(e)

Le temps n'a rien à voir avec un sens. Il est une composante de notre dimension.

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Membre, Jedi pas oui, jedi pas no, 32ans Posté(e)
Jedino Membre 48 035 messages
32ans‚ Jedi pas oui, jedi pas no,
Posté(e)

En effet ;)

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Membre, Greuh, 44ans Posté(e)
The_Dalek Membre 21 012 messages
44ans‚ Greuh,
Posté(e)

Le temps est la quatrième dimension perceptible par l'humain avec les trois dimensions physiques, d'aucuns arguent que la pensée serait la 5ème

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