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Croyance en Dieu et philosophie sont-elles compatibles ?
Dompteur de mots a répondu à un sujet dans Philosophie
Dans les deux cas, la source n'est nulle autre que l'homme qui pense. -
Croyance en Dieu et philosophie sont-elles compatibles ?
Dompteur de mots a répondu à un sujet dans Philosophie
Merci. Évidemment, ça n'empêche pas que le philosophe doive tenir compte des enseignements de la science. On a souvent dans l'histoire tenté de faire passer des idées morales en prétendant que ces idées étaient en quelque sorte inscrites dans les propriétés de la matière. Or, la science nous donne l'heure juste à ce sujet. On utilise souvent le concept de Dieu comme une occasion de ne pas réfléchir alors que je le vois plutôt comme rassemblant en lui toutes les occasions de réfléchir, sinon la possibilité et la nécessité même de réfléchir. -
Croyance en Dieu et philosophie sont-elles compatibles ?
Dompteur de mots a répondu à un sujet dans Philosophie
Vérité cachée, certes, lorsqu'il est question de Logos, ou de rationalisme. Plus pratiquement, la rationalité est tout simplement un type de discours qui rend possible la mise en commun respectueuse dont j'ai parlé dans mon message précédent. Elle est un effort d'énonciation des différences et des ressemblances entre différents interlocuteurs et différentes idées, plutôt que d'être un simple défi lancé à la face de l'autre, dont l'incompatibilité préjugée et assumée ne peut mener qu'à une escalade des moyens de pression ou, plus banalement, à l'indifférence réciproque. Ça n'empêche pas que l'on puisse discuter philosophiquement des limites que l'on doit assigner à la tolérance et au respect d'autrui, voire à la mise en commun des idées. -
Croyance en Dieu et philosophie sont-elles compatibles ?
Dompteur de mots a répondu à un sujet dans Philosophie
La philosophie a pour principe premier d'être une mise en commun des réflexions individuelles dans une optique d'enrichissement collectif. Or, pour ce faire, elle doit s'aménager un espace où ses intervenants puissent discuter de leurs positions respectives et les mettre à l'épreuve, donc un espace qui soit animé par le respect des différences. Concrètement, cela signifie que chacun doive s'engager à défendre leurs idées et à garder ouverte la possibilité de changer d'opinion face à une position qui soit mieux défendue. Il y a deux tendances qui à terme brisent cet espace de respect. Appelons-les: A. essentialisme et B. déconstructivisme. L'essentialisme concerne directement ton interrogation Théia. Elle désigne ceux qui sont convaincus d'avoir trouvé la vérité. En entrant dans l'espace philosophique avec cette attitude, le résultat est évidemment faussé à l'avance et le débat perverti. Et de ce fait, l'enrichissement collectif qui résultait de la collision d'opinions diverses se trouvé diminué. Quant au déconstructivisme, il pose la thèse que tout débat d'idée n'est au fond qu'un jeu politique, où chacun défend secrètement ses intérêts. Cette enferme les déconstructivistes dans une méfiance à l'égard de tout discours intellectuel, qui se trouve-lui même au fond diminué dans sa valeur intrinsèque. Par conséquent, les déconstructivistes sont réfractaires à l'idée du partage d'idées, et développent une forme de cynisme par rapport à leur propre discours. Cela dit, notons que plusieurs essentialistes, s'ils partagent une certaine base commune, peuvent parvenir à créer un espace d'enrichissement collectif entre eux. De même que cet échange collectif puisse contenir des éléments intéressants pour des personnes qui ne partagent pas les mêmes idées de base. C'est le cas de la pensée de plusieurs philosophes chrétiens qui restent d'actualité, encore aujourd'hui. La trajectoire que connaît la civilisation moderne et postmoderne, qui chemine sur des idéaux de respect universel et de démocratie tend toutefois à élargir de plus en plus le bassin de la diversité des idées. Par conséquent, elle commande aussi, pour maintenir l'espace philosophique de respect des différences, un doute toujours plus grand à l'égard de soi-même. Ce ne sont certes pas tous les esprits qui ont l'échine assez solide pour supporter cette charge mais il s'agit tout de même du prix à payer pour atteindre aux plus grandes profondeurs du débat philosophique. *** Ok, Cassandre va rappliquer là-dessus en me rappelant ma grande intolérance dans 3, 2, 1... -
Croyance en Dieu et philosophie sont-elles compatibles ?
