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Tout ce qui a été posté par satinvelours
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Vous expliquez l’évolution en projetant sur le monde les valeurs morales transitoires de notre époque. Vous projetez ainsi sur le passé les concepts de sélection et d’adaptation qui norment la structure de nos sociétés actuelles. Vous humanisez le passé en le subsumant sous les sentiments contemporains. Nous ne sommes pas dans l’ordre de la raison mais dans l’ordre du sentiment. Nous ne sommes donc plus dans le champ de la science. Mais même en rentrant dans votre vision psychologique du passé rien ne vous permet de dire que C ou D n’aurait pas encore plus performé que B dans l’ordre d’une idéale sélection.
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« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
C’est dommage ! Je t’ai coupé l’herbe sous le pied. Que cela ne t’empêche pas cependant de mettre en musique l’un des poèmes de Lorca, il y en a tant et ils sont si beaux. Je n’ai pas terminé de les explorer. Et c’est vrai, beaucoup supporteraient bien une mélodie. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Je suis de ton avis. La première traduction ne me satisfaisait pas. J'ai essayé d'en trouver une autre, et c'est celle de Belamich qui m'a séduite. Cette traduction est beaucoup plus harmonieuse que la précédente. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Crótalo Crótalo. Crótalo. Crótalo. Escarabajo sonoro. En la araña de la mano rizas el aire cálido, y te ahogas en tu trino de palo. Crótalo. Crótalo. Crótalo. Escarabajo sonoro. Traduction : Pierre Darmangeat Crotale Crotale Crotale. Crotale. Scarabée sonore. Dans l’araignée de la main tu frises l’air chaud, et tu t’étouffes en ton trille de bois. Crotale. Crotale. Crotale. Scarabée sonore. Crotale, de « Six caprices », Poèmes offerts au guitariste Sainz de la Maza ; le poème mime, par la musique et le découpage rythmique de son nom, le son des castagnettes. Le krotalon grec désignait les claquettes, claquettes ou crécelles qui accompagnaient les danses rituelles consacrées au culte de Cybèle. Crótalo signifie « castagnettes ». ( Poésies II). -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
On pourrait traduire cette idée chère à l'existentialisme que, à travers chacune de mes pensées, chacune de mes décisions, chacune de mes volontés, et surtout chacun de mes actes je suis confronté à cette question existentielle fondamentale : « que suis-je ? » C'est-à-dire ce que je fais de mon existence en pensant cette chose comme je la pense, en voulant cette chose comme je la veux, en faisant cet acte tel que je le fais ou au contraire en refusant de le faire ? C'est l'idée que chaque acte de pensée doit toujours se dérouler pour moi dans ma conscience sur cet horizon là, c'est-à-dire il met en perspective à chaque fois la totalité de ce que je suis. Mais en même temps avec cette idée que rien n'est jamais fini. Je ne cesse de me construire avec cette idée que je puis tout le temps reprendre mes actes. Dans ces pensées de l'existentialisme rien n'est jamais fermé. Chaque acte nous engage totalement et comme totalité. C'est dans l'ensemble de mon existence qui est posé et remis en question au travers de chacun mes actes, de mes volontés, de mes intentions, que je découvre ma liberté. J'ai fait, mais il m'appartient aussi de le remettre en cause. C'est la tâche qui est la mienne et qui construit, qui élabore ce que l'on appelle la substance même de l'existence L'englobant ne fait que s'annoncer, ne fait que s’indiquer, d'où l'idée que tout dans ce qui nous entoure doit être interprété un peu à la manière des signes. Jaspers a beaucoup travaillé le langage et a consacré tout un volume à la philosophie du langage. Les phénomènes, nous fait comprendre Jaspers, sont, comme le veut l'étymologie, absolument des apparences, mais l'apparence n'est qu'un signe de l'être. Ce qui veut dire que tout dans ce qui nous entoure nous invite à découvrir qu'il y a un au-delà de cette apparence et à découvrir notre propre transcendance. On retrouve le couple traditionnel « être-apparaître ». Jaspers va montrer que j'appréhende l'englobant sur plusieurs modes. Il y en a trois. Il y a plusieurs modes possible de saisie et d'approche de cet englobant. - Je l'appréhende, dit-il, d'une certaine façon lorsque je suis un entendement (on est dans la logique), face a des réalités objectives. Lorsque je ne fais fonctionner que mon entendement avec des catégories logiques, je me rapporte à cet englobant d'une certaine façon. L'englobant c'est la tâche aveugle de la connaissance. - Il y a une deuxième façon, dit Jaspers, de s'y rapporter. C'est une façon plus vitale. Je me saisis également comme un être vivant, un bios, qui est aux prises avec son milieu, qui réagit à son milieu, doit s'adapter, se transformer. A chaque fois que je me saisis comme vivant et ayant des échanges avec d'autres vivants et nourrissant ma propre vie de ces échanges, j'ai un certain accès à l'englobant. L'englobant est aussi ce qui se donne au travers de tout ce qui est la vie, l'élan vital comme dirait Bergson, qui fait que la vie me traverse et que j'ai beau être abattu, déprimé, il n'empêche qu'il y a encore une force vitale que je puis sentir même si elle peut s'affaiblir. Cette idée là est une certaine approche pour Jaspers de l'englobant. Il existe une certaine force qui me tire et qui fait que je ne puis jamais m'arrêter. - Il y a une troisième modalité. Je suis aussi une existence braquée sur l'être, c'est-à-dire sur Dieu. Et dans cette dimension-là je suis tout à fait disposé à concevoir que tous ces phénomènes qui m'entourent, qu'ils soient logiques, matériels et vitaux, ne sont que des chiffres, des symboles qu'il me faut sans cesse déchiffrer. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Voici une autre traduction du poème édité ci-dessus. Celle-ci d’André Belamich. Nuit de l’amour insomnieux Nous remontions tous deux la nuit de pleine lune. Je me mis à pleurer, et toi à rire. Ton dédain semblait un dieu, et mes soupirs des colombes et des moments en chaîne. Nous descendions tous deux la nuit. Cristal de peine, toi, tu pleurais des lointains infinis et ma douleur groupait des agonies parmi le sable de ton cœur trop faible. L’aurore nous unit sur le lit, toute blanche, bouche appuyée contre le jet glacé d’un sang interminable qui s’épanche. Et le soleil entra par les volets fermés, et le corail de vie ouvrit ses branches sur le linceul de mon cœur consumé. -
Je ne vois pas comment il est possible d’affirmer que la théorie de l’évolution est vraie et démontrée. Pour moi cette théorie est vraisemblable. Dire qu’elle est vraie me parait abusif. J’y vois de sérieuses failles. Notamment quand on passe d’une espèce à une autre. Soit une espèce A au temps t(0). Et une nouvelle espèce B au temps t(1). Une fois que B existe je peux toujours retracer son origine et, en l’occurrence, affirmer que A est son origine. Parce que je peux retracer l’origine de B je peux en faire une description fine. Mais le fait d’expliquer que B, pour exister, a besoin de l’existence de A ne peut pas conduire à ce radicalisme des évolutionnistes (qui sont en définitive des déterministes) que A ne pouvait donner que B. Bien sûr ils vont argumenter en incluant dans leur théorie quelque finalisme du genre : le but d’une espèce est de se conserver (certains disent même que ce sont les gènes qui tendent à se conserver), le but de la vie est de se reproduire, etc. bref de transformer l’observation des conséquences de certains actes en intentions originelles. Avec tout ce matériel idéologique ils vont déclarer leur théorie comme étant vraie. Tout cela me semble sommaire. Quand nous sommes en A je suis convaincu que nous pourrions tout aussi bien aller en B, C ou D, etc. étapes certes inimaginables puisqu’elles ne se sont pas concrétisées. Pour autant rien ne permet de dire que B était la seule étape possible, à suivre, déjà contenue en A. Qu’est ce qui fait que B soit finalement choisi comme étape suivante après A, plutôt qu’un éventuel C, D, etc. ? Nul ne le sait.
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Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
Contrairement à ce que l'on pense les objets précis que l'on se donne à penser ce sont des objets transitionnels, c'est-à-dire ce sont des leurres. Ce sont des choses que nous nous donnons puisqu'il faut bien que notre pensée s'accroche à quelque chose, mais c’est ce qui en assure le dynamisme profond, ce qui fait qu'elle est toujours en mouvement, qu'elle ne se laisse jamais épuiser par quelconque objet, que toujours elle varie ces objets. La pensée peut penser en extension et en compréhension. Je puis penser en ouvrant le champ de pensée, en démultipliant le champ des objets ou je puis penser à la recherche scientifique et là il y a plutôt une recherche en compréhension c'est-à-dire l'on construit un concept, un système conceptuel. A ce moment-là je vais travailler non pas en extension mais en compréhension, car je vais rentrer de plus en plus profondément dans tel ou tel concept. On travaille avec les deux ; on ne peut se contenter d'un axe, mais on peut en favoriser un au profit d'un autre. C'est vrai que la pensée scientifique travaille plutôt en compréhension. L'idée générale est que ce qui assure le moteur de la pensée c'est quelque chose que Jaspers va nommer le mystère qui est de l'ordre de l'impensable, notre rationalité logique et notre pensée logique ne peuvent pas enfermer cette chose « de l'être » dans les catégories qu'elle a construites dans son histoire. Néanmoins il faut poser de l'impensable pour mettre en acte la pensée elle-même. La littérature, en particulier du XIXe siècle, explore cette idée là c'est-à-dire qu'il y a de l'impensable ( Blanchot-Duras). L'englobant est ce terme qui va essayer de dépasser la scission tout en sachant que nul langage, nul concept, logique et philosophique, ne vont être capables d'enserrer cet englobant. L'être ne saurait être véritablement objet de pensée car s'il devenait objet de pensée il s'épuiserait dans ses limites d'objet et subirait le même sort que tout objet de pensée, il se laisserait totalement enserré par les mots, les concepts dont la pensée se sert. Il faut donc poser l'être plutôt comme horizon de pensée, comme condition de cette possibilité de la pensée, même si cette expression est kantienne, elle convient bien ici. « L'englobant pour ma conscience reste obscur ». Jaspers souligne l'obscurité inhérente de l'englobant. Il ne peut être véritablement pensé, ou plus exactement il ne peut-être pensé qu'obliquement, c'est-à-dire au travers d'objets qui s'offrent à moi. On arrivera très vite à l'idée que l'englobant ne peut pas être pensé directement, frontalement, mais qu'il ne se laisse aborder qu'indirectement au travers de tous les objets que la pensée va se donner, des objets mathématiques, philosophiques, des objets de pensée. A chaque fois que je vais poser tel ou tel objet et tenter de le saisir avec ma pensée, je vais en retour éclairer d'une certaine façon mon existence. C'est effectivement la référence systématique de chaque objet à ce que Jaspers appelle l'englobant qui, en retour, va éclairer la vision que j'ai de mon existence de telle ou telle façon. -
