Transis du XIVe au XVIIe siècle.

Les sculptures funéraires les plus connues sont celles des gisants : elles représentent un personnage sur la partie supérieure d'une tombe, le plus souvent allongé, dans une attitude généralement endormie, l'impression suscitée étant alors plutôt noble et altière. ¿ Du XIVe au XVIIe siècle cependant, à la suite d'une obsession pour la mort (guerre, peste et famine frappaient alors nos régions), apparut un type particulier de gisants : les transis. Ils consistent en une représentation particulièrement réaliste du squelette, ou du cadavre, souvent incluant les détails graphiques de la putréfaction.

Parenthèse étymologique : le mot "transi" signifie de nos jours "pénétré par le froid" (Littré), mais il provient d'un verbe en ancien français, transir, signifiant mourir (lui-même venant du latin transire, "aller d'un lieu/d'un état à un autre", in extenso "aller dans l'au-delà").

Voir une telle sculpture réellement sous ses yeux est toujours une expérience émotionnelle forte, en particulier lorsque l'on ne s'y attendait pas ; j'ai moi-même découvert leur existence en me promenant un soir dans le Louvre, et en tombant nez-à-nez avec un transi debout, représentant une femme à moitié putréfiée, donc l'estomac ouvert laissait entrevoir des blattes et autres insectes gravés avec maint détails dans la pierre. ¿ Je n'en trouve malheureusement aucune photographie sur Internet : il y a peu de transis de manière générale, disponibles sur la toile. En voici cependant quelques-uns.

Guillaume de Harcigny (médecin de Charles VI) au musée de Laon. 1393.

Sir John Golafre, à Fyfield. 1442. (je trouve des dates diverses cependant, il y a du en avoir plusieurs).

John Barton. 1491.

John Baret. 1467.

René de Chalon, à Bar-Le-Duc. 1544.

Le but de cet art? Memento mori. Souviens-toi que tu dois mourir. é cet égard, celui qui a rédigé l'article de wikipedia sur les transis fut bien inspiré de citer les vers de Ronsard, qu'ici je recopierai :

Je n'en ai jamais vu qui représentent des détails de la putréfaction, c'est littéralement fascinant, thanks. Celui de Chalon est sublime.

Si tu habites à Paris ou à proximité, explore l'aile Sully au Louvre ; cela se trouve dans les salles médiévales, à côté de nombreux autres gisants et d'art chrétien truffé de symboles, qui valent largement le coup d'¿il. ¿ Et par la même occasion, en voici quelques nouveaux ; mais il faudrait que je trouve un livre d'art consacré au sujet (si c'est le cas et qu'il est intéressant, j'indiquerai la référence).

Un transi de Catherine de Médicis, qui apparemment l'épouvanta tant qu'elle ne l'utilisa finalement pas ; il resta à l'état d'esquisse, et se trouve au Louvre (je ne me souviens pourtant pas de l'y avoir vu). 1565.

Transi de Jean de Lagrange, cardinal d'Amiens. 1402. (date de sa mort ; les dates exactes de sculpture ne sont pas aisées à trouver)

(Pas trouvé la référence).

Guillaume lefranchois, abbé de St-Vaast. ~1545.

j'ajoute à la collection:

le transi d'Ingolstadt - 1505

Criterium, pour celui dont tu n'as pas trouvé la référence:

c'est le transi de la chapelle funéraire des Seigneurs de Boussu (Belgique)

on l'appelle aussi 'l'homme à moulons"

années 1500, mais je n'ai pas de date précise

transi de l'Abbé Wakeman, à Tewkesbury

et celui-ci, à Clermont dans l'Oise

Merci à toi, pyrenne.