Dompteur de mots a répondu à un sujet dans Philosophie
J'ai déjà publié ailleurs ce texte qui je crois répond plus ou moins directement à la question posée par Théia (dont je salue l'hypophyse): -
En effet, tu as bien raison Déjà !
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Voilà ce que je n'ai pas eu la force de formuler dans ce petit sous-débat. Que rajouter à ceci ? Décidément Yop, vous avez une belle tête.
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Il s'agit précisément d'amener un peu de réalité dans ce grand bric-à-brac. En l'occurrence, une réalité philosophique. Pourquoi ne pas laisser monsieur et madame tout le monde participer à la vie collective comme il l'entend ? Pourquoi ne pas laisser chacun éduquer son enfant comme il l'entend ? Pourquoi ne pas laisser chacun payer la part d'impôts qui lui convient ? Parce que la vie collective est impossible lorsqu'elle n'est plus guidée par des principes qui forcent chacun à aller au-delà de ses penchants immédiats pour contribuer à la vie commune et à son élévation. C'est exactement la même chose en philo: si n'importe quel discours est admis comme étant philosophique, alors il n'y a plus de philosophie possible, il n'y a plus d'élévation de la réflexion possible. Ne voyez-vous pas que je suis en fait le Sauveur de ce forum, que je suis une sorte de prophète, à ma façon ? Lobotomie, ou: Comment je me suis donné une attitude décontractée pour dissimuler ma déconfiture.
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La philosophie exige un certain niveau de réflexion. Ce n'est même pas un postulat, c'est une condition constitutive même de la chose. Ce que vous appelez "philosophie" n'est que la parodie anarchique de ce qu'est la philosophie. Mais dites-moi, vous vous y connaissez en philosophie pour venir nous en parler de la sorte ?
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Vous soutenez donc que la quantité soit un gage de la qualité ? Vous seriez du type à soutenir que l'audimètre devrait être le seul facteur à entrer en ligne de compte en ce qui concerne la programmation des canaux de télévision n'est-ce pas ? Ou des cinémas ? Des musées ? Ou, pourquoi pas, que les programmes scolaires devraient être votés par le peuple ? Ah mais vous allez me sortir que nous sommes sur un forum de "discussion libre" et que par conséquent, tout le bon sens qui prévaut dans l'organisation des structures sociales - bon sens qui veut que cette organisation soit justement réservée à ceux qui s'y connaissent - que tout ce bon sens donc ne soit plus ici valide. Voilà donc: un forum de discussion libre serait cet endroit où le bon peuple pourrait enfin laisser cours à l'anarchie de son esprit de ressentiment, ressentiment qui lui fait haïr toute autorité parce qu'il s'identifie justement comme étant assujetti à ces autorités de par son ignorance. Et internet serait cet endroit où ce déchaînement de passions serait rendu possible. Évidemment, dans toute la virtualité, la vanité, la facticité que cela implique. Car ce n’est évidemment qu’un déchaînement de pacotille, qui ne change pas le moins du monde le bon sens qui prévaut à l’organisation de la société. Ce serait le lieu d’une lente dissolution de l’esprit de révolution qui anime le monde, énergie qui était traditionnellement réinvestie dans un effort d’élévation et d’adaptation puis de subversion des structures sociales, mais qui coulerait aujourd’hui comme un fluide pourri dans les connexions réseautiques du monde. La philosophie ? Basta ! Elle est ce que le peuple veut qu’elle soit ! La sociologie ? Basta ! L’industrie de la musique ? Basta ! Le journalisme ? Basta ! Et alors, tout ce fluide vicié, pourri, vidé de sa force constitutive, de sa teneur révolutionnaire, récupérée par le Capital, masse de flux décodés, déterritorialisés qui viennent se brancher au cul du Capital et qui l’alimentent aveuglément.