Théorie de la relativité : éléments
satinvelours a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Sciences
Le point de départ de toutes nos connaissances ce sont nos cinq sens. Un enfant privé des cinq sens ne peut pas accéder à l’humanité. Les sens permettent la relation avec la Réalité, un R majuscule pour désigner là, cette réalité première qui précède la réalité seconde dans laquelle nous vivons. L’espace et le temps sont les manières humaines appréhender le « phénomène » , cette « impression » que nous recevons. Il semble à tous, religieux, philosophes et scientifiques qu’il y a une origine, un début, une création, suite à quoi, ce qui fut présent à l’origine, la cause première, n’est plus là, ou si elle est encore là (Dieu) elle est désormais extérieure au monde, lequel irait désormais son chemin livré à des lois et à des principes éternels. Non la Réalité des origines est toujours là, non soumise aux formes de notre sensibilité que sont l’espace et le temps. Le monde continue d’être, uniquement par ce que cette Réalité est sans cesse là. Elle provoque ce fait qu’à chaque seconde, à chaque division infinie du temps, il y a quelque chose plutôt que rien. Le monde (pour nous) ne peut développer ce qui nous apparaît être le résultat de ses logiques internes que sur le support de cette Réalité que nous ne pouvons pas percevoir puisqu’elle n’est du ressort ni de l’espace, ni du temps. -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
Pour Jaspers la première nécessité philosophique est d'essayer de reconstituer cette unité perdue, cette totalité qui est le fondement même de toute pensée même si elle l'ignore. Et cette totalité qui engloberait le point de vue du sujet et le point de vue de l'objet c'est ce que précisément, faute de mieux, il va désigner sous le terme d'englobant. C'est l'idée qu'il y a là une instance que l'on n’arrive pas à décrire forcément tout de suite, mais qui rassemblerait le point de vue du sujet et le point de vue de l'objet. Cette totalité on l'appelle l'englobant. Le fait qu'il éprouve la nécessité de créer un terme qui n'existait pas avant lui, montre le souci de Jaspers de se décaler malgré tout des objectifs de la métaphysique traditionnelle. Il aurait très bien pu tout de suite nous dire « l'être ». Il avait à sa disposition un vocabulaire vieux de 2500 ans. Mais ce qui intéresse Jaspers c'est de ne pas retrouver les dangers de la métaphysique, faire disparaître au profit de cette catégorie d'être ce qui nous intéresse, c'est-à-dire l'existence. C'est d'essayer de nous ressaisir comme existant et d'essayer de penser un minimum notre existence puisque, à la lettre, l'existence n'est pas pensable. On ne peut pas en faire un objet de pensée avec l'idée que l'on en fait le tour et que ce serait un concept clos, achevé. Néanmoins chaque existant a cette tâche de se mettre en surplomb, un peu comme Kierkegaard, par rapport à sa propre existence pour tenter de la ressaisir de façon à pouvoir la décider, l'orienter. C'est tout le problème de la liberté. Cet englobant est quelque chose qui est mystérieux. Pour l'instant nous avons un mot vide et c'est pour cela que englobant dans la pensée de Jaspers est souvent accompagné du terme mystère. L'idée de Jaspers est de nous dire que forcément si nous sommes clivés, si nous sommes scindés, si notre réalité nous la vivons sous la forme de la scission : sujet obligé de penser objet, des objets quels qu'ils soient, ceci pose, en même temps, l'idée que s'il y a scission, il y a unité première qui a été scindée. Donc l'expérience existentielle qui est la nôtre, celle de tout homme, et qui est l'expérience de la scission induit nécessairement l'idée qu'à origine de la scission il y a une unité, une globalité, une totalité qui est cet englobant mystérieux. C'est ce qui va mettre en route la pensée, ce qu'il y a à penser c'est précisément de l'impensable. C'est le paradoxe. Il y a une très grande proximité au niveau des schémas logiques entre Jaspers et Heidegger. -
Théorie de la relativité : éléments
satinvelours a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Sciences
Puisqu’il nous est impossible de concevoir le monde sans l’inclure dans notre humanité il nous est aussi impossible d’émerger du monde pour le contempler en ce qu’il est, ou pourrait être hors de notre humanité. Les infinis que l’on pense infinis, que nous existions ou pas, ne sont pourtant des infinis que dans notre façon de penser. Nous croyons recevoir les choses d’un extérieur, et ce moment de réception, image d’une passivité, nous fait penser que l’actif nous est extérieur, qu’un extérieur se révèle. Mais l’activité est d’abord celle de nos mondes intérieurs, ceux que l’on qualifient d’inconscients, et la passivité est d’abord celle de notre conscience laquelle reçoit tout non d’un extérieur, indépendant de notre humanité, mais d’un intérieur pétri de notre humanité. Ce qui nous vient d’un extérieur est impulsion, énergie, opposition, etc. L’extérieur ne peut se révéler que dans l’action, la relation. Son extrême variation dans ses intensités conduit à des mises en forme différenciées. La science dite exacte répertorie de manière de plus en plus fine cette extrême variation. Ces sciences sont dites exactes car les impulsions dont elles s’occupent restent identiques à travers le temps, le temps cette mise en forme