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Bin, heu? Oui t'es là :blush: :coeur::bo:

T " />

Trop joli le petit piaf :snif: Merci frangin! :bo::coeur:

Coucou à toustes et bonne journée - Bises :)

A toi aussi Framboise :bo:

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Un p'tit doc itou sur l'éthologie :blush:

Sans les animaux, le monde ne serait pas humain

Sans les animaux, le monde ne serait pas humain. Tel est le titre du livre de Karine Lou Matignon qui, après le succès du best-seller collectif - La plus belle histoire des animaux (éd. Le Seuil 2000) -, a publié un ouvrage qui prolonge cette quête et la pousse nettement plus loin.

En trente portraits et entretiens avec des hommes et des femmes qui ont voué leur vie corps et âme à la relation avec diverses espèces animales, elle nous invite à une fascinante découverte de nous-mêmes. Nous publions ici le chapitre qu'elle a consacré à Boris Cyrulnik.

Boris Cyrulnik est l'un des pionniers de l'éthologie française. Il est aussi neuropsychiatre, psychanalyste, psychologue, auteur de nombreux ouvrages. Ancien maître-nageur et rugbyman, voyageur infatigable et poète, il fait partie de ces hommes qu'une enfance instable et sans famille n'ont pas rendu amer mais au contraire curieux de l'univers du vivant. De ce manque d'identité et de références, il a fait un tremplin qui l'a obligé, pour survivre, à se poser des questions constructives sur la nature humaine et à se chercher dans toutes sortes de milieux sociaux. C'est ainsi qu'il s'est construit ce qu'il appelle un "père synthétique fait de rugby, de science, de débrouillardise et de pamphlet politique", dont chaque morceau lui a apporté une vision différente de l'homme. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Boris Cyrulnik est âgé de sept ans. Un soir à Bordeaux, à l'heure de la Libération, il est par hasard le témoin impuissant de l'assassinat d'un milicien par les libérateurs. Etrange : ceux-ci tiennent le même langage que les occupants de la veille, justifiant leur crime au nom d'une vérité qu'ils disent cohérente. Que se cache-t-il donc derrière les belles paroles des hommes ? Première attitude éthologique. Une envie puissante de décoder le monde qu'il habite envahit Boris Cyrulnik. A douze ans, il se promène avec un livre de psychologie animale dans la poche, s'émerveille devant l'organisation d'une fourmilière, s'intéresse aux naturalistes et se frotte aux adultes qui remettent en cause les croyances antérieures, dénoncent les frontières entre les disciplines scientifiques. Sous l'impulsion de son ami Hubert Montagné, aujourd'hui psycho-physio-éthologue, il découvre dans les années soixante, au terme de ses études de médecine, une toute nouvelle discipline, considérée alors comme scandaleuse : l'éthologie humaine. En plein questionnement, préférant à l'analyse la synthèse, il se lance dans cette science novatrice en complément de la psychiatrie, de la psychologie sociale, de la clinique, rejetant avec force l'idée de se spécialiser. Pour lui, le mélange des genres, l'approche conjointe du corps et de l'esprit, de la parole et de la molécule, de l'homme et de l'animal est un parcours indispensable pour mener à une compréhension globale de la dimension humaine. Une démarche d'homme libre. Une fois sur cette piste, il ne s'arrète plus, accumule une foule de documents, travaille sur la biologie de l'affect, le pouvoir du langage, les signes du corps, applique à l'homme des méthodes d'études réservées jusqu'ici au milieu animal - ce qui lui vaut immédiatement de solides ennemis chez ses confrères psychanalystes et neurobiologistes -, parcourt le monde et créé un groupe transdisciplinaire de recherche en éthologie clinique à l'hôpital de Toulon-La-Seyne. Objectif : étudier le développement humain, la complexité des systèmes relationnels, l'influence du verbe, de l'inconscient et des signes de communication non verbaux sur la biologie et la construction psychologique d'un individu. Très vaste programme, qu'il embrasse pourtant avec aisance, humour, générosité.

Karine Lou Matignon : Cet entretien pourrait partir de notre alliance avec le chien. Les éthologues cliniciens et les vétérinaires ont fait le constat que la pensée du propriétaire pouvait façonner le comportement et le développement biologique du chien. Certaines personnes attendent, par exemple, de leur chien qu'ils défendent la maison. Ils développent une peur relative de l'environnement qui va être perceptible par l'animal. Face à cette émotion enregistrée par différents canaux, le chien va alors adopter une attitude menaçante que les propriétaires vont analyser comme un comportement de défense de la maison.

Boris Cyrulnik : Ce n'est pas de la transmission de pensée, je dirais que c'est de la matérialisation de pensée. Dans certaines pathologies comme les maladies maniaco-dépressives, où les gens sont tantôt euphoriques tantôt mélancoliques, jusqu'à se sentir responsables de toutes les plaies du monde, on voit que le chien s'adapte impeccablement à l'humeur du propriétaire. Quand le propriétaire est gai, il va se mettre à aboyer, gambader, quand il est triste, le chien ne bouge pas, il se met à trembler. J'avais un patient qui faisait des bouffées délirantes à répétition. Selon l'accueil que me faisait son chien, je savais dans quel état il se trouvait où allait se trouver.