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Comme Cassandre, vous faites exprès de ne pas saisir l'enjeu du débat. Il ne s'agit pas de mener une discussion entre initiés, mais bien d'établir quelles sont les exigences minimales pour qu'une discussion puisse être dite philosophique. On peut dire par exemple que la philosophie exige un recul supplémentaire à la conversation usuelle: il faut passer outre sa réaction affective spontanée pour aller jusqu'au fond des idées qui sont mises en cause, ce qu'en l'occurrence vous ne faites pas du tout en vous cantonnant dans cette rengaine défaitiste de la caste versus la valetaille. C'est noté Scénon. Les images de boucherie ne sont précisément que des images. Lorsque je rabats vos conceptions, il me semble le faire par force d'arguments. Vous pourriez répondre à ces arguments. N'est-ce pas tout le plaisir du débat philosophique ? La pensée qui diffère n'est-elle pas une occasion merveilleuse d'approfondir nos propres conceptions ?
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La question n'est pas de savoir si l'écriture devrait être ouverte à tous, mais à savoir si n'importe quoi peut être de la philosophie. Or, cette question a été réglée, de par l'assentiment même des modérateurs qui ont bien voulu déplacer la section: tout n'est pas de la philosophie. Il ne reste qu'à trouver la bonne articulation entre cette exigence et la vocation libertaire du forum. Cela viendra avec le temps. Mais l'exigence est maintenant irrémédiablement levée, et vous avez perdu cette bataille Cassandre. Là, vous faites la mauvaise joueuse, en nous ramenant cette idée de caste qui a depuis longtemps été écartée par force d'arguments convaincants. Il n'y a pas de caste ici, seulement la volonté de donner ses lettres de noblesse minimales à la philosophie, plutôt que d'en faire un papotage divers et superficiel.
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Je ne suis pas intéressé le moins du monde à me faire renvoyer à d’autres philosophes ou du moins, pas a priori. Si j’ai le goût de découvrir des philosophes, il y a internet, il y a les bibliothèques, il y a les universités et, plus encore, il y a mes propres lectures. Je suis intéressé à savoir ce que vous avez dans les tripes et dans le crâne, et ce qui vous a amené à devenir amoureux de ces philosophes et de ces doctrines. Car il faut de l’amour, de l’amour charnel avant de plonger tête première dans une pensée étrangère. Oui : je suis suspicieux devant les hommes qui se revendiquent d’une pensée mais qui pourtant n’en parlent que sur le ton détaché d’une placide contemplativité intellectuelle. Car une pensée qui compte vraiment à nos yeux, c’est une pensée qui, assurément, nous coule dans les veines. – Maintenant, est-ce que cette attitude de l’exposition des tripes confinerait à la vulgarité ? Pas le moins du monde ! La vulgarité, elle est dans l’élan indompté, dans la force qui tourne à vide. Or, on ne demande certainement pas à nos philosophes de vomir comme ça vient tout ce qu’ils ont dans le ventre. Cela exige un travail. Si c’était le cas, je devrais par exemple aussi pourfendre Déjà-Utilisé, dont je ne partage pas forcément la sensibilité philosophique, ainsi que bien d’autres intervenants. Vous ne devriez pas chercher à vous imposer en suscitant la pitié chez vos interlocuteurs. Car n’est-ce pas ce que vous faites en vous étendant ici sur votre qualité d’incompris ? J’éprouve assurément une curiosité à votre égard, potentiellement extensible jusqu’aux philosophes qui vous habitent. Seulement, cette curiosité n’est pas satisfaite. Très bien ! Alors révoltez-vous nom de Dieu ! Allez répondre à ce message dont vous parlez que je vous avais envoyé à propos de votre conception de la vérité et tailladez-moi en morceaux ! Montrez-moi en quoi vous tenez à votre conception, en quoi elle vous est vitale. Hachez-moi menu, je vous en conjure. Après tout, je ne suis qu’un ridicule bouffon, et mesquin par-dessus le marché ! Vous n’êtes certainement pas maladroit. Au contraire. Vous écrivez avec une précision chirurgicale, et vous le savez. C’est ce qui vous rend si intriguant : vous cultivez à dessein cette espèce de posture marginale d’incompris.
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La rationalisation n'est pas un exercice de justification ou d'argumentation, c'est un exercice ou un processus dont la portée est plus générale. Simplement, elle est ce geste par lequel l'esprit, s'attachant à un problème donné, s'élague de ce qui lui est superflu afin d'arriver à une modélisation théorique qui lui permette de mieux appréhender ce problème. Ainsi, par exemple, l'homme qui réfléchit au sens de la vie peut être dit rationnel en tant qu'il s'efforce de toujours mieux préciser sa pensée par rapport à ce problème, et donc de la rendre plus féconde. Par la suite, il est évident que, riche d'une telle démarche, cet homme sera en mesure d'argumenter, de légitimer, de rendre compte du fil conducteur de sa pensée à l'oreille étrangère.
