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Dompteur de mots

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Tout ce qui a été posté par Dompteur de mots

  1. C'est faux : le cogito est une intuition. Descartes distingue l'intuition de l'induction, la première s'imposant à la pensée tandis que la deuxième s'obtient par analyse, tel que vous le décrivez. Or, le cogito s'impose d'abord à la pensée et l'analyse qu'en fait Descartes ne consiste en fait qu'en une articulation de cette idée. Évidemment, il est facile de se laisser abuser par la structure même de l'œuvre cartésienne, où tout est exposé à la manière d'un cheminement logique (comme chez Platon...). Pourtant, le philosophe donne bien les indications de ce que je viens d'avancer. Par la suite, l'évidence se définit comme la qualité possible d'une intuition (ou d'un raisonnement). Une intuition est première (quelle que soit la reconstitution de l'itinéraire qu'on lui donne). Descartes arrive au cogito, sum. Ensuite seulement, il construit une connaissance nouvelle. Quant aux prétendues indications, pas la peine d'en chercher, l'intégralité de ses deux opus les plus connus en sont l'indication la plus explicite. Affirmer ce que vous dites, c'est faire comme si le doute cartésien n'avait jamais existé, or on ne peut pas faire que Descartes n'ait pas écrit son œuvre. Je ne m'étendrai même pas sur la différence entre une intuition et un axiome. Descartes n'a pas eu une révélation divine dans l'une des encoignures de sa chambre au beau milieu de la nuit dans un état somnambulique... Je voulais vous éviter l’affront d’avoir à vous confronter avec les textes originaux mais puisque vous insistez Euterpe, je me vois dans l’obligation de procéder. Définissons d’abord l’intuition avec Descartes, au travers de la 3e règle pour la direction de l’esprit : « Par intuition, j’entends, non la confiance flottante que donnent les sens ou le jugement trompeur d’une imagination aux constructions mauvaises mais le concept que l’intelligence pure et attentive forme avec tant de facilité et de distinction qu’il ne reste aucun doute sur ce que nous comprenons ». Et voyons maintenant ce passage, toujours dans le 3e règle, quant à la relation entre intuition et évidence : « Pour ce qui est des objets considérés, ce n’est pas ce que pense autrui ou ce que nous conjecturons nous-mêmes qu’il faut rechercher, mais ce que nous pouvons voir par intuition avec clarté et évidence, ou ce que nous pouvons déduire avec certitude : ce n’est pas autrement, en effet, que s’acquiert la science ». Intuition évidente, puis déduction : telle est la méthode de Descartes. Or, si nous examinons l’œuvre du philosophe, le cogito n’est pas déduit du doute cartésien ! Il ne s’y appuie pas le moins du monde ! Aucun élément du doute cartésien ne permet de deviner l’apparition du cogito ! Il n’y a d’ailleurs en tant que tel rien à tirer du doute cartésien, sinon la leçon selon laquelle il devient nécessaire de trouver une vérité indubitable, sur laquelle toute connaissance puisse ensuite s’appuyer. À ce titre, le doute de Descartes est plutôt un défi – ainsi qu’un formidable outil de mise en scène. Il s’agit de trouver une intuition dont l’évidence soit fondatrice et cette intuition, c’est donc le cogito. Votre ennui Euterpe découle de votre compréhension de l’idée que l’intuition doive être « première ». Aucune pensée que ce soit n’est « première » en ce sens qu’elle ne serait précédée d’aucune autre pensée. À suivre votre méthode de lecture, il faudrait chercher les intuitions fondatrices des philosophes dans la première page de leurs ouvrages ! Or, il n’en est évidemment rien. Prenez Schopenhauer par exemple : si vous comptez les préfaces, critiques kantiennes et autres appendices, il faut bien passer quelque 1000 pages avant de tomber sur l’exposition de sa notion de Volonté. De plus, l’intuition de cette dernière a, dans la tête du penseur, bien dû être précédée de milliers d’analyses du corpus philosophique des siècles précédents, et n’aurait sans doute pu advenir sans ces analyses. Mais cela ne veut pas dire que cette intuition en dépende, car le caractère premier de l’intuition est son autosuffisance. Voyez ainsi la structure circulaire, autosuffisante de la formulation même de l’intuition cartésienne, si mal traduite en français : « ego cogito, ego sum », soit « je pense, je suis », et non « je pense donc je suis ». Vous faites le fanfaron avec vos révélations divines mais je suppose qu’il vous est déjà arrivé d’avoir une idée subite sans qu’il ait été besoin que vous fussiez somnambule ? Au petit coin par exemple ? En faisant votre toilette matinale ? En avalant votre café ? Ou même dans les plaisirs de la chair ? En tout cas, je demeure perplexe quant à ce que vous puissiez y voir l’œuvre d’un Dieu quelconque. Il serait éventuellement intéressant de mettre ceci en conjoncture avec votre amour des dialectiques