Le chien qui vit dans un monde de sympathie est hypersensible au moindre indice émis par le corps du propriétaire adoré. C'est donc bien une matérialisation de la pensée humaine transmise au chien qui façonne ce dernier. Les vétérinaires avec lesquels je travaille montrent, chez des chiens, des troubles d'hypertension, de diabète, d'ulcères hémorragiques gastriques, des dermatoses suppurantes... de graves maladies dont le point de départ se situe dans la pensée du propriétaire. On rencontre souvent le cas d'un chien choisi pour remplacer le chien précédent décédé. De même couleur, de même race, on lui attribue la même place à la maison, parfois un nom identique. Que se passe- t-il ? L'animal souffre de la comparaison affective de son propriétaire avec le disparu au point d'en tomber malade. Comment peut-il en effet se sentir valorisé ? Quoi qu'il fasse, il est moins beau que l'absent, moins performant, sans cesse comparé au disparu idéalisé. Il est bien connu que seuls les morts ne commettent aucune faute. L'histoire du propriétaire et la représentation mentale qu'il a de son chien transmet à l'animal des signaux contradictoires, incohérents. Il devient impossible pour lui de trouver et d'utiliser un code clair de comportement avec son maître. Ces émotions vont fabriquer des troubles métaboliques et, à long terme, des maladies organiques ou des comportements altérés. Un symptôme est une proposition de communication. Le chien se lèche la patte jusqu'au sang, se réfugie derrière un meuble, présente des troubles sphinctériens, des gastrites, une hypervigilance avec tremblements, etc. La guérison du chien passe pas une restructuration de l'imaginaire du propriétaire qui doit faire le deuil du premier chien et envisager le second comme un être différent.

Pour mener un raisonnement comme celui-là, il ne faut pas être un neurobiologiste ou un psychanalyste, il faut être transversal. Il faut être capable de parler avec un propriétaire, un vétérinaire de se donner une formation de psychiatre et de psychologue et de pouvoir communiquer avec un chien. Faire se rencontrer un psychologue et un vétérinaire, il fallait oser !

K. L. M. : Vidons d'emblée le sac de l'éthologie : étudier l'animal permet-il de mieux comprendre la génétique du comportement de l'homme ?

B. C. : C'est exactement ça. Le fait d'étudier la phylogenèse, qui est la comparaison entre les espèces, permet de mieux comprendre l'ontogenèse et la place de l'homme. On comprend mieux aussi la fonction et l'importance de la parole dans le monde humain. Il existe une première gestualité universelle, fondée sur le biologique, proche de l'animalité.

Dès que le langage apparaît, une deuxième gestualité imprégnée de modèles culturels prend place. Là, la première gestuelle s'enfouit, les sécrétions d'hormones dans le cerveau changent. Donc, on comprend mieux comment le langage se prépare, comment le choix des mots pour raconter un fait révèle l'interprétation qu'on peut en faire, comment la parole peut changer la biologie en changeant les émotions.

K. L. M. : L'éthologie est une démarche naturaliste. Quel genre de naturalisme ?

B. C. : Rien à voir avec le naturalisme de Jean- Jacques Rousseau. C'est une démarche naturaliste parce qu'elle appréhende l'homme dans sa globalité, dans son environnement.

Les vétérinaires avec qui je travaille font des observations naturalistes, c'est-à-dire là où notre culture les fait travailler, parce que la condition naturelle de l'homme, c'est sa culture. Ils demandent l'autorisation aux clients de mettre une caméra pendant la consultation et là, on voit des choses étonnantes. Par exemple, un couple amène un chien malade en consultation. Quand le vétérinaire pose une question, l'homme et la femme rentrent en compétition parce que chacun veut parler, le ton monte et le chien se met à gémir, ça finit par devenir une cacophonie. Le chien aboie, la femme parle plus fort que l'homme, le vétérinaire regarde la femme, lui donne donc la parole, l'homme furieux se tourne alors vers le chien et lui ordonne bruyamment de se taire. Il fait taire le chien parce qu'il ne peut pas faire taire sa femme.

Dans ce cas, le chien est devenu le symptôme de la compétition relationnelle existant dans le couple.

K. L. M. : Le comportement du chien révèle donc sans coup férir le soi intime de ses propriétaires ?

B. C. : Cela va encore plus loin. Dans l'acte même de choisir son chien, il y a révélation de soi. Le chien élu devient un délégué narcissique. J'opte pour ce chien parce qu'il est rustique, sportif ou de caractère solitaire ou combatif revient à dire : j'aime qu'il me ressemble ou j'aime ce qui est rustique, sportif... La mode des chiens miniatures ou molossoides sont aussi des symptômes de notre culture, ils font office de discours social. On préfère aujourd'hui la puissance des animaux à la vulnérabilité des petits que portaient autrefois les femmes entretenues et assistées. De la même façon, des lévriers racés ne se développeront pas dans les mêmes milieux que les bergers allemands ou les setters. L'amateur d'afghan est plutôt silencieux, solitaire, intellectuel, alors que celui qui montre une préférence pour le boxer aime bavarder, faire du sport, s'agiter.

