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Bahreïn : la Révolution dont on ne parle pas


Constantinople

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Constantinople Membre 18 329 messages
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C'est le 14 février 2011 qu'a commencé l'appel à la révolution sur la place de la Perle à Manama. Contrairement aux autres pays ayant connu le Printemps Arabe, les médias occidentaux, et même arabes ne veulent pas en parler. Al Jazeera qui se présente comme la chaîne neutre et qui a joué un rôle clé dans les révolutions libyenne, égyptienne et tunisienne, occulte les évènements se passant au Bahreïn depuis un an.

De même, en France, alors que les évènements liés au Printemps arabe sont constamment rappelés et suivis dans tous les médias, le Printemps de la Perle est passé sous silence.

Il faut savoir que Bahreïn est composé de 70% de shiites alors que le gouvernement est sunnite voire même wahhabite. Ainsi, les shiites sont fortement discriminés au sein du territoire particulièrement par la dictature du premier ministre Al Khalifa qui détient le pouvoir depuis 50 ans. Ils ont donc décidés de se soulever pour mettre fin à cette monarchie et se battre pour leurs droits civiques. Malheureusement, alors qu'ils étaient à deux doigts de la révolution, celle-ci a échoué. Cela fait maintenant un an qu'elle est passée sous silence par les médias français.

Le gouvernement bahreïni est fortement soutenu par l'Arabie Saoudite et le Qatar qui n'ont pas hésité à répondre à la demande de la famille royale et envoyer des troupes armées étouffer la moindre contestation. Le 14 mars 2011, 1 000 soldats saoudiens et 500 Émiratis sont expédiés dans le royaume, sous l'égide du Conseil de coopération du Golfe. La répression est sévère. Trente-cinq manifestants sont tués. Des centaines ont été arrêtés. Selon Amnesty International, le bilan s'élèverait au moins à 55 morts en un seul jour. Ces deux supporters économiques sont en concurrence dans la région et veulent chacun montrer leur supériorité économique. Par ailleurs, le vent de la révolution a aussi soufflé du côté de ces deux puissances. En mars 2011, les shiites en Arabie Saoudite se trouvant dans la région orientale et riche en pétrole, se plaignaient de discrimination sociale par rapport à la grande majorité sunnite. L'Arabie Saoudite et le Qatar, par peur que ce mouvement révolutionnaire shiite s'étende à la région et provoque un soulèvement collectif dans chaque pays, préfèrent étouffer toute contestation avant que ne s'allume la mèche révolutionnaire dans leur nation.

La France ayant des intérêts économiques envers ces deux pays, particulièrement avec le Qatar, comme cela est visible à l'heure actuelle, voit qu'il n'est pas dans son intérêt de soulever une polémique sur les actions du Qatar et de l'Arabie Saoudite dans d'autres pays. Si les médias montraient les injustices commises, cela pourrait nuire aux relations des deux pays et donc à l'économie française.

"L'appartenance au shiisme est plutôt mal perçue dans le monde arabe sunnite", explique Jean-Paul Burdy, professeur d'histoire à l'Institut d'études politiques de Grenoble. "Derrière les chiites de Bahreïn, on sous-entend qu'il y a l'Iran, l'Irak et le Hezbollah. Cela explique la faible couverture des événements à Bahreïn dans le monde arabe, mais aussi dans la presse occidentale, en raison des tensions avec l'Iran sur son programme nucléaire et dans le Golfe", ajoute le spécialiste du Moyen-Orient.

La position de la France vis-à-vis de l'Iran et des sanctions que le pays doit encourir est très claire.

La révolution étant menée principalement par les chiites dans le pays, ils ont le soutien total de l'Iran. L'Iran est même accusé par la famille royale bahreïnie d'avoir amené cette révolution au sein du pays.

Soutenir la révolution bahreïnie serait pour la France synonyme de soutien au shiisme. Or le principal représentant de l'Islam shiite dans le monde est l'Iran. Le développement de cette identité shiite dans le monde est directement bénéfique à l'Iran qui se renforce grâce à ce phénomène appelé le "shia empowerment" (The Shia revival, Vali Nasr).

L'Iran et son idéologie constituent une menace pour les pays arabes de la région et donc pour leurs alliés que sont les Etats Unis, la France et certains pays voisins.