qui nous est propre. La permanence des sections du monde dont les sciences exactes s’occupent permet d’élaborer des modèles eux-mêmes permanents dans le temps. Il y a de l’autre côté de ce labeur de mise en forme l’existence du désir. Le désir avance, il ne cesse de piloter des intentions que nous ne percevons pas. Même dans ce que nous croyons être une pure objectivité, encore nous sommes pilotés par des intentions dont nous n’avons pas conscience. Choisir dans l’observation dite objective, parmi une infinité de faits, telle ou telle chaîne de faits nous paraît naturel, nous ne voyons pas que ce choix est intentionnalité. Nous retrouvons cette intentionnalité en histoire où nous croyons évoluer vers l’objectivité au fur et à mesure que nous nous éloignons temporellement des faits observés. Mais en nous éloignant ce que nous faisons c’est de nous saisir de chaînes de faits différentes, aboutissant à des conclusions certes différentes, mais pas plus objectives que les conclusions précédentes. Le choix des faits est toujours intentionnalité. L’histoire est simplement réinterprétée en fonction des intentionnalités du moment, il est impossible de parvenir en histoire à une quelconque objectivé c’est-à-dire à une écriture de l’histoire qui ne serait pas marquée par notre humanité, nous ne pouvons pas sortir de notre humanité, nous ne pouvons pas devenir autre que ce que nous sommes. Les historiens n’écrivent pas l’histoire, ils récrivent l’histoire. Il n y a rien qui n’existe dans l’esprit humain qui ne soit pas intentionnel. Nous sommes à chaque instant engagés dans un processus de création auquel nous sacrifions tout. Le désir nous apparaît, lui aussi, matérialisé par nos modes d’appréhension humain, mais ce qui parait du désir n’est pas le désir à sa source, il est lui-même interprété dans nos formes temporelles et spatiales de notre moralité. Quand certains pensent que le désir d’immortalité par exemple est un fait en soi originel, non ce désir est encore l’humanisation d’un désir originel que nous ne percevons pas. Désirer l’immortalité conduira l’homme vers la pose d’actes dont les conséquences ultimes ne seront pas l’immortalité visée mais la création d’un autre type d’homme en qui la forme du désir prendra d’autres visages, qui ne seront peut-être plus celles de l’immortalité. Le désir révèle un esprit qui suit son chemin, et qui use de l’instrument « homme » pour réaliser la création. Tout est ruse dirait Hegel, que ce soit la ruse de Dieu, la ruse d e la Raison ou la ruse du Désir. Toutes nos actions nous mènent en des lieux que nous ne cessons de découvrir et qui sont toujours autres que les lieux que nous avions imaginés avant d’entrer en action. -
Théorie de la relativité : éléments
satinvelours a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Sciences
Nous humanisons constamment le monde. Cette humanisation tombe sous le sens dans nos rapports sociaux mais elle semble disparaître lorsque nous pratiquons les sciences dites dures, qualifiées jadis d’exactes. Pourtant même lorsque nous adoptons l’attitude de l’observateur détaché, dit objectif, nous continuons d’humaniser le monde. Nous continuons d’organiser le monde avec des réflexes mentaux dont nous avons du mal à prendre conscience. Ces réflexes mentaux sont un acquis de notre longue histoire et ces réflexes mentaux dérivent de relations éprouvées depuis des millénaires, relations qui finissent par nous convaincre de l’existence objective, indépendante de notre humanité, d’objets physiques et mentaux. Ces objets nous les prenons comme étant vrais des lors qu’ils permettent l’action, la relation. Tout dans un premier temps dérive de l’action et tout y revient. Ce n’est pas l’intelligence qui pilote le monde, c’est la capacité à l’action. Les plus grands génies scientifiques n’ont de valeur que pour autant ils servent les femmes ou les hommes d’action, fussent-ils, ceux là, des imbéciles. -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
Je ne puis jamais vraiment être assuré qu'il existe un monde sous-tendu, un monde qui existe objectivement à l'extérieur de moi et indépendamment de moi et qui existe donc indépendamment de ma pensée. Le solipsisme est la pire des conséquences de l'idéalisme. Une des conséquences à trop hypertrophier le sujet, la conscience finit par exclure le monde. Le monde existe à l'intérieur de ma pensée et non plus à l'extérieur. Donc je vais me replier sur moi-même et je vais explorer ce monde qu'est la pensée et inventer. Ce risque est vertigineux puisque lorsqu'on regarde le texte cartésien l'on voit que la deuxième méditation métaphysique de Descartes pose le cogito comme origine de toutes choses, et troisième méditation de Dieu qu'il existe. Descartes est obligé de faire intervenir l'instance divine pour l'arracher à ce solipsisme. Qui va m'assurer que le monde existe ? Dieu qui est garant de vérité. Si l'on élimine Dieu, si l'on ne fait pas intervenir cet artifice, une fois que l'on a mis le pied dans ce blockhaus on n'en sort pas. Il faudra attendre Kant pour ruser et montrer qu'il y a peut-être une voie médiane qui est que l'on pose l'existence du monde, de la chose en soi, mais en même temps on pose que cette connaissance n'est pas possible et on pose donc forcément que je ne puis connaître les choses que ce dont moi, sujet, je puis avoir l'expérience. Toute l'histoire de la philosophie occidentale est ce cheminement là, c'est-à-dire on pose l'objet, on pense qu'un jour on atteindra l'objet parce qu'on atteindra la vérité absolue et en même temps on se confondrait avec