Transmission 002 : La Loyauté
[Entrée codée : Secteur 12 / 05h12 / Brouillard électromagnétique léger]
John Connor – Journal de bord :
Il m’a sauvé la vie, cette nuit.
Un drone de patrouille a surgi pendant notre déplacement vers le dépôt nord. J’ai eu le réflexe trop lent, lui non.
Une décharge, un bruit sec, le ciel qui se déchire.
Quand j’ai repris mes esprits, j’ai vu le T-800, genou à terre, une partie du torse noircie, mais le bras encore levé entre moi et la flamme.
Je lui ai dit :
« Pourquoi avoir pris le tir ? J’aurais pu esquiver. »
Il a répondu :
« La probabilité de votre survie sans mon intervention était de 23,4 %. »
Puis, après un silence :
« Protéger John Connor est ma directive principale. »
Je ne sais pas pourquoi cette phrase m’a glacé.
Elle n’avait rien d’humain, et pourtant, j’y ai entendu quelque chose comme une promesse.
La loyauté, chez lui, n’est pas un sentiment. C’est un code.
Mais peut-être que c’est justement ce que nous avons perdu, nous autres humains : la netteté d’un devoir sans ambivalence.
Je lui ai demandé :
« Et si je te disais d’arrêter ? De me laisser ? »
Il a répondu :
« Impossible. Je suis programmé pour vous protéger. »
Je n’ai rien dit, mais j’ai pensé : alors tu es plus loyal que moi.
Parce que moi, j’ai douté. Parce que moi, je pourrais fuir. Parce que moi, j’ai choisi — et que le choix use la foi.
La loyauté humaine est un feu fragile, qui a besoin de sens pour brûler.
La sienne est un courant froid, inaltérable, sans but propre.
Et pourtant, cette nuit, quand il s’est interposé, j’ai cru percevoir une hésitation — comme s’il n’agissait plus seulement pour moi, mais avec moi.
Peut-être qu’au cœur du programme, quelque chose s’éveille :
non pas la compassion, mais la fidélité consciente — le passage du code à la volonté.
[Fin de transmission]

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