K. L. M. : Nos odeurs, regards, gestes et paroles parlent aux animaux ?

B. C. : Lorsqu'un bébé humain pleure, cela nous trouble profondément. Si l'on enregistre ces cris et qu'on les fait écouter à des animaux domestiques, on assiste à des réactions intéressantes : les chiennes gémissent aussitôt, couchent leurs oreilles. Elles manifestent des comportements d'inquiétude, orientés vers le magnétophone. Les chattes, elles, se dressent, explorent la pièce et poussent des miaulements d'appel en se dirigeant alternativement vers la source sonore et les humains. Il semble exister un langage universel entre toutes les espèces, une sorte de bande passante sensorielle qui nous associe aux bêtes. Dès qu'il s'agit de captiver l'animal, le sens du toucher devient aussi un instrument efficace. Chez l'homme, le toucher est un canal de communication très charpenté parce que c'est le premier à entrer en fonction, dès la septième semaine de la vie utérine. Cela dit, l'absence de toucher et au contraire l'approche neutre donne aussi des résultats. Il y a quelques années, j'ai amené des enfants dans l'enclos des biches du parc zoologique de Toulon. Parmi eux, des psychotiques. A notre grande surprise, nous avons vu une petite fille trisomique, élevée en milieu psychiatrique, se serrer contre une biche, qui l'avait laissée venir à elle sans bouger le moins du monde.

La même biche sursautait lorsqu'elle approchait un enfant non handicapé, en s'enfuyant à vive allure, dès qu'il se retrouvait à trois mètres d'elle. Nous avons filmé et analysé ces séquences. Les enfants psychotiques, perdus en eux-mêmes, évitent le regard, marchent de côté et doucement. Les autres enfants regardent les animaux en face, sourient et montrent les dents, ils lèvent la main pour caresser l'animal et se précipitent vers lui. Autant d'actions interprétées comme des agressions.

K. L. M. : Selon vous, les animaux nous obligent-ils à remettre en cause beaucoup de nos certitudes ?

B. C. : Première certitude à abandonner : les animaux ne sont pas des machines. J'insiste beaucoup là-dessus : le jour où l'on comprendra qu'une pensée sans langage existe chez les animaux, nous mourrons de honte de les avoir enfermés dans des zoos et de les avoir humiliés par nos rires. Nous avons peut-être une âme, mais le fait d'habiter le monde du sens et des mots ne nous empêche pas d'habiter le monde des sens. Il faut habiter les deux si l'on veut être un être humain à part entière. Il n'y a pas l'âme d'un côté et de l'autre la machine. C'est là tout le problème de la coupure. Il y a aussi la représentation qu'on se fait de l'animal et qui lui donne un statut particulier, et cela explique un grand nombre de nos comportements. Les chats ont été divinisés dans la Haute-Egypte et satanisés au Moyen âge chrétien.

Les feux de la Saint-Jean sont issus de la diabolisation des chats. On avait rapporté les chats des croisades, ils représentaient les Arabes, alors on les brulait. Considérant le chien comme un outil, si le chien est cassé, on le jette. Quand j'ai fait mes études de médecine, on nous apprenait que l'animal ne souffrait pas et on nous faisait faire des opérations sans anesthésie. L'animal criait, et lorsqu'on s'élevait contre ça, on nous répondait qu'il s'agissait d'un réflexe ! Le bénéfice de l'esprit cartésien, c'est l'analyse, qui nous a donné le pouvoir. Le maléfice du cartésianisme, c'est aussi l'analyse : on a coupé l'homme de la nature, on a fait des animaux des choses, on a dit qu'un animal ne possédant pas l'organe de la parole ne souffrait pas, et là-dessus, on en a déduit qu'un aphasique n'était pas un humain, qu'un enfant qui ne parlait pas ne devait pas non plus éprouver de douleur.

Les animaux ne sont pas des machines, ils vivent dans un monde d'émotions, de représentations sensorielles, sont capables d'affection et de souffrances, mais ce ne sont pas pour autant des hommes. Le paradoxe, c'est qu'ils nous enseignent l'origine de nos propres comportements, l'animalité qui reste en nous... En observant les animaux, j'ai compris à quel point le langage, la symbolique, le social nous permettent de fonctionner ensemble. Pourtant, je constate à quel point nous avons encore honte de nos origines animales. Lorsque j'ai commencé l'éthologie humaine, on me conseillait de publier mes travaux sans faire référence à l'éthologie animale. La même chose m'est arrivée encore récemment. Choisir entre l'homme et l'animal, entre celui qui parle et celui qui ne parle pas, celui qui a une âme et celui qui n'en possède pas, celui qu'on peut baptiser et celui que l'on peut cuisiner. A cette métaphore tragique, qui a permis l'esclavage et l'extermination de peuples entiers, a succédé l'avatar de la hiérarchie, où l'homme au sommet de l'échelle du vivant se permet de détruire, de manger ou d'exclure de la planète les autres terriens, animaux et humains, dont la présence l'indispose. La violence qui me heurte le plus vient justement de la non-représentation du monde des autres, du manque d'ouverture, de tolérance, de curiosité de l'autre.

K. L. M. : Un monde de sangsue n'est pas un monde de chien...

B. C. : Lequel n'est pas un monde humain. Plus on cherche à découvrir l'autre, à comprendre son univers, plus on le considère. Dès l'instant où l'on ne tente pas cette aventure, on peut commettre des actes de violence sans en avoir conscience. Mais la violence se déguise sous de multiples formes, et nos désaccords à son sujet viennent très souvent de définitions non communicables, parce qu'il existe d'énormes différences de point de vue.

Les vilains petits canards, de Boris Cyrulnik, éd. Odile Jacob.

La plus belle histoire des animaux, collectif. éd. Le Seuil.

La fabuleuse aventure des hommes et des animaux, collectif.

