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Dompteur de mots

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Tout ce qui a été posté par Dompteur de mots

  1. Je suis tombé sur cette phrase de Paul Claudel, en lisant L'oiseau noir dans le soleil levant: "[...] la langue française n'offre pas beaucoup de ressources à l'expression de ce sentiment [que] j'appellerai la révérence, le respect, l'acceptation spontanée d'une supériorité inaccessible à l'intelligence, la compression de notre existence personnelle en présence du mystère qui nous entoure, la sensation d'une présence autour de nous qui exige la cérémonie et la précaution." Ne connaissons-nous pas tous ce type de sentiment ? Ne fait-il pas partie de notre intimité courante ? Plus loin, Claudel parle de frisson religieux. Pourquoi ce sentiment nous fait-il peur lorsqu'il y s'accole le mot "religion" ? Parce qu'évidemment, ce mot recoupe tout un univers de manipulation, de moralisation, de dénaturation de ce sentiment. Mais faut-il pour autant s'arrêter à cet historique de déceptions ? N'y a-t-il pas une façon possible d'en parler qui ne nous fasse pas retomber dans les travers du passé ? Est-il possible d'envisager, même si cela semble paradoxal au premier abord, une religiosité rationnelle ? Je dirai que non seulement un tel sentiment n'est pas incompatible avec la philosophie mais je dirai que, pour une large part, il lui est nécessaire.
  2. C'est-à-dire que chaque expérience de réflexion fait progresser mon savoir de la pratique de la philo. Les cours ne me prodiguent pas cette expérience, puisqu'aucune expérience n'est prodiguable - l'expérience étant singulièrement et exclusivement nôtre, mais en revanche, les cours m'offrent de riches occasions de vivre de ces expériences. Ainsi, je ne pratique pas la philosophie ou je ne vis pas une expérience de philosophie lorsque je lis un texte de Kant, mais bien seulement lorsque je me dédie à ce texte, que je m'y abandonne, que j'en extrais intuitivement ce qu'il contient de vital. Lorsque l'exposition aux textes provoque ce frissonnement dont parlait Tison, lorsque ma faculté de souvenir est activée, cela signifie que quelque chose de l'auteur lu s'est aggloméré à moi, à ma propre pensée, par répulsion ou par attraction, que cela s'est en quelque sorte greffé à l'échine de ma pensée et l'a solidifiée, l'a rendue plus forte, plus droite, plus autonome et donc, bref, plus philosophe.
  3. Mais un questionnement originel ou un questionnement existentiel, ce n’est pas encore de la philosophie. La preuve étant que nous sommes tous habités par ces questionnements, mais nous ne les développons pas tous par le moyen de la philosophie, c’est-à-dire par le moyen d’une discipline. Entendons-nous : je serai le premier à soutenir que tous les enseignements du monde ne font pas le philosophe et que celui-ci doit nécessairement être en contact avec le questionnement originel de la solitude dont tu parlais. Toutefois, si ce questionnement est absent, ou du moins refoulé, comment peut-on le susciter ou le révéler ? Un des moyens possibles consiste à soumettre l’individu aux formulations qu’en ont fait les grands philosophes, à commencer par Socrate. Combien d’esprits ont par exemple été frappés de plein fouet par l’allégorie de la caverne, qui a cette propriété de venir saisir le bout de cette solitude, de cet état d’inadéquation qui nous habite tous ? Ça n’empêche pas que même en contact avec ces formulations des grands philosophes, l’étincelle originelle doit émaner de l’intérieur de l’être d’abord. Bergson disait, selon ma mémoire approximative (ou s’agit-il d’un souvenir ?), que si l’être ne peut ultimement atteindre à l’intuition par le moyen du langage, il doit néanmoins souvent chevaucher les mots pour y parvenir. Je ne sais pas Anna. Je ne suis pas un type qui carbure à l’espoir. Le plus probable semble être que cette soif pour les choses existentielles se décline en intensités différentes. Je ne fais pas de ma passion pour la philosophie une cause humanitaire. Je ne crois pas nécessairement que les gens devraient s’y consacrer. Ce qui n’empêche pas que j’affirmerai bien haut mon amour de la chose. Au contraire, il y a parfois des gens qui s’y consacrent et qui ne devraient pas le faire. Parce qu’ils n’y sont pas prêts, parce qu’ils n’ont pas ce qu’il faut, parce qu’ils ramènent la philosophie à une véritable farce conceptuelle, ou au contraire à une fête de l’opinion. Je n’accorde pas une telle attention à la question de cet étudiant parce j’ai espoir que je puis le sauver d’une vie d’ignorance et attiser en son cœur le feu de la philosophie, mais tout simplement parce que la philosophie fait partie de ce en quoi je place mon cœur, et qu’à toute occasion qui se présente d’affirmer cette affection, je me laisse aller, quitte à heurter, quitte à rebuter certaines personnes à la philosophie. Je me serais mal vu commencer à psychanalyser cet étudiant…
  4. En amoureux désespérés de la philosophie que nous sommes, je propose de prendre pour hypothèse que cet étudiant pourrait bien receler en lui la classe dont tu parles, mais qu'il ne le sait pas encore.
