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Memento


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A toi, E.

Je n'ai jamais vraiment fait le deuil de notre adieu. Pourtant j'ai décidé de partir pour le plus grand bien. Un bien qui dépasse notre compréhension immédiate des choses, qui fracasse la facilité en d'invisibles morceaux, qui l'atomiserait presque.

Nous avons dit adieu à nos dernières années d'insouciance et d'optimisme. Je m'en veux d'avoir trompé ta vigilance, d'avoir menti pour te faire sourire. Et qu'il était beau ce sourire. Je ne sais pas s'il était aussi volatile que ma réalité.

Je ne sais pas ce que je regrette. Est-ce que je développe la possessivité qui m'a tant déplue chez toi ?

Je ne pense pas, et quand bien même tu aurais représenté pour moi de la souffrance, je n'aurais pas pu t'en tenir rigueur.

Parfois, je nous imagine partager un moment de détente, de discussion, et je me dis que nous n'aurions pas de discussion à proprement parler si nous étions côte à côte en ces instants. Tu laisserais échapper quelques mots tant répétés et usés par la "litanie de notre existence à deux". Je les écouterais négligemment, et les répéterais. Un ennui ? Non, un repos, un échappatoire.

À quoi penses-tu le soir dans ton lit ? Est-il trop étroit pour tes pensées ? Le mien ?

Il est bien trop grand...

À toi, gentille personne qui a daigné me parler.

Maintenant disparais, je t'en prie.

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