Discussion autour d'une toile : L'Angélus de Jean-François Millet

J'apprécie particulièrement les couleurs des vêtements des personnages. Ils sont en parfaite harmonie avec leur environnement. On ressent vraiment qu'ils sont cette terre qui les nourrit. Leurs têtes penchées vers le bas amplifie ce sentiment. On sent vraiment le lien direct qui les unis à ce champs.

Mais comme une direction ascendante il y a le clocher de l'église. Le son de l'angélus est leur lien avec cet édifice qui lui pointe vers le ciel. Il sont liés à la terre mais ils s'élèvent vers le haut et ces deux humains sont des traits d'unions entre la terre et le ciel.

Merci Thyia, pour tes explications très intéressantes. Moi je penche pour le soir, au fond, la clarté du soleil qui se couche peut-être, mais aussi le tablier de la femme qui semble très sale, et qui aurait fait la journée, avec cette habitude d'essuyer les mains sur le tablier.

J''aime l'angélus mais il m'attriste, cette chaleur de fin de l'été, leur pauvres mains rabougries pour le ramassage. Car glaner, c'était le ramassage des épis laissés après la récolte et qui se trouvait dans le champs fauché où il restait une partie de la tige du blé (le chaume) qui est coupante comme ce n'est pas possible. J'y ai marché enfant et non de non ce truc là vous arrache les chevilles et les met en sang, alors les mains ! L'une d'elle semble épuisée, elle se lève à demi pour soulager ses reins. Si elle se relevait complètement ce serait plus dur ensuite. On sent, c'est extrordinaire, qu'elle au bout du rouleau.

Le nu ou la femme nue : j'ai tjrs eu une grande admiration pour cette peau que les peintres arrivent à reproduire. Pour moi c'est un mystère, déjà quand j'étais enfant, une toile chez une de mes tantes, représentait des pêches avec son velouté, elle semblait tellement réelle cette pèche, qu'elle donnait envie de la toucher et de la croquer. Je n'avais pas encore vu de nu. J'en voit qui rigole, c'est pas bien na !

Comme j'ai tjrs aimé la peinture, j'ai tenté de barbouiller un peu. Le ciel et l'eau étaient difficiles à réaliser alors les nues.....je suis vraiment en admiration devant les nus. Cette chaire blanche à peine rosée....et l'ombre sans pour cela foncer la peau....mystère !

Pour ce tableau, l'alcove me rappelle mon enfance car j'ai vu des alcoves et les lits comme celui que l'on voit étaient en plume. On voit bien la molesse du matelas, les gros boudins des couvertures, le creu fait par l'oreiller. La réalité est vraiment là, le modèle semble dormir à point fermé.

Zut ! je ne relis pas et les fautes pleuvent.

pour moi,ce tableau évoque la paix;la paix intérieure où tout est dans l'ordre des choses;le travail

dans les champs est effectué;la cloche de l'église du village que l'on distingue au loin, sonne:c'est

l'heure de la prière et du recueillement et on baisse la tête pour s'incliner devant le mystère de

"l'incarnation";la foi des humbles;

je ne trouve pas ce tableau triste;par contre, le dessin effectué par Van Gogh en 1880, à ses débuts,

en noir et blanc, montre une misère plus grande;qu'en pensez vous?

Angelus, The

Brussels: October, 1880

(Otterlo, Kröller-Müller Museum)

F 834, JH Juv. 14

Il y a un paquet de malvoyants ,de médisants,de pauvres gens qui n'ont jamais tenu un pinceau de leur vie , sur ce site !

Cette toile est un chef d'oeuvre !

Certes, elle l'est bel et bien, nul n'a remis cela en cause, malgré tout...

Et toi, Imaginatif, elle t'inspire quoi, cette toile, dis-nous ?

Une belle scène de genre qui, à l'époque, a bien enervé les tenants de la peinture officielle et académique en faisant scandale, en effet Millet s'est permis de représenter des simples paysans en train de prier dans un champ.

Des manants n'étaient pas censés être le sujet principal d'un tableau , au mieux pouvaient-ils être tolérés comme faisant partie du décor.

Courbet eu le même problème avec le tableau "Un enterrement à Ornans".

MEA CULPA: J'avais cité de mémoire, j'ai fait une erreur. Ce n'est pas "l'angélus" qui fut le premier tableau à succiter la polémique mais "le semeur" que Millet présenta au salon.

La critique d'alors reprocha à Millet de "calomnier les paysans" et de faire une peinture "socialiste".

Ses tableaux suivants connurent le même sort, et subirent les mêmes critiques ridicules. cf. : "Les glaneuses"; "l'homme à la houe";"les ramasseurs de fagots";"la ceuillette des pommes" etc.

