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Une citation d'Alexis de TOCQUEVILLE


Noisettes

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Membre+, Un manuscrit dans une main, une boussole dans l'autre, 41ans Posté(e)
Noisettes Membre+ 10 576 messages
41ans‚ Un manuscrit dans une main, une boussole dans l'autre,
Posté(e)

Coucou tout le monde,

Je viens de retrouver une citation d'Alexis de TOCQUEVILLE (1805-1859) que je recherchais depuis un petit bout de temps car c'est une citation qui m'interpelle.

Cette citation est extrait de De la démocratie en Amérique (1835-1840) que l'on peut trouver dans la quatrième partie de l'ouvrage, au chapitre VI:

"Il me semble que, si le despotisme venait à s'établir chez les nations démocratiques de nos jours; il aurait d'autres caractères: il serait plus étendu et plus doux, et il dégraderait les hommes sans les tourmenter."

Voilà pour la citation en question.

Maintenant, je vous laisse réfléchir dessus. :)

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Membre, Posté(e)
Ioan Membre 322 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Nous vivons dans un régime démocratique qui semble stabilisé, bien qu'il s'apparente parfois à ce que CHURCHILL nomma "le pire des régimes politiques à l'exception de tous les autres". De fait, cette démocratie est depuis longtemps devenue un horizon politique quotidien et peut-être parfois banalisé voire dévalorisé comme l'illustre la crise dans la participation aux élections. Notre démocratie serait-elle devenue si vieille qu'elle serait peut-être malade ?

Cette question rejoint la démarche de TOCQUEVILLE qui fût pourtant lui confronté à une démocratie jeune. Ce qui fascina et inquiéta alors TOCQUEVILLE, ce fût l'idée que le mouvement démocratique américain était l'annonce d'une loi universelle d'égalisation des hommes qui pouvait menacer à ses yeux la liberté individuelle.

C'est pourquoi le jugement de TOCQUEVILLE sur la démocratie américaine est très contrasté. D'une part il admire la mobilité sociale et culturelle qu'incarne le "nouveau monde" américain. Mais d'autre part il voit en cette démocratie la menace d'une dissolution sociale voire d'un chaos irréversible.

L'étude de Tocqueville est très intéressante car elle nuance. En effet pour Tocqueville, un monde inégalitaire correspond à des rapports humains et des valeurs peut-être plus importantes. Le monde égalitaire est finalement inégalitaire moralement selon lui.

Les frontières entre classes sociales ont disparues sans être remplacées par de nouvelles valeurs. Les pauvres ne sont plus esclaves, mais pas pour autant instruits. Ainsi la démocratie serait mieux en terme de droits, mais pire en terme de valeurs. Tocqueville affirme même qu'un peuple libéré de ses chaînes est dangereux s'il n'est pas instruit. La démocratie serait donc aussi un échec moral et culturel : liberté économique et juridique mais pas une liberation de l'esprit.

Nous assisterions donc au spectacle d'une société malade d'une démocratie mal digérée, ce qu'on peut appeler un "Etat neurasthénique" (= de névrose) en stagnation car en perte des repères.

Selon Tocqueville, du moins dans les premiers chapitres de son bouquin, on pourrait donc dire que la France est dans les ruines de l'Empire défunt.

En tout cas, j'invite tout le monde à lire Tocqueville qui est un excellent écrivain et historien.

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Membre, 35ans Posté(e)
Atalio Membre 369 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

Jamais lu Tocqueville mais nombre de mes professeurs affirmaient que c'était un génie qui a anticipé brillamment beaucoup de phénomènes historiques.

Cette citation critique les défauts de la démocratie qu'Aristote à résumé dans le terme de démagogie il me semble. Je pense pas que ce soit l'une des citations les plus intéressantes de Tocqueville.

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Membre, 73ans Posté(e)
jp1 Membre 803 messages
Baby Forumeur‚ 73ans‚
Posté(e)

Nous vivons dans un régime démocratique qui semble stabilisé, bien qu'il s'apparente parfois à ce que CHURCHILL nomma "le pire des régimes politiques à l'exception de tous les autres". De fait, cette démocratie est depuis longtemps devenue un horizon politique quotidien et peut-être parfois banalisé voire dévalorisé comme l'illustre la crise dans la participation aux élections. Notre démocratie serait-elle devenue si vieille qu'elle serait peut-être malade ?

Cette question rejoint la démarche de TOCQUEVILLE qui fût pourtant lui confronté à une démocratie jeune. Ce qui fascina et inquiéta alors TOCQUEVILLE, ce fût l'idée que le mouvement démocratique américain était l'annonce d'une loi universelle d'égalisation des hommes qui pouvait menacer à ses yeux la liberté individuelle.