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Plutôt que d'être habité par des critères stricts, tels que ceux qui sont exposés ici, les miens sont plutôt de nature dynamique: je recherche quelque chose qui soit de l'ordre de l'effort, de la progression, de l'essor. À terme, on peut toutefois reconnaître une telle progression à certains de ces signes, puisqu'une pensée qui se redouble, qui fait retour sur elle-même découvre un langage qui lui permet de nommer ce redoublement, et s'octroie aussi une rigueur au sein de laquelle est aménageable ce redoublement. Les références, la littérature, le langage pointilleux: toutes ces choses ne sont qu'autant de moyens visant à s'aider à surmonter cette difficulté qui consiste en ce que l'esprit est naturellement tiré par la force de ses habitudes.
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Hehehe ! Bien envoyé ! Vous savez Scénon, je reconnais volontiers que vous avez l'esprit philosophique. Je vous reproche seulement cette tendance à ne pas aller jusqu'au bout de vos pensées, à cette façon que vous avez de vous faire désirer plutôt que d'entrer virilement dans le vif du sujet.
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"Tout écrivain s'aperçoit que plus il s'exprime avec précision, conscience et sobriété, plus le produit littéraire passe pour obscur, alors que lorsque'il se laisse aller à des formulations relâchées et irresponsables, il se voit gratifié d'une certaine compréhension. [...] Considérer l'objet plutôt que la communication au moment où l'on s'exprime, éveille la suspicion: tout ce qui est spécifique, non emprunté à des schémas préexistants, paraît inconsidéré, symptôme d'excentricité, voire de confusion. [...] Une expression vague permet à celui qui l'entend d'imaginer à peu près ce qui lui convient et ce que, de toute façon, il pense déjà. L'expression rigoureuse impose une compréhension sans équivoque, un effort conceptuel dont les hommes ont délibérément perdu l'habitude, et attend d'eux que, devant tout contenu, ils suspendent toutes les opinions reçues et, par conséquent, s'isolent, ce qu'ils refusent violemment. Seul ce qu'ils n'ont pas à comprendre leur paraît compréhensible; ce qui est réellement aliéné, le mot usé à force d'avoir trop servi, les touche parce qu'il leur est familier. Il est peu de choses qui contribuent autant à démoraliser les intellectuels. Celui qui veut échapper à ce sentiment devra voir en chaque défenseur de la communication un traître à celle-ci." Theodor Adorno, Minima Moralia, #64.
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Et est-il seulement possible de s'adonner à la manipulation sans avoir un objectif autre ? Affirmerais-tu par exemple que les femmes manipulent pour le simple plaisir de manipuler ? Donc il faut repréciser les définitions initiales. Non, il ne perd pas son sens ni sa profondeur. Au contraire, avec les éléments que j'apporte, il gagne en profondeur, même si cela désarçonne d'abord l'esprit, puisque le concept se trouve vidé de ses repères usuels. C'est que le courage se mesure à l'intensité de la résistance qui doit être surmontée, et non par la nature seule des actes. On peut par exemple tenir et défendre de manière virile un principe pacifiste, comme on peut aussi tenir ce principe par qu'il offre une voie de facilité et d'évitement. Suivant ma définition, basée sur l'intensité de la résistance à surmonter, le courage suppose l'angoisse, l'affre d'avoir à trancher, à choisir et à assumer ce choix. Or, l'angoisse est le fait des individus qui ont de la profondeur d'esprit. Les brutes écervelées ne font en fait que céder à leurs pulsions immédiates et de ce fait n'assument rien du tout.
