dans le sillage des caravelles

Au XVème siècle, les Portugais, puis les Espagnols entreprirent de grandes expéditions dans l'espoir d'atteindre l'Extrême-Orient

Marco Polo avait décrit les fabuleuses richesses du Cathay (la Chine) et de Cipangu (le Japon), qui passaient pour regorger d'or, et celles de l'Inde et des îles de la Sonde, paradis des épices dont l'Europe faisait une extraordinaire consommation

le livre des Merveilles - Marco Polo (1254-1324)

Mandeville avait décrit des îles au-delà du Cathay dont les arbres portaient farine, miel et vin, le Malabar où poussent trois sortes de poivre et où se trouve la Fontaine de Jouvence

Et chacun de donner libre cours à son imagination...

Jusque là, soie et épices arrivaient à Beyrouth et Alexandrie, où les Vénitiens venaient les chercher pour les revendre à des prix très élevés

L'objectif était donc de se rendre directement au Moyen-Orient et casser le monopole vénitien

Venise par Canaletto (1697-1768)

Les savants du XVème siècle connaissaient les théories géographiques des Grecs et des romains

le monde selon Hérodote

Or, le géographe Ptolémée avait enseigné au second siècle après J.C. qu'un même océan entourait toute la terre, et que la terre était une sphère

Il devait donc être possible, en contournant l'Afrique par le sud, d'arriver dans l'Inde, ou en allant toujours tout droit vers l'Ouest, d'atteindre Cipango et le Cathay

la carte du monde d'après Ptolémée (Atlas Mercator-1585)

Restait à y aller....

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Ils y allèrent, à petits pas, et pas plus rassurés que ça....

On racontait sur ces mers inconnues des histoires terrifiantes

Il y avait ça et là, disait-on des pierres d'aimant, si un navire passait à proximité, les clous de son bordage de détachaient et c'était le naufrage !

On affirmait aussi que plus on allait vers le sud, plus la mer devenait brûlante, et faisaient fondre les navires qui s'approchaient de l'équateur

Sans compter les gigantesques sangsues qui se collaient au flanc du bateau et l'attiraient inexorablement vers le fond et les Gorgones de toutes sortes qui soulevaient des tempêtes de leur souffle pour noyer les équipages

Bref...de quoi inquiéter les plus braves !

Pour que soit vaincue la peur des hommes, et que fut trouvée la route de l'Asie et des richesses, il fallut la volonté d'un Prince

Henrique , le Navigateur (détail du Polyptique de Lisbonne - vers 1450)

Il est bien difficile de cerner de nos jours le caractère et les motivations d'un homme qui a vécu il y a plus de six siècles

L'Infante déjà mûr, au front ridé et au regard triste du Polyptique de Lisbonne a été un fougueux adolescent qui, aux dires de Zurara dans sa Chronique de Guinée, a convaincu son père, le Roi João 1^er, de prendre Ceuta, première escale de l'aventure

Prise de Ceuta en 1415 (azulejos de São Bento - Porto)

Henrique, le troisième fils de João ne se voulait ni ecclésiastique, ni guerrier, et la politique ne l'intéressait pas

Prince le plus riche du Portugal, Grand Maître de l'Ordre du Christ (successeur et héritier des l'ordre du Temple), il ne se maria jamais et on ne lui connaît pas de liaison féminine

Ses premières expéditions furent destinées à prendre le Maroc à revers, dans l'esprit de la reconquête sur l'Islam

Puis il se tourna vers une recherche du passage au sud de l'Afrique, et le royaume mythique du Prêtre Jean, dont il espérait se faire un allié contre les Musulmans

Alors, fermé à tout ce qui n'était pas son rêve intérieur, mais le regard ouvert sur l'océan, il décida qu'il lui fallait d'abord un refuge et un tremplin

Et ce fut Sagres qu'il choisi

Sagres

Sagres, le bout du monde...

Un cap long et mince pointé vers le sud, perché sur des falaises vertigineuses sur lesquelles se brise la houle de l'Atlantique

Une lande rase et une forteresse qui barre le promontoire, et au sol un grande rose des vents

Sagres - la rose des vents

A droite, au pied de la falaise, des lunes de sable et des criques encaissées : le Cap São Vicente, le bout de l'Europe, et en face, l'océan vide !

Bien à l'abri des Maures qui ne s'aventurent pas dans ces parages, le lieu n'est éloigné de Lagos que d'une petite journée de cheval

Lagos, l'ancienne cité carthaginoise, voit débarquer les navires chargés de marchandises, ses lagunes sont des bassins à flots pour les chantiers navals et les arsenaux

Lagos

le Cap Saint Vincent

Voilà, j'ai planté le décor

Nous embarquerons au prochain épisode avec Zarco, Perestrelo et Vaz pour la première étape, Madère et les Açores, si vous voulez bien faire le voyage avec moi

@ pour les forumeurs que cela intéresse: si vous désirez que j'émaille le récit d'explications sur la navigation ou les instruments, dîtes-le moi, j'en tiendrai compte

je raconterai les explorations portugaises par épisodes, j'ai pensé que cela ferait un pendant au très intéressant cours de Belizarius sur les Grandes Découvertes, vous me pardonnerez si je ne suis pas à sa hauteur

Bravo, superbe sujet !

Tu as bien bossé, c'est complet

merci vraiment, Belizarius, suis vachement fière de tes compliments, ça me touche beaucoup

je planche sur la suite...

Des topics comme ça... Le pied...

Mais au fait... remontons plus loin :

Et Saint Brandan sur son bâteau de pierre ?

Et Leïf Erikson au Vinland ?

oui, je sais, je sais...

mais là, je raconte les explorations portugaises, pour ne pas trop me disperser

on pourra parler des vikings, plus tard, ou des explorations polaires, pourquoi pas?

j'ai bien envie de faire les grands sommets, aussi, Everest, K2...

bref, les sujets ne manquent pas

mais pas possible de tout faire à la fois

@ j'ai oublié, merci d'avoir apprécié, ça me fait plaisir

Leif Erikson était viking, pas de problèmes...

Mais Saint Brandan était Gallois donc breton.

J'ai failli avoir une attaque...

breton, breton de l'autre côté ...tu serais pas un peu chauvin, toi?

A mon niveau, c'est un pléonasme... Mais, comme on peut le voir : je me soigne en Cévennes...