C'est pourquoi le jugement de TOCQUEVILLE sur la démocratie américaine est très contrasté. D'une part il admire la mobilité sociale et culturelle qu'incarne le "nouveau monde" américain. Mais d'autre part il voit en cette démocratie la menace d'une dissolution sociale voire d'un chaos irréversible.

L'étude de Tocqueville est très intéressante car elle nuance. En effet pour Tocqueville, un monde inégalitaire correspond à des rapports humains et des valeurs peut-être plus importantes. Le monde égalitaire est finalement inégalitaire moralement selon lui.

Les frontières entre classes sociales ont disparues sans être remplacées par de nouvelles valeurs. Les pauvres ne sont plus esclaves, mais pas pour autant instruits. Ainsi la démocratie serait mieux en terme de droits, mais pire en terme de valeurs. Tocqueville affirme même qu'un peuple libéré de ses chaînes est dangereux s'il n'est pas instruit. La démocratie serait donc aussi un échec moral et culturel : liberté économique et juridique mais pas une liberation de l'esprit.

Nous assisterions donc au spectacle d'une société malade d'une démocratie mal digérée, ce qu'on peut appeler un "Etat neurasthénique" (= de névrose) en stagnation car en perte des repères.

Selon Tocqueville, du moins dans les premiers chapitres de son bouquin, on pourrait donc dire que la France est dans les ruines de l'Empire défunt.

En tout cas, j'invite tout le monde à lire Tocqueville qui est un excellent écrivain et historien.

Je connais assez bien les textes de Tocqueville ,pour confirmer tes propos. Nous retrouvons d'ailleurs les pensées et les analyses chez Proudhon et Marx .....

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Membre, Surhomme Nietzschéen, 50ans Posté(e)
Zarathoustra2 Membre 8 656 messages
50ans‚ Surhomme Nietzschéen,
Posté(e)

L'étude de Tocqueville est très intéressante car elle nuance. En effet pour Tocqueville, un monde inégalitaire correspond à des rapports humains et des valeurs peut-être plus importantes. Le monde égalitaire est finalement inégalitaire moralement selon lui.

Les frontières entre classes sociales ont disparues sans être remplacées par de nouvelles valeurs. Les pauvres ne sont plus esclaves, mais pas pour autant instruits. Ainsi la démocratie serait mieux en terme de droits, mais pire en terme de valeurs. Tocqueville affirme même qu'un peuple libéré de ses chaînes est dangereux s'il n'est pas instruit. La démocratie serait donc aussi un échec moral et culturel : liberté économique et juridique mais pas une liberation de l'esprit.

Au programme du Bac philo de juin dernier, est tombé un texte de Nietzsche sur la construction des valeurs et l'égoïsme de la société. Ce texte permet à mon humble avis d'expliquer les constations de Toqueville.

Voici le texte :

« Nous disons bonnes les vertus d’un homme, non pas à cause des résultats qu’elles peuvent avoir pour lui, mais à cause des résultats qu’elles peuvent avoir pour nous et pour la société : dans l’éloge de la vertu on n’a jamais été bien « désintéressé », on n’a jamais été bien « altruiste » ! On aurait remarqué, sans cela, que les vertus (comme l’application, l’obéissance, la chasteté, la piété, la justice) sont généralement nuisibles à celui qui les possède, parce que ce sont des instincts qui règnent en lui trop violemment, trop avidement, et ne veulent à aucun prix se laisser contrebalancer raisonnablement par les autres. Quand on possède une vertu, une vraie vertu, une vertu complète (non une petite tendance à l’avoir), on est victime de cette vertu ! Et c’est précisément pourquoi le voisin en fait la louange ! On loue l’homme zélé bien que son zèle gâte sa vue, qu’il use la spontanéité et la fraîcheur de son esprit : on vante, on plaint le jeune homme qui s’est « tué à la tâche » parce qu’on pense : « Pour l’ensemble social, perdre la meilleure unité n’est encore qu’un petit sacrifice ! Il est fâcheux que ce sacrifice soit nécessaire ! Mais il serait bien plus fâcheux que l’individu pensât différemment, qu’il attachât plus d’importance à se conserver et à se développer qu’à travailler au service de tous ! » On ne plaint donc pas ce jeune homme à cause de lui-même, mais parce que sa mort a fait perdre à la société un instrument soumis, sans égards pour lui-même, bref un « brave homme », comme on dit. »

L'idée du texte est de dire que la société impose et met en avant des valeurs qui sont contraire à l'intérêt de l'individu. Elle valorise le sacrifice de l'individu pour la société. Si nous adhérons à cette idée de Nietzsche, alors il est normal que la démocratie n'instruise pas, que la société mette des chaînes aux individus. Il serait contraire à l'intérêt de la société de permettre le développemnt de valeurs autres.

La constatation de Toqueville s'explique donc simplement par l'analyse nitzschéenne des valeurs de la société.

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