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leb106

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Membre, 35ans Posté(e)
leb106 Membre 40 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

Bonjour,

Ici vous pouvez nous partager les extraits qui vous ont touché ou ceux que vous avez apprécié au point de les notés durant vos voyages en lecture ... :cray:

Bah moi je cite un que j'ai aimé du Roman " le Lys dans la vallée " du grand ==> BALZAC <== ... Je croyais à de pures amitiés, à des fraternités imposées. Erreur! Je voulais un ami qui ne fût pas un juge, un ami pour m'écouter en ces moments de faiblesse où la voix qui gronde est une voix meurtrière, un ami saint avec qui je n'eusse rien à craindre. La jeunesse est noble, sans mensonges, capable de sacrifices, désintéressée: en voyant votre persistance, j'ai cru, je l'avoue à quelque c¿ur ou je pourrais épancher mes douleurs quand elles surabondent, crier quand mes cris sont irrésistibles et m'étouffaient si je continuais à les dévorer.

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Membre, 35ans Posté(e)
leb106 Membre 40 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

Suis-je vraiment dans un forum de littérature??? Personne entre vous n'a été intéressé par un extrait une poésie une citation un titre.... ? Oh mon Dieu!!!!

C'est juste pour le partage pour échanger les idées ...

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Membre, 35ans Posté(e)
leb106 Membre 40 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

" Veux tu donc vivre heureux et sage, n'attache ton c¿ur qu'à la beauté qui ne périt point: que ta condition borne tes désirs que tes devoirs aillent avant tes penchants; étends la loi de la nécessité aux choses morales, apprends à perdre ce qui peut t'être enlevé, apprends à tout quitter quand la vertu l'ordonne, à te mettre au dessus des événements, à détacher ton c¿ur sans qu'ils le déchirent, à être courageux dans l'adversité, afin de n'être jamais criminel. Alors tu seras heureux malgré la fortune, et sage malgré les passions. "

Jean Jacques Rousseau émile ou de l'éducation post-136885-1295283702_thumb.png

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Invité Viola
Invités, Posté(e)
Invité Viola
Invité Viola Invités 0 message
Posté(e)

Cet extrait me fait penser au poème de kipling, "si"

Je l'adore.

Ce n'est pas un extrait mais je le poste quand même :cray:

If...

Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie

Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,

Ou perdre d'un seul coup le gain de cent parties

Sans un geste et sans un soupir;

Si tu peux être amant sans être fou d'amour,

Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre

Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,

Pourtant lutter et te défendre;

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles

Travesties par des gueux pour exciter des sots,

Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles

Sans mentir toi-même d'un seul mot;

Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois

Et si tu peux aimer tous tes amis en frère

Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi;

Si tu sais méditer, observer et connaître

Sans jamais devenir sceptique ou destructeur;

Rêver, mais sans laisser le rêve être ton maître,

Penser sans n'être qu'un penseur;

Si tu peux être dur sans jamais être en rage,

Si tu peux être brave et jamais imprudent;

Si tu sais être bon, si tu sais être sage

Sans être moral ni pédant;

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite

Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,

Si tu peux conserver ton courage et ta tête

Quand tous les autres les perdront,

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire

Seront à tout jamais tes esclaves soumis

Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,

Tu seras un homme, mon fils.

Un extrait que je connais par coeur, Flaubert, Mme Bovary, un must

"Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement [...] Chaque matin, à son réveil, elle l'espérait pour la journée, et elle écoutait tous les bruits, s'étonnait qu'il ne vint pas; puis au coucher du soleil, toujours plus triste, désirait être au lendemain."

Un dernier, sublime extrait de Flaubert également (Salammbô) : just enjoy :o

Il était à genoux, par terre, devant elle ; et il lui entourait la taille de ses deux bras, la tête en arrière, les mains errantes ; les disques d'or suspendus à ses oreilles luisaient sur son cou bronzé ; de grosses larmes roulaient dans ses yeux pareils à des globes d'argent ; il soupirait d'une façon caressante, et murmurait de vagues paroles, plus légères qu'une brise et suaves comme un baiser.

Salammbô était envahie par une mollesse où elle perdait toute conscience d'elle-même. Quelque chose à la fois d'intime et de supérieur, un ordre des Dieux la forçait à s'y abandonner ; des nuages la soulevaient, et, en défaillant, elle se renversa sur le lit dans les poils du lion. Mâtho lui saisit les talons, la chaînette d'or éclata, et les deux bouts, en s'envolant, frappèrent la toile comme deux vipères rebondissantes. Le zaïmph tomba, l'enveloppait ; elle aperçut la figure de Mâtho se courbant sur sa poitrine.