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L'anti-thèse du philosophe
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de deja-utilise dans Philosophie
Du nihilisme passif, du moins. Oui, c'est un processus inconscient. La crise du nihilisme est le mouvement qui mène à cette prise de conscience. -
Je ne crois pas que cela soit aussi simple. On peut très bien trouver du courage à un individu qui s'adonne en même temps à la manipulation: mettons par exemple au journaliste qui s'infiltre dans une grande multinationale pour en dévoiler les abus. On peut aussi trouver du courage à celui qui s'adonne à la diplomatie: comme par exemple à ce chef d'État qui faisant face à un ennemi sanguinaire, décide tout de même, par conviction pacifiste, d'éviter l'affrontement, quitte à subir le feu de l'ennemi, afin de promouvoir la solution diplomatique. Dans ces exemples, il y a aussi une manifestation de force pleinement assumée. Seulement, elle prend une teinte différente. Il faudrait donc tout d'abord mieux cadrer ta définition de la virilité. La virilité est certes liée avec l'adversité, ou du moins le danger, mais il ne faut pas en faire une vertu de brute. Mettons un groupe d'étrangers à l'air louche: le courage et la force de caractère peuvent très bien commander d'offrir l'hospitalité. Mais évidemment, ils commandent aussi d'être prêt à se battre si besoin est. Se battre pour ce que l'on est: voilà un bon début. Ce qui implique d'abord de savoir ce que l'on est, et aussi qu'il faille se battre pour faire advenir cet être. Je parlerais davantage d'une pulsion affirmatrice. La destruction n'est pas une condition a priori de l'affirmation, bien qu'elle y conduise immanquablement, tôt ou tard - car il faut souvent savoir se battre pour exister. Mais, comme dans les arts martiaux, ce n'est pas là l'essence de la chose.
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L'anti-thèse du philosophe
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de deja-utilise dans Philosophie
Je te parle ici d’un processus naturel auquel tu es toi-même soumis, chaque jour de ta vie : inconsciemment ou non, tu catégorises et hiérarchises les gens que tu rencontres. Les filles que tu croises par exemple (ou les hommes, selon ta préférence), certaines t’apparaîtront laides et d’autres belles. Ici, il n’est pas question de faire entrer la catégorie du « vrai », car ce processus a une nature organique, et ne repose donc pas sur une quelconque aperception objective des choses. Par la suite, il n’y a que deux issues : cultiver le vrai tout en renonçant à soi-même (nihilisme), ou faire se faire confiance, quitte à admettre l’erreur et l’illusion comme apanages du corps, car le corps nous fait trancher sans égard pour le vrai. Évidemment, cela ne signifie pas que les jugements qui seront formés seront absolus – l’un doit toujours se conserver un espace en lui-même où il puisse se remettre en question, mais cet espace doit être préservé des yeux importuns et exposé, lorsqu’il doit l’être, avec pudeur. Par ailleurs, cela ne signifie pas non plus qu’il ne puisse entrer de faits vérifiables dans le processus. Ainsi, je suis capable de prouver qu’Hitler était un meurtrier. Maintenant, c’est le jugement par lequel je dévalue cette qualité qui n’est pas démontrable et qui entre dans le processus organique dont je parlais plus haut. Tout ça pour dire que je ne prétends nullement être dans le vrai. Je ne m’embarrasse pas d’un tel critère. J’ai une intuition et j’en expose les composantes, les conséquences et j’en démontre la puissance par la cohésion et la rigueur de mes propos. Que l’on me suive ou non, ça je n’en ai cure. Ce qui m’intéresse plutôt, c’est constater à quel point l’on ferme les yeux sur les processus organiques qui nous animent. Si tu as bien remarqué, je n’ai émis qu’un constat très général à propos de l’homme, à savoir qu’il fonctionne à la séduction. Je ne crois pas que cela suppose que tous les hommes soient identiques. Chacun peut être attiré par des choses différentes. Oh mais le nihilisme ne consiste pas à « renier toutes les choses », mais seulement à se renier soi-même. Un homme qui voit toutes les choses également, toutes objectivement, et qui ne se donne pas la liberté de vivre ses élans (ce qui n’exclut pas que la manière de les vivre puisse être éthiquement modulable) est certes un nihiliste. Valoriser quelque chose, aimer quelque chose, croire en quelque chose signifie aussi en délaisser d’autres. Exactement comme sauter dans la vie signifie aussi d’accepter de mourir, en quelque sorte. On a tendance à opposer