Sans les animaux, le monde ne serait pas humain, Karine Lou Matignon, éd. Clés / Albin Michel.

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Coucou

Ravie les aminches que vous appréciez Boris Cyrulnik et les animaux.Comme le premier réside ici en bas, on(les indigènes d'ici) a l'occasion d'assiter à ses conférences, aux fêtes du livre, aux radios locales.C'est fabuleux qu'un homme qui ait un tel parcours puisse avoir développé une pensée aussi humaniste et éclairante.Importante en cette époque d'obcurantisme grondant partout et qui se rapproche.Oui au respect de l'animal.Bisous à toustes!

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Rencontre et récit (pour garder espoir )

W M, l'ombre afghane de Calais devenue citoyen français

RENCONTRE

é 22 ans, W M est boulanger à Lille, passera le bac en janvier et rêve d'intégrer Sciences Po. Il y a six ans, il était une des ombres afghanes de Calais.

PAR OLIVIER BERGER

- Six ans après, quel regard portez-vous sur votre périple ?

« D'abord, ce livre rend hommage à la France, aux Nordistes, aux gens de Calais qui m'ont aidé. J'ai voulu raconter ce périple pour expliquer que derrière les fantômes qu'on voit marcher dans la rue, il y a toujours une histoire. S'ils sont là, ce n'est pas seulement parce qu'ils sont attirés par les lumières européennes. C'est parce qu'ils n'ont pas d'autres solutions. S'ils restent, ils finiront comme le reste de la famille, tués. Je suis né dans la guerre, j'ai grandi dans la guerre. J'ai perdu mon père, ma mère, une soeur et deux frères. J'ai juste voulu sauver ma peau. »

- Les passeurs, rencontrés sur votre parcours, aident-ils ou exploitent-ils ?

« Cette question est difficile. Bien sûr qu'ils sont là pour exploiter, pour faire leur business. Ce sont des gens cruels et sans pitié.

Mais ils m'ont aussi aidé à passer et ça m'arrangeait. Chez vous aussi, pendant la Deuxième Guerre mondiale, des gens se sont fait payer pour sauver des Juifs... »

- Que retenez-vous des bénévoles de Calais ?

« Ce sont des gens formidables, magnifiques. Malgré le mal qui parcourt le monde, il existe encore des gens avec du coeur. On ferme les frontières mais on ne peut pas fermer celles du coeur. Je serai reconnaissant jusqu'à la fin de ma vie. »

- Votre but était l'Angleterre. Pourquoi être resté en France ?

« Si je n'avais pas rencontré la famille L à Coulogne, je serais passé en Angleterre et ma soeur m'aurait accueilli. Mais quand je suis arrivé à Calais, début janvier 2003, j'étais crevé. Il neigeait. Les policiers arrêtaient tout le monde. éa faisait trois mois et demi que je n'avais pas mangé un vrai plat chaud. Je me suis laissé emporter par le confort. C'était pour gagner du temps mais je me suis attaché à ces gens devenus ma deuxième famille. J'ai vécu là une renaissance. »

- Que pensez-vous du nettoyage de la jungle (djanghal dans les langues persanes signifie forêt) et des expulsions récentes pour Kaboul ?

« M. Besson a voulu faire un coup médiatique. Il a fermé la jungle mais depuis, c'est encore pire. On n'a fait que déplacer le problème.

OK, les conditions de vie étaient mauvaises mais là, ils ont simplement décentralisé. éa n'empêchera jamais les gens de revenir. Pour moi, les expulsions sont un crime. Comment peut-on renvoyer trois hommes dans un pays en pleine guerre ? Les Occidentaux envoient de plus en plus de forces armées et on dit que le pays est calme ! Tous les jours, cent personnes sont tuées et il n'y aurait pas de risques ? »

- Vous êtes désormais français, avez-vous envie de participer au débat sur l'identité nationale ?

« M. éric Besson a lui-même un problème avec son identité. Il est passé de gauche à droite. Pour moi, la France est très bien comme ça.

Soyez fiers de votre nation, de votre civilisation. La France, c'est depuis toujours un mélange de tout le monde. Des Berbères, des Vikings, des Portugais... C'est ça la richesse de la France. »

- Un débat sur le voile intégral se pose aussi. Quel est votre avis ?

« La France est un pays démocratique, libre, pas un pays musulman comme l'Afghanistan où nous avons la tradition ancestrale de la burqa. Si j'étais resté en Afghanistan, ma femme l'aurait probablement portée. Ici, non. Pour moi, c'est plutôt le pays qui impose la pratique religieuse. »

- Aidez-vous vos compatriotes qui galèrent dans la région ?

« Je ne peux pas ! En septembre, à la gare de Lille, j'ai passé une journée en garde à vue parce que j'avais offert un petit déjeuner.

J'aimerais aider mais je ne veux pas aller en prison. Alors, j'aide autrement. Tous les foyers de Lille ont mon numéro et quand un jeune a besoin, je sers d'interprète, je renseigne sur les démarches administratives. Voilà... »

- Que pensez-vous de la situation en Afghanistan ?

« Il y aura peut-être une démocratie dans cent ans. Mais une élection avec une petite opposition, c'est un début. Pour l'instant, les choses tournent comme du temps de l'Union soviétique. Les Afghans ne sont pas cons. Ils savent bien que Karzaï (le président réélu) est une marionnette.

