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Humeurs vagabondes

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effluves croisées


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J'avançais doucement, baguenaudant le long de la rivière. Le temps est doux et calme, les nuages s'amusent du ciel bleu mais le vent léger emporte avec lui ces empêcheurs de flâner en rond. La rivière s'écoule doucement faisant des clapotis délicats avec une légère écume rappelant que les arbres sont en fleur et délivrent leur pollen. Les senteurs sont présentes, les cerisiers, les églantiers et autres dégagent des parfums délicats et enivrants. 

Ma promenade m'emmène sur un pont : je m'y engage et me pose tranquillement pour voir s'écouler l'eau sous le pont et je repense à ce pont Mirabeau de Baudelaire. Perdu dans mes pensées collégiennes et pensant que cette eau qui coule n'est jamais deux fois la même et que nos vies ne sont jamais les mêmes mais que des destins se croisent parfois, un parfum puissant et envoûtant m'arrive alors et me fait fermer les yeux, ma tête se redresse et se tourne contre le vent pour humer encore cette effluve formidable : je sens le capiteux de la fragrance, les épices, la rose et le bouquet d'ambre. Mes yeux s'ouvrent alors.

Une femme de taille classique, à peine plus grande que moi, les cheveux noirs : on devine leurs longueurs car sa démarche les balance au creux de ses reins. Elle avait des formes à faire pâlir le plus prude des hommes : des jambes ni trop fines, ni trop fortes, des hanches larges qui invitent au plaisir des cambrures et une poitrine généreuse à souhait. Son visage paraissait oblong et les jours saillantes. La peau était blanche et ne semblait ne pas avoir vu la lumière du jour. Quelques imperfections sur ce visage mais cela le rendait encore plus mystérieux. Au fur et à mesure de son avancée, je découvris des yeux d'un vert splendide, cristallin : deux pierres précieuses dans un écrin charnel qui me sied.

Elle me croise, me défie du regard, sourit en coin : sait-elle à ce moment quelles images j'ai de nous ? A ce croisement je vois ce visage imparfait avec des cicatrices : cette femme à la senteur du désir a dû avoir une vie remplit de souffrances. Elle n'est pas belle, non, elle est naturelle et n'hésite pas à montrer ce que la vie lui a fait subir. Elle n'entre pas dans le canon de la beauté que d'aucune cherche à avoir : elle a ces formes que certaines veulent gommer, ces imperfections que l'ont veut cacher, ces brèches que l'on veut poudrer. Rien de tout cela pour elle : elle veut se montrer sans fard, sans autre artifice que ce parfum. Cette femme est la beauté là où d'autres parlent de laideur ou au mieux d'imperfection. Elle est la femme que j'aime avoir à séduire, que j'aime à plaire : elle est ce que je désire le plus. 

Une effluve sur un pont, des êtres se croisent, la beauté d'un instant qui reste dans la mémoire 

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