- « Moloch, tu me brûles ! » et les baisers du soldat, plus dévorateurs que des flammes, la parcouraient ; elle était comme enlevée dans un ouragan, prise dans la force du soleil.

Il baisa tous les doigts de ses mains, ses bras, ses pieds, et d'un bout à l'autre les longues tresses de ses cheveux.

- « Emporte-le » , disait-il, « est-ce que j'y tiens ! Emmène-moi avec lui ! j'abandonne l'armée ! je renonce à tout ! Au-delà de Gadès, à vingt jours dans la mer, on rencontre une île couverte de poudre d'or, de verdure et d'oiseaux. Sur les montagnes, de grandes fleurs pleines de parfums qui fument se balancent comme d'éternels encensoirs ; dans les citronniers plus hauts que des cèdres, des serpents couleur de lait font avec les diamants de leur gueule tomber les fruits sur le gazon ; l'air est si doux qu'il empêche de mourir. Oh ! je la trouverai, tu verras. Nous vivrons dans les grottes de cristal, taillées au bas des collines. Personne encore ne l'habite, ou je deviendrai le roi du pays. »

Il balaya la poussière de ses cothurnes ; il voulut qu'elle mît entre ses lèvres le quartier d'une grenade, il accumula derrière sa tête des vêtements pour lui faire un coussin. Il cherchait les moyens de la servir, de s'humilier, et même il étala sur ses jambes le zaïmph, comme un simple tapis.

- « As-tu toujours » , disait-il, « ces petites cornes de gazelle où sont suspendus tes colliers ? Tu me les donneras ; je les aime ! » Car il parlait comme si la guerre était finie, des rires de joie lui échappaient ; et les Mercenaires, Hamilcar, tous les obstacles avaient maintenant disparu. La lune glissait entre deux nuages. Ils la voyaient par une ouverture de la tente.

- « Ah ! que j'ai passé de nuits à la contempler ! elle me semblait un voile qui cachait ta figure ; tu me regardais à travers ; ton souvenir se mêlait à ses rayonnements ; je ne vous distinguais plus ! » Et la tête entre ses seins, il pleurait abondamment.

- « C'est donc là ! » , songeait-elle « cet homme formidable qui fait trembler Carthage ! »

Il s'endormit. Alors, en se dégageant de son bras, elle posa un pied par terre, et elle s'aperçut que sa chaînette était brisée.

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Membre, 47ans Posté(e)
splash Membre 584 messages
Baby Forumeur‚ 47ans‚
Posté(e)
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Etreint à tes côtés, image, par une émotion

Ceinte de douceur, et oui à ton côté, amie

Ruisselante ondine de ma nuit, même un poème

Irisé de vers modestes comme moi, à la vue de ta chair

Volage, ne peut contenir autant de mots que de secrets,

Etuvés, indicibles, ta nuisette fine, ton string noir ;

Zigzaguant à proximité de mes mots troublés,

Renfermant un coeur de mère ou de femme,

Etrange image offerte au regard captivé du

Poète mon créateur, mon âme émoustillée,

é amie, se lanterne de mots contenus dans ces vers

Non des maux, à d'autres âmes, d'autres poèmes

Des blessures, pacifique déesse liserée de sombre,

Enarque au pays de la poésie, z'aimerais te caresser,

Zeste de rêve soyeux, car les poèmes rêvent aussi

Même les images z'en suis sûr, perle de mes jours,

é amis de la littérature et de la poésie, plongez

Innocemment dans les méandres de mes strophes :o

Voilà ce qui a marqué ma lecture....pas le texte hein, la tof :p

Oui j'y vais, je dégage... -> []

(en même temps qu'est-ce que je peux faire d'autre en section littérature, y a pas d'images... :cray: )

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Membre, Posté(e)
Blood Angel Membre 421 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonsoir à vous Lady Viola,

Si je puis me permettre, j'ajouterai que ce bien beau roman de ce très cher Flaubert, reluit d'une sublime description ; que de bonheur...

