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avril 2002 erreur ou choix consenti


héritier de 1789

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Membre, 63ans Posté(e)
héritier de 1789 Membre 356 messages
Baby Forumeur‚ 63ans‚
Posté(e)

"et qu'est-ce que tu y vois, en banlieu ?

Parce que me parler de "fantasmes", de "mépris" etc (sentiments) pour me répondre, ça s'apelle de l'abstrait, du verbiage inutile.

Concrétement, ça donne quoi ?"

j'y vois une majorité de personnes qui travaillent et sont honnètes, qui galérent tous les jours pour aller à leur travail(2 personnes sur 3 prennent le transport en comun et ceux ci sont en retard 1 jour sur 2) la majorité de ces gens ne touchent pas un gros salaire et font avec. Une majorité d'élèves qui vont à l'école, apprennent et obtiennent des diplomes malgré les difficultés auxquelles ils sont confrontés. On envoie dans les collèges et lycées en ZUS que les profs les moins experimentés. J'y vois des problèmes de logement, de pauvreté, d'insalubrité du parc locatif. J'y vois une rélégation de ces citoyens dans la périphérie des villes(sauf Marseille) j'y vois une concentration humaine telle que évidemment les problèmes parraissent plus important qu'ailleurs. J'y vois une accumulation des plus pauvres dans ces lieux de bannissement avec les conséquences sociales que cela entraine.

j'y vois aussi les politiques se fendre d'un petit tour pour recolter des voix sans jamais avoir pris en compte les besoins réèls de la population.

J'y vois aussi tous les fantsmes de ceux qui n'y vivent pas et projettent sur elle leurs peurs et dégout.

j'y vois des gamins perdus qui n'ayant pas forcémment une vision claire de leur avenir font des conneries et font chier les personnes autour d'eux. Mais j'y vis aussi une solidarité, des amitiès sincères et non hypocrites, j'y connais des gens généreux, altruistes comme ailleurs. Il y a aussi la part d'imbéciles, d'ignorants et d'égoistes comme partout.

crois tu que les raisons qui ont poussé ceux que tu nommes comme bandits ayant de l'honneur(quant ces dits bandits étaient les maitres du traffic d'héroine dans notre pays, peux tu toujours soutenir que cela n'avait pas de conséquences néfastes sur la population???) n'aient pas poussé aussi ces jeunes vers la délinquance??? ne connais tu pas l'adage qui dit aux mêmes causes les mêmes effets????

xris :blush:

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Membre, 54ans Posté(e)
Lotaire Membre 241 messages
Baby Forumeur‚ 54ans‚
Posté(e)

Une très, très importante question que l'élection de 2002, trop peu interrogée car trop vite analysée par des 'experts' ayant la 'tête dans le guidon'.

__

Nous sommes le vendredi 19 avril 2002.

- Allo, Gwen. Salut, tu vas bien ? Dis-moi, tu viens déjeuner à la maison dimanche ? Noun réitère son poulet au citron. Si vous votez tôt, vous êtes là pour 11 heures .. ?

- Ah non mon doux sire ! il va faire super beau ce we, on va à Chateauroux.

- Attends.. Gwen ! Et vous allez voter quand ?

- Bah, jospinou passe les doigts dans le nez. Et pis c'est le premier we de soleil, il va faire chaud ! Avec l'hiver hyper long qu'on a eu, là franchement, on peut bien se détendre.

- Gwen ! Tu déconnes ?? Où t'as vu que Jospin passait les doigts dans le nez ? Tu as lu les sondages sur LePen ? non mais vous êtes en orbite ou quoi ?

- Mon P...ouuu, s'teplait ! Arrête.. franchement tu t'en fais pour rien. Même Papa, qui avait pourtant des doutes aussi, part ce we.. Alors tu vois ?

- Ben j'vais être dur mais j'aimerais pas être à sa place lundi matin s'il a cours, y vont se bidonner les normaliens !

- Mais de toute façon, on rentre peut-être tôt quand même dimanche, donc tu vois je voterais peut-être quand même.

- Gwen.. fais-le. Je te jure que c'est important. Tu me connais non ?

- Ok, on essaye, je t'embrasse fort, fort, fort, bise à Noun !

- Ouaich ! amusez-vous bien et faites des bêtises..

Gwen et son compagnon seront dans les embouteillages, aux portes de Paris, avec des dizaines de milliers d'autres électeurs de gauches pour entendre l'annonce du match Chirac et LePen au second tour.

Atterrés, ils sont atterrés. Deux jours plus tard, c'est une petite voix éteinte et tremblante qui m'avoue le merveilleux we qui s'est terminé en film catastrophe.