divinement insouciantes – amour qui, comme nous l’avons vu, dans l’attachement excessif à la forme de l’œuvre, va jusqu’à teinter votre appréciation de ce bon vieux René. *** Mes excuses pour avoir violé ce sanctuaire sacré. La conception est une intellection qui construit des concepts. Intuition, conception, c'est la même chose. Tiens ? L’évidence vous passe sous le nez Euterpe (et c’est le cas de le dire !), par force de votre obstination. Descartes parle d’une conception « évidente ». Donc, on peut concevoir de manière non évidente. Comme le faisaient, aux yeux de Descartes, les philosophes scolastiques qui spéculaient n’importe comment sur n’importe quoi. Or, l’intuition a un statut spécial, c’est une conception qui s’impose à la pensée. De là, il va de soi que Descartes considérait que son cogito était une « conception évidente », c’est-à-dire une intuition. Aussi ce point ne semble plus devoir faire l’objet d’un débat. Ce qui reste de controverse porte plutôt sur l’interprétation du sens de cette intuition. De votre côté, vous prétendez que cette intuition s’obtient de manière analytique : « on distingue, on différencie, on sépare, on analyse, et on trouve ce qu’il y a à trouver. ». De mon côté, je tablais plutôt sur son côté instinctif, sans nier que cette intuition puisse être précédée et suivie d’un travail d’analyse. Supposons un instant que Descartes ait obtenu la conception du cogito par un pur travail d’analyse; autrement dit, qu’il ait tout simplement trouvé ce qu’il y avait à trouver. D’où vient alors l’évidence qui l’accompagne et qui en fait une intuition en bonne et due forme ? Pourquoi Descartes est-il tombé amoureux de cette conception précisément ? Pourquoi en a-t-il tiré une telle force créatrice ? Alors, comme ça, "il s'agit de trouver une intuition..." On part en balade, baluchon sur l'épaule et... on cherche ? Et puis, à force de chercher, inévitablement, paf le chien ! on trouvera une intuition ? Vous faites encore le fanfaron Euterpe. Mais remarquez que les pérégrinations de Descartes, autant physiques que philosophiques s’apparentent bien, en quelque sorte, au type d’aventure dont vous parlez. Quelle autorité as-tu pour te prononcer de la sorte ? On pouvait ne pas être d'accord avec mon propos, mais il était sérieux et bien construit. Il avait sa place sur un forum de philosophie. Ton Camus n'est qu'une buse et ma crotte vaut de l'or.
  2. Les philosophes s’engagent et militent sur un plan qui est imperceptible pour la plupart. Ils cherchent essentiellement à bouleverser la manière dont nous sentons, représentons et articulons les choses du monde. Leur compétence est dans la manipulation des idées, et non dans la gestion de la vie collective. Par la suite, les idées d’un philosophe passent par un long processus de « doxification » par lequel elles imprègnent lentement la société (si elles ont la force nécessaire, évidemment). Le travail d’un philosophe – sur l’écologie mettons – peut mettre des générations à percer le champ académique et à dicter les analyses des sociologues, économistes et autres spécialistes du collectif, puis à envahir le champ de la politique et du public. « Pas médiatisés » ? Je crois que y’a pas meilleur moyen de faire tomber un audimat ou un tirage que de fourguer de la philo. La philo n’est pas vendeuse, pour la bonne raison que la majorité n’en a que faire et n’y comprend que dalle. Et non, la philosophie ne disparaîtra jamais. Pour la discrétion des philosophes, je le répète : la philosophie a un mode d’action très profond, mais très lent. Enfin, crois-tu que Nietzsche était une superstar en son temps ? Pas le moins du monde. C’était un ermite anonyme qui passait toutes ses économies à faire éditer ses livres, qui n’étaient lu que par ses amis et quelques hurluberlus, ici et là. Et aujourd'hui ? Qui connait Nietzsche ? 5% de la population ? 1 % ? Qui connait ses idées ? 0.005 % ? Mais qui n'en a pas subit l'influence, consciemment ou inconsciemment ? Il n’y a pas de philosophes qui ont mis en doute la rotondité de la terre et qui se sont questionnés sur le penchant de l’observation télescopique des astres non plus…
  3. Je me suis fait bannir de forumdephilosophie.com parce que j'ai osé contester l'expertise de l'un des modérateurs et propriétaire du site sur Descartes. Évidemment, j'étais arrogant, comme toujours, mais non grossier, et ça ne m'empêchait pas d'être pertinent (d'ailleurs, on m'appuyait en privé et on a même intercédé en ma faveur). Le propriétaire en question m'a répondu sophistiquement et lorsqu'il en a eu assez, il m'a expulsé. Les meilleurs philosophes que j'ai connus sur le web n'ont jamais trouvé leur place dans ces forums spécialisés - je parle de celui-ci et de son ancienne mouture philoforum.com. C'est un nid de bobos ! :smile2:
  4. Il est malheureux que n'ait su s'exprimer plus sérieusement, ou plus philosophiquement cette riche personnalité. Voyons les choses du côté positif: d'un seul coup, la production de sophismes du forum vient de chuter de 60% ! :smile2:
  5. Je n’ai pas été assez précis. J’aurais dû dire que le langage s’instaure à partir d’une pensée simple qui s’élabore progressivement en éléments discontinus. Tout ce qui à la fin du processus est décomposé en textes, propositions, mots est à l’origine un magma simple. Par la suite, le processus langagier insère des coupures qui rendent possible le discours mais celui demeure, quoique l’on fasse, enrobé de sa part cachée, un peu de la même manière que l’on dit que la conscience demeure enrobée par la part obscure de l’inconscient. Bergson illustre bien ce que je viens de dire lorsqu’il parle de l’intuition. L’intuition pour Bergson est du mouvant, de la pensée mouvante que les mots ne peuvent restituer entièrement, mais seulement refléter en faisant image. Il s’agit de tourner autour de l’intuition, de la faire basculer sous tous ses angles afin que le lecteur puisse finir par se figurer en quoi elle consiste. – On voit bien qu’il s’agit là précisément d’une façon de contrecarrer un rationalisme qui accorderait trop d’importance aux mots, aux classifications, aux rapports logiques et qui oublierait que la philosophie et le langage en général ont d’abord affaire avec du vital, de l’organique. Cela dit, Bergson ne retire pas à la logique et à la rationalité tous leurs pouvoirs et leur utilité. Seulement, il les relativise et nous rappelle que la fin de toute réflexion est quelque chose de vital et de mouvant. Ou, pour le dire autrement, la fin de toute réflexion, c’est un homme ancré dans le monde doté d’une profondeur nouvelle, et non seulement l’acquisition d’un savoir momifié. Je peux témoigner concrètement de ce qui vient d’être dit. Lorsque je réfléchis à un problème philosophique, cela ne se fait pas du tout de la manière que tu dis, à savoir par le biais de catégories bien délimitées, de petites boîtes entre lesquelles nous créons des liens. Typiquement, à la lecture d’une proposition philosophique, de ton présent texte mettons, je lève la tête et je fixe un point quelconque – typiquement le frêne ou l’hydranger à tige par la fenêtre. Et là mon esprit flotte pendant un moment. Il se produit une sorte de bouillonnement dénué de déterminations précises. Je suis conscient de réfléchir mais je ne pourrais pas dire alors quelle est mon idée. Si on me le demandait, je bafouillerais, je me perdrais dans de longues hésitations. C’est là la partie organique de l’acte de philosopher. C’est le corps qui parle, ce sont les reins, les poumons, les testicules, les mains, les yeux, le nez qui parlent. Ensuite vient la partie la plus difficile : il s’agit de se raccrocher à l’interlocuteur, à son discours et à se faire une représentation cohérente de sa propre réflexion. On relit alors le texte sur lequel on réfléchit, on en isole les concepts fondamentaux, on en analyse les mouvements fondateurs, on met à jour son intention, puis on se positionne par rapport à ces éléments. On définit ses propres concepts – qui ne sont pas des boîtes mais bien plutôt, comme Deleuze le dit, des plans où la pensée peut évoluer – c’est-à-dire qu’ils ne sont pas des segmentations strictes mais bien plutôt segmentations ouvertes; des morceaux de continuité (j’assume le paradoxe). Puis on établit sa propre intention générale, son propre mouvement fondateur : c’est le négatif de la composition à venir. Ce n’est ensuite seulement qu’intervient la composition du discours en tant que telle, où tout devient en apparence emboîté – alors qu’en fait, la teneur réelle du discours n’est pas emboîtée. Ce qui est emboîté, c’est le contenu conventionnel du discours, lequel n’en est qu’une infime partie. Le défi de celui qui dialogue avec autrui n’est pas différent du défi existentiel qui habite l’homme face à ses semblables : il s’agit de parvenir à être soi-même parmi les autres, de faire le juste compromis entre ce qui entre en soi de sauvage d’une part et de grégaire de l’autre. Dans le langage comme dans la vie en société, l’homme moderne se trouve extrêmement tendu entre d’une part un monde de possibilités incroyablement riche – la parole n’a jamais été aussi libérée et l’individu n’a jamais eu autant de possibilité de réalisation sociale – et d’autre part un monde de conventions incroyablement étouffant, car les nécessités du système sont tentaculaires et omniprésentes. C’est-à-dire que la présence de l’interlocuteur est en quelque sorte anticipée en soi-même, et c’est dans cette anticipation que se tisse le discours. Mais en deçà de cette conversation intérieure, il y a des processus d’élaboration qui ne se réduise pas au modèle de la conversation; par exemple, celui par lequel un concept acquiert sa substance, je veux dire son étendue et sa capacité à faire se converger les différents rayons d’une même pensée. L’intuition est irréductible à la conversation.
