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Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
La Nausée : feuillets sans date – Premier alinéa Ce premier alinéa de la Nausée évoque l’entreprise phénoménologique. La phénoménologie rend une philosophie de la conscience, comme sera la philosophie de Sartre elle-même. Elle préconise, à la suite de son père spirituel le philosophe Husserl, un « retour aux choses mêmes ». Cela signifie mettre entre parenthèses le sens, la portée symbolique des choses, le vécu symbolique que nous avons des choses, et même pourrions-nous dire leur signification telle que cette signification est établie, arrêtée par la communauté à laquelle, que je le veuille ou non, j’appartiens. Autrement dit mettre entre parenthèses le monde tel que ce monde est décrit, tel que ce monde est posé comme un monde signifiant par les hommes pour justement s’appliquer à décrire un surgissement, le plus pur possible, face à ma conscience ou pour ma conscience. Or cette attitude n’est pas naturelle. Dans la vie quotidienne nous vivons le monde, nous collons aux événements. Et dire que nous collons aux événements c’est dire que nous mélangeons sans cesse à la fois ce que ma conscience propre peut en saisir dans son originalité, dans son individualité avec le prolongement nécessaire de cette expérience qui est le sens, les significations que les autres, le monde, autrui qui est mon horizon de vie et m’accompagne, confèrent à ces événements et confèrent à ce monde. Attitude phénoménologique que les phénoménologues appelleront la réduction : « Épochè », vieux terme grec. Dans le scepticisme il y avait déjà l’idée que, comme la vérité n’existe nulle part, je suis obligé de me contenter de ce qui provient de moi. Je ne puis, je ne dois m’appuyer que sur mes émotions, mes sentiments, mon jugement indépendamment de tout le reste qui peut en définitive être parfaitement mis entre parenthèses, être tenu à distance. L’épochè est cette attitude intellectuelle qui consiste à mettre entre parenthèses le monde et à introduire entre le monde et moi, les événements du monde, autrui et moi, cette distance qui va me permettre de décrire ce surgissement des choses à la conscience. – Deuxième alinéa Le blanc est une ruse de Sartre. C’est une mise en scène d’un oubli, un faux oubli montrant l’incertitude dans laquelle est le narrateur qui tient ce journal et qui peut très bien ne pas avoir trouvé le mot adéquat pour traduire ce qu’il ressent. Ce qui est important c’est l’opposition entre avant et maintenant et la Nausée s’ouvre sur l’indice d’une catastrophe « minuscule », une déflagration intérieure que le personnage va vivre jusqu’à la dernière ligne de la Nausée. Catastrophe minuscule qui est cette faille qui s’introduit à l’intérieur du personnage et qui va peu à peu le séparer du monde, des choses et de lui-même. Au fond ce que va vivre Roquentin, c’est cette impossibilité sans cesse grandissante d’adhérer à lui-même. Il va donc être amené à se regarder vivre et cette position va générer une panique. Si l’on faisait la lexicographie de la Nausée [relever la fréquence lexicale de tel ou tel terme dans un texte], on serait intéressé de voir la fréquence des mots peur, panique, angoisse, tout le lexique de la peur et d’une peur intense qui va jusqu’à la terreur. D’où l’attente du personnage d’événements banals propres à le rassurer et le raccrocher à l’existence (oreille contre la porte et attentte du voisin de palier). -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Romaxe de Nosa Señora da Barca ¡Ay ruada, ruada, ruada da Virxen pequena e a súa barca! A Virxen era pequena e a súa coroa de prata. Marelos os catro bois que no seu carro a levaban. Pombas de vidro traguían a choiva pol-a montana. Mortos e mortos de néboa pol-as congostroas chegaban. ¡Virxen, deixa a túa cariña nos doces ollos das vacas e leva sobr'o teu manto as foles da amortallada! Pol-a testa de Galicia xa ven salaiando a i-alba. A Virxen mira pra o mar dend'a porta da súa casa. ¡Ay ruada, ruada, ruada da Virxen pequena e a súa barca! Romance de Nuestra Señora de la Barca ¡Ay, fiesta, fiesta, fiesta de la Virgen pequeña y de su barca! La Virgen era pequeña y su corona de plata. Cuatro bueyes amarillos en su carro la llevaban. Palomas de vidrio alzaron aguacero en la montaña. Muertos y muertos de niebla por mil veredas llegaban. ¡Virgen tu carita deja en dulces ojos de vacas y lleva sobre tu manto los pliegues de amortajada! Por la frente de Galicia ya viene asomando el alba. La Virgen mira hacia al mar en las puertas de su casa. ¡Ay, fiesta, fiesta, fiesta de la Virgen pequeña y de su barca! Traduction : André Belamich Chant pour Notre-Dame à la barque O la fête, la fête de Notre-Dame à la barque ! La Vierge était petite à couronne argentée, jaunes les quatre bœufs à son char attelés. Des colombes de cristal menaient la pluie aux montagnes. Par les gorges surgissaient tous les défunts du brouillard. Vierge, laisse ton visage dans le doux regard des vaches et prends ces fleurs funéraires entre les plis de ta cape ! Sur le front de la Galice paraît la lueur de l’aube. La Vierge mire la mer depuis le seuil de sa porte. Le 27 décembre 1935 l’éditeur Anxo Casal (qui devait subir le même sort tragique que García Lorca), a fini d’imprimer à Santiago de Compostela le volume 73 de Editorial Nós. Ainsi sont nés les « Six poèmes galiciens ». Le livre comportait un prologue de Eduardo Blanco-Amor, un écrivain galicien qui s’interrogeait : comment Lorca a-t-il réussi à écrire , dans un langage qui n’était pas le sien, une création poétique aussi magnifique ? L’incroyable faculté de l’auteur d’absorber les émotions est peut-être la meilleure réponse. -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