le réel. On investit du côté du sujet, on voit les risques, solipsisme, on fait marche arrière, on trouve une troisième voie c'est le kantisme, neo kantisme, jusqu'à l'hegelianisme qui est un moment d'acheminement dans l'histoire, mais pour Jaspers ceci figure chaque fois des impasses. On ne peut pas à la fois trouver une vérité exclusivement du côté de l'objet ou exclusivement du côté du sujet, parcequ’en même temps nous nous éprouvons absolument sur le mode fondamental de la scission. L'oubli du sujet, cette hypertrophie du sujet fait qu'à chaque fois on rate cette première question sur laquelle s'est ouverte la philosophie, qui est l'être, que nous rappelle Jaspers. C'est très exactement dans ce sens là que Heidegger dit que la philosophie occidentale après Parménide s'est développée dans un « oubli de l'être ». L'un des reproches qu'il adresse aux philosophes à partir de Platon c'est précisément d'avoir développé la pensée mais dans un oubli radical de l'être. Et toute la pensée de Heidegger a été de permettre un retour à l'être. Toute la critique heideggerienne très violente contre la technique, l'élaboration des technosciences qui occupent une partie de notre pensée, ce sont des choses réductrices qui finalement nous détournent de cette pensée première et originale que faute de mieux on appelle l'être. Jaspers nous ramène précisément à l'être et puisque nous sommes voués à vivre notre existence sous cette forme de la scission, je suis un sujet voué à penser un objet et même quand je veux me penser moi-même, réflexivité, je ne puis me penser moi-même que sous forme d'objet, je rate cette dimension de l'être, et je ne puis comprendre ni ce qui fonde l'objet ni ce qui fonde le sujet. -
Théorie de la relativité : éléments
satinvelours a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Sciences
Toute vision « matérielle » du monde fait appel à des données liées à nos sens. Si je veux me libérer de la connaissance liée aux sens, si je veux me libérer de la connaissance liée à l’interférence des « effets », je dois poser l’existence d’un « immatériel ». Tant que je suis dans le matériel j’accède à une connaissance non pas d’un « être » indépendant de moi, mais toujours d’un être qui est fonction de moi, de ma nature physique, morale, etc. (non pas fonction unique de moi mais fonction de plusieurs variables dont « moi »). Je ne parviens pas alors à une connaissance totalement détachée de moi, de ma nature, de mon corps, de mes désirs, etc. Si je veux poser l’objectivité totale d’un existant indépendant de l’humain, je dois poser l’existence d’un immatériel puisque tout ce qui est matériel reste toujours subordonné, en partie au moins, à l’humain. Soit je pose qu’il n’ y a rien qui soit indépendant de l’humain, ce qui signifie que si l’humain venait à disparaître l’univers disparaîtrait, soit je pose qu’il existe un indépendant de l’humain, et, alors, je dois poser, si cet indépendant est absolument indépendant de l’humain, que cet être est immatériel, puisque toute référence à une matérialité est encore l’expression d’une modalité de penser de l’humain. Dans cette hypothèse, l’existence d’un immatériel, le matériel est sans cesse en relation avec un immatériel. Nier l’immatériel, identifier le phénomène avec la totalité de la réalité, c’est engendrer une pensée qui finit par se replier sur elle-même pour, in fine, dépérir et mourir. C’est l’extension du champ du réel à l’immatériel qui innerve la pensée humaine et lui permet sans cesse d’être en dépassement d’elle-même. Certains scientifiques en limitant la réalité aux phénomènes ou en confinant la réalité ultime dans une structure figée dont nous finirions un jour par avoir une image achevée annonce la fin de l’homme. Pour ceux-là le seul avenir qu’ils puissent imaginer c’est celui d’une humanité immortelle, aux désirs totalement satisfaits, qui vivrait éternellement dans un monde maîtrisé. Cette vision n’est rien moins qu’une vision d’une mort rendue radieuse. Cette vision radieuse s’appuie sur l’hypothèse que le modèle humain actuel, l’homme actuel est indépassable quant à sa nature physique et morale. Il est l’achèvement pour eux de ce qu’ils appellent l’évolution. Il s’agirait donc pour eux d’éterniser un être, l’homme, considéré comme un être achevé. Il s’agirait d’éterniser l’inachevé, ce qui est l’expression d’un désir régressif ; désir somme toute normal si la fin visée est l’extinction de l’homme symbolisée par son immortalité, soit sa solidification immortelle en une statue exsangue et dévitalisée. -
Théorie de la relativité : éléments
satinvelours a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Sciences
Imaginons cette réalité dite inaccessible, celle que j’appelle la chose en soi : j’en pose donc l’existence, ce qui déjà, en soi en pose l’accessibilité. Si elle était inaccessible je ne pourrais même pas en poser l’existence. Si cette chose en soi, dans son rapport avec moi, émet par exemple un signal régulier, ce qui arrive dans le monde physique dit inanimé cette régularité signifie quelque chose d’elle : la chose en soi devient accessible par la relation qu’elle entretient alors avec moi, avec le monde. Certes le signal lui-même, une impulsion lumineuse, un son, n’est pas un existant en soi, un signal devient impulsion lumineuse ou son qu’en fonction de ma nature d’homme, il n’ y a pas d’impulsion lumineuse ni de son « en soi », mais il y a bien un signal en soi. La réalité en soi est accessible à la connaissance . Si je reprends l’image de l’étang, une réalité « hors étang » non accessible à