  5. Je me vois mal répondre à l'étudiant: "veuille-le, et sois motivé". Peut-être tes observations sont-elles valables d'un point de vue scientifique Frelser, ou d'un point de vue extérieur, contemplatif, où nous observerions la corrélation entre la volonté et les oeuvres humaines. Peut-être en effet que tout ce qui se joue dans les oeuvres humaines est un problème lié à la motivation et à la volonté. Mais ici, nous sommes bien concrètement engagés dans le problème, dans la mesure où nous sommes tous, pour le bien de la discussion, collègues de cet étudiant, et donc solidaires de son désarroi. Nous n'avons donc pas le luxe de nous abstraire de la situation. Il nous faut répondre à ce désarroi de la manière la plus concrète et la plus probante. La question devient alors de savoir s'il est possible de susciter ou d'inspirer la soif qui est inhérente à l'étude fructueuse de la philosophie, ou du moins de suggérer les contours que peuvent avoir une telle soif. De la même façon au fond que, devant un ami dépressif, je pourrais fort bien y aller de considérations sur la volonté de vivre et sur la détermination à régler ses problèmes. Mais encore là, ce serait un acte de désolidarisation. De toute façon, il est probable que cet ami soit au fait de ces considérations. La question est plutôt de voir s'il n'y aurait pas une façon de lui faire retrouver le fil de son goût de vivre, en s'intéressant à sa situation particulière et en s'y plongeant. Tout à fait d'accord. Ce frissonnement est précisément la manifestation physiologique de la faculté de souvenir.
  6. Il conviendrait ici de distinguer la mémoire du souvenir, tel que le fait Kierkegaard dans son In vino veritas (mais j'en fais ici une restitution libre): - La mémoire comme faculté de reconstituer le déroulement causal des choses. En philosophie, je puis ainsi par exemple avoir une excellente mémoire de la progression conceptuelle des raisonnements d'une philosophie, tout en étant dénué de souvenirs forts de cette même philosophie; - Le souvenir comme propriété de l'être de s'imprégner du déroulement des choses, d'en tirer une substance telle qu'elle puisse participer à ce que je suis. Nous avons par exemple souvent des souvenirs tirés de notre enfance dont l'agencement causal que nous leur donnons est peut-être en bonne partie erroné, mais cela n'importe guère puisque l'essentiel est que cette représentation est liée à quelque chose qui fait désormais partie de nous. Les rêves fonctionnent d'ailleurs uniquement sur ce mode: les agencements causaux que l'on y trouve sont absolument farfelus, mais les représentations qu'ils contiennent n'en sont pas moins absolument significatives. Or, le point est que la philosophie ne saurait certainement pas se limiter au seul usage de la mémoire.