La découverte de la contingence correspond à la première modalité au travers de laquelle se découvre, apparaît à nous l’existence. La Nausée se présente comme une sorte de journal. Tout le roman pourrait se résumer de la façon suivante : la nausée n’est pas autre chose, par les yeux de Roquentin, que l’histoire, le récit de la découverte de l’existence. Dans la Nausée il y a le récit extrêmement précis de ce dévoilement pour une conscience de l’existence, en précisant que justement ce dévoilement de l’existence va produire ce sentiment métaphysique, ontologique, qui portera le nom de Nausée. Notons au passage une opposition : ici la nausée d’exister [découvrir que l’on est un existant va nous procurer une nausée ] vient s’inscrire dans l’exact contrepoint du préromantisme et particulièrement du rousseauisme. Rousseau dans les « Rêveries » va nous parler du bonheur d’exister. Le retrait dans la solitude permet de découvrir le plaisir à être, le bonheur d’être soi, d’être seul, d’être enfin seul, c’est-à-dire non plus soumis aux pressions, aux harcèlements de la société et des autres. L’existentialisme va nous faire enfin découvrir quelque chose à laquelle dans notre culture nous étions demeurés étrangers, c’est-à-dire l’angoisse existentielle, la nausée que procure cette découverte que nous sommes des existants. Il faut repartir des remarques de Sartre qui note que d’habitude la conscience occulte l’existence. L’existence ordinairement colle aux choses. Elle est donc opaque, elle n’apparaît pas en tant que telle. Ce qui revient à dire que habituellement, avant d’être frappés par cette révélation existentialiste, nous saisissons les choses comme faisant corps avec l’existence. Dans le texte de la racine des marronniers, parmi les métaphores employées, Sartre nous dit que « les choses sont pétries dans la pâte de l’existence ». De la même façon quand nous mangeons un gâteau nous ne séparons pas la pâte, nous ne pouvons distinguer la totalité de la chose que nous mangeons de la pâte dont elle est faite. L’existence est bien la texture des choses, je ne la remarque pas. La Nausée est l’histoire de ce dévoilement -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Danza da lúa en Santiago ¡Fita aquel branco galán, fita seu transido corpo! É a lúa que baila na Quintana dos mortos. Fita seu corpo transido, negro de somas e lobos. Nai: A lúa está bailando na Quintana dos mortos. ¿Quén fire potro de pedra na mesma porta do sono? ¡É a lúa! ¡É a lúa na Quintana dos mortos! ¿Quén fita meus grises vidros cheos de nubens seus ollos? ¡É a lúa! ¡É a lúa na Quintana dos mortos! Déixame morrer no leito soñando na frol d'ouro. Nai: A lúa está bailando na Quintana dos mortos. ¡Ai filla, co ár do céo vólvome branca de pronto! Non é o ar, é a triste lúa na Quintana dos mortos. ¿Quén xime co-este xemido d'imenso boi melancónico? Nai: É a lúa, é a lúa na Quintana dos mortos. íSi, a lúa, a lúa coroado de toxo, que baila, e baila, e baila na Quintana dos mortos! Danza de la luna en Santiago Mira aquel blanco galán mira su transido cuerpo Es la luna que baila en la Quintana de los muertos Cinta su cuerpo transido negro de somas y lobos Madre: la luna está bailando en la Quintana de los muertos. ¿Quién hiere potro de piedra en la misma puerta del sueño? Es la luna Es la luna en la Quintana de los muertos ¿Quién hita mis grises vidrios llenos de nubes sus ojos? Es la luna Es la luna en la Quintana de los muertos Me deja morir en el lecho soñando con flores de oro Madre: la luna está bailando en la Quintana de los muertos ¡Ay hija, con el aire del cielo me vuelvo blanca de pronto! No es el aire, es la triste luna en la Quintana de los muertos. ¿Quién brama con este gemido el inmenso ir melancólico? ¡Madre: Es la luna, la luna coronada de tojos que baila, y baila, y baila en la Quintana de los muertos! Traduction : André Belamich Danse de la lune à Saint-Jacques Quel est ce galant ou blanc ? Regarde comme il frissonne ! C’est la lune qui danse sur la Grand-Place aux Morts. Regarde son corps transi noir de morsures et d’ombres. Mère, la lune danse sur la Grand-Place aux Morts. Qui blesse un poulain de pierre aux portes même du songe ? C’est la lune ! C’est la lune sur la Grand-Place aux Morts ! Qui regarde à la fenêtre avec des yeux pleins de brume ? C’est la lune ! C’est la lune sur la Grand-Place aux Morts ! Laisse-moi mourir dans mon lit. Je rêverais de fleurs d’or. Mère, la lune danse sur la Grand-Place aux Morts. Ah, ma fille, l’air du ciel m’a rendue toute blanche. Ce n’est point l’air, c’est la triste lune sur la Grand-Place aux Morts. Qui brame avec ce plaintifs meuglement de bœuf énorme ? Mère, c’est la lune, la lune sur la Grand-Place aux Morts. Oui, la lune, la lune toute couronné d’ajoncs et qui danse, danse, danse sur la Grand-Place aux Morts. La lune, l’air, la mort sont les thèmes de prédilection de Lorca. « Danza da lúa » c’est la danse de la mort. Il y a l’apparition de la lune (la mort) que la mère qui va mourir confond avec un galant. Sa fille essaye de la sortir de son erreur. Le galant (la mort) insiste pour être vu. A la fin du poème, la mère accepte la mort qu’elle espère douce. -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