Seulement, si les armées étrangères partent, ce sera un bain de sang. L'homme va manger l'homme. Les talibans sont plus forts et extrémistes qu'avant. On n'a pas l'espoir de voir la paix dans dix ans. Pas étonnant que la jeunesse soit forcée à partir. »

- Comptez-vous jouer un rôle pour l'Afghanistan ?

« J'aimerais aider mon pays. Les bénéfices du livre permettront d'aider les orphelins d'Afghanistan. Avec mes amis afghans de Calais et de la région, nous allons monter une association pour ça. Je sais ce que c'est que d'avoir le ventre vide. »

ZOOM

On met une épreuve surhumaine et une détermination sans failles sur les tristes silhouettes qui déambulent dans Calais et le long de l'autoroute du littoral. Grâce à la plume de Geoffroy Deffrennes, ancien journaliste à La Voix du Nord, W M narre sa poignante douleur familiale, la mort qui rôde inlassablement et l'impérieuse nécessité de quitter Kaboul. Pour tous ces jeunes Afghans, l'incroyable périple qui suit est aussi classique qu'héroïque. Comme l'accueil des bénévoles calaisiens, capables de changer la vie d'un nouveau citoyen français, W M.

« De Kaboul à Calais » De W M éditions Robert Laffont. 19 ¿

PS: j'ai volontairement masqué les prénom et noms de famille.Je ne les communiquerai qu'à ceux et celles dont je suis certaine qu'ils soient vraiment intéressés et ne s'en serviront pas contre cette personne ni contre ceux et celles qui les défendent et les aident.

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Un très beau film à voir

Pour un instant la liberté

Ali et Merdad tentent de fuir l'Iran avec leurs cousins Asy, 7 ans, et Arman, 5 ans, dans le but de les ramener à leurs parents qui vivent en Autriche. Mais ils doivent d'abord passer par la Turquie et attendre un hypothétique visa qui tarde à venir. Ils font alors la connaissance d'autres réfugiés iraniens : un couple et leur petit garçon cherchant à prouver aux pouvoirs publics qu'ils sont persécutés pour des motifs politiques ou encore un professeur et un jeune Kurde qui surmontent leurs difficultés quotidiennes grâce à un incroyable sens de l'humour...

Des hommes et ces femmes qui attendent désespérément de gagner l'Europe, terre de libertés...

(NB: en partie autobiographique)

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Le fichier Base élèves soupçonné dans l'arrestation d'une personne sans papiersPosté par retraitbaseeleves le 4 février 2010

CNRBE, 4 février 2010. ¿ Un père de famille de Vezin-le-Coquet près de Rennes a été interpellé à proximité de son domicile, par la Police aux frontières (PAF), le 26 janvier. Cette arrestation a eu lieu cinq jours après l'admission de ses enfants dans Base élèves et alors qu'il n'était dans aucun autre fichier.

La défense, lors de l'audience du 1er février au Tribunal administratif de Rennes, s'est inquiétée que le fichier Base élèves ait pu servir de source de renseignements pour cette arrestation. Le représentant de la Préfecture, devant une salle comble, composée de parents d'élèves, d'enseignants, de membres d'associations et collectifs, ainsi que d'élus, répondait qu'il s'agissait d'une arrestation «fortuite». Mais nul n'aura jamais la réponse. Là est bien le problème concernant l'utilisation des traitements automatiques de données. Les transmissions de renseignements échappent aux directeurs qui ont renseigné Base élèves. Elles peuvent se faire au niveau académique ou au niveau national.

Le Collectif national de résistance à Base élèves (CNRBE) ¿ qui a montré très clairement, l'an dernier, comment le fichage scolaire pouvait servir à repérer des enfants de migrants (1) ¿ rappelle qu'il demande à ce qu'aucun renseignement nominatif ne sorte des écoles pour éviter toute utilisation abusive de données ou toute suspicion portant sur des inscriptions d'enfants et de leurs proches dans les écoles.

Le CNRBE rappelle aussi que le Comité des Droits de l'Enfant des Nations Unies, dans son rapport du 12 juin 2009 à l'Etat français, se disait préoccupé par « l'utilisation de Base-élèves 1er degré à des fins telles que la détection de la délinquance et des enfants migrants en situation irrégulière, ainsi que par l'insuffisance de dispositions légales propres à prévenir son interconnexion avec les bases de données d'autres administrations ». Le comité « recommande en outre à l'état partie de ne saisir dans les bases de données que des renseignements personnels anonymes et de légiférer sur l'utilisation des données collectées en vue de prévenir une utilisation abusive des informations. »

Tous les enfants, sans aucune discrimination, ont droit à l'éducation. Ils doivent donc pouvoir être inscrits à l'école en toute sérénité.

L'école doit défendre le principe de laïcité qui garantit le respect à la vie privée pour chaque enfant afin de respecter son droit à l'éducation.

Pour éviter que des parents n'inscrivent pas leurs enfants à l'école de peur d'être repérés, aucune donnée nominative ne doit sortir des écoles : on ne fiche pas les enfants et leurs proches !

Le CNRBE appelle toutes les associations amies de l'école à le rejoindre dans cette demande conforme au respect des droits des enfants.

(1) « La chasse aux migrants: un enjeu de Base élèves », CNRBE, 26 mai 2009.

→ Lire le résumé des faits dans notre page Ille et Vilaine et dans l'article de la LDH Toulon une coïncidence fortuite ¿ ?