systématiquement amour et haine mais en fait, je crois que ces supposés opposés sont beaucoup plus proches que ce que l’on croit. NJ m’a lancé l’autre fois que j’étais amoureux d’elle à la blague. Mais je crois qu’elle marquait un point pertinent en ce que même dans l’inimitié (je ne parlerais jamais de haine dans ce cas, puisque mon inimitié avec NJ, limitée à des débats philosophiques, n’est pas sans être teintée d’humour – j’utilise le mot « haine » seulement par souci de clarté conceptuelle), le fait marquant est que l’autre ne nous laisse pas indifférent. De fait, on peut aimer haïr. On peut aimer l’objet de notre haine de nous fournir ainsi l’occasion de se manifester clairement à nous-mêmes des parties de nous. On aime ce qui nous fait fleurir, ce qui nous manifeste des possibilités nouvelles, ce qui va dans le sens de nos aspirations, bref, ce qui fait augmenter notre puissance individuelle, disais-je récemment dans un autre topic. Or cette définition est tout aussi applicable à la haine : on hait ce qui réduit notre puissance, nos aspirations ou nos possibilités, à commencer par nos oppresseurs. D’un autre côté, la haine se manifeste parce qu’il y a en premier quelque chose que l’on aime et que l’on désire défendre. Sa propre liberté, dans le cas de l’oppresseur. Le plus étonnant, c’est qu’il n’est pas exclu que l’on puisse éprouver de la haine tout en la vivant par le biais d’une éthique de l’amour. N’est-ce pas ce que les chrétiens font lorsqu’ils méprisent les méchants qui n’agissent pas pour la gloire de Dieu et de sa Parole, mais qu’ils leur tendent l’autre joue et disent les aimer ? Ils aspirent à changer ces méchants par l’amour – donc ils haïssent ce qu’ils sont, tout en prétendant les aimer, alors que ce qu’ils aiment en fait, ce n’est que leur idée de ce qu’ils devraient être. Ma foi, cela est fort possible. Mais je me dois d’écouter ma petite voix intérieure. À quoi bon vivre autrement ? Le mot-clé ici est « véritablement » : je ne prétends pas juger « véritablement » des choses. Je les juges pour moi et je partage ce jugement. Libre à tous d’y adhérer ou non. Sinon, je suis moi aussi loin d’être manichéiste. Mon point est que toute démonstration philosophique suppose des jugements de valeurs, et non que ces jugements de valeurs devraient être exposés n’importe comment dans le discours. La démonstration suppose nécessairement un jugement de valeur, qui dicte l’orientation que prend cette démonstration, mais la démonstration efficace n’étale pas impudiquement ce jugement, voilà tout. Je peux ainsi me lancer dans une démonstration selon laquelle l’idéalisme est meilleur que le matérialisme, ce qui implique nécessairement un jugement de valeur, mais je ne suis pas obligé d’exposer grossièrement ce jugement en affirmant par exemple que le matérialisme c’est du caca. Entre l’affirmation scatologique que j’ai mentionnée et la démonstration qui va de X à Z en passant par Y, il n’y a pas une différence substantielle du jugement sous-jacent, mais plutôt une différence quant à son mode d’expression. Plutôt que de me lancer dans l’exposition brute de mon opinion, j’aurai avantage à détailler ce que je pense et à m’accrocher à des éléments factuels car ce n’est que de cette façon que la vocation éthique de la philosophie, qui consiste à réfléchir et à faire réfléchir, est atteinte. Et pour cela, et bien il faut être conscient que toute notre pensée découle toujours de jugements de valeurs, que tout notre raisonnement, comme le dit Pascal, se réduit à céder au sentiment. -
Cela dit, oui, il était temps que s'apaise notre différend. Je n'aurai pas l'hypocrisie d'affirmer que je ne veux pas heurter vos idées, mais il est vrai que je ne veux pas vous causer un chagrin.
Sans rancune et, malgré tout, au plaisir !
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Bonjour Cassandre. Veuillez me pardonner, lorsque vous m'avez écrit, je vous ai inexplicablement prise pour Ocytocine, d'où ma référence au métier de modérateur.
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Comment aborder la rubrique Philosophie
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de deja-utilise dans Aide et Suggestions
Bas les pattes ! J'étais là en premier ! -
Comment aborder la rubrique Philosophie
Dompteur de mots a répondu à un(e) sujet de deja-utilise dans Aide et Suggestions
Le déplacement ne fait pas foi de tout. Je pense que le post-it pourrait être utile. Cela fait une référence à laquelle renvoyer les intervenants égarés (et il y en aura toujours). Ce post-it devrait faire l'objet d'un débat en philosophie.