  6. Je pense que vous confondez le finalisme avec la simple idée de finalité. Un homme peut avoir comme finalité de se confectionner un panini, mais cela ne signifie pas que cet homme soit placé automatiquement au cœur d’un système finaliste. Le finalisme théorique veut que le devenir des choses soit intrinsèquement guidé par une finalité, donc par une essence fixée à l’avance. Or, dans le cas du handicapé, si on dit qu’il est désavantagé par sa cécité lorsque vient le temps de se confectionner un panini, il ne s’agit pas de finalisme parce que la finalité dont il s’agit n’est pas d’ordre théorique mais bien pratique. C’est une découpe locale que l’on fait dans le réel afin d’établir une relation de causalité expliquant une série d’actions, et non un passage à l’essence des choses. J’ai pourtant répété plusieurs fois que je partais d’une vision pratique des choses. 2 façons de définir ce qu’est un handicap : par rapport à une norme sociale statistiquement établie, comme tu viens de l’évoquer, ou alors par rapport à une analyse fonctionnelle, où on tisse des liens entre les activités et les capacités usuelles de l’homme. Par exemple, la cécité pourra être dite handicapante si effectivement elle rend plus difficile la réalisation de certaines activités. Par exemple, au basket, un joueur de 1.1 m pourra être dit handicapé par rapport à un joueur de 2.3 m. Autrui est encore partie prenante dans cette deuxième méthode mais c’est bien la fonction qui est le socle de l’analyse, tandis que c’est autrui qui l’est dans la norme sociale statistiquement établie. En quoi cela serait-il moralement dangereux ? Il me semble avoir déjà démontré que l’éthique usuelle envers les personnes handicapées découle de cette vision de la chose. « Les yeux ne sont pas faits pour voir. » Mais qu’est-ce que vous me chantez là ? Vous vous faites ici l’exemple type du dialecticien qui se perd dans des contorsions absurdes aux dépens du contenu philosophique. Que faites-vous de ces esprits éclairés qui, intuitivement, verront la lacune qu’il y a pour une casserole de ne pas être munie d’une poignée ? De même que ces esprits verront que le mutisme et la surdité de l’un rend plus difficile la communication avec ses semblables – car la parole est plus flexible et plus rapide que le langage des sourds et muets. Non, justement : la compétition qui anime les êtres vivants n’a rien à voir avec celle qui anime une poignée de joueurs de foot. La victoire est un objectif artificiellement établi, alors que la vie est une condition naturelle, et non un objectif. Personne n’a pour objectif de vivre, mais seulement, les hommes trouvent cette condition déjà écrite en eux. Par suite, ce sont les conditions naturelles de la vie dans son phénomène général qui induisent la compétition.
  7. Soit dit en passant, j'ai glissé par erreur le nom de "Jedino" sur plusieurs citations qui appartiennent en fait à Cassandre. Jedino est cité une seule fois vers le milieu de mon intervention. C'est-à-dire qu'il y avait 2 conversations en parallèle. Je reviendrai sur les débouchés de la philosophie de recherche.
  8. Vous n'avez jamais pointé les mots désobligeants de NJ envers moi-même ainsi que les autres forumeurs par contre. Pourquoi ? Comment définissez-vous l'excellence et la perfection en philo ? Je parie que vous n'y avez pas pensé. Une habileté à discourir élégamment, à citer des auteurs ? Et bien moi, je la définis comme une aptitude à se questionner, à prendre du recul, et à poser des marqueurs qui puissent rendre sa pensée intelligible aux autres. Et cela, n'importe qui peut potentiellement y arriver, à force de transparence et de doute. Et donc, il y a certes des êtres maladroits et peu cultivés qui, par leur aveu d'ignorance, leur façon de douter et d'écouter se rendent plus admirables que des êtres cultivés et habiles, mais qui palabrent à tort et à travers. L'essentiel de la philo est là, dans cette lutte, dans cet effort constant pour hausser la tête au-dessus de ses propres préjugés, et non dans l'énoncé de ses opinions. Quand un homme s'est donné la peine de mener cette lutte pénible, vous le sentez par les accents les plus fins de son discours: son écriture prend une profondeur nouvelle, les mots deviennent lourds - non pas une lourdeur stylistique mais bien une lourdeur de sens, ils deviennent empreints de solennité, de sérieux. Le sérieux de celui (ou de celle) qui est allé au front. Je prends un exemple au hasard : prenez un type comme Jedino : Clairement, ce jeune homme « has been in the shit ». Et il y retournera encore ! Regardez la fragilité de ces assertions, comment l’esprit met un pied devant l’autre avec peine, comment chaque mot est découpé, comment cet esprit valse au bord du précipice. Et bien c’est cela la philo : c’est d’aller jusqu’au bord de l’abîme et s’y pencher pour voir ce qu’il y a au fond, d’oser y descendre même, pour les plus aventureux, et qui sait, peut-être d’y faire des découvertes inattendues. Le débutant doit essentiellement se taire et rassembler ses forces pour s’approcher de cet abîme. Il doit une déférence à l’égard de ceux qui osent, ne serait-ce que pour apprendre à oser. Se taire ne signifie pas de ne rien écrire sur un forum de philosophie. Cela signifie de ne pas spéculer à tort et à travers, de ne pas vomir toutes ses opinions et ses pensées préfabriquées sur la place publique. La philosophie n’est pas une