  7. C’est une remarque fort judicieuse. Ma curiosité pour ces choses ayant été établie avant que je ne prenne contact avec la littérature philosophique, je n’ai pas une compréhension naturelle de celui qui est dans le deuxième cas. Cela dit, il ne s’agit pas tant de questions précises que d’une soif – de sens, de compréhension, de plénitude, etc. Or, cette soif, nous l’avons tous, mais à des degrés différents, ou du moins je le pense. S’agit-il alors de l’attiser chez ces esprits qui ne savent trop que faire de la philosophie ? Est-il seulement possible d’attiser une telle soif ? La philosophie peut-elle se donner pour mission d’édifier les individus jusque dans l’intimité même de leur volonté ? Ou alors ne doit-elle prétendre qu’à un ouvrage de canalisation des volontés ? Je ne suis pas certain. Je n’ai jamais navigué au moyen de questions, mais seulement à l’instinct. Je suppose qu’il y a deux types de navigateurs : ceux qui cherchent la route des Indes, et ceux qui cherchent l’aventure elle-même. C’est plutôt dans le partage, dans ce que la philosophie a de collectif que la formulation de questions précises devient utile. Tout comme il est beaucoup plus facile d’embarquer un équipage de matelot lorsqu’on leur propose une destination et qu’on leur fait miroiter une rétribution possible que lorsqu’on les convie à une entreprise de pure aventure. Un moyen en vue de quelle fin ? :cool: A priori, c'est tout à fait exact. Mais j'ai une telle confiance et un tel amour pour la nature humaine que je ne peux m'empêcher de me demander de quelle façon il serait possible de lui apporter la charité, de le pousser vers les lumières de la compréhension. Enfin... je suppose que le travail est encouragé et facilité par l'aisance qui accompagne le talent. Cela me fait penser au film Amadeus de Peter Schaeffer, où le médiocre compositeur Salieri devient littéralement fou de jalousie et d'amertume lorsqu'il découvre le talent divin du jeune Mozart, lequel parvient à accumuler les chefs d'oeuvres par un minimum d'efforts et malgré la légèreté de ses moeurs.
  8. Avec Fresler, tout est prétexte à divagations.
  9. Tout cela est bien gentil mais en l'occurrence, ce n'est pas de la philosophie. Allez, du vent !
  10. Simplement: je n'ai pas accès à ce livre, donc je suis curieux de savoir ce que vous en avez retenu ! Thomas Edison affirmait que le génie consistait en 1% de talent, et 99% de travail. Nietzsche abondait dans le même sens, mais de manière moins extrême.
  11. Qu'avez-vous retenu de ce bouquin ? Donc, la philosophie est à considérer comme une entreprise d'emmagasinage de données ? Il s'agit de trouver le meilleur lubrifiant pédagogique pour faire entrer les données dans les cerveaux ? Même chose que pour Fresler: la philosophie est-elle donc une entreprise d'emmagasinage de données ? Peut-être conviendrait-il ici de distinguer la mémorisation du souvenir... D'accord comme méthode de vérification. Mais il ne s'agit pas de vérification ici.
  12. Je suis aux prises avec une interrogation de la plus haute importance. Un étudiant, collègue d'un cours de philosophie que je fréquente actuellement, m'a récemment écrit, ayant remarqué que j'avais une aisance et un talent naturels (sinon surnaturels) pour cette matière, afin de me demander des conseils sur la manière dont il convient d'étudier la philosophie. Car voilà qu'il est un peu pris au dépourvu, qu'il ne parvient pas à trouver le fil conducteur de sa matière, qu'il ne sait trop comment s'y prendre et qu'il peine à retenir quoi que ce soit. En bref, il me demande comment il faut étudier la philosophie. Or, je dis que c'est une question de la plus haute importance car elle renvoie tout d'abord à la question de savoir ce qu'est exactement la philosophie, puisque l'idée est de, je crois, lui présenter la matière de manière à ce qu'elle puisse avoir du sens en son âme et conscience. Devant un aussi épineux problème, je vous demande donc à tous de m'aider à établir ou du moins à proposer des idées quant à ce qui conviendrait de répondre à un tel étudiant. Je m'attends donc à ce que les intervenants aient effectivement étudié la philosophie, en dilettante ou d'une manière plus académiquement formelle. Merci,
  13. Et ? Le plaisir rime à quoi ? Si on construit une machine à donner du plaisir virtuel, sera-t-ielle apte à donner tout son sens à notre vie ? Courons annoncer cette bienheureuse nouvelle aux suicidaires qui n'auront enfin plus à se tracasser avec cette question. Les suicidaires seront heureux de l'apprendre. Il y a une section religions. En philosophie, il s'agit plutôt d'énoncer une raisonnement. Oui, une bonne façon d'éluder la question, c'est de la remettre dans les mains d'un héritier.
