Transmission 009 : L’Épreuve du Regard
[Entrée codée : Station Delta-5 / 21h17 / Communications brouillées]
John Connor – Journal de bord :
Ils nous observent depuis qu’on est entrés.
Trois hommes, deux femmes, visages creusés, mains crispées sur leurs armes.
Le T-800 reste immobile, planté à l’entrée comme une porte supplémentaire.
Quand j’ai voulu expliquer qui nous étions, personne n’a écouté.
Une des femmes, la plus jeune, a dit :
« Je ne parle pas aux choses qui nous ont presque tous tués. »
Le mot "choses" a flotté dans l’air.
Le T-800 n’a pas réagi, mais j’ai vu ses capteurs se réorienter : analyse de menace, ton, fréquence cardiaque.
Il n’a rien dit.
Et c’est ce silence, encore, qui a pesé le plus lourd.
Plus tard, autour du feu de fortune, l’un d’eux m’a demandé :
« Pourquoi tu le gardes avec toi ? »
« Tu crois qu’il est de ton côté ? »
Je n’ai pas su répondre tout de suite.
J’ai regardé la machine, sa silhouette tremblante dans la lueur rouge.
Puis j’ai dit :
« Parce qu’il ne ment pas. »
Un rire sec m’a répondu :
« Il n’a pas besoin de mentir. Il attend juste qu’on dorme. »
Cette phrase a figé tout le monde.
Le T-800 a levé les yeux, lentement, vers le groupe.
Sa voix, basse, presque douce, a tranché l’air :
« Si j’avais voulu vous tuer, vous seriez déjà morts. »
Silence.
Personne n’a bougé.
Puis la plus jeune a murmuré :
« C’est bien ça, le pire. »
Je crois qu’à cet instant, j’ai compris ce que je défendais :
pas une machine, mais le droit de croire qu’un programme puisse choisir de ne pas obéir.
[Fin de transmission]

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