– La facticité Elle fait de nous des héritiers. Nous sommes nécessairement en situation. Cela veut dire que nous naissons ici et pas là-bas, dans tel pays non pas dans tel autre, à tel moment de l’histoire que je ne choisis pas. Nous sommes des héritiers, d’une certaine façon prisonniers d’une situation, d’un contexte, dans lequel nécessairement nous devons vivre. Et néanmoins cette facticité qui nous fait comprendre que nous sommes des héritiers, des êtres en situation qui héritons d’une situation historique est par définition ce qui va nous commander de poser notre liberté. C’est-à-dire que le corrélat de la facticité, contrairement à ce que l’on pourrait penser, c’est la sommation philosophique qui nous est faite pour que nous nous découvrions des êtres libres et que nous posions notre liberté et que, au travers de notre existence, nous nous accomplissions et nous accomplissions comme êtres libres. Être en situation doit nous conduire à choisir et doit nous conduire à la liberté. – La transcendance Sur le plan de la connaissance l’envers c’est l’opacité de la conscience. La conscience est conscience de quelque chose comme le dit Husserl, elle ne se laisse jamais saisir, jamais définir. Elle est mouvement qui pose un objet et qui ne peut se ressaisir que dans ce mouvement positionnel de l’objet ce qui lui permet de se ressaisir comme conscience réflexive. On ne peut pas faire de la conscience un objet en tant que tel. On ne peut pas la saisir, elle est transcendante, elle est opaque, elle est obscure à elle-même. Sur le plan de la connaissance arrêtons de promouvoir [idéalisme] une conscience claire [cogito cartésien] cela n’est pas possible. Quand j’essaye de me penser [conscience réflexive] c’est le « je » qui pense le « moi ». Mais le « je » n’est pas le « moi ». Le « je » est sujet, le « moi » est ce qui du sujet se sépare du sujet pour devenir objet, et là on est dans la scission. – La liberté Si la conscience ne peut pas se connaître parce qu’elle n’est pas un objet, elle se découpe sur la liberté. Mais ce dernier concept a, comme les autres, un corrélat. Être libre c’est aussi ce qui nous commande d’être responsable. Si je suis libre alors je suis responsable. Je suis responsable, non seulement de moi, mais au travers de moi je suis responsable de tous les autres. Chacun de mes actes n’engage pas que moi en tant qu’individu, mais au travers de moi engage l’humanité tout entière [on reconnaît là une empreinte kantienne] si nous voulons nous revendiquer comme des sujets de droit pour devenir des personnes. Nous sommes protégés par le droit, nous avons une dignité, nous avons une valeur absolue, nous ne pouvons pas être moyens. L’envers est que ce sujet de droit qui est forcément un sujet universel fait que, alors, je suis aussi tout le temps responsable de tous. Ce sujet de droit universel qui fait que je puis me revendiquer comme sujet libre, fait de moi un sujet responsable non seulement pour moi, mais pour l’humanité puisqu’au travers de chacun de mes engagements, c’est L’humanité tout entière que j’engage. Avant de m’engager je dois me poser la question. La responsabilité est totale, et c’est parce qu’elle est totale que je puis, une fois que j’ai bien choisi, vivre au bout, à fond, sans remords, sans culpabilité. -
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Ay voz secreta del amor oscuro ¡Ay voz secreta del amor oscuro! ¡ay balido sin lanas! ¡ay herida! ¡ay aguja de hiel, camelia hundida! ¡ay corriente sin mar, ciudad sin muro! ¡Ay noche inmensa de perfil seguro, montaña celestial de angustia erguida! ¡Ay perro en corazón, voz perseguida, silencio sin confín, lirio maduro! Huye de mí, caliente voz de hielo, no me quieras perder en la maleza donde sin fruto gimen carne y cielo. ¡Dejo el duro marfil de mi cabeza, apiádate de mí, rompe mi duelo! ¡que soy amor, que soy naturaleza! Traduction : André Belamich Ô voix secrète de l’amour obscur ! ô bêlement sans laine! ô vive plaie ! ô aiguille de fiel, fleur étouffée ! torrent loin de la mer, ville sans murs ! ô nuit immense avec un profil sûr ! cime céleste d’angoisse dressée ! cœur aux abois et voix persécutée ! silence sans limite et iris mûr ! Fuis loin de moi, brûlante voix de glace. Tu ne veux pas me perdre au labyrinthe où gémissent sans fruit et la chair et l’espace. Laisse-le dur ivoire de ma tête et prends pitié de moi, mets un terme à mes larmes : je suis amour, je suis nature vierge ! Ce sonnet nous rappelle qu’en 1935, Lorca se trouvait déjà officiellement dans une nouvelle étape de son travail (le retour au classicisme après avoir traversé l’aventure du vers libre). Sur le plan thématique, la nouveauté par rapport aux autres sonnets du sombre amour est de ne pas être dirigé vers un interlocuteur personnel, mais vers la « voix secrète », c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas d’un poème sur l’amour sombre, mais sur l’angoisse de devoir écrire sur une expérience si personnelle qu’elle se confond avec son propre être (parce que le soi se définit en étant « amour, » « nature »). Concernant le plan esthétique, certaines images et composition (voix chaude de glace, chair et ciel …), le ton hyperbolique (nuit immense, montagne céleste, silence sans frontières...) et le sentiment douloureux qui traverse le poème nous font penser à la poésie qui correspondrait au classicisme formel, mais aussi au romantisme par la vision tourmentée donnée par le poète lui-même. Amancio Prada Miguel Poveda nous offre une interprétation "flamenca" du poème de Lorca. -
