Observez par exemple un groupe d'hommes comparer les vertus de leur téléphone portable (nouvel attribut viril, plus accessible et facile à manier qu'une voiture) avec force démonstration et arguments techniques, c'est fascinant et ça peut durer des heures. On a envie de leur dire: "Attendez les gars, c'est JUSTE un téléphone." Admirez avec quel art consommé l'homme réussit à ne PAS regarder la télé, en jouant avec la zapette comme d'une arme de précision, même pas le temps de comprendre de quel programme il s'agit, hop, il a zappé (¿). Mettez une souris, une télécommande, un guidon, une manette, un joujou, ou un « truc à boutons » quelconque entre les mains d'un homme et, tel un petit bébé, il est occupé pendant des heures.
L'attraction de l'homme pour tout ce qui est rationnel, fonctionnel, tangible, se traduit également dans l'attirance pour les trucmachinbidules chargés de le distraire, de le stimuler, de le shooter, de lui permettre de fuir le monde réel. Des choses qui le rassurent par leur mode d'emploi facile à comprendre, leur totale dépendance à l'utilisateur, la toute puissance qu'elle procure. Ces trucmachinbidules entièrement soumis à son bon vouloir, fonctionnent un peu comme des doudous. Ils offrent le dernier refuge face à un monde devenu confus, irrationnel, sans repère, qui lui échappe de plus en plus. Vous trouvez ça régressif ? Dites-vous que c'est le pendant masculin de la shoppingmania. Car franchement, vous trouvez ça malin d'acheter un petit top quand vous en avez déjà quinze qui dorment dans l'armoire ou de dépenser une semaine de salaire dans une robe griffée ? Après tout, ça reste JUSTE une robe.