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La justice mexicaine irritée par un film qui épingle ses failles


eklipse

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Membre, Dazzling blue², 53ans Posté(e)
eklipse Membre 14 471 messages
53ans‚ Dazzling blue²,
Posté(e)

Le documentaire Presunto culpable (présumé coupable) part d'un cas pour souligner combien la justice mexicaine semble faire peu de cas de la présomption d'innocence.

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Au Mexique, "la liste des exemples honteux du système judiciaire n'émeut plus personne. On est coupable jusqu'à ce qu'on démontre son innocence, et c'est depuis la prison qu'il faut le prouver!" Ce constat, dressé par un guide touristique sur ce pays en 2010, le cas d'Antonio Zuñiga vient parfaitement l'illustrer.

Layda Negrete, avocate et co-réalisatrice du documentaire, avec son client Antonio Zuñiga, en conférence de presse le 10 février dernier à Mexico.

AFP/Clasos.com

Cet innocent accusé de meurtre est le protagoniste d'un documentaire diffusé au Mexique depuis le 18 février, Presunto Culpable (présumé coupable), mais dont la justice mexicaine tente actuellement d'arrêter la diffusion dans quelque 200 salles du pays. Après une suspension de quelques jours, les séances devaient reprendre ce mercredi, alors que le film a déjà rencontré un certain succès (600 000 entrées enregistrées, selon Le Monde).

Pendant deux ans et demi passés derrière les barreaux, Antonio Zuñiga tente de prouver qu'il n'a pas tué sa victime présumée, Juan Carlos Reyes, le membre d'une bande de délinquants tué en juillet 2005. Il a des cartes en main: d'une part les études balistiques montrent qu'il n'a pas utilisé d'arme à feu, d'autre part, l'unique témoin oculaire, cousin de la victime, ne se souviendrait pas bien de ce qu'il a vu. Et pourtant, sa condamnation est confirmée: 20 ans de prison.

Qui a tué Juan Carlos Reyes Pacheco?

Si Antonio Zuñiga ne l'a pas tué, alors qui? Le cas qui a nourri le documentaire Presunto culpable n'a toujours pas été résolu. Ce mardi, la justice mexicaine annonçait justement qu'un groupe d'investigation spécial était dédiée à la recherche du vrai coupable. Trois personnes précisément seraient recherchées.

Il faudra que deux avocats, Roberto Hernandez et sa femme Layda Negrete, se penchent sur son cas après avoir été interpellés par les proches d'Antonio Zuñiga, qu'ils décident de le filmer et de recruter un brillant avocat pour défendre ce jeune commerçant, pour trouver la faille et rouvrir l'affaire. C'est ce procès en appel, à l'issue duquel le "présumé coupable" est innocenté et libéré, que le documentaire retrace.

Quelques internautes nous avaient déjà signalé l'existence de ce film dans les commentaires des articles consacrés à l'affaire Florence Cassez, cette Française qui vient de déposer un recours contre la confirmation de sa condamnation par la justice mexicaine. Un internaute qui se présente comme étant mexicain, Pepe, lançait notamment: "A ce que je sache, c'est la culpabilité qui doit être prouvée et pas le contraire... Presunto culpable montre le vrai visage de la justice mexicaine."

C'est la culpabilité qui doit être prouvée et pas le contraire

Le film conclut d'ailleurs sur un souhait de réforme de la justice de ce pays, sur un point notamment: l'enregistrement des témoignages qui permettrait de mieux protéger les droits des prévenus, comme ceux des victimes, en diminuant le nombre de zones d'ombres qui émaillent certaines affaires comme celle de Florence Cassez.

Or la justice cherche à écarter ce documentaire, pourtant salué par le public et par la critique: le site officiel du film égraine les distinctions (meilleur documentaire, meilleur film sur les droits de l'homme, etc.) obtenues en Europe, aux Etats-Unis et au Mexique: le 2 mars, une juge fédérale de Mexico, Blanca Lobo, a décidé de suspendre provisoirement les projections. Elle avait été saisie par Víctor Manuel Reyes, unique témoin à charge contre Antonio Zuñiga, qui estime avoir subi un préjudice moral avec la diffusion de ce film.

Tentative de censure

"Ce verdict a provoqué une levée de boucliers", raconte le correspondant du Monde. "Parlementaires de tous bords, journalistes, réalisateurs et universitaires dénoncent une atteinte à la liberté d'expression". Le journaliste Joaquin Lopez Doriga a ainsi twitté: "Un juge annule la projection de Presunto Culpable. Ils se protègent les uns les autres. Nous ne le permettrons pas!"

Aussitôt, le secrétariat du gouvernement du Mexique, équivalent du ministère de l'Intérieur, a jugé cette suspension "sans raison ni fondement". Le sous-directeur chargé des médias au ministère a estimé que cette décision était "confuse, ambiguë et obscure." Alors que la diffusion du documentaire devait reprendre ce mercredi, la juge Blanca Lobo insistait pourtant encore lundi pour que sa projection soit interrompue.

Ce qu'elle ne pourra pas couper, en revanche, ce sont les fils Twitter qui ont déjà fait de #presuntoculpables un mot de passe critique. Au pluriel. Car si Antonio Zuñiga est sorti de prison, combien d'autres n'ont pas encore réussi à prouver qu'il n'étaient pas coupables, face à un système judiciaire qui semble faire si peu de cas de la présomption d'innocence?

http://www.lexpress.fr/actualite/monde/la-...les_970487.html

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Maintenant
Membre, Posté(e)
saint thomas Membre 17 547 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

On a fait pareil avec le cas Omar, on a mis délébérement un mec innocent en taule aprés une enquête policiére plus que litigieuse

Ceci n'excuse pas cela , mais faudrait pas qu'on s'amuse à donner des leçons aux mexicains sur le sujet

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