affaire de moutons, mais bien une affaire d’homme (ou de femme), une affaire de virilité (hors de toute discrimination sexuelle) de l’esprit. Se taire signifie d’opter pour un discours sceptique et hypothétique avant toute chose – de formuler des interrogations, de s’informer, de préciser les concepts, etc. Il y a une longue route à faire avec le doute pour seul ami. Après vient l’abîme. Mais l’attitude usuelle du débutant, telle qu’on la trouve ici, est de s’asseoir comme on s’assoit sur la place du village entre tontons et d’élucubrer de manière efféminée (sans discrimination sexuelle (décidément, ce vocabulaire sexiste est obsolète, mais je ne trouve pas d’alternative aussi frappante). Mais vous vous rendez compte que je ne vous blâme pas personnellement (bien que je regrette votre manque de scepticisme). Depuis le début, nous parlons d’un individu qui justement s’exprime sur tous les sujets, qu’ils soient maîtrisés ou non. Pas le moins du monde. De tels sujets sont ouverts à tous. Seuls les sujets littéraires devraient être réservés aux initiés. Mais quand vous voyez l’autre beauf rappliquer avec ses opinions toutes faites à la noix, sans en plus fournir d’arguments, sans articuler ses opinions selon des concepts définis, quelle philosophie y’a-t-il là-dessous, je vous le demande. Je pense qu’un bon philosophe se doit de travailler à l’élévation de la pensée. À ce titre, il doit donc avoir ses exigences. Après, tout est une question d’éthique. Vous croyez quoi ? Que je déteste les gens qui ne savent pas philosopher ? Non. Je déteste la mauvaise philosophie, voilà tout. L’attitude usuelle du philosophe est toute de patience et de tolérance, ce qui est très bien. Et bien moi, je suis ce pitre un peu rustre qui pisse sur la foule une fois de temps en temps, question de la tenir en haleine. C’est comme ça. Je l’ai dit ailleurs : je suis un éternel insatisfait. Mais j’aime aussi profondément mes semblables, même lorsqu’ils m’insupportent. J’aime les golden showers, voilà tout. Mais il ne suffit pas de vouloir philosopher pour philosopher. Il y a un apprentissage à faire. Sinon, ce mot ne veut plus rien dire. Et j’y tiens à ce mot. Alors basta !
  9. Tiens tiens... un cul-de-jatte qui donne des cours de foot !
  10. La philosophie politique a des préoccupations qui ne sont pas les mêmes que la politique. La première s'intéresse aux fondements des systèmes politiques, à leurs origines, à leur évolution, à leur devenir possible et à leurs relations avec les autres branches de la philosophie et de la connaissance en général. Bref, son but est d'étudier la politique comme phénomène général de la gestion collective des intérêts d'une société. Tandis que la politique s'intéresse à l'art de la gestion collective des intérêts d'une société: elle est à la recherche d'une sagacité plutôt que d'une sagesse, d'une compétence effective plutôt que d'une connaissance théorique. Évidemment, ces deux disciplines ne fonctionnent pas en vase clos mais la spécialisation des tâches étant ce qu'elle est, il appert que les philosophes de la politique deviennent plus efficaces lorsqu'ils se regroupent et même chose avec les politiciens.
  11. Oh mais je ne tiens pas le moins du monde à m'arroger un pouvoir législatif sur ce forum, mais bien simplement à exprimer et à partager l'exigence qui m'habite et qui, je l'espère, sera comprise et adoptée par les autres. De plus, cette exigence n’a pas du tout une saveur idéologique qui m’est propre : elle ne correspond en fait qu’aux préceptes énoncés de tout temps par les grands philosophes, à l’effet que la philosophie demande un effort, un recul sur soi-même, un questionnement sur ce qui est tenu pour acquis, une rigueur dans l’enchaînement des raisonnements, etcetera, etcetera. Eh quoi ? Est-ce que sous prétexte qu’il s’agit d’un forum généraliste je pourrais me permettre d’aller en section sciences lancer à tout vent que la terre est plate ? Oui ? Et je suppose que cette grandiloquente proposition émane d’une réflexion profonde ? Et non pas du tout du fond de vos années de catéchisme scolaire ? Qu’est-ce que vous appelez « respecter » d’abord ? L’assentiment bovin pour tout ce qui émane d’autrui ? Moi en tout cas, je ne bois pas de cette eau-là. Ma façon de respecter n’exclue pas d’avoir à m’opposer à autrui, à assumer mes antagonismes. Car pour respecter, il faut savoir se respecter soi-même, il faut savoir assumer la place qui nous revient dans le monde. L’inclination, l’à-plat-ventrisme pousse au contraire au dédain et au mépris de soi-même et des autres. Je suis par ailleurs de l’avis qu’il y a des institutions, des valeurs qui sont plus grandes que les individus et sur lesquels toute idée de société ou de vie collective se fonde. En l’occurrence, sur un forum de philosophie, la philosophie est plus importante que chacun de nous – je veux dire que l’acte de débattre, de partager nos pensées et tout l’art qui s’y rapporte et doit se rapporter à ces actes sont ici plus importants que les aléas de chacun. Le fait de tout tourner en vitrine du narcissisme contemporain empoisonne la vie, chaque jour un peu plus sournoisement, et c’est ce que la plupart ici font. Ce forum n’est qu’un appendice de la facebookisation du monde collectif. Je respecte mon prochain mais ce respect s’inscrit dans un cadre réflexif, dans un souci de l’élévation collective, et de l’élévation de chacun, dans un