La France, de par l'image qu'elle doit apporter sur la scène diplomatique, doit rester sur ses positions et donc ne peut se permettre de s'allier à une cause supportée également par l'Iran.

Pourtant la France se positionne comme défenseur des droits de l'Homme et opposée aux injustices commises contre des populations innocentes. Les médias français étaient présents et ont véhiculé les informations lors des révolutions tunisienne, libyenne, égyptienne et syrienne. Alors qu'il connaît une situation similaire, pourquoi ne faut-il pas parler du Bahreïn ?

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nana89 Membre 902 messages
Baby Forumeur‚
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Selon la journaliste cubaine Dalia Gonzalez Delgado :

les médias qui osent faire état de la situation dans ce pays parlent d’une simple confrontation entre chiites et sunnites. Mais, même s’il est vrai que les musulmans chiites de Bahreïn, royaume dirigé par la famille sunnite des Kahlifa, représentent 70% de la population, l’essence des protestations n’est ni sectaire ni religieuse.

Depuis plus d’un an, les principales revendications des manifestants étaient associées à l’emploi, à la lutte contre la pauvreté et à d’autres aspects sociaux. La perspective est laïque et pacifique. « Ni chiites ni sunnites, juste Bahreïnis », lancent-ils depuis le début des manifestations.

Les autorités ont répondu aux actions de protestation par une répression violente. Le 14 février 2011 restera gravé dans les mémoires comme le jour où les troupes d’Arabie saoudite ont envahi le pays, par la chaussée du roi Fahd, qui relie les deux pays, pour « aider » à écraser les révoltes.

La police a utilisé contre les manifestants du feu réel, des matraques, des gaz lacrymogènes et des pistolets. D’après des activistes présents sur les lieux, la cruauté était telle qu’on a même empêché les blessés de se rendre à l’hôpital.

En raison du silence médiatique, il est difficile de savoir vraiment ce qui se passe dans ce pays. Pourquoi ne pas déférer ce cas au Conseil de sécurité de l’ONU ? Pourquoi la Ligue arabe n’envoie-t-elle pas une mission d’observateurs ? Pourquoi n’exigent-ils pas la démission du roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa, comme ils le font pour le président syrien Bashar el-Assad ?

L’analyste Pepe Escobar estime que c’est le résultat d’un accord tacite conclu entre la Maison des Saoud et Washington.

« Vous envahissez le Bahreïn et nous vous procurerons une résolution arabe permettant d’aller à l’ONU et ensuite de procéder au bombardement humanitaire de l’OTAN contre la Libye ».

Deux sources diplomatiques des Nations unies l’ont confirmé au Asia Times Online. Par ailleurs, c’est la secrétaire d’État US Hillary Clinton qui a donné le feu vert pour l’invasion du Bahreïn par l’Arabie saoudite.

Un autre exemple de la politique de double standard des États-Unis : « Fais ce que je dis et pas ce que je fais ».

L’activiste Maryam al-Khawaja du Centre bahreïnite pour les droits de l’Homme, a critiqué les ventes d’armes occidentales au Bahreïn.

Au cours des dix dernières années, les États-Unis ont vendu à ce pays des armes pour plus de 1,4 milliard de dollars. Le Bahreïn est aussi concerné par un Programme d’entraînement militaire (IMET), et il a signé un accord de ventes de matériel militaire pour un montant de 53 millions de dollars.

Pourquoi ce petit pays occupant une île reliée à l’Arabie est-il si important pour Washington ?

Les États-Unis ont proclamé en 2002 ce royaume comme « un allié non membre de l’OTAN très important ». En mars 2008, le régime des al-Khalifa est devenu le premier pays arabe à avoir dirigé des manœuvres militaires navales conjointes avec les États-Unis. Ce n’est pas pour rien que la 5e Flotte a son siège au Bahreïn, et que ce pays sera le point central de toute action militaire future des USA dans le Golfe. Rappelons que le Bahreïn a déjà accordé de l’aide logistique en tant que base militaire pour les guerres en Irak, et qu’il a appuyé les missions en Afghanistan.

Autrement dit, l’empire ne peut s’offrir le luxe de perdre le Bahreïn.

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