Mais moi, complaisant par affection, pourquoi n'ais-je pas insisté ? Lâche, je l'ai même invité à faire des "bêtises", et bien voilà, c'est fait, bravo. Et je peux m'applaudir des deux mains car j'ai été presque aussi complaisant avec plusieurs amis, heureux de voir le soleil et d'en profiter jusqu'à pas d'heure, ou plutôt jusqu'à l'heure de l'annonce, ou de la réception de l'annonce. Il n'y a guère que des cousins que j'aurais réussi à ramener à la raison.. dans l'urgence du samedi soir et du fait divers d'Orléans, de l'absence d'affect aussi..

Au moins huit personnes autour de moi n'auront pas voté ce 21 avril 2002, pour profiter du soleil dans la sérénité de l'assurance de l'élection de Lionel Jospin.

Je suis stupéfait des analyses qui vont ensuite s'étaler dans les média. Nous sommes deux, trois, peut-être quatre à parler de ces 'désastreux premiers rayons de soleil printanier qui ont pris avec le soir les teintes du gris de Prague'. Un discours s'impose, un dogme : Jospin a échoué, il a été rejeté.

On comprend le jeu de la droite à s'y acharner, à imposer cette image. On comprend malheureusement aussi très vite le jeu de la gauche : les enfants politiques de Mitterrand sont nombreux, ils ont rongé leur frein longtemps. L'effort de soutien à Lionel n'est qu'une apparence, le désir de participer au festin. Les 5 années qui viennent de s'écouler sont plutôt bonnes, il est au meilleur de sa popularité, il n'était pas possible de s'opposer à lui dans le parti, tous l'ont donc suivi, de force plutôt que de grés car les Ego sont forts.

Le dimanche soir, c'est l'explosion. Le choc inattendu mais souhaité. Chacun peut reprendre ses billes et penser aux prochaines présidentielles. Plus rien n'est scellé.

L'occasion est trop belle pour la droite, un rêve éveillé. Car les électeurs de LePen, de Mégret et de Bayrou auraient été trop abstentionnistes pour un Chirac opposé à Jospin au second tour. Une gauche qui représente 45 %. Une petite moitié bien plus convaincue cependant de la nécessité de ne pas reconduire Chirac que la 'majorité' de droite qui est tout sauf unifiée. Chirac, dans la semaine précédente confiait que c'était 'foutu'. LePen est inquiétant mais personne ne croit réellement à son passage, 'ce serait trop beau'.

Chirac possède un fort capital de sympathie, en grande partie grâce aux guignols. Un bon vieux rigolard, un peu filou (mais qui ne l'est pas dit se dit l'électeur de droite, qui lui l'est), franchouillard, aimant le paté, le pinard et les blagues à deux balles, par ailleurs grand et ancien bel homme¿ Le français et la française moyenne, vieillissants et gavés de tv s'identifient totalement. ce qui ne représnete toutefois qu'à peine 20 % des électeurs..

L'électorat est surtout contestataire. Entre autres : les promesses de la nouvelle économie se sont écrasés comme fruits pourris sur branche et on a pu s'édifier de l'intelligence des élites avec le bug de l'an 2000 (pas un énarque, pas un polytechnicien ou consort pour faire preuve d'une once minimale de raisonnement).

Pour les électeurs de l'extrême droite et du centre, le politique est discrédité mais, à la rigueur, une grande majorité d'entre eux veut bien payer pour voir ce qu'un Jospin le sérieux a dans son jeu.

Jospin obtiendrait plus de 54 % au second tour. Avant le 21 avril, personne ne l'ignore. Le 22, personne ne s'en souvient.

Chirac, de fait, sera donc le président mal plébiscité d'un quart des français à défaut d'être réellement élu.

Les effets sont considérables. La droite en profite pour se ressaisir. Un grand nettoyage (toujours de printemps) est entamé, il durera près de 3 ans. Des têtes tombent, la guerre fait rage. Le choc a été tel pour la droite que les petits gradés et les électeurs sont prêts à toutes les concessions au plus fort, à tout entendre, à tout renier si besoin est. Les libertariens à la Madelin s'évanouissent, bien plus délégitimés que les communistes (et c'est peu dire). Les libéraux (on parle ici du point de vue politique et non économique) se taisent également (ils n'ont jamais eu de programme donc..). Plus personne ne sait, plus personne n'a rien à dire. La violence va primer et le plus agressif l'emporter en imposant une forme doucereuse de terreur. Cette force fascine. Elle laisse supposer une direction, une vision, à tout le moins l'espoir d'une réunification, même si au forceps. La droite se prend un coup de jeunisme à défaut de jeunesse. On retrouve la vulgarité débonnaire de la fin des années 70 et des années 80, des années Tapie. Le « bling, bling » , le people, star, paillette, sport, télé pour tous.. Le petit dictateur met en place son programme : du pain, grâce à la sueur, et des jeux. C'est le règne de la com. Peu importe la durée, ce qu'il faut c'est saisir, surprendre, prendre le pouvoir et on verra après. Le modèle est clairement bonapartiste. Une phrase circule « Marianne a toujours aimé être 'un peu' violée ».