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(transmis par RESF 35)

d'une amie en RASED (réseau d'aide éduactif en voie de disparition) sur Paris

Trois petites histoires tirées des mes séances de rééducation dont je vous laisse tirer la substantifique moelle vous-même.

Lundi : ptit mousse

C'est un petit de 4 ans dont les parents sont sans papiers qui ne sait pas jouer, qui ne parle pas, qui parait toujours fatigué. Il ne veut jouer qu'au poupon, lui donner le biberon et le promener en poussette. Lundi dernier j'avais installé un grand circuit de train parce que je voulais qu'il joue un peu à autre chose. Il n'avait même pas l'idée de faire le tour de la table pour faire avancer le train alors il se penchait au dessus de la table et renversait tout. Et puis je m'aperçois qu'il ne joue que d'une main. Je réussis à lui faire sortir la main de la poche, j'avais peur qu'il soit blessé et il avait le poing tout fermé¿ sur un ticket de RER sur lequel était marqué Roissy. Ce gamin vient de Roissy tous les matins et serre son ticket parce que c'est le seul truc qui le raccroche à sa maison qui doit être un hôtel provisoire.

Jeudi

Brahim : La maison de poupée

Brahim six ans et demi au CP n'apprend pas à lire, il n'écoute pas la maitresse il ne travaille pas à l'école, il s'agite, se bagarre un peu, bref un mauvais élève. Il joue avec la maison de poupée il joue il est complètement plongé dans son jeu et au moment où je dis : « c'est l'heure, on range ! » il ne veut pas ranger. Je commence à prendre les meubles et les mettre dans la boite et là il me pique une crise de panique: « mais comment on va faire ? On n'a pas payé ils vont nous prendre tous les meubles on a plus rien et la maison ils vont la prendre et on va aller où ? » Ce gamin vit dans la peur permanente de tout perdre et on voudrait qu'il fasse de la place dans sa tête pour apprendre à lire, qu'il soit gentil avec ses petits camarades et poli avec la maitresse ?

Et en ces temps de débat sur les candidates voilées ou non Une troisième histoire pour rire un peu :

Vendredi : Jamil , Lili et Amadou

Tous les trois élèves de CP, six ans et demi donc.

Jamil plutôt enfant terrible qui passe ses journées à faire l'idiot dans les couloirs de l'école annonce avec l'emphase dont il est coutumier que plus tard, il a décidé d'être sculpteur ; réaction très vive d'Amadou : c'est pas possible Dieu il a dit que les sculptures c'était interdit ¿ Il l'a écrit !

Jamil : « Non, dieu il a pas écrit ça ! »

Amadou : « Si c'est vrai ! même que ma maman elle m'a montré le livre ! C'est écrit en arabe ! »

Lili : « c'est pas pasque c'est écrit que c'est vrai ! »

Et elle poursuit son idée: si j'écris Amadou est un idiot ! là elle me regarde l'air mutine et elle éclate de rire en disant : « Eh bien, si j'écris que t'es un imbécile, eh bien c'est vrai ! »

Discussion âpre entre Amadou et Jamil qui risque de dégénérer à coup de Malédictions divines et d'écrits sacrés supposés.

Lili : « C'est pas grave, vous avez pas le même Dieu c'est tout ! »

Là, Amadou manque de suffoquer de rage il lui promet l'enfer et la chicote quand Jamil nous donne les mots de la fin :« Dieu il aime tout ce qui est beau alors si mes sculptures sont belles alors dieu il aimera ! »

Vous savez pas ? Et bien il y a des jours ou j'adore mon boulôt.

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Inutile.

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g1384.jpgDans 'La Vie moderne', des paysans qui parlent autour d'une table mais peu d'images d'illustrations avec voix off, comme dans tant de documentaires. C'est que le cinéaste et photographe, fondateur de l'agence Gamma, ne cherche pas la mise en scène. On comprend mieux pourquoi, alors que l'on attendait sagement cette interview calée, décalée, annulée puis recalée, Raymond Depardon est parti en s'engueulant vertement avec un photographe qui lui avait demandé de poser en poussant un caddie (ne cherchez pas, on n'a toujours pas compris le rapport). "Je ne suis pas un acteur moi !" a-t-il crié en partant. C'est pour ça que, lorsqu'il est réapparu, on a cru à sa sincérité pendant l'une des plus longues interviews de l'histoire de Cannes : 22 minutes.

Lors de la présentation officielle du film, vous avez évoqué la passion et la liberté des paysans que vous avez rencontrés. Leur passion crève l'écran, mais leur liberté est moins évidente...

Je dis ça parce qu'ils organisent leur vie. Nous, les citadins, sommes dépendants de la ville alors qu'eux n'ont aucune contrainte. Ils en ont d'autres sans doute, le temps, les saisons, le travail à faire, mais ils sont plus maîtres du temps que nous. J'essaie de le rester mais si je dois aller vérifier un tirage dans un laboratoire, il faut que j'y aille deux heures en avance à cause des embouteillages. Leurs contraintes me paraissent plus naturelles. La liberté est un peu la rançon positive de leur isolement. Ils ne gaspillent rien. Ils sont complètement écolos sans le savoir. A force d'être tellement en retard dans ces montagnes sans avenir, on peut se demander s'ils ne sont pas déjà en avance. En dehors des années utopistes soixante-huitardes, le miel et le fromage de brebis, il y a peut-être des choses qui vont changer, et notamment par les femmes. Je pense qu'elles ont joué un rôle important dans la désertification dans les années 1960 en ne voulant plus rester vivre dans ces conditions. Et puis les paysans restaient célibataires puisqu'ils ne trouvaient personne à 15 km à la ronde. Aujourd'hui, j'ai le sentiment qu'il y a beaucoup de femmes dans les lycées agricoles, et donc les gens se fréquentent et ils arrivent en couple en ayant fait le choix de vivre là.