souci du fleurissement de la vie collective, non pas dans cette moraline à la guimauve qui laisse l’autre errer dans son palais des miroirs et s’y masturber à qui mieux mieux – l’aspiration la plus profonde du vulgaire. Je pourfends NJ mais cette bataille est soutenue par un cadre réflexif, comprenez-vous ? NJ est cette créature errante enfermée dans son palais des miroirs, bougresse d’anarchiste qui sape les fondements d’une collectivisation possible de la pensée, qui récuse toute forme d’institution – grammaticale, rationnelle, logique, traditionnelle, littéraire – et qui tapisse les murs de cet espace de partage de ses escapades mentales, tissu d’incohérences ayant une certaine valeur poétique, certes, mais aucune valeur philosophique. Et si c’était de la provocation visant à ébranler le socle trop rigide de la tradition philosophique, comme elle se complaît sans doute à le penser ? Ah ! Mais encore faudrait-il qu’un tel socle soit installé en ce lieu. Mais ce n’est pas le cas. Il n’y a ici aucune terre à retourner, aucun mausolée à revivifier. D’ailleurs, soyez certaine que si ce forum était un nid de vieilles momies palabrantes, je serais le premier à me lancer dans la provocation tous azimuts des formes traditionnelles de la philosophie. Face au collectif, je me retrouve toujours naturellement dans cette mince franche qui délimite l’établi de l’à-venir. Je suis un éternel insatisfait, mais je suis aussi ridiculement sensible envers mes prochains. Je suis un passeur de l’esprit. Or, ce qui est établi ici, c’est la masturbation. Et ce qui est à venir, c’est l’avènement de formes collectives qui nous dépassent et qui règlent notre réflexion, ou plutôt le partage de nos réflexions. Vous savez, je subodore fortement que les idées profondes de NJ sont en plusieurs points semblables aux miennes au fond; seulement, elle est incapable de les articuler de manière claire et cohérente, et cela tout simplement parce que ce n’est pas son objectif principal. Peu importe si je me trompe. D’ailleurs, je ne peux pas me tromper, je ne peux qu’échouer. Et si j’échoue, le monde s’écroulera sous nos pieds. Vous allez me dire que ces propos sont ridicules et que c’est moi qui fait preuve de narcissisme. Non ! Seulement, j’accorde de l’importance à ce que je pense et à ce que je vis. Si nous ne réussissons pas tous individuellement à nous élever, à vaincre cette tentation narcissiste, alors le monde s’écroulera effectivement. Par suite, la réussite collective dépend des réussites individuelles. C’est pourquoi je m’octroie une part de la destinée universelle. Mais je demeure tout de même conscient de l’échelle d’action qui est la mienne, de mon inéluctable et profonde insignifiance.
  12. Un enfant qui désire apprendre à jouer à un jeu mais qui ne fait aucun effort pour apprendre et respecter les règles du jeu, comment on le gère ? C’est ça : il ne s’agit pas de lui répéter ad nauseam la teneur du jeu et de ses règles, mais de l’écarter, de manière à ce qu’il comprenne que son désir doit se conjuguer avec une certaine obéissance et un certain effort, que cette conjugaison est de l’ordre du nécessaire, et non du conditionnel. C’est exactement ce qui se passe sur ce forum : on a un noyau de philosophes sérieux, plus ou moins habiles, plus ou moins convaincants, mais honnêtes dans leur désir d’apprendre et de débattre, et tout autour, une masse envahissante d’individus qui n’écrivent au fond que leurs misérables opinions, parfois sans même présenter le moindre argument, et qui sont satisfaits de cette manière de faire et qui s’imaginent le plus sérieusement du monde qu’il s’agit là de philosophie. Vous-mêmes vous êtes la prêtresse de cette masse – peut-être ne vous en êtes-vous pas aperçue ? – sanctifiant sa « spontanéité » - qui n’est qu’un euphémisme pour « manque d’effort », bénissant son culte de l’opinion, son abjection du discours raisonné, son préjugé à l’effet que le discours raisonné tue la passion et le sentiment, donc son anti-intellectualisme, son manque de respect de la langue, sa tendance au zapping de la pensée, et pourfendant – maladroitement – les esprits plus exigeants du forum, ceux qui ont la teneur nécessaire pour être des pédagogues. Vous êtes cette voix qui retient l’enfant à l’intérieur du jeu – ne serait-ce qu’implicitement, qui implore pour sa pitié et pour qu’on lui répète inlassablement les règles – niant du coup que la pédagogie doive s’exercer sur des éléments désidératifs et faisant le jeu des rationalistes que vous décriez d’ailleurs, vous êtes cette voix qui retient sur la scène la turbulence et l’immaturité de cet enfant, troublant non seulement le cours même du jeu mais détruisant aussi la possibilité même d’apprendre de cet enfant. Vous êtes la fossoyeuse de ce forum de philosophie, voilà ce que je pense. Ou plutôt, vous aspirez à l’être. Car devant se tiennent une cohorte de guerriers solides et exigeants. Les voilà mes bons philosophes (à l’échelle de ce forum, bien sûr) : Tison, Théia, Déjà, Anna Kronisme, Jedino, Quasi-Modo, Mr Léon, Talon, Léopardi, Crabe, Savonarol et Blaquière lorsqu’ils le veulent, Poxy malgré sa discrétion. Enfin, je suis généreux. Sinon, je ne dis pas que les autres ne sont pas intéressants ou qu’ils n’ont pas d’aptitude philosophique; je dis seulement que je n’en vois pas la constance. Je souhaite que cet échange se poursuive de manière constructive. Cordialement,