Pour le plaisir de nos yeux, je vous offre ce passage si :

La lune se levait au ras des flots, et, sur la ville encore couverte de ténèbres, des points lumineux, des blancheurs brillaient : le timon d'un char dans une cour, quelque haillon de toile suspendu, l'angle d'un mur, un collier d'or à la poitrine d'un dieu. Les boules de verre sur les toits des temples rayonnaient, çà et là comme de gros diamants. Mais de vagues ruines, des tas de terre noire, des jardins faisaient des masses plus sombres dans l'obscurité, et, au bas de Malqua, des filets de pêcheurs s'étendaient d'une maison à l'autre, comme de gigantesques chauves-souris déployant leurs ailes. On n'entendait plus le grincement des roues hydrauliques qui apportaient l'eau au dernier étage des palais ; et au milieu des terrasses, les chameaux reposaient tranquillement, couchés sur le ventre, à la manière des autruches. Les portiers dormaient dans les rues contre le seuil des maisons ; l'ombre des colosses s'allongeait sur les places désertes ; au loin quelquefois la fumée d'un sacrifice brûlant encore s'échappait par les tuiles de bronze, et la brise lourde apportait avec des parfums d'aromates les senteurs de la marine et l'exhalaison des murailles chauffées par le soleil. Autour de Carthage les ondes immobiles resplendissaient, car la lune étalait sa lueur tout à la fois sur le golfe environné de montagnes et sur le lac de Tunis, où des phénicoptères parmi les bancs de sable formaient de longues lignes roses, tandis qu'au-delà, sous les catacombes, la grande lagune salée miroitait comme un morceau d'argent. La voûte du ciel bleu s'enfonçait à l'horizon, d'un côté dans le poudroiement des plaines, de l'autre dans les brumes de la mer, et sur le sommet de l'Acropole les cyprès pyramidaux bordant le temple d'Eschmoûn se balançaient, et faisaient un murmure, comme les flots réguliers qui battaient lentement le long du môle, au bas des remparts.

Flaubert, extrait du chapite III, Salammbô, 1862

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Membre, 35ans Posté(e)
leb106 Membre 40 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

Très touchant ces extraits de Mr Flaubert j'ai aimé ^^

Merci de partager mes futurs lectures vont ce diriger vers cet écrivain :cray:

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Invité Viola
Invités, Posté(e)
Invité Viola
Invité Viola Invités 0 message
Posté(e)
Bonsoir à vous Lady Viola,

Si je puis me permettre, j'ajouterai que ce bien beau roman de ce très cher Flaubert, reluit d'une sublime description ; que de bonheur...

Pour le plaisir de nos yeux, je vous offre ce passage si :

La lune se levait au ras des flots, et, sur la ville encore couverte de ténèbres, des points lumineux, des blancheurs brillaient : le timon d'un char dans une cour, quelque haillon de toile suspendu, l'angle d'un mur, un collier d'or à la poitrine d'un dieu. Les boules de verre sur les toits des temples rayonnaient, çà et là comme de gros diamants. Mais de vagues ruines, des tas de terre noire, des jardins faisaient des masses plus sombres dans l'obscurité, et, au bas de Malqua, des filets de pêcheurs s'étendaient d'une maison à l'autre, comme de gigantesques chauves-souris déployant leurs ailes. On n'entendait plus le grincement des roues hydrauliques qui apportaient l'eau au dernier étage des palais ; et au milieu des terrasses, les chameaux reposaient tranquillement, couchés sur le ventre, à la manière des autruches. Les portiers dormaient dans les rues contre le seuil des maisons ; l'ombre des colosses s'allongeait sur les places désertes ; au loin quelquefois la fumée d'un sacrifice brûlant encore s'échappait par les tuiles de bronze, et la brise lourde apportait avec des parfums d'aromates les senteurs de la marine et l'exhalaison des murailles chauffées par le soleil. Autour de Carthage les ondes immobiles resplendissaient, car la lune étalait sa lueur tout à la fois sur le golfe environné de montagnes et sur le lac de Tunis, où des phénicoptères parmi les bancs de sable formaient de longues lignes roses, tandis qu'au-delà, sous les catacombes, la grande lagune salée miroitait comme un morceau d'argent. La voûte du ciel bleu s'enfonçait à l'horizon, d'un côté dans le poudroiement des plaines, de l'autre dans les brumes de la mer, et sur le sommet de l'Acropole les cyprès pyramidaux bordant le temple d'Eschmoûn se balançaient, et faisaient un murmure, comme les flots réguliers qui battaient lentement le long du môle, au bas des remparts.

Flaubert, extrait du chapite III, Salammbô, 1862

My Lord, c'est comme si nous y étions...

Thank you so much.

