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Dompteur de mots

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Tout ce qui a été posté par Dompteur de mots

  1. N'est-ce pas précisément lorsque l'altérité sociale fait massivement place à l'identité, la différence à l'égalité, que le problème de l'identité propre, intime cette fois, peut surgir ? [...] l'égalité a nettoyé le terrain et permis le surgissement de la question du Moi; désormais, l'authenticité l'emporte sur la réciprocité, la connaissance de soi sur la reconnaissance. Mais, simultanément à cette disparition sur la scène sociale de la figure de l'Autre, réapparaît une nouvelle division, celle du conscient et de l'inconscient, le clivage psychique, comme si la division se devait d'être reproduite en permanence, fût-ce sous un mode psychologique, afin que l'oeuvre de socialisation puisse se poursuivre. "Je est un Autre" amorce le procès narcissique, la naissance d'une nouvelle altérité, la fin de la familiarité du Soi avec Soi, quand mon vis-à-vis cesse d'être un absolument Autre: l'identité du Moi vacille quand l'identité entre les individus est accomplie, quand tout être devient un "semblable". - G. Lipovetsky, L'ère du vide.
  2. Non: HD est un philosophe (intervention fascinante soit dit en passant).
  3. Non, je préfère lui faire manger des fœtus à son insu. Il y a quelque chose de beau dans la rencontre de l'innocence de ma fille et de la violence dont elle se fait malgré elle la complice. C'est vrai, j'avais oublié, mais peu importe: c'est une vie potentielle.
  4. J'ai justement fait une omelette à ma fille hier ! Omelette jambon-poivron-fromage. Il y avait quelques caillots de sang sur le jambon. Je lui en ai donné un morceau cru sur son insistance. Elle s'en est tapissé le visage pour jouer. Un véritable masque de chair et de sang. Et elle riait et riait, inconsciente, recouverte de l'artefact génocidaire. Moi aussi j'ai pris un morceau de jambon. J'ai hésité en voyant les caillots de sang mais je me suis dit que le goût n'en serait pas affecté. Je m'en suis recouvert la joue, à l'instar de ma fille. Nous communiions ainsi, dans cette violence moderne stérilisée, cachée, rendue manifeste seulement par son produit. Puis, j'ai cassé l'œuf dans un bol. Elle m'a demandé de lui montrer. Elle l'a regardé et a rit, rit, et rit encore. Et alors j'ai rit avec elle. Peut-être était-ce notre instinct carnassier qui nous faisait jubiler à la vue de cette petite vie interrompue, tirée de sa fragile enveloppe et répandue dans sa viscosité. Nous avons noyé l'enfant mort-né dans le lait puis à l'aide d'un fouet, nous avons éparpillé la substance de ses organes fœtaux sur toute la surface du bol. Non satisfaits de ces sévices, nous l'avons soumis au supplice de la poêle. La substance informe cuisait en produisant une sorte de cillement, comme si l'âme du poussin gémissait, protestait une dernière fois. Puis ma fille a mangé l'omelette, sans se douter du carnage qui venait de se dérouler dans la cuisine. Elle a fait un beau caca dans sa couche ce matin.
  5. Moi je n'ai jamais vu de fleur pousser. La photosynthèse n'est qu'un conte de fées de scientifiques fous.
  6. J'ai justement récemment traité de ce sujet à cet endroit.
  7. Hmmm. Les bons psychiatres, psychanalystes ou psychologues ne déballent pas impudiquement leur arsenal théorique avec leurs patients, mais s'efforcent justement d'adopter la posture socratique de la maïeutique. Ils aident leur patients à prendre conscience des conditionnements qui les empêchent de s'épanouir (là je ne parle pas des autres aspects du travail psychologique). Maintenant, dans le cas de bien des pathologies psychiatriques, le médecin ne peut que constater que le patient est dépassé et impuissant par rapport à ses maux, et qu'il serait bien vain de tenter une approche maïeutique. Il est alors de sa responsabilité d'identifier au meilleur de ses connaissances la pathologie du patient et d'y proposer un traitement extérieur. Il faut sans doute ne pas avoir connu de gens souffrant de problèmes psychiatriques importants pour dénoncer aveuglément quelque prétendue "mainmise sur le vécu émotionnel des individus". Sans compter que dans l'approche contemporaine, lorsque l'intelligence et les ressources sont au rendez-vous, le traitement extérieur se doublera d'un suivi à saveur maïeutique. Évidemment, ça n'empêche pas que l'on puisse dénoncer la facilité qu'ont tant de médecins à biffer les errances spirituelles des gens par le moyen de petites pilules magiques. D'un autre côté, les gens ont peu de ressources pour trouver quelque refuge dans leurs errances, la culture spirituelle d'aujourd'hui étant un véritable désert du Sahara. Il est bien dommage et bien triste que la plupart des gens ne s'intéressent aux profondeurs de leur esprit que lorsque les choses tournent mal, qu'ils ne sont plus capables d'être productifs, et qu'ils détournent à nouveau leur regard dès que la productivité est de retour. Ah ! Je ne connaissais pas cette anecdote ! Merci Quasi !