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J’ai fait une erreur pour la traduction de la casida des pleurs. Elle n’est pas de André Belamich mais de Claude Couffon et de Bernard Sesé. -
Naissance du concept d’existence
satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Philosophie
– La contingence Elle a pour « doublure négative » ce sentiment existentiel qui sera la Nausée. La Nausée est une émotion métaphysique et existentielle. La contingence, cette découverte que nous ne sommes pas nécessaires et que nous aurions pu très bien ne pas exister, que nous sommes gratuits et que tout est gratuit dans le monde, me donne ce vertige existentiel et métaphysique, puisque je découvre que je n’ai pas de fondement, que mon existence ne saurait être fondée sur rien. Ce vertige, Sartre le qualifiera de Nausée. Cette Nausée, qui est sentiment, a pour corrélat l’action. Ce sentiment existentiel que nous éprouvons dans notre chair, dans notre esprit, dans notre conscience a pour corrélat la nécessité de nous faire agir pour nous donner l’illusion d’exister, c’est-à-dire de nous justifier à être. Il faut que j’aie une justification : si j’existe c’est pour telle chose. L’action par définition doit se justifier. En tant qu’être rationnel et raisonnable je choisis d’agir, et si j’agis c’est dans tel but. L’action induit la notion de finalité chez l’être humain. Quand j’agis en tant qu’être rationnel et raisonnable je sais en vue de quoi j’agis. La notion d’action pose automatiquement la notion de fin. Il faut bien que nous nous nous donnions illusion d’exister puisque notre existence est un fait, mais nous ne pouvons la déduire de rien, nous ne pouvons la fonder sur rien et nous ne pouvons surtout pas la justifier. La seule façon que nous aurons d’essayer de la fonder et de la justifier, c’est l’action, c’est-à-dire l’action politique, l’engagement, mais tout autre type d’action étant entendu que tout ce que je fais vingt quatre heures sur vingt quatre c’est agir. Cela peut être par exemple engagement amoureux qui est une forme d’action. Aimer pour Sartre, c’est chercher une légitimité, une justification dans ma propre existence. Puisque moi je ne peux pas me donner tout seul, étant un être radicalement contingent, une justification, j’attends de l’autre, du désir de l’autre, qu’il me fonde et me justifie. Chez Sartre l’amour est toujours un drame ontologique. Dans tous ses romans et pièces de théâtre la relation amoureuse est un échec parce que c’est ce drame là dont il est systématiquement question, c’est le soubassement philosophique. -
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satinvelours a répondu à un(e) sujet de satinvelours dans Littérature
Casida II Del llanto He cerrado mi balcón porque no quiero oír el llanto pero por detrás de los grises muros no se oye otra cosa que el llanto. Hay muy pocos ángeles que canten, hay muy pocos perros que ladren, mil violines caben en la palma de mi mano. Pero el llanto es un perro inmenso, el llanto es un ángel inmenso, el llanto es un violín inmenso, las lágrimas amordazan al viento y no se oye otra cosa que el llanto. Traduction : André Belamich II Casida des pleurs J’ai fermé mon balcon car je ne veux pas entendre les pleurs, mais derrière les murs gris on n’entend rien d’autre que les pleurs. Il y a très peu d’anges qui chantent, il y a très peu de chiens qui aboient, mais les violons tiennent dans la paume de ma main. Mais les pleurs sont un chien immense, mais les pleurs sont un ange immense, les pleurs sont un violent immense, les larmes bâillonnent le vent, et l’on n’entend rien d’autre que les pleurs. Ici, le poétique est le seul protagoniste. Le poème communique une vision désolée du monde, mais aussi un désir de solidarité avec ceux qui souffrent. Le poète semble se rendre compte qu’il n’est pas possible de vibrer dans une tour d’ivoire, car le pleureur (c’est-à-dire la souffrance d’autrui) est omniprésent et ne peut laisser personne indifférent. Le poète semble donner une orientation sociale forte à sa poésie. C’est une nouveauté thématique, mais une nouveauté, qui résulte d’abord d’une évolution personnelle, puisque Lorca a toujours manifesté sa solidarité à l’égard des marginalisés et des persécutés, tant dans les ballades tziganes que dans le poète à New York. Le but de ce poème est le même que celui qui le conduit a déclarer peu de temps avant sa mort : « En ce moment dramatique du monde, l’artiste doit pleurer et rire avec son peuple. Il faut laisser le bouquet de lys et aller vers la boue jusqu’à la taille pour aider ceux qui cherchent les lys ». Lorca affirme qu’il est immoral de chercher une certaine beauté ( les lys, les anges dans le poème) alors qu’il y a de la douleur et de l’injustice dans le monde. – Francisco Gallardo – Deux interprétations très différentes de ce poème. J'aime la voix de Marisa Sannia, mais je regrette le choix des images accompagnant le poème, images qui, selon moi, sont totalement inadaptées. -