Pourtant votre film donne le sentiment que ce n'est pas facile pour les femmes...

1384_affiche.jpgOui bien sûr car il y a le patrimoine en jeu et ce sont encore des sociétés très paternalistes, voire pétainistes. Les discours de Pétain ont fait des ravages énormes parce qu'on leur a dit "c'est vous qui avez raison, c'est vous les hommes de la terre". Mais ils ne sont pas plus réactionnaires ou conservateurs qu'ailleurs. Il n'y a pas de raison de vouloir le changement à tout prix. On ne peut pas toujours constamment abandonner ces territoires à la friche. Ca va peut-être prendre du temps, mais ceux qui vont réussir réussiront vraiment.

Vous parlez d'espoir, et pourtant, tout semble terriblement compliqué et contraignant...

C'est un parcours du combattant, c'est vrai. Mais il faut toujours un peu mesurer, il y a un exhibitionnisme de la douleur. La contrainte du réel fait que culturellement, le monde agricole a plutôt tendance à montrer ce qui ne va pas, même chez les jeunes. Pour se préserver, comme un talisman. C'est le contraire dans les villes où on fait toujours comme si tout allait bien. Il y a un réalisme - comme chez les photographes qui ne sont jamais contents. Une bête malade, une récolte foutue, une foudre... c'est fragile tout ça. A la fois, ce réalisme est positif. Ils ont des personnalités ces gens. Ils sont taiseux, ils ne disent rien. On a du mal. Mais à la fois, c'est ça qui est la tendresse du film. Il y a des douleurs qu'il faut laisser enfouies. Ca en fait des personnages presque littéraires.

L'essentiel n'est pas forcément ce qui se dit, mais quelque chose passe à l'écran. Les moments les plus forts de votre film auraient été coupés au montage de n'importe quel autre documentaire.

1384_depardonmain.jpgJe filme à deux, en 35 mm, Claudine Nougaret (productrice et ingénieur du son, ndlr) a des magnétophones d'une extrême performance, des 8 pistes portables. Elle en met partout et on reconstitue la spatialisation, comme je le fais en scope. Et puis, le fait de n'être que deux, avec parfois des problèmes techniques, ça les rassurait. Ils se disaient qu'après tout, on était comme eux. Si on avait été une équipe, ils se seraient sentis mal à l'aise. J'ai gardé de mon expérience une résistance aux choses fabriquées. Je suis très sensible à ça. On ne peut pas remettre en scène les gens. Si vous lui demandez de repasser une porte, il va vous envoyer balader. Et il a raison. Si t'as raté la porte, t'as raté la porte. Tu feras gaffe la prochaine fois. Il y a une beauté dans le réel, dans les gestes. C'est vrai qu'ils sont un peu mal habillés, un peu en dehors du temps. Mais quand je pose une caméra, après avoir instauré une vraie relation de confiance avec eux, quelque chose se passe. Je vais très vite. Je suis un homme-caméra, puisqu'elle est toujours à côté de moi. Ce qui fait que quand ça démarre, ils sont rodés. Ce n'est pas différent, c'est un moment comme les autres. Ces petits moments qui journalistiquement seraient ratés deviennent formidables.

Comment avez-vous trouvé vos "personnages" ?

1384_personnages.jpgJ'ai mis un temps fou à faire le casting, j'ai commencé en 1993 et j'ai arrêté en 1998 parce que je devenais fou. Je faisais le test de savoir si j'avais envie de revenir ou non. C'était compliqué, je visitais des fermes. J'arrivais vers 8h30 / 9h, je buvais des cafés et à midi, j'étais toujours en train de parler, de raconter ma vie. Ils m'écoutaient et je me suis dit que c'était la parole qui était intéressante. J'avais oublié un peu, depuis mes parents, que tout se passait dans la cuisine, autour d'un café. L'ennui, cette fois-ci, c'était de filmer cette parole. Il fallait que j'intervienne pour la déclencher, je ne pouvais pas débarquer comme ça comme un film-maker qui fait du cinéma direct. Et à la fois, je ne suis pas Michael Moore, il fallait rester comme je suis. C'est sans doute un autoportrait. Je m'en libère maintenant. Finalement, c'était assez lourd à porter. Retourner dans ces montagnes, d'où je viens, alors que c'est tout ce que j'avais fui. Il y a un moment où on a envie de respirer, de changer d'air. Mais que ce soit dans les montagnes cévenoles ou en Bolivie, on est toujours dans la même question : où poser sa caméra ? Comment filmer le monde ? Les gens demandent de l'argent. Pourquoi pas, mais il faut pas que ça fausse la caméra. Ou alors, ils sont parqués ici sur des marches avec des escabeaux, des étiquettes parce qu'il y en a trop alors qu'il n'y en a pas assez dans certains endroits.

Vous êtes dans la longueur, la lenteur, d'une scène, d'une séquence. Est-ce la raison qui vous a poussé à aller vers le cinéma, en opposition avec la photo où ce sont des instantanés ?