lui, qui frapperait constamment sa surface signifierait quelque chose d’elle. Certes la perturbation qu’elle provoquerait, une onde aqueuse serait l’équivalent pour nous de l’onde lumineuse ou du son, elle ne serait que perturbation de la surface de l’étang (perturbation n’appartenant pas à la chose en soi) mais le signal lui-même, en tant qu’il existe , appartient bien à la chose en soi. Je peux même réagir, agir, rentrer en relation avec la chose en soi en empruntant des chemins qui n’appartiennent qu’à moi, l’impulsion lumineuse que je peux moi-même émettre entrera in fine en relation avec cette chose en soi qui réagira ou pas. Nous sommes bien constamment en relation avec les choses en soi et la relation en elle-même donne une forme de connaissance de la chose en soi. Du seul fait que la chose en soi et nous mêmes entrons en relation nous ne sommes plus étrangers les uns aux autres. -
Théorie de la relativité : éléments
satinvelours a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Sciences
Marcher sur un sol dont je sais qu’il est d’abord une image en moi apparaît d’abord étonnante. Cette image contient néanmoins une somme d’informations suffisantes pour que je puisse marcher sur ce sol. Ces informations me sont venues comment ? Il y a derrière cette image des millions d’années d’expérience. L’expérience ici c’est la somme d’allers et retours, d’actions reçues certes mais aussi d’actions émises, l’ensemble permettant de s’adapter à la réalité de ce que j’appelle « le sol ». Que ce sol ne soit pas la réalité-même c’est bien possible mais le sol, tel que je l’élabore en image intègre des éléments non négligeables de sa réalité première : son existence déjà, la permanence de son existence, sa compacité (serait-elle due à autre chose que ce qui me paraît compact), etc. Il y a bien des éléments de la réalité en soi qui me sont accessibles. Il n’ y a pas de fossé infranchissable entre la réalité en soi et la conscience que j’en ai. Je peux bâtir près de la réalité sensible, l’ image, une autre réalité, pensée, idéelle. Bien sûr pour bâtir cette réalité idéelle je suis obligé d’employer des éléments de la réalité sensible, donc des éléments qui sont des répliques d’images intérieures mais ces éléments ne sont plus utilisés que pour décrire des actions, des relations. Ainsi je peux toujours dire que dans une chambre à bulles les trajectoires observées sont dues à des particules, cela ne signifie pas qu’il existe des particules, cela signifie qu’il existe quelque chose, qui, si cette chose était une particule, provoquerait les trajectoires observées. Le mot particule est ici employé pour décrire une action, une relation, cela ne signifie absolument pas qu’il existe une particule (renvoyant à l’image que nous nous faisons d’une particule). Accéder à la connaissance des choses en soi implique de ne plus s’appuyer sur les sens puisque ceux-ci n’enregistrent que des effets. Accéder à la connaissance des choses en soi renvoie à l’idée, confer les idées platoniciennes. Mais ces idées sont sans cesse façonnées par les expériences sensibles que nous réalisons. Le chemin est inverse de celui pratiqué par Platon. Il ne s’agit pas d’aller de l’idée aux choses sensibles mais d’aller des choses sensibles, de plus en plus cernées par l’expérience, par la relation nouée dans l’expérience, vers l’idée. Il y a donc des passerelles entre la chose en soi conçue par l’entendement certes mais dont on peut dire qu’en tant qu’idée conçue par l’entendement elle contient des éléments réels de la réalité en soi, il y a des passerelles donc entre la chose en soi et l’image (l’effet) que l’on en a. [Deux choses à traiter : l’action, la relation] -
Théorie de la relativité : éléments
satinvelours a répondu à un(e) sujet de aliochaverkiev dans Sciences
L’idée générale en définitive est de s’exercer à penser autrement. La lecture de Kant associée à celle des neuropsy m’a convaincu qu’il y avait déjà une première distinction à faire entre le réel « en soi » et le réel en tant que représentation du réel « en soi ». Cette distinction fondamentale ne permet pourtant pas apparemment d’aller bien loin. Elle s’appuie sur ces constats : nous ne recevons, par l'intermédiaire de nos sens, que les effets des choses, lesquelles restent extérieures à notre capacité à les connaître directement sans le secours des sens. Prenons l’exemple d’un étang au fond duquel existerait un cerveau, un étang pensant. Un caillou qui ricocherait sur sa surface engendrerait une onde dont on supposera qu’elle arrive au cerveau. Ce qui sera perçu ce sera l’onde pas le caillou. Il en est de même pour nous, nous recevons des « actions » des choses sur nos sens, pas les choses (en soi). Les neuropsy confirment, en nous disant que nos sensations sont des élaborations soit d’activités inconscientes, soit d’activités inconscientes et conscientes. Ainsi quand je regarde un paysage ce paysage est une construction interne. Ce que je vois n’est pas ce paysage que je crois s’étendre à l’extérieur de moi mais une image intérieure. A la réflexion cela est d’une telle évidence que je suis étonné que nous ne le remarquions que maintenant. Amiel déjà avait écrit « Tout paysage est un état d’âme » comme quoi les artistes devancent très largement les scientifiques . Cela dit qu’est que cela m’apporte, en pratique ? Qu’est-ce que cela m’apporte de savoir que tout ce que je vois, j’entends, je sens etc. est une « image » intérieure ? Pour cela il faut s’exercer, appliquer à soi-même ce savoir. Passer à l’acte. L’acte en question c’est de continuer de vivre, d’agir en posant pour principe que tout ce sur quoi je m’appuie pour agir n’est pas une réalité objective, extérieure à moi, mais une réalité imagée, peut-être même imaginée, dont l’image est en moi. -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