Lettre 59-3 11 juillet 2019 Samuel, XVI siècle Evolution générale en Europe (partie 3) : la Réforme La Réforme est un mouvement religieux initié par Martin Luther (1483-1546) puis développé par d’autres prédicateurs, notamment Jean Calvin (1509-1564). Il s’ensuivit la création d’Églises réformées (luthéranisme, calvinisme, anglicanisme, etc.) l’ensemble des ces Églises formant le protestantisme, branche du christianisme concurrente du catholicisme et de l’Église orthodoxe. Les chefs de l’Église catholique se distinguaient par leur immoralité : corruption, débauches, incestes, assassinats, oisiveté, étalement de richesses… Face à ces comportements dévoyés le peuple mais aussi les classes dominantes vivaient dans l’angoisse. Le contrecoup du cataclysme de la peste, les guerres, la nouvelle menace turque, les changements économiques, tout cela engendrait peur, angoisse et même terreur tant le sentiment de la mort et du châtiment à venir hantaient les esprits. L’Église catholique enseignait qu’après la mort les hommes seraient, après le jugement dernier, aiguillés vers le Paradis ou le Purgatoire (lieu de transition douloureux en attendant d’accéder au Paradis) ou l’Enfer lieu de souffrances éternelles selon leurs bonnes ou mauvaises actions accomplies dans ce monde. Or chacun se pensait pécheur et donc promis à l’Enfer. Le péché seul pouvait expliquer les cataclysmes vécus, le péché avait séparé l’homme de Dieu conduisant celui-ci à l’ abandonner. Dans ces conditions comment trouver le Salut ? Les Papes imaginèrent le système des Indulgences. Contre des dons en argent faits pour financer les œuvres ecclésiales les chrétiens pourraient être remis de leur péchés par l’autorité papale. Il devenait donc possible d’acheter la rémission de ses fautes et d’éviter le châtiment éternel. Les Papes activèrent sérieusement ce système quand il leur prit l’idée de construire une nouvelle basilique à Rome qui fût de proportions phénoménales et d’une beauté inégalée. Prêtres et envoyés de Rome sillonnèrent alors les terres européennes pour lever de l’argent. Martin Luther naquit en 1483 à Eisleben en Allemagne orientale. Il rentra chez l’ordre des ermites augustins d’Erfurt puis fut sacré prêtre en 1507. C’était un esprit inquiet et tourmenté. Il pensait que toutes ses prières ne suffiraient pas à lui assurer le salut. En 1513, réfugié dans une tour d’un couvent il comprit que le salut ne pouvait pas venir du repentir mais de la foi. L’homme est de toute façon déchu, en raison du péché originel, mais le Christ est venu le sauver. C’est la foi en Jésus, fils de Dieu, seul apte à faire la jonction entre les hommes et Dieu, qui, seule, peut sauver le pécheur. La religion doit devenir personnelle et intérieure, il faut rejeter les dogmes, la tradition et la théologie telle qu’ils sont enseignés et en revenir à la lecture directe des Livres saints, sans plus s’abandonner à l’autorité et à l’exégèse des prélats. Luther alla encore plus loin. Alors que l’Église romaine enseignait que l’homme pouvait contribuer à son salut en faisant de bonnes œuvres (dont notamment celle de faire des dons à l’Église) Luther affirma le contraire. Les bonnes œuvres ne pouvaient aucunement assurer le salut. C’est la foi qui assure le salut. Qu’est ce que la foi pour Luther ? C’est ce sentiment éprouvé par le pécheur quand il sent l’irruption en lui de Dieu venu de sa propre initiative le sauver. C’est Dieu qui décide de sauver le chrétien en se révélant, par l’intermédiaire de Jésus, révélation qui s’accompagne de ce sentiment, éprouvé par l’élu : « J’ai la foi ». Alors seulement le croyant réalise des bonnes œuvres, celles-ci étant une conséquence naturelle de la foi. Ainsi s’explique la formule que Luther affectionnait et qu’il avait emprunté à Paul : « Le salut par la foi, indépendamment des œuvres ». Quand en 1517 un marchand d’indulgences vint se présenter à Wittenberg, en Allemagne, résidence de Luther, ce dernier s’emporta et placarda sur la porte de l’église quatre-vingt-quinze thèses qui dénonçaient le marchandage des indulgences. Cette protestation connut un succès foudroyant dans toute l’Allemagne grâce au relais de l’imprimerie. La condamnation des indulgences suscita d’âpres querelles, renforçant Luther dans ses prises de position radicales. « En dehors de la foi tout le reste est superflu affirmait-il, y compris l’Église et ses prêtres. Chacun doit devenir son propre prêtre, nul ne doit plus se fier aux dogmes de l’Église. C’est dans la Bible que chacun doit rechercher les intentions de Dieu et dans la Bible seule » Ces affirmations conduisirent le Pape Léon X à l’excommunier en1520. L’empereur d’Allemagne, Charles V dit Charles Quint mit Luther au ban de l’Empire en 1521 ce qui signifiait qu’il était désormais hors la loi, que nul ne devait l’assister, que chacun pouvait même le tuer. Le prince de Wittenberg, le duc de Saxe, surnommé Nathan