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grododo

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grododo Membre 2 344 messages
Baby Forumeur‚ 41ans‚
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Au Zénith




Née en 1947 au Vietnam, Duong Thu Huong, pour avoir défendu ses convictions démocratiques, a été empoisonnée en 1991. Elle a vécu en résidence surveillée dans son pays jusqu'en janvier 2006, date de son arrivée en France pour la sortie de Terre des oublis (Sabine Wespieser éditeur Grand Prix des lectrices de Elle 2007).

Auteur: Duong Thu Huong
Editeur: Sabine Wespieser
Genre:
Nombre de Pages: 800

Synopsis Au Zénith est le chef-d'oeuvre de Duong Thu Huong : voici un roman qu'elle portait en elle depuis plus de dix ans, où convergent son combat politique et son talent littéraire. En 1953, le président - c'est ainsi que l'auteur le nomme, mais on comprend très vite qu'il s'agit de Ho Chi Minh - tombe éperdument amoureux, à plus de soixante ans, d'une très jeune femme. Avec elle, il fonde une famille, qu'il installe à Hanoi dès la reconquête de la capitale. Mais il n'est pas un homme ordinaire, il est le père de la nation, et quand lui vient le souhait d'officialiser son union, les ministres, dont il a favorisé l'ascension, lui font valoir que cette affaire privée le ferait descendre de son piédestal politique. Le président cède, croyant choisir une légitime raison d'état. De ce jour, sa vie bascule. Sa jeune compagne est assassinée, ses enfants recueillis par des proches, et le pouvoir effectif lui échappe : cachés derrière sa figure tutélaire, ses anciens compagnons construisent un régime dont les fondements sont bien éloignés des combats de leur jeunesse commune. Pour donner toute sa mesure à ce drame intime et politique, l'écrivain déploie une construction romanesque époustouflante, juxtaposant quatre points de vue narratifs. Celui du président qui, à la fin de sa vie, pendant la guerre contre les Américains, avec pour seuls compagnons les soldats qui le surveillent et les bonzesses de la pagode voisine, tente d'éclairer les méandres de son propre parcours. Celui de son meilleur ami, Vu, qui élève son fils, et dont la propre femme, une ancienne révolutionnaire pure et dure comme lui, symbolise désormais la corruption au pouvoir. Parenthèse bucolique et contrepoint à l'intrigue principale : Duong Thu Huong raconte comment un vieil homme respecté dans son Village des bûcherons est parvenu, non sans difficultés, à imposer son union avec une femme de quarante ans plus jeune que lui. Dernier point de vue : celui du beau-frère de la jeune épouse sacrifiée. Fou de douleur, ce Compatriote inconnu ne survit que pour se venger. Au long de cette fresque impressionnante, l'écrivain - héraut des idéaux bafoués que le président a portés jusqu'au bout - élucide, sans jamais porter de jugement, un destin d'autant plus tragique qu'il s'est joué d'un être bien réel et maître du pouvoir.

Notre Avis


Notre Note : /5
Sous la chape brumeuse des collines vietnamiennes, un être esseulé s'abandonne aux douloureuses étreintes de l'introspection. Qui dirait que ce vieil homme gardé comme un prisonnier, soigné comme un grabataire est le père de la patrie ? Trahi par les siens et traqué par des fantômes, le président Ho Chi Minh est pourtant cet homme-là. Et le bilan de sa vie d'homme privé et politique a un goût bien amer. La révolution socialiste n'a pas tenu ses promesses, les guerres laissent le peuple exsangue, puis il y a cette femme perdue à jamais et ce fils qu'il ne connaîtra pas.
Il fallait le courage et le talent de Duong Thu Huong, emprisonnée, assignée à résidence dans son pays jusqu'en 2006 pour oser ainsi ébranler la figure d'un héros déifié. Il fallait sa finesse, pour offrir au personnage une épaisseur psychologique qui l'humanise sans le priver de son aura. Le pamphlet visant les trahisons de l'idéal communiste n'en reste pas moins virulent, effrayant même, lors des conversations imaginaires entre Ho Chi Minh et une apparition aux traits gras de Mao. Mais parce qu'il est entendu que la grande histoire s'éclaire à la lumière de la petite, l'auteur s'autorise aussi, sur quelque deux cents pages, l'incartade d'une parenthèse bucolique. Conteuse hors pair des drames du peuple, elle se fait le héraut de l'histoire d'un village, terreau des rancoeurs et des jalousies où germent parfois les sarments de la vertu. Duong Thu Huong est partout, derrière les persiennes, dans les chambres racontant d'un même souffle la vie d'un bûcheron et celle d'un président. Et parvient, magnanime, à les porter au zénith.

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