  8. Trouves-tu par exemple que de réfléchir sur les conditionnements qui nous habitent du fait de nos relations avec nos proches soit dénué de sens ? Trouves-tu insensé que nos lapsus ou nos rêves puissent exprimer les mouvements d'une pensée dont nous n'avons pas conscience ? Que les symboles, mythes ou religions de l'humanité puissent agir sur nous d'une manière qui rejoint cette pensée souterraine ? Que nos conditionnements et que nos acquis moraux rigidifiés puissent nous couper de ce bouillonnement souterrain et nous rendre malheureux ?
  9. Je vais ici livrer un grand secret à tous les contempteur de la psychanalyse (les esprits attentifs y verront même un secret qui concerne toute la philosophie): en fait, il importe assez peu que l'inconscient existe ou non. L'important, c'est la valeur d'introspection qui est véhiculée par la psychanalyse, avec toutes les petites nuances qui sont propres à cette discipline. Sinon, épistémologiquement, on peut penser que les résultats de la pratique psychanalytique rendaient nécessaire le concept d'inconscient - du moins Freud semble-t-il sincère à ce sujet, mais cela ne signifie pas pour autant que l'inconscient existe réellement. On pense souvent que la psychanalyse est seule aux prises avec ce type d'aporie mais c'est vrai aussi de beaucoup de secteurs des sciences dures, dont les théories ne rendent pas compte d'une réalité contemplée, mais bien de phénomènes provoqués par les chercheurs eux-mêmes. Comment savoir alors si les théories qui en sont tirées rendent bien compte du monde tel qu'il est ou bien si elles sont seulement rendues nécessaires par l'activité de l'homme qui les provoque ? De même, la méthode psychanalytique provoque des phénomènes précis et il s'en dégage une théorie qui est taillée sur mesure pour rendre compte de ces phénomènes.
  10. Vous ne sauriez mieux dire Zeugma. Je suis attentivement les intervention de Maroudiji depuis quelque temps et pour l'instant, j'ai peine à y trouver quelque chose qui ressemble à un propos. On a beau écrire, enchaîner les assertions, cela ne signifie pas pour autant qu'il y ait un propos derrière. Je me demande si cette manière de cultiver la confusion ne traduit pas une certaine timidité réflexive... Malgré tout, j'attends encore que le portrait historique de la philosophie qui nous est brossé dans le topic sur l'obscurantisme trouve une issue solide. À ce point-ci, que ce portrait soit historiquement exact m'importe peu, je souhaite seulement qu'il amène à la clarté l'état d'esprit philosophique qui est le sien. Peut-être commencera-t-on finalement à y apercevoir le début de se qui se cache dans les entrailles de l'homme derrière l'avatar.
  11. Je ne connais pas non plus le Leviathan de Hobbes, et je n'ai pas lu Proust. En fait, il y a une quantité astronomique de livres que je n'ai pas lus et selon mes prévisions, il y en aura encore une quantité astronomique lorsque je mourrai. Spinoza n'avait qu'une soixantaine d'ouvrages dans sa bibliothèque à sa mort. Tu as une manière fort délicate de susciter la curiosité d'autrui. Je suis tout titillé ! La contemplation n'est pas la seule façon d'appréhender le monde chez les grecs. Simplement, c'était la plus estimée. Mais à quelle autre façon d'appréhender le monde pensais-tu ? Par ailleurs, tu sembles insinuer que la curiosité et l'esprit philosophiques se mesurent à la lecture d'un seul livre. N'est-ce pas une proposition des plus ridicules et une attitude des plus pédantes ? Ensuite, tu assumes que je ne suis pas intéressé par la pensée de l'extrême-orient. Cette pensée se limite-t-elle à la Bhagavad-Gita ? *** Peut-être que la Bhagavad-Gita est pleine de sagesse. En tout cas, le moins que l'on puisse dire, c'est que ta dernière intervention n'en est pas une démonstration éloquente.