  13. Tison a participé. Théia non: j'ai confondu 2 topics.
  14. Moi je te salue pour ton exigence et ton impatience. Enfin quelqu'un qui désire davantage que ces vains cacardements ! Que dire des toujours pertinents Tison et Théia ?
  15. Que non ! Elle est vivante, dynamique, elle produit de grandes sensations, elle est passion joyeuse !
  16. Oui, c'est bien connu: l'existentialisme, la phénoménologie, la méthode scientifique, l'histoire naturelle, la science économique, l'humanisme, l'évolutionnisme, l'écologisme, le démocratisme, la liberté individuelle: toutes de bonnes vieilles créations grecques.
  17. Que dire de l’histoire de la Grèce ? Ou même de la France ? Pourquoi l’histoire de l’Allemagne pèse-t-elle davantage dans la balance ? Les grands penseurs de la philosophie n’ont jamais affirmé que l’art de penser ou d’intuitionner s’apprenait de manière académique. Seulement, il va de soi que de connaître les pensées du passé est essentiel à quiconque s’intéresse aux problèmes du monde, ne serait-ce que pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Dans le foisonnement des individualismes, dans l’accaparement actuel de la philosophie par le vulgaire, il est plus que jamais nécessaire qu’il y ait des cercles solides afin de préserver la tradition philosophique. Sans les universités, nous serions condamnés à apprendre la tradition philosophique via des lieux comme ce forum, et via des individus tels que vous – ce qui est la pire horreur imaginable. Idem pour ce qui est de l’humanisme, des sciences humaines, de la psychologie, de la psychanalyse, des éthiques pacifistes, de l’éthique tout court, de la démocratie, et de toutes ces belles choses qui nous permettent de nous comprendre et de vivre ensemble. De façon générale, les idées – bonnes ou mauvaises – naissent dans les milieux d’idées. Ainsi, il est aussi vrai qu’il y a tout un courant d’idées racistes qui a fleuri dans le sillage de Gobineau, et qui n’est pas étranger à l’arrivée du nazisme. Maintenant, si on peut affirmer que les milieux d’idées ont concouru à l’essor du nazisme, serait-il possible d’affirmer que les milieux populaires y ont aussi concouru ? Il me semble que cela va de soi. Oui, c’est bien connu que le génocide rwandais a été l’affaire d’européens, de même que le génocide arménien par l’Empire ottoman, puis le génocide des Khmères au Cambodge, celui du Darfour, le génocide des algonquins et des hurons par les iroquois, etc. Et tenez: je vais vous faire plaisir en citant encore le magnifique ouvrage de Hearne A Journey from Prince of Wales’s Fort in Hudson’s Bay to the Northern Ocean, où l’explorateur raconte comment les amérindiens Chippewas massacrèrent tout à fait gratuitement une communauté inuit – femmes et enfants inclus. Qu'est-ce que ça signifie ? De quelle "question de la philosophie" parlons-nous ici ?
  18. Oui. Comme souvent en philo, nous n’avions besoin que d’accorder nos lexiques. Le concept de « sélection naturelle » ne s’applique pas à l’orientation de cette sélection mais bien à la nature même du processus. Question de perspective. Pour moi, la culture n’est qu’une catégorie du naturel, de la même manière que les mammifères sont une catégorie des vertébrés. De ce point de vue, la sélection appartient à une catégorie qui englobe la culture et qui la dépasse. Pour cette raison, elle a le droit de garder son titre de « naturelle ». À l’échelle cosmique, les activités culturelles de l’homme ne détonnent guère du cours naturel du monde. Et à l’échelle terrestre, le passage de l’homme ne modifie guère le cours de la sélection. À peine une petite période d’excitation particulaire… Certes. J’offrais un raisonnement philosophique personnel, et non une analyse politico-légale de la responsabilité.