A gauche, c'est la foire d'empoigne. Chacun donne libre court à ses espoirs les plus fous, mais sans jamais oser la violence, les forces en présence ne s'y prête pas.

Mitterrand lui avait dit, la main sur le genou, « ce pourrait bien être toi ». Plusieurs le savait. Désorientée, la gauche devient mystique et, tant bien que mal, se fait à l'idée d'une Jeanne, loin d'être pucelle mais qui sait¿ dans le désert¿

___

2002 est donc à l'origine d'une « longue marche » qui n'est pas achevée.

Après quelque tergiversation, je me suis abstenu. Mais je ne sais pas, Juyn, si l'élection de LePen aurait été préférable. Il n'aurait pas été si extrême que ça arrivé au pouvoir. Au deuxième tour, il a été très critiqué et a perdu beaucoup de voix pour s'être soudain modéré, avoir arrondi les angles.. Une posture paradoxalement veule, très bien identifiée comme la peur d'avoir à mettre les mots à l'épreuve des actes. Une lueur de sagesse, probablement due au seul âge, dont est dépourvu l'actuel président.

Mais je crois que la gauche aurait pu bénéficier de son élection. C'est vrai.

Saint Gaudens :

mais je suis un democrate convaincu! et pour moi la volonté du peuple prime. Et cette volonté s'exprime dans les bulletins de vote!

Et encore :

Revolution qui nous a permis de choisir nos representants, en toute liberté! suivant notre conscience et notre propre jugement!

...Et dans notre Democratie,comme dans toutes les Democraties..

Il faut donc le redire : nous vivons dans une république, qui a parfois des tendances démocratisantes, ce qui n'en fait pas une démocratie pour autant. Chirac, on l'a vu, représentait à peine le quart de la population. Le vote à cette échelle et sans la prise en compte du vote blanc ou de l'abstention est tout sauf démocratique. Une démocratie se caractérise par du tirage au sort pour au moins la moitié des fonctions politiques et judiciaires.

La révolution n'a jamais appliqué le suffrage universel. Il a fallu attendre 1944 pour ce faire. Les monastères au XIIème siècle était bien plus démocratiques.

Elastik & héritier,

N'auriez-vous pas tous les deux raison ? Ou plutôt n'auriez-vous pas un terrain d'entente ?

Notre démographie vieillissante n'envisage la dénatalité comme un problème que pour des homo economicus convaincus de la nécessité de la croissance, et d'une retraite exigeant le renouvellement.

Faites payer la machines et acceptez un développement relatif et une discussion sur l'immigration se simplifie grandement.

Est-il si difficile politiquement de supprimer les dettes du sud et de supprimer également les aides financières ?

Il est vrai qu'il faudrait s'étendre un peu sur les postures et positions à adopter en ce cas d'un point de vue géopolitique mais ce n'est pas bien difficile en réalité. Il s'agit bien plus d'une absence de volonté et de confiance.

Un paysan africain n'a pas envie d'émigrer. Il le fait contraint, résigné. Et les étudiants africains que j'ai rencontré avaient plus envie de reconnaissance dans leur pays que d'être des petits cadres ici. Du moins jusqu'à ce qu'ils soient désillusionnés sur leur possibilité d'action, dégoutés par une corruption imposée par les pays du nord.

L'absence de moyen d'intégration, de formation adéquate des professeurs (j'ai commencé à conseiller l'anthropologie dans les formations d'iufm il y plus de 15ans et ??), les politiques contradictoires vis-à-vis des immigrés (expulsion pour les uns, achat de la paix sociale et maintien dans la précarité pour les autres) correspond à une politique, qui pour durer depuis plus de 40ans est largement pensée et construite à dessein, pour entretenir la peur, le chômage, la pression sur les salaires et le marché du travail etc, etc..

L'immigration est un problème fictif, construit. Sa réalité, même actuellement, est facilement soluble avec des politiques publiques adéquates (accompagnement du retour, casse des grands ensembles, suppression progressives des politiques familiales, augmentation des services publics, formation, éducation, aide à l'emploi etc..). Mais pour ça il faut conserver une imposition forte sur la production quitte à se qu'elle délocalise plus ou investisse moins. Il faut en ce cas favoriser la petite entreprise, l'artisanat, l'agriculture déconcentrée etc..

Bon, disons simplement que l'immigration est un enjeu à somme nulle, qui relève surtout de courage politique.

__

PS Pour Femzi :

Le capitalisme est une forme d'organisation matérielle, économique, qui s'est construit dans une histoire et une civilisation donnée et a été défini 'a posteriori'. Le communisme est une proposition politique 'a priori' de dépassement de cette histoire et de cette civilisation...

On ne peut pas mettre les deux sur le même plan.

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