  12. Tant mieux pour les hindous. Mais où veux-tu en venir ? Non.
  13. Pas forcément, non. On va décliner les genres de connaissance de la manière suivante: Évidences sensibles (qui correspondent à ce que tu as dit); Évidences intellectuelles, lesquelles se déclinent à leur tour de cette façon: Définitions (la définition s'impose d'elle-même); Inférences (des raisonnements peu instructifs mais incontestables. Ex.: Toutes les grenouilles sont vertes, donc cette grenouille est verte.); Raisonnements (où l'intellect parvient à une connaissance par le moyen d'un cheminement). Par ailleurs, et de manière assez importante ici, on peut aussi distinguer 2 types de croyances: Croyances naturelles (qui sont fondées sur des motifs de crédibilité. Ex.: on se fie à la parole d'un scientifique, d'un spécialiste, au fait qu'une croyance est largement admise, etc.); Croyances surnaturelles (qui sont du genre de la révélation). Les croyances sont aussi des connaissances, mais ce sont des connaissances moins solides. Plus grand est le saut qui va d'une connaissance à l'autre, moins solide est cette connaissance. La connaissance qui repose sur une croyance surnaturelle est évidemment la moins solide. On pourrait dire que c'est le degré zéro de la connaissance. Des connaissances dites d'évidence, les raisonnements sont les moins solides puisqu'ils ne reposent pas sur une évidence immédiate, mais plutôt sur un certain cheminement. La plupart des raisonnements sont évidemment encore très solide. Mais, par exemple, le raisonnement analogique peut parfois être très problématique. Ces deux énoncés ont au fond le même objet et tous deux appartiennent au genre de la foi naturelle. Ou plutôt, sur une mixité de foi, d'évidences sensibles et d'évidences intellectuelles. Ce qui au final donne une matière assez solide. Encore une fois, juger de ces choses requiert plus de délicatesse. Dans le cas de l'interrupteur par exemple, nous avons encore une fois affaire avec une mixité d'évidences sensibles, d'évidences intellectuelles et de foi naturelle. La foi naturelle qui nous amène à penser que l'interrupteur aura le même comportement à la prochaine utilisation est un saut de l'intelligence qui n'est pas bien périlleux. L’irrationalité pure, c'est lorsque l'intelligence fait le saut qui découle de la révélation. Même dans la foi naturelle, il y a un travail d'édification de l'intelligence qui relève de la rationalité. Si par exemple je fais confiance à ce que mon institutrice dit de Newton, et bien c'est peut-être parce que j'ai moi-même expérimenté que mon institutrice me dit des choses qui s'avèrent, ou encore parce que les gens qui m'entourent d'incitent à faire confiance à mon institutrice et que j'ai déjà expérimenté que les gens qui m'entourent me disent des choses qui s'avèrent. Ridicule, mais on comprend l'esprit de cette proposition: la vie est impossible sans la foi naturelle, ce que tu expliques d'ailleurs relativement bien par la suite. Ah ! Voilà un saut sophistique assez crucial ! La croyance dont nous parlons depuis le début est une connaissance basée sur un acte de foi, et une connaissance est une proposition affirmative, c'est-à-dire qui nous dit comment le monde est. La valeur est certes une croyance, mais ce n'est pas le même type de croyance. Car elle ne consiste pas en une connaissance (ou proposition affirmative), mais bien plutôt en une proposition normative, c'est-à-dire qui nous dit comment le monde devrait être, ce qui est quelque chose de complètement différent. La religion opère typiquement sur la confusion entre ces deux types de propositions, sans doute parce que seule la proposition affirmative peut prétendre à l'universalité, alors que la proposition normative est nécessairement personnelle (qu'elle soit partagée n'y change rien). Donc, en piochant du côté de l'affirmatif, et en accédant ainsi à l'universalité, la religion peut déployer son petit monde perfide de prétentions hégémoniques. C'est pour cela que certains groupes religieux en arrivent avec des croyances surnaturelles qui contredisent les propositions de la science de la manière la plus imbécile - comme les créationnistes: en disant que le monde est ainsi, ils donnent un fondement affirmatif et universel à leur prétentions normatives. Oui, mais cette croyance est une mixité de foi naturelle, d'évidences sensibles et intellectuelles. Ce qui est bien avec la science, c'est que son enseignement n'est pas un pur déversement théorique, mais qu'elle inclut nécessairement une partie expérimentale. Tu dis "croire à la science" comme s'il en allait de même qu'au sein de la religion où, effectivement, pour entrer dans le système de croyances religieuses, il faut effectuer un saut radical. Ce n'est pas pour rien que l'on utilise l'expression "born again christian": la conversion religieuse exige une véritable réinvention de soi (je le sais d'évidence sensible). De l'autre côté, l'expression "born again scientific" n'existe pas: c'est que la science s'édifie petit à petit et qu'elle ne consiste pas en un ensemble théorique systémique relativement clos, au contraire. On ne se convertit pas à la science. Également, la science exclut toute confusion entre le genre affirmatif et le genre normatif, ce qui est un avantage de taille. Le scientisme est un système de croyances normatives et n'a donc rien à voir avec la science (considérée dans son aspect épistémologique. Il est certain que si l'on considère la science comme phénomène social, le scientisme lui est lié). Pour moi, la science est un instrument. Utilisé adéquatement, il se révélera bénéfique. Mal utilisé, il nous sera une calamité. Je ne pense pas le moins du monde que la vie se résume à son aspect scientifique. Voir ici pour plus de détails sur la place que j'accorde à la science dans mon cosmos intérieur.