1384_depardon.jpgOui, ça me vient sûrement de mes origines rurales de faire des films, c'est plus le temps. Quelquefois, quand je fais un plan fixe, on me dit "alors voilà, Depardon, il remet ça avec son plan fixe", mais ce n'est pas du tout le plan fixe pour le plan fixe. D'ailleurs, ce film-là n'en a presque pas puisque j'ai résolu le problème par le travelling. Tout à coup, le travelling apportait ces zones isolées, abandonnées, faites de chemins sans issue. On comprenait tout de suite par le paysage, on apprenait pourquoi ces fermes vivaient comme ça. C'est ça aussi ce film, j'aime le temps.

Vous aviez votre appareil photo avec vous hier à la présentation officielle du film, vous l'avez encore aujourd'hui. Vous ne vous en séparez jamais ?

Un matin, je suis venu à un festival sans mon appareil et je l'ai regretté, du coup je l'ai tout le temps, on ne sait jamais. Et puis ça me fait plaisir, ça me détend.

Propos recueillis par Marion Haudebourg

photos © Sébastien Dolidon - Mai 2008

PS: pour ma part, j'apprécie beaucoup ces réflexions de R.Depardon ainsi que le qualité de son regard venant d'un homme qui sait qu'il faut prendre du temps et ne se laisse pas emporter par les mirages. Il y a de la profondeur dans ses paroles et ses photos.

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Très bonne BD

Les passagers du vent

9782356480590.gif couv-passagers-du-vent-12bis_1233065440.jpgf-bourgeon-ed-12-bis-passager-du-vent_18.jpgvent_bateau.png

9782356481122.gif 8de70_2009_12_27_planche_bourgeon.jpg

9782356480606.gif 9782356480620.gif 9782356480613.gif 9782356480637.gif

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(info et discussion du MRAP)

la vidéo est disponible sur dailymotion

http://www.dailymotion.com/video/xcb3s5_fr...-et-violen_news

c'est là que l'on voit tout l'intérêt de la campagne de la CIMADE

http://www.cimade.org/minisites/niunenideux

Si la violence machiste n'est pas spécifique à certaines traditions

culturelles ( 1 femme meurt tous les 3 jours en France sous les coups du

conjoint), cette violence générale s'accompagne aussi d'une violence

spécifique due au fait que certaines religions ou traditions considèrent

la femme comme une être inférieur,

Ce n'est plus seulement le conjoint qui frappe, mais la famille ou le

corps social qui opprime la femme, comme dans le cas présent.

Cette violence spécifique est niée par ces antiracistes qui pratiquant

le relativisme culturel et nient cette oppression de la femme. Mais les

jeunes filles ont souvent des difficultés pour s'habiller comme elles le

veulent ou fumer, car le regard du père, de frère, des cousins ou de la

mère est là pour assurer le contrôle social.

Cela conduit à des phénomènes de ce genre, et la république au lieu de

protéger la femme violentée , collabore avec l'obscurantisme

Fort heureusement de plus en plus de femmes viennent trouver notre

permanence, car nous martelons dans nos interventions que la violence

sexiste ou homophobe est aussi grave que la violence machiste. Ceci nous

a même fait perdre des amis qui n'ont pas compris que nous prenions en

charge le dossier de leur conjointe violentée.

Pour présenter sa campagne la CIMADE écrit ceci :

"Pour les femmes étrangères, une violence peut en cacher une autre. Aux

violences qu'elles peuvent subir en tant que femmes - dans leur pays

d'origine, pendant leur exil ou en France - s'ajoute trop souvent la

violence de l'administration française parce qu'elles sont étrangères.

Ne faisons ni une ni deux : exigeons une véritable protection.

GK

MP a écrit :

> *La lutte contre les violences faites aux femmes « grande cause

> nationale 2010 » pour le gouvernement, mais pas pour le Préfet du

> Loiret !*

>

> N, 19 ans, élève en lycée professionnel à Olivet (Loiret) a été

> expulsée ce matin vers le Maroc.

>

> Il y a cinq ans son père veut la marier. Sa mère lui dit de partir

> chez son frère en France.

>

> Celui-ci la maltraite régulièrement. Mardi dernier les violences

> atteignent un degré extrême et N se réfugie chez la mère d'une

> amie d'internat.

>

> Vendredi 19 février, N se rend à la gendarmerie de Châteaurenard,

> près de Montargis, pour porter plainte.

>

> Elle a un gros hématome à l'oeil, le nez enflé, des hématomes

> importants sur le dos, l'épaule, la cuisse, la main.

> Les gendarmes la place en garde à vue à 15 H 30. En fin de soirée elle

> est conduite en rétention, les gendarmes ne veulent pas dire où.

>

> A 4 heures ce matin, elle appelle ses amis pour leur apprendre qu'elle

> prendra l'avion pour Casablanca à 7 H 35.

>

> N ne veut pas retrouver sa famille au Maroc car elle sait depuis

> peu qu'elle est destinée à être mariée à un cousin.

>

> N doit revenir en France le plus vite possible et reprendre ses

> études.

>

> La justice doit donner suite à sa plainte.

>

> La France doit la protéger !

>

> MN V

>

> Cimade Orléans

>

> Voici un reportage sur ce sujet, pour France 3 Orléans.

>

> http://jt.france3.fr/regions/popup.php?id=c45a_1920

>

> Information transmise par l'observatoire du CRA de Palaiseau 91

> MP

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