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Membre, Posté(e)
Blood Angel Membre 421 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Mais que j'aime également le noir cynisme de ce très cher Guy de Maupassant ; de ce roman que j'ai un jour dévoré et que j'apprécie tant, aujourd'hui encore. Passage d'un de ses plus grand chefs d'oeuvres :

Lune dit enfin : " Comme il y a des soirs délicieux, où tout semble bon. N'est-ce pas, Margot ? " L'autre reprit : " Oui, c'est bon. Mais il manque toujours quelque chose. - Quoi donc? Moi je me sens heureuse tout à fait. Je n'ai besoin de rien. - Si. Tu n'y penses pas. Quel que soit le bien-être qui engourdit notre corps, nous désirons toujours quelque chose de plus... pour le coeur. " Et l'autre, soudant : " Un peu d'amour ? - Oui. " Elles se turent, regardant devant elles, puis celle qui s'appelait Marguerite murmura : " La vie ne me semble pas supportable sans cela. J'ai besoin d'être aimée, ne fût-ce que par un chien. Nous sommes toutes ainsi, d'ailleurs, quoi que tu en dises, Simone. - Mais non, ma chère. J'aime mieux n'être pas aimée du tout que de l'être par n'importe qui. Crois-tu que cela me serait agréable, par exemple, d'être aimée par.. par... " Elle cherchait par qui elle pourrait bien être aimée, parcourant de l'oeil le vaste paysage. Ses yeux, après avoir fait le tour de l'horizon, tombèrent sur les deux boutons de métal qui luisaient dans le dos du cocher et elle reprit, en riant : " Par mon cocher " Mme Margot sourit à peine et prononça, à voix basse : " Je t'assure que c'est très amusant d'être aimée par un domestique. Cela m'est arrivé deux ou trois fois. Ils roulent des yeux si drôles que c'est à mourir de rire. Naturellement, on se montre d'autant plus sévère qu'ils sont plus amoureux, puis on les met à la porte, un jour sous le premier prétexte venu parce qu'on deviendrait ridicule si quelqu'un s'en apercevait. ...

Guy de Maupassant, extrait de rose, 1884

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Invité Viola
Invités, Posté(e)
Invité Viola
Invité Viola Invités 0 message
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Aimer et être aimée, certes my Lord, mais il faut pour cela se laisser un peu apprivoiser, et il en résulte souvent bien du chagrin...

Saint Exupéry, le petit prince, un extrait qui me parle :

C'est alors qu'apparut le renard :

Bonjour dit le renard.

Bonjour, répondit poliment le petit prince, qui se retourna mais ne vit rien.

Je suis là, dit la voix, sous le pommier...

Qui es-tu? dit le petit prince. Tu es bien joli...

Je suis un renard, dit le renard.

Viens jouer avec moi, lui proposa le petit prince. Je suis tellement triste...

Je ne puis pas jouer avec toi, dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé.

Ah! pardon, fit le petit prince.

Mais, après réflexion, il ajouta :

Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?

Tu n'es pas d'ici, dit le renard, que cherches-tu?

Je cherche les hommes, dit le petit prince. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ?

Les hommes, dit le renard, ils ont des fusils et ils chassent. C'est bien gênant ! Il élèvent aussi des poules. C'est leur seul intérêt. Tu cherches des poules?

Non, dit le petit prince. Je cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser"?

C'est une chose trop oubliée, dit le renard. Ca signifie créer des liens..."

Créer des liens?

Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...

Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fleur... je crois qu'elle m'a apprivoisé...

[...]

Mais le renard revint à son idée :

Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sur terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois là-bas, les champs de blé? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur d'or. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le blé qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai le bruit du vent dans le blé...

Le renard se tut et regarda longtemps le petit prince :

S'il te plaìt... apprivoise-moi, dit-il.

Je veux bien, répondit le petit prince, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaìtre.

On ne connaìt que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaìtre. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi!

Que faut-il faire? Dit le petit prince.

Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'¿il et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...

Le lendemain revint le petit prince.

[...]

Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et quand l'heure de départ fut proche :

Ah! dit le renard... Je pleurerai.

C'est ta faute, dit le petit prince, je ne te souhaitais point de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise...

Bien sûr, dit le renard.

Mais tu vas pleurer! dit le petit prince.

Bien sûr, dit le renard.

J'y gagne, dit le renard, à cause de la couleur du blé.

Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.

L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.

C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

C'est le temps que j'ai perdu pour ma rose... fit le petit prince, afin de se souvenir.

Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose...

Je suis responsable de ma rose... répéta le petit prince, afin de se souvenir.

Tiré de : Le petit prince par Antoine de Saint-Exupéry

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