  19. À l’opposé de quelles connaissances scientifiques ? Questionnons n’importe quel handicapé, je pense qu’il acceptera volontiers l’idée qu’il lui manque quelque chose. En fait, ce serait lui manquer de respect d’affirmer qu’il est comme les autres. L’éthique usuelle envers ces personnes veut justement que nous reconnaissions le manque dont ils souffrent et que nous aidions à y pallier. C’est un désavantage d’être aveugle, d’être trisomique ou d’avoir une jambe en moins; je ne vois pas comment on peut nier cette idée. Maintenant, cela ne signifie pas automatiquement cette idée grotesque selon laquelle leur « essence fondamentale aurait dégénéré ». Le constat selon lequel il leur manque quelconque ne découle pas de l’idée d’une essence a priori mais bien d’une comparaison pratique avec les autres individus. Non, il n’y a pas d’essence de l’homme abstraite et éternelle. Il n’y a que des individus qui sont en relation de compétition implicite – certains étant avantagés et d’autres désavantagés. Je ne parle pas de supériorité non plus, mais bien d’avantage. Je n’affirmerais certainement pas que Georges W. Bush est supérieur à Stephen Hawkins. Ce qui ne m’empêche pas d’affirmer que du point de vue de la motricité, Georges avait un sacré avantage par rapport Stephen. Je n’ai jamais affirmé que le handicap était une notion absolue.
  20. Dompteur de mots

    L'âge adulte

    Le philosophe dit "devient ce que tu es", et non "deviens adulte". La catégorie d'adulte est utile en biologie, en sociologie et dans les sciences humaines en général - où on peut la définir strictement. Mais dans l'éthique individuelle, qui travaille donc à devenir adulte ? Qu'est-ce tu feras quand tu seras devenu adulte ? Tu vas te reposer ? Tu vas célébrer ?
  21. Dompteur de mots

    L'âge adulte

    Quelle est la problématique philosophique exactement ? Pourquoi est-ce important de déterminer ce qu'est un adulte ?
  22. Tu as un esprit classique Déjà ! :) Classique, c'est-à-dire animé par une disposition épistémologique fondée sur la recherche de l'ordre et de l'universalité; où c'est la taxinomie des choses qui détermine l'articulation du savoir et des propositions. C'était une simple observation hors-sujet.
  23. En quoi tous les philosophes s’accordent-ils entre eux ? Sur la nécessité de réfléchir notre rapport à la vie afin de rendre celle-ci meilleure, de cultiver le doute et de se méfier de ce que le peuple tient pour acquis (pour résumer grossièrement). Voilà ce qui est à peu près invariable d’une époque à l’autre et qui constitue le fil conducteur de ce qu’on appelle la philosophie. Après, tout votre propos nébuleux sur la nature de la vérité est quelque peu obsolète. Obsolète car les conditions de recevabilité d’une thèse n’ont plus à être établies, les structures qui encadrent le cours du savoir, tant scientifique que philosophique ayant atteint une certaine maturité. Il n’y a guère que dans le domaine de l’éthique individuelle que cette maturité soit toujours à refaire et donc jamais acquise, car là l’expérience ne repose pas sur des bases communes à établir mais bien sur un devenir singulier à définir. Aussi parler de vérité dans ce contexte n’a plus de sens pour personne depuis longtemps déjà – je veux dire personne qui soit doué d’un esprit critique, entendu que la masse a ses vérités aux critères souvent arbitraires. C’est pourquoi on peut plutôt, comme le fait Bergson, parler de l’intuition : de ce qu’elle signifie, de la manière dont on peut la rencontrer, de sa valeur, etc. Cette façon de faire présente deux avantages significatifs : elle nous présente un processus somato-psycho-épistémologique analysable et commun à tous plutôt qu’une nébuleuse entreprise d’exégèse antique telle que celle que vous nous proposez et d’autre part, elle dissipe le malaise (palpable sur ce fil de discussion) lié à l’inévitable composante morale qui flotte autour de votre démarche. L’analyse de ce qui rassemble les philosophes est d’habitude présentée de manière implicite dans une étude quelconque. Ainsi, si on traite de ce qu’est la philosophie politique, on exposera d’abord ce qu’est la philosophie politique, ce que sont ses problèmes, ses enjeux, ses courants, ses méthodes, ses objectifs, ses idéaux, etc. Bref, on expose ce qui lie les philosophes traités entre eux. Même chose si on prend la philosophie générale. Puis chaque philosophe sera présenté dans la singularité propre de son parcours, de son devenir de philosophe, de manière à ce que son œuvre soit contextualisée et caractérisée. Mais le socle commun est nécessairement présenté en premier lieu car sans ce socle, la possibilité même de mener une étude rassemblant plusieurs philosophes différents n’existerait pas. En somme, je ne sais pas trop de quoi vous voulez parler avec votre « la plupart du temps… » ! :D
  24. Considérez-vous donc que la fréquence d'apparition d'une idée soit un critère de sa vérité ?
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