  14. Avez-vous déjà lu La nausée de Jean-Paul Sartre ? Je me souviens qu'il s'y trouve un personnage, l'Autodidacte, dont l'occupation consiste à lire systématiquement chaque livre d'une bibliothèque, en ordre alphabétique, ainsi que chaque entrée du dictionnaire. Ce personnage m'avait frappé par l'absurdité parfaite de son activité, et dont la fréquentation ne fait qu'ajouter au désarroi du personnage principal.
  15. C'est pas si con comme analyse Diablotin. Je t'en félicite. Ton idée est donc que la question est a priori absurde, puisque l'idée de sens implique un contexte précis que ne peut nous fournir la vie prise au sens large, puisque cette vie renferme en elle-même tous les contextes possibles et toutes les relations de causes à effet parmi lesquelles il soit possible de déterminer un but ou un sens à nos actions. En somme, la vie est la condition d'existence et de possibilité du sens, aussi est-il absurde d'en demander le sens. C'est un raisonnement intéressant mais par contre, il ne suffit pas à dissiper l'idée que notre vie, que notre existence demande à être chargée de sens. Nous avons besoin de savoir et de sentir que notre existence n'est pas seulement un long convoi funéraire visqueux et inutile. Mais voilà: ton ingéniosité diablotin consiste à ce que tu nous forces à établir deux significations quant au concept de sens: 1) le sens entendu matériellement comme fil conducteur de la causalité; 2) le sens entendu comme sentiment de plénitude (laissons pour le moment ce dernier concept de plénitude dans le vague qui lui convient, et ne l'associons surtout pas avec le plaisir, le bonheur ou quelqu'autre béatitude). Plus encore diablotin, tu nous forces à établir deux modes de perception du sens: 1) par le raisonnement causal; 2) par le sentiment, ou mettons l'intuition. Votre exigence est honorée madame.
  16. Ma foi, celui qui sourd tout au bout de la question "Pourquoi vivre ?" en est un exemple intéressant. Toujours. Mais ma défintion de "clown" n'inclut pas tout individu susceptible de faire rire. Le courage d'affronter ses zones d'ombres par exemple, de se regarder tel que l'on est, d'examiner ses préjugés, etc. L'humour est une excellente arme pour décharger nos préjugés.
  17. Il faut vite courir annoncer aux suicidaires qu'il n'y a pas de raison de désespérer, puisqu'ils participent à l'accroissement entropique de l'univers !
  18. Le sens du ridicule n'est souvent qu'un maquillage qui camoufle la peur de s'exposer aux zones d'ombre de l'existence. Les clowns sont les créatures les plus infectes de la terre. Leurs cabrioles sont à la culture ce que la moulée est à la gastronomie. L'humour devrait toujours servir à donner du courage aux hommes, et non à les infantiliser.
  19. Qu'est-ce que tu appelles "sens" exactement ? Parce qu'au fond, en répondant à cette question, il y a déjà une bonne partie de la réflexion qui sera accomplie.