le Sage vint à son secours et le cacha dans son château, la Wartbourg. Là Luther traduisit la Bible dans une nouvelle langue, synthèse des différents dialectes germaniques de l’époque, donnant ainsi naissance à une nouvelle langue : l’allemand. Pendant ce temps les idées de Luther, rassemblés sous le nom de luthéranisme se répandaient dans l’Empire. Les paysans interprétèrent ses idées comme une invitation à ne plus obéir qu’à sa conscience et à rejeter tout maître. Ils se révoltèrent contre les propriétaires terriens provoquant de grands troubles sociaux. Nombre de princes quant à eux se convertirent au luthéranisme voyant ainsi un moyen de s’affranchir de la tutelle religieuse du Pape et surtout un moyen de s’approprier les biens fonciers de l’Église. Luther put sortir libre de sa cachette en 1522. Il condamna les révoltes paysannes et prit parti pour les princes rebelles. Les paysans rentrèrent dans le rang. Il organisa le culte propre à sa nouvelle religion (il autorisa notamment le mariage des pasteurs, diffuseurs de sa doctrine) et il plaça son Église sous la dépendance des princes convertis à sa doctrine. Ainsi rompit-il définitivement avec la Papauté et avec le catholicisme. Charles Quint tenta d’étouffer le luthéranisme mais les princes convertis protestèrent (d’où le nom de protestants donné aux partisans de la Réforme). En définitive, malgré l’emploi de la force, Charles Quint ne parvint pas à éradiquer la nouvelle religion. De guerre lasse, il laissa son frère Ferdinand signer en 1555, avec les princes allemands, le compromis connu sous le nom de paix d’Augsbourg. Les princes se firent reconnaître le droit d’être à leur gré catholiques ou luthériens. Il y eut désormais deux Allemagnes, l’une catholique, l’autre luthérienne. Au milieu du siècle le luthéranisme finit par remplacer le catholicisme dans la moitié de l’Empire, en Prusse et dans les pays scandinaves. La nouvelle religion augmenta le pouvoir des princes convertis mais elle détruisit aussi l’unité de l’Allemagne déjà affaiblie politiquement par le morcellement politique de son territoire. En France les idées de Luther commencèrent à diffuser à partir de 1520. Jean Cauvin, qui prit le nom de Jean Calvin, né en 1509 à Noyon, mort à Genève en 1564 modifia quelques points de théologie de Luther et fonda sa propre Église appelé Calvinisme ou Religion réformée, variante chrétienne du luthéranisme. Des Églises calvinistes furent fondées non seulement en France mais aussi aux Pays Bas, en Hongrie, en Allemagne occidentale, en Suisse et en Écosse. Les rois catholiques, restés fidèles au Pape entreprirent de contrer ces nouvelles religions. Il s’ensuivit ce que nous appelons : les guerres de Religion. Nous en parlerons dans la prochaine lettre. En Angleterre la réforme fut introduite par les souverains. Cette rupture avec Rome eut des causes privées. Le roi Henri VIII (1491-1547), d’abord catholique et hostile au luthéranisme, voulut divorcer de sa femme et épouser sa belle-sœur. Ce qu’il fit alors que ce type de mariage endogamique (ainsi que le divorce) était interdit par la papauté, sauf à demander une dérogation. Ensuite il voulut à nouveau divorcer et se marier avec une demoiselle d’honneur, Anne Boleyn. Pour régulariser sa situation il demanda au Pape d’annuler ses précédents mariages. Mais le Pape n’en fit rien. Ce qui excéda le roi qui décida de s’affranchir de l’autorité de Rome. Il contraignit le clergé anglais à rejeter l’autorité du Pape et à accepter le roi comme chef religieux (puis il épousa Anne Boleyn). C’est ainsi que naquit l’anglicanisme, religion assez proche du catholicisme mais influencée aussi par le luthéranisme, gouvernée désormais non par le Pape mais par les rois. Cette naissance fut officialisée par l’Acte de Suprématie (1534) acte qui stipulait que le Pape était interdit d’exercer une autorité en Angleterre et que Henri VIII devenait l’unique et suprême chef de l’Église d’Angleterre. L’ anglicanisme, sous l’influence des calvinistes, enfanta un autre mouvement : le puritanisme. Ce mouvement rejetait toutes les influences catholiques subsistant encore dans l’anglicanisme (ils voulaient purifier l’Église d’Angleterre de ce qui subsistait « d’idolâtrie papale »). Ils rejetaient l’Acte de Suprématie car cet acte soumettait la nouvelle religion aux rois, alors qu’ils étaient partisans d’une élection des chefs religieux par les fidèles. Le conflit entre les puritains et les anglicans dressa nombre de gentilshommes anglais contre le roi, conflit qui joua un rôle capital dans l’histoire de l’Angleterre au XVII siècle. Passe de belles vacances, Je t’aime
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Naissance du concept d’existence