Cependant, le 6 décembre 1859, Millet termina une toile de 0m66 sur 0m55, qui représentait deux paysans écoutant d'un air recueilli sonner l'angélus à l'eglise de Chailly-en-Bière, dont on voit le clocher se profiler à l'horizon. Succès considérable de la toile.

Même les critiques apprécient, ils parlent de : "rêveries viriles", de "courageuse tristesse" et "d'humanité rustique".

Célebrité pour Barbizon et pour Millet. Mais pour ce dernier, toujours la pauvreté aussi...

En 1903, devant le nombre grandissant de touristes venant à Barbizon pour voir l'endroit où avait été peint la toile célèbre et les peintres s'y fixant, le gouvernement décida de faire de Barbizon une commune autonome qui faillit s'appeler :"Barbizon-l'Angélus" par rapport à l'oeuvren deMillet.

Quant aux interprétations du tableau ce fut le délire :

"Certains prétendirent qu'à l'origine, la toile représentaient des paysans priant pour que leur prochaine récolte de pommes de terre fût meilleure, mais que Millet, ayant, à la reflexion, trouvé cette oraison un peu matérialiste, avait ajouté le clocher de Chailly-en-Bière pour suggérer l'idée, plus suave, d'un angélus".

"Un autre assura que le couple était en prière sur la tombe de son enfant. Un contradicteur ayant fait remarquer qu'il était extrêmement rare de trouver une sépulture dans un champ de pommes de terre, sur ce l'exégète répliqua qu e"les tubercules n'étaient qu'un rajout de l'artiste qui avait trouvé son sujet trop triste et que d'ailleurs un examen radiologique de la toile avait révélé aux pieds des deux personnages une masse sombre qui pourrait bien être un cerceuil"...

"Enfin, Dali vint et affirma très sérieusement que l'on avait affaire à "une manifestation érotique d'un extrême obscénité" que la paysanne est "dans la posture d'une femme qui attend l'agression sexuelle" "agression perpétrée chaque soir par le curé du village, annonçant son arrivée en sonnant les cloches" quant au mari , Dali ajoute :"c'est un obsédé, un masochiste, un voyeur qui baisse hypocritement le yeux et cache tant bien que mal la manifestation d'un grand trouble sexuel. Tout à l'heure il éprouvera un plaisir malsain, mêlé d'extase mystique, en voyant sa femme se faire prendre comme une bête par le curé, au milieu du champ de pommes de terre, tandis, qu'au loin, sonne la cloche de l'église de Chailly-en-Bière..." "

Voilà pour les interprétations les plus célèbres du tableau "l'Angélus" de Millet.

Quant à Millet lui même, ce qu'il pensait de son oeuvre est connu. Dans une lettre adressée à son ami Siméon Luce, datée du 16 mars 1865, Millet écrivait :

"L'Angélus est un tableau que j'ai fait en pensant comment, en entendant sonner les cloches dans les champs, ma grand-mère ne manquait pas de faire arrêter notre besogne pour dire l'angélus pour ses pauvres morts, bien pieusement et le chapeau à la main".

Source : Curieuses histoires de l'Histoire Guy Breton, Presses de la Cité, 1968

Maintenant, pour ma part et en substance, le tableau de Millet m'inspire des souvenirs d'enfance, en Bretagne, où j'ai assisté à la récolte des pommes de terre en entendant au loin sonner l'angélus de l'église de Notre-Dame-du-Guildo. Et j'aimais bien ces instants qui n'étaient jamais pathétiques.

Bonsoir

Après une dure journée ... Remercier la terre , un instant de prière . Peut être !

La version du cercueil change tout . Bref l'époque n'étant pas reluisante , pour tous , j'image mon arrière grand -mère abattue devant tant de misère .

Je reviendrais lire la suite ...

Salut à toi forumeur(se) qui a atterri ici plus ou moins sciemment.

Te voici donc dans un topic où tu pourras raconter ce qu'une toile t'inspire.

Ici, tout le monde est le bienvenu : que tu sois profane, néophyte ou passionné. C'est pas l'art d'être une bille ou pas qui importe mais juste ce que t'inspire une toile.

Ici, tu laisseras les mots qui te viendront en voyant un tableau de maitre. Ici, tu diras les émotions que tu ressens ou pas en laissant tes yeux balayer une ¿uvre.

Commençons donc par l'Angélus de Millet :

L'attente, la dévotion pour l'offrande d'un soi en guise de donation dans le temps qui passe.

L'arrêt, la position dans son positionnement, le déroulement.