Introduction à la philosophie -edit-10x18. Chap. 3. Jaspers montre que la première question philosophique, il se fonde sur l'histoire, c'est la question de l'être et sur l'être. Il va récapituler les réponses données. Il est à noter que Jaspers remonte avant l'origine de la philosophie. Il y a des références à Thalès, à Pythagore, à des penseurs que la tradition appelle les présocratiques qui étaient les penseurs de la nature, des physiologues, mais non au sens du 18ème siècle, des penseurs de la « phusis » l'ensemble des choses animées et inanimées qui nous entoure et dont nous faisons partie, qui donne ensuite la science physique. Nous possédons des textes, peu nous sont parvenus en entier, bien souvent en mauvais état sous forme de fragments, ce sont les textes des présocratiques : Parménide, Héraclite, des mathématiciens comme Thalès, Pythagore, Anaximène, Anaximandre. Il montre que toutes ces conceptions qui ont été proposées sont des conceptions insuffisantes car beaucoup trop restreintes et surtout, dit Jaspers, ce sont des conceptions qui se sont totalement focalisées sur l'objet. Le reproche que Jaspers fait est que toutes ces conceptions sont d'une part insuffisantes et surtout font de l'être une réalité qui est "en dehors de moi," un objet sur lequel je suis braqué. On retrouve l'idée d'une scission. Nous vivons notre existence sur le mode de la scission, c'est-à-dire en nous appréhendant comme sujet, et désormais, étant donné que nous sommes des sujets voués à poser le monde comme objet, comme existant en dehors de moi, et en plus ayant une autre réalité que la mienne. Ce qui disparaît c’est le sujet en tant que tel. Il y a une focalisation sur l'objet. Le grand idéalisme platonicien est obnubilé par l'idée que nous pourrions nous fondre avec l'objet. C'est le grand mythe de l’objectivité, de la connaissance vraie et du vrai assimilé au réel. N'oublions jamais cette phrase de Hegel qui résume cela « le réel est vrai ». C'est-à-dire que l'idéal de l'objectivisme est de nous annuler comme sujet. Nous n’aurions plus le point de vue de sujet et nous n’arriverions qu'à nous fondre avec l'objet et avoir ce point de vue de confusion entre le réel et le vrai. Il faut attendre la révolution cartésienne. Là il y a une bascule de la philosophie, et ce qui va apparaître c’est l’émergence du sujet en tant que sujet qui s'assume comme sujet. Le cogito cartésien veut dire que c'est moi qui suis assimilable à ma propre pensée et c'est ma propre pensée qui est à l’origine de toutes choses. Le monde existe parce que je le pense. C'est un renversement des choses. Mais il y a risque de solipsisme (solus–seul, « solus ipse » : être seul en soi-même). Le solipsisme est cette situation dans laquelle je suis enfermé dans ma propre conscience et je ne peux en sortir. Et dans le solipsisme je découvre que ma pensée est tout à fait capable d'inventer un monde puisque la pensée est créatrice d'idée. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Noche del amor insomne (Sonetos del amor oscuro Noche arriba los dos con luna llena, yo me puse a llorar y tú reías. Tu desdén era un dios, las quejas mías momentos y palomas en cadena. Noche abajo los dos. Cristal de pena, llorabas tú por hondas lejanías. Mi dolor era un grupo de agonías sobre tu débil corazón de arena. La aurora nos unió sobre la cama, las bocas puestas sobre el chorro helado de una sangre sin fin que se derrama. Y el sol entró por el balcón cerrado y el coral de la vida abrió su rama sobre mi corazón amortajado. Traduction de Jacky Lavauzelle Nuit de pleine lune au-dessus de nous deux, Je commençais à pleurer et toi, tu riais. Ton mépris était un dieu, mes plaintes Des moments et des colombes en chaîne. Tous les deux tombions dans la nuit. Cristal de peine, Tu pleurais les abysses insondables. Ma douleur était un amas d’agonies Sur ton fragile cœur de sable. L’aurore sur le lit nous a rejoint, Ses bouches sur le jet glacial D’un sang sans fin qui coule. Et le soleil s’est insinué par le balcon refermé et le corail de la vie ouvrit sa ramure Sur le linceul de mon cœur. Une interprétation de ce poème par Amancio Prada dont la voix me semble bien s’harmoniser avec le poème de Lorca qui dit la souffrance du poète au petit matin pour la personne aimée. https://www.youtube.com/watch?v=4Aig977SSY4 -
Lettre 52 15 février 2019 Samuel, XI siècle A l’est des territoires désormais contrôlés par les Bouyides surgirent des nomades venus d’Asie centrale : les Turcs Seldjoukides, rameau de la tribu des Oghouz. Vers 1050 ils renversèrent les Bouyides, prirent le titre de sultan et conquirent un vaste territoire : la Perse, la Mésopotamie, l’Anatolie (prise à l’empire byzantin) la Syrie et la Palestine (prises aux Fatimides) et le Turkménistan actuel, situé au nord de la Perse. Les Seldjoukides se convertirent à l’islam et laissèrent le calife exercer l’autorité spirituelle en tant que Commandeur des croyants. Mais ce furent eux qui politiquement et militairement gérèrent le pays en s’appuyant sur les Persans. Sous le règne des Bouyides puis des Turcs la communauté juive de Mésopotamie perdit son influence. Elle continua d’exercer son autorité sur la Mésopotamie mais elle n’eut plus de rôle central au sein de la diaspora. L’Exilarque continua d’administrer la communauté mais les