  20. Oui, et je sais que tu as apprécié mes petits sobriquets coquins, tel que "petite sophiste". Moi je pense que tu joues sur les mots, question de te donner une contenance. Laisse-moi donc le plaisir de te mettre à nu. Par "supériorité", on entendra la légitimité que se donne un individu d'en asservir d'autres. Et donc par "infériorité", on entendra la propriété par laquelle un être peut être légitiment asservi par un de ses supérieurs. Ça te va ? Or, l'affirmation de Spinoza ouvre certainement grande ouverte la porte par laquelle l'homme peut légitimer l'asservissement de la femme. Car en la déclarant inégale à l'homme, ce dernier est justifié de prendre les commandes indépendamment de ce qu'en pense la femme. Maintenant, tu pourras certes affirmer que malgré tout, pour Spinoza, le fait que les femmes soient mises à leur place, c'est-à-dire comme subordonnées des hommes n'est pas forcément une marque d'asservissement mais bien plutôt au contraire une forme de respect des capacités et caractéristiques réelles du tempérament féminin. Mais peu nous importe et à la limite, qu'il aille au diable notre ami Spinoza ! Le fait est qu'en vertu de nos critères moraux actuels, cette idée est certainement une marque asservissante ou du moins, comme je l'ai dit, qui ouvre toute grande la porte à la légitimité de cet asservissement. Que la doctrine des Droits telle qu'elle existe ou de l'égalité des hommes et des femmes puisse être discutée, je veux bien mais dans ce cas, il faut le dire clairement et ne pas jouer sur les mots en entretenant une vaine discussion. Alors, maintenant que tu es belle et bien déshabillée, voyons voir quelle sera ta prochaine offrande ! La concupiscence masculine est une force bien plus terrible que celle des règles.
  21. Non, précisément, non. La philosophie ne consiste pas en une compilation d'avis divers. Mais en un effort pour structurer son questionnement à l'aide de concepts. De plus, si le sujet n'est pas au départ situé à l'intérieur de balises quelconque, ça va partir rapidement en gros n'importe quoi, comme c'est le cas actuellement. On n'obtiendra pas un effort commun et global pour s'attaquer à la question, mais plutôt à des efforts individuels et incohérents qui ne mènent à rien du tout. Dépêche-toi d'aller annoncer la bonne nouvelle aux suicidaires. Et ? Quel sens y a-t-il à participer à l'oeuvre humanitaire ? Ça revient à la bouillie de Mic1: le sens de la vie serait de vivre. Alors, pourquoi faudrait-il faire quelque chose de sa vie ? En vertu de quoi ? Pourquoi c'est sensé ? Qu'est-ce que ça donne ? Ça fait partie d'un plan universel ? Ça fait plaisir à Jésus ? En tout cas, tous ces mauvais traits d'esprit ne donnent certainement pas un sens à la vie.
  22. Comme si tous les phénomènes que nous regroupons synthétiquement sous le concept de "raison" n'étaient pas induits par des phénomènes corporels tout aussi triviaux que les influx d’hormones dans le corps féminin ! Comme si cette raison de l’homme était un phénomène froid, détaché du corps et purement abstrait ! Comme si l’homme n’était pas lui-même sous le joug d’une foule d’instincts plus asservissants les uns que les autres. Enfin, je dis « asservissant » pour respecter la ligne de discussion que vous avez établie – car l’asservissement n’est pas tant le fait de ce qui émane du corps que du dialogue qu’entretient le corps avec le reste du monde.
  23. Mais personne ne dit qu’il est impossible de les comparer ! Mais c’est une chose que de comparer, et c’en est une autre que d’assimiler l’un à l’autre. Je puis établir une étude comparée des pommes et des oranges sans souiller leur singularité propre, comme je puis aussi entretenir ce point de vue perfide qui consiste à affirmer que l’orange n’est qu’une pomme infirme. Vous ne l’avez pas sans doute pas affirmé explicitement, petite sophiste, mais vous l’avez certainement laissé sous-entendre dans ce genre de proposition, où l’orange est dite infirme : « La capacité intellectuelle de la femme dite "intelligente" est de ce fait un acquis lorsqu'elle est davantage de l'ordre de l'inné chez l'homme qui a une prédisposition naturelle pour l'action. » À vous lire en tout cas, c’est certes une thèse qui devient de plus en plus séduisante.
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