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Sartre avait commencé à poursuivre ce but avant même de devenir le chantre de l’existentialisme. À ce sujet, avant cette fameuse conférence, Sartre a déjà publié des textes philosophiques : – La transcendance de l’ego 1936 – Esquisse d’une théorie des émotions 1939 – L’imagination 1940 – L’Etre et le Néant 1943 Ces textes là réalisaient implicitement cette visée en désubstantialisant la conscience. Tous ces textes portent l’empreinte de la phénoménologie que Sartre découvre à Berlin. Il lit Husserl, Heidegger qui vont le convaincre de l’importance de cette nouvelle philosophie. L’existentialisme doit beaucoup à la phénoménologie. Pourquoi la phénoménologie est-elle une philosophie importante ? Parce qu’elle rompt avec l’idéalisme, montre que la conscience n’est pas une chose, n’est pas une substance au sens aristotélicien, que conséquemment on ne peut pas en faire un objet que l’on peut totaliser, que l’on va pouvoir analyser et donc connaître, mais qu’au contraire la conscience est un mouvement [ intentionnalité], un mouvement vers, c’est-à-dire une façon de se rapporter aux choses qui jamais ne s’épuise. Transcendance de la conscience, et donc soyons cohérents dit Sartre, si la conscience est intentionnellement transcendante, forcément elle nous confère une liberté qui est irréductible. En finir donc avec l’idéalisme. Sartre a entrepris ce cheminement. Et à partir de là, on comprend déjà les grandes notions propres à l’existentialisme sartrien. Quels sont les grands thèmes sartriens qui vont faire l’armature de ce que l’on appelle l’existentialisme sartrien, existentialisme tel que Sartre et ses amis le concevront ? Il y en a fondamentalement quatre autour desquels vont graviter ensuite des petits satellites. – la contingence – la facticité – la transcendance – la liberté Ces grands concepts philosophiques vont à chaque fois, pour chacun d’entre eux, avoir leur doublure sur un autre plan. -
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– Raisons sociologiques propres à l’époque Ce n’est pas seulement un nouveau mode de penser mais aussi une façon de vivre. Et Sartre va vraiment enthousiasmer la jeunesse. Être existentialiste c’est afficher dans ses goûts, dans son mode de vie, une façon de réinventer la vie. La jeunesse brisée par la guerre va suivre : glorieuses années de Saint-Germain et découverte du Jazz. La volonté aussi féroce de briser la conscience du temps social, à ce temps bergsonien qu’est la durée s’ajoute, et en même temps vient contrarier un temps social [comme 68 sera un éclatement où l’on a retrouvé cette belle énergie qui s’était déjà éteinte et qu’on redécouvre]. Intérioriser le temps social c’est pour Sartre déjà s’avouer bourgeois. C’est reconnaître la société avec ses normes, ses valeurs, ses intérêts, ses objectifs, sa finalité. C’est avouer l’emprise du social sur soi. Cela on n’en veut plus. Si on est libre on doit pouvoir manifester sa liberté jusque dans ses modes de résistance. Donc il n’y a plus d’heures de repas, on traîne dans les cafés, on passe la nuit à boire écouter des musiques, à peindre. La scansion du temps social et tous ses repères qui fabriquent la vie sociale sont contestés. L’existentialisme c’est la philosophie qui n’est plus coupée de la vie, c’est un creuset ou s’invente des modes de vie, c’est une forme de révolution permanente [une idée trotskiste qui essaie de se répéter en 68]. Dans La critique de la raison dialectique Tome I et dans ce texte appelé " Questions de méthode ", Sartre écrit : « Nous refusâmes l’idéalisme officiel au nom du tragique de la vie, au sens nietzschéen, c’est au concret absolument que nous voulions arriver » [tragique, au sens nietzschéen : je sais que je suis ce danseur sur une corde tendue qui vient du néant et qui y retournera, et justement je danse. Je ne m’étourdis pas en essayant d’oublier ce néant, je l’assume et c’est précisément parce que j’essaie de l’assumer que cela libère des forces vives et peut-être une exaltation de la vie]. C’est dans la vie, à la vie, par la vie que la philosophie doit conduire. Rajeunir, dépoussiérer la philosophie mais aussi les sciences humaines et l’université : voilà le projet existentialiste (page 27 du Magazine littéraire : L’offensive existentialiste). -
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La nausée paraît en 1938 et c’est un succès immédiat du point de vue des ventes, et surtout de la critique qui n’hésite pas à propulser Sartre parmi les grands écrivains. Deuxième texte très important, le Manifeste : « L’existentialisme est un humanisme ». Six ans séparent la Nausée de la célèbre conférence prononcée le 29 octobre 1945, et publiée en 1946. Sartre fait cette conférence pour mettre les choses au point et montrer ce qu’il a voulu dire au travers de ce roman qu’est la Nausée. En 1946 il publie Morts sans sépulture – La Putain respectueuse et deux textes philosophiques notoires : Réflexion sur la question juive – Matérialisme et Révolution. Entre ces deux dates 38 et 46, il publie en 43 l’énorme texte : LEtre et le Néant où se trouve le Sartre grand philosophe. C’est la conférence le Manifeste qui propulse Sartre comme chef de file d’une nouvelle pensée : L’Existentialisme. (Cf Simone de Beauvoir La force des choses). C’est un immense succès qui impose l’étiquette, maintenant assumée par Sartre : l’existentialisme. On s’est beaucoup interrogé sur ce succès immédiat. On peut avancer deux raison à ce succès : – Raisons historico philosophiques Fin de la guerre, où l’on observe l’effondrement des grands courants de pensées traditionnels en philosophie et particulièrement cet immense courant qu’est l’idéalisme (Hegel). Les événements dans le monde font que l’on ne peut plus adhérer aux valeurs prônées par l’idéalisme. On n’a plus la même confiance en l’homme, en