  14. C'est bien mal commencer une discussion sur l'obscurantisme de ne pas distinguer entre la connaissance et la croyance. Aussi, on ne se cachera pas que cette idée de "connaissance au sens large" est tout à fait inepte. La connaissance est étayée par une méthode, par un processus de questionnement, de remises en question, etc. La croyance se fonde sur quelque chose comme le pressentiment, sur une conviction. À l'époque des Lumières - car l'idée d'obscurantisme fait directement référence aux Lumières selon lesquelles la connaissance allait de pair avec la liberté, il était facile de définir l'obscurantisme puisque face à une poignée d'esprits allumés, on avait une masse imposante d'hommes ignorants et serviles. Aujourd'hui, la connaissance se diffuse à l'ensemble de la société et aussi, les forces régressives ont maintenant la subtilité de se revêtir du costume de la raison. Cela demande certainement un ajustement de la définition de l'obscurantisme. Quiconque se réclame de l'héritage des Lumières doit plus que jamais faire preuve d'acuité et de discernement. Savais-tu qu'il y a des groupuscules sur terre qui luttent pour l'idée de la platitude de la terre ? Et bien moi je te dis que ces idiots doivent être totalement écrasés par les lumières de la science. Cette façon de penser doit être éteinte. Et je pense que c'est de l'obscurantisme que de dire que le point de vue de ces groupuscules doit être respecté. Le cynisme des obscurantistes d'aujourd'hui commence souvent avec l'affirmation de ce genre de relativisme.
  15. Très belle coïncidence. Mais qu'est-ce que ça prouve ?
  16. La religion est une partie importante de la culture. Mais au-delà de cette simple affirmation, il y a tout un monde nuances à explorer. En philosophie, c'est surtout ce monde-là qui compte.
  17. Vous devez lancer un nouveau topic sur ce sujet. Et peut-être nous synthétiser vos grandes lignes d'attaque en guise d'ouverture. En section philosophie, de grâce !
  18. Il y a une belle puissance qui t'habite Zenalpha.
  19. Je seconde. Ce topic est plus incompréhensible que jamais.
  20. Je pense que tu souffres d'hallucinations. Autre raison de te plaindre. Parce que tu dis que le monde n'a de sens que par la religion. C'est en effet un constat d'une terrible tristesse. Merci. Et je livre la marchandise. Je ne crois pas non. J'ai écrit un autre brillant article sur Bergson, mais je ne suis pas vitaliste pour autant. Grotesque. Ma remarque n'avait pour but que de dénoncer ta proposition sur la religion... avec un zeste d'esprit polémique. Je te recommande un autre de mes brillants articles (merci de me fournir ces occasions de faire un peu de link-dropping), portant sur un film québécois, la Neuvaine (qui t'es facilement accessible si tu ne l'as pas vu, puisque tu es canadien). Peu importe que tu ais vu le film ou non, l'article aborde un thème qui semble t'être cher, soit le vide qu'a laissé l'écroulement de la religion.
  21. Cesse de pleurnicher et contre-argumente si tu n'es pas d'accord. Ou pose des questions si tu ne comprends pas où je veux en venir.
  22. Si tu n'es pas prêt à sacrifier ta vie pour la philosophie, quitte immédiatement ces lieux.
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