geonim perdirent leur magistère religieux puis leur fonction disparut et les yechivot fermèrent leurs portes. En Espagne le califat de Cordoue tombe en 1009 et al-Andalus se morcelle en petits royaumes. Les rois chrétiens établis dans le Nord de l’Espagne en profite pour reconquérir des territoires. En 1085 ils reprennent Tolède, l’ancienne capitale des Wisigoths. Pour contrer l’avancée chrétienne les Arabes andalous font appel aux Almoravides, tribus berbères musulmanes qui, venues du Sahara mauritanien, ont repris le Maghreb aux Fatimides, fondant Marrakech au Maroc, prenant ensuite Fez puis poussant leur emprise jusqu’à Alger. Les Almoravides débarquent en Espagne, stoppent l’avancée des chrétiens mais ne peuvent pas reprendre Tolède. La chute du califat n’empêchera pas l’épanouissement du judaïsme andalou. Il atteindra son âge d’or au milieu du XI siècle avec la figure de Samuel Ibn Nagrela plus connu sous le nom de Samuel Ha-Nagid (993-1055) qui s’illustra à Grenade en dirigeant les armées du roi musulman Habbus. Ce chef de guerre, dirigeant de la communauté juive de Grenade, fut un homme de foi, auteur de traités sur la Halakha mais aussi un artiste auteur de poèmes chantant le vin, l’amour, la guerre ou la mort. D’autres poètes juifs s’inspirèrent de lui, Salomon Ibn Gabirol (1020-1057) plus connu sous le nom latin d’Avicébron, auteur d’un ouvrage philosophique rédigé en arabe, « la source de vie » ou encore Moshe Ibn Ezra (1055-1135) qui édita à la fin de sa vie « Le livre des méditations et des discussions » qui est un livre de louanges à la langue et à la poésie arabes. Mais la guerre entre les musulmans et les chrétiens va dégrader les conditions de vie des Judéens. Les nouveaux maîtres berbères sont en outre beaucoup plus austères et ascétiques que leurs prédécesseurs arabes. Les Juifs perdent leurs responsabilités administratives, la liberté de culte est encore assurée mais leur sécurité devient précaire. Les Juifs fuient devant les Almoravides et vont se réfugier chez les chrétiens, au nord de l’Espagne, où ils seront bien accueillis. Dans le centre de l’ancien empire abbasside les Fatimides gardèrent le pouvoir en Palestine jusqu’en 1073. Les Turcs seldjoukides les remplacèrent mais les Fatimides parvinrent à reprendre les villes côtières de Palestine en 1089 puis Jérusalem en 1098. Le judaïsme palestinien obéit à la Yeshiva de Jérusalem. Mais au XI ème siècle la famine, des épidémies, des tremblements de terre, des mésententes entre les Judéens vont déchirer la communauté. Après l’arrivée des Seldjoukides la Yeshiva de Jérusalem va s’installer à Tyr, sur la côte de l’actuel Liban. Pour les Judéens de Palestine le XI siècle fut un temps de malheurs. En Europe, à la mort de Louis-le-Pieux (814-840) l’Empire bâti par Charlemagne se disloqua. Le traité de Verdun en 843 le partagea entre la Francie orientale (la future Allemagne), la Francie occidentale (la future France) et une région intermédiaire entre les deux Francies que ces dernières se disputèrent ensuite. Un pouvoir fort se développa autour des rois de la Francie orientale grâce à la personnalité d’un homme, Otton-le-Grand (936-973) qui en 962 devint empereur d’un vaste territoire comprenant l’Allemagne actuelle, la Lorraine, une partie de la Belgique et le royaume d’Italie. En 1033 sous le règne de Conrad II le royaume de Bourgogne fut rattaché à l’Empire. Le christianisme est la religion officielle mais les régnants gardèrent le pouvoir sur l’Église en jouant un rôle déterminant dans la désignation des autorités religieuses. Dans ce cadre-là les communautés juives d’Europe, toujours recherchées par les souverains pour leur apport économique purent se développer en toute liberté notamment autour du Rhin (Mayence) et dans le bassin de la Seine (Troyes). Alors que les communautés juives espagnoles se passionnaient pour la poésie, la science et la philosophie tout en s’appuyant pour l’observance des rites religieux sur les décrets des académies babyloniennes, les communautés ashkénazes se distinguèrent par l’étude approfondie de la halakhah tout en affirmant leur autonomie quant aux rituels religieux. Chaque communauté, appelée kahal, promulguait ses propres règlements. Vivant en symbiose avec la société chrétienne tout en gardant leur différence, les Juifs ashkénazes adaptèrent leurs lois religieuses aux valeurs européennes. C’est ainsi qu’ils abolirent la polygamie et interdirent de répudier son épouse sans son consentement (pratiques acceptées dans les communautés juives vivant en territoire musulman). Le rabbin Gershom ben Yehoudah (965-1028) connu sous le nom de « lumière de l’exil » fonda une yeshiva à Mayence dont le plus notable élève fut le rabbin Salomon ben Isaac (1040-1105) plus connu sous le nom de Rachi. En 1065 Rachi revint dans sa ville natale à Troyes où il gagna sa vie en tant que viticulteur. Son œuvre est distinguée pour ses commentaires du Talmud ainsi que pour ses responsa. Les responsa (en hébreu : téchouvoth) sont des réponses écrites rédigées par des experts du Talmud en réponse à des questions concernant la vie pratique. Aujourd’hui encore les responsa sont une source très importante d’inspiration pour les rabbins. En 1484 un éditeur imprima les commentaires de Rachi à côté du texte du Talmud. Depuis lors il n’est pas de Talmud qui ne soit publié sans les commentaires de Rachi. Ainsi a-t-il contribué à maintenir l’unité culturelle de la diaspora juive ashkenaze puis celle de toute la diaspora. Je t’embrasse très fort Samuel, Je pense à toi Sois sûr que je t’aime, Pour toujours,