sa raison, en la vérité. Tout s’effondre. S’effondre également l’héritage des lumières et notamment la raison. Et il n’y a pas d’idéalisme pensable sans le rôle hégémonique que l’on confère à la raison. L’existentialisme va jouer comme troisième voie où l’on tire les leçons de ce qui vient de se passer et où l’on essaye de prendre l’homme tel qu’il est et non tel qu’il devrait être. L’existentialisme présente d’une façon très claire, très limpide une nouvelle façon de penser : l’homme dans son rapport au monde, aux autres, à l’Histoire. C’est une philosophie concrète qui s’intéresse à l’homme dans son quotidien. C’est une philosophie qui prend à bras le corps toutes les vicissitudes de la réalité humaine avec ses grandeurs, mais aussi ses bassesses que l'on ne se contente pas de condamner d’un point de vue moral, comme l’ont fait si souvent les philosophes, car aux yeux de Sartre cela ne sert à rien. Il faut prendre l’homme tel qu’il est. Avec ce souci d’être en prises avec la réalité humaine, le réalisme sartrien est un des ressorts qui lui assure une efficacité, une écoute. -
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Sartre ne récusera pas la place de l’imagination, du rêve, du songe, de l’illusion, du mensonge, de tout ce qui trahit d’une façon volontaire ou involontaire la vérité comme étant ce dont nous avons souvent besoin pour nous construire, pour élaborer des choses. Dépité il continue d’écrire, et c’est déjà La nausée. La deuxième version s’est enrichie lorsque Sartre en 1934 est pensionnaire de l’Institut français à Berlin et ne s’intéresse pas à la montée d’Hitler. Il est le dos tourné à l’Histoire. Il est plongé dans Husserl, et la lecture des pensées de Husserl lui révèlent l’importance de la phénoménologie. Simone de Beauvoir est scandalisée par l’attitude de Sartre et ne lui trouvera aucune excuse. « Ce sont de jeunes intellectuels bourgeois normaliens très protégés qui ne s’intéressent pas à l’histoire ». Il va poursuivre par la lecture de Heidegger qui va beaucoup compter. Il remanie certains passages de la Nausée. En 1936 c’est d’abord la troisième version de la Nausée qui apporte des pages montrant le pouvoir de déformation de la conscience, les anomalies perceptives. Toutes ces aventures de la conscience sont des prétextes pour Sartre pour investiguer des domaines comme conscience et imagination. Qu’est-ce que l’imagination ? Ce n’est pas une faculté à part, c’est une façon qu’a la conscience de se rapporter aux choses et d’en fabriquer des images. C’est aussi la période où Sartre est très lié au milieu psychanalytique et psychiatrique. Il est l’ami de Daniel Lagache ce qui lui vaut des entrées un peu troubles à Sainte-Anne, il est très intéressé par Michaux, dont beaucoup de texte sont écrits sous l’emprise de la Mescaline. Il travaille sur l’imagination il fait des expériences sur lui-même. À Sainte-Anne il se fait injecter des produits, teste la Mescaline, ne la supporte pas. Il passe un moment de sa vie avec hallucinations, états dépressifs très profonds, états dépressifs qui se manifestent dans la Nausée. La quatrième élaboration de la Nausée sera acceptée. Il travaille sur le plan littéraire, mais il emploie des mots crus, orduriers, obscènes. Il est obligé de relire les pages jugées trop crues qu’il doit d’expurger à la demande de Gallimard, mais il refuse de censurer les passages qui traduisent la fantasmatique sexuelle. Se pose aussi Le problème du titre. Sartre choisit « Melancholia », les aventures extraordinaires d’Antoine Roquentin. Mais c’est Gallimard qui trouve le titre La Nausée. C’est un compromis éditorial pour ne pas effaroucher l’intelligentsia française encore très guindée. -
« Boire un grand bol de sommeil noir... »
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El poeta pregunta a su amor por la "Ciudad Encantada" de Cuenca Te gustó la ciudad que gota a gota labró el agua en el centro de los pinos? ¿Viste sueños y rostros y caminos y muros de dolor que el aire azota? ¿Viste la grieta azul de luna rota que el Júcar moja de cristal y trinos? ¿Han besado tus dedos los espinos que coronan de amor piedra remota? ¿Te acordaste de mí cuando subías al silencio que sufre la serpiente, prisonera de grillos y de umbrías? ¿No viste por el aire transparante una dalia de penas y alegrías que te mandó mi corazón caliente? Traduction: André Belamich Le poète demande à son amour après la « Ville Enchantée » de Cuenca As-tu aimé la ville, goutte à goutte ouvragée par les eaux entre les pins, les visages de rêve et les chemins et les murs de douleur giflés de souffles ? La gorge bleue d’éclats de lune où coule le Jucar au cristal mouillé de trilles ? Tes doigts ont-ils senti le baiser des épines qui couronnent les vieux rochers d’amour ? As-tu pensé à moi quand tu montais au silence que souffre le serpent prisonnier des grillons et des ténèbres ? N’as-tu pas vu dans les airs transparents un dahlia de peine et d’allégresse ? C’est le message de mon cœur brûlant. Ce poème est un petit bijou. Il y a une originalité dans ce poème. Outre l’amour que manifeste le poète, apparaît une description très lyrique d’un lieu très spécifique : celle de la Cité enchantée. C’est très particulier dans les Sonnets de l’amour obscur, cela mérite d'être signalé.