Avant le poly-amour... l'auto-amour ?
Pouvons nous, à l'instant où ça allait encore nous échapper, essayer de ne pas faire de reproches ? Accueillir les critiques mais sans pour autant les prendre pour soi ?
S'accepter soi avant tout est peut-être la clé : la paix avec soi-même serait la base de laquelle découle la paix dans tout le reste ? "Sois fidèle à toi-même et il s'en suivra, comme la nuit suit le jour, que tu n'auras aucune duplicité envers qui que ce soit" (Shakespeare).
On ne doit rien aux autres, même si on ne peut leur en vouloir d'être déçus et désemparés, voir blessés, quand on ne leur donne pas l'attention et l'amour qu'ils ne savent malheureusement pas se donner eux-mêmes. Sachons seulement qu'ils ne font pas exprès et que s'ils avaient eu la possibilité de faire autrement ils l'auraient probablement fait depuis longtemps. Personne ne choisi la souffrance, l'aigreur et le manque d'amour quand il a réellement le choix. "On a toujours le choix" peut-être, mais encore faut-il préciser entre quoi et quoi et prendre en compte les mécanismes de défense.
Accueillir la critique sans tomber dans la culpabilité, le rejet ou la justification, parce qu'on ne se se sent pas mis en danger par la remise en question et qu'on a compris que l'objet originel du reproche n'est en réalité pas vraiment nous. Cet accueil permet de ne pas se braquer et de rester ouvert pour pouvoir entendre le besoin caché de l'autre et rester attentif au notre.
Aider l'autre sans se perdre soi ni se rendre indispensable, c'est aussi parfois le laisser seul (avec toutefois l'essentiel c'est-à-dire notre bienveillance et notre foi en lui) prendre conscience de ses ressources et de son autonomie.
Certains ont une autonomie affective forte que tout le monde n'a pas. C'est comme s'ils "s'auto-régénéraient", s'auto-nourrissaient. Si l'on se sent parfois fonctionner comme cela, nous devons le garder à l'esprit pour mieux comprendre l'autre quand il devient dépendant et mieux se comprendre quand on se sent étouffé ou pas à la hauteur de ses demandes.
On attend obstinément des autres ce qu'on ne sait pas se donner à soi même. Le respect, la disponibilité, l'attention, l'écoute, la compréhension, l'admiration, la reconnaissance, la douceur, la compassion, l'amour absolu.
On leur reproche ce qu'on redoute de ne pouvoir supporter car on ne sait pas qu'on a une source guérisseuse infinie à l'intérieur.
On est donc tout logiquement dépendant de leur comportement, on le leur reproche car il réveille de vieilles peurs existentielles et ne colle jamais en permanence et parfaitement à nos attentes et nos besoins. On est comme un enfant encore en attente d'attention permanente et d'un amour inconditionnel, amour que l'on n'a souvent pas pu ressentir enfant mais qui aujourd'hui n'a plus lieu d'être attendu de l'extérieur.
Ce type d'amour doit désormais venir de soi et envers soi. L'autre ne peut le combler en entier ni tout le temps. Il peut seulement nous aider à ouvrir notre cœur pour découvrir le trésor illimité qui s'y cache, et à prendre l'habitude d'aller y puiser ce dont on a réellement besoin : l'amour inconditionnel de soi, la bienveillance profonde envers soi. Quand on ne l'a pas, on n'a rien pour soi, quand on l'a on a tout.
Notre enfance nous a rarement donné la chance de comprendre et d'expérimenter cela. Mais la bonne nouvelle c'est que cette source est indestructible, en chacun, et en permanence disponible... même si souvent cachée par le brouillard de la confusion et des croyances erronées.
Être aimé ou gâté par la vie ne suffira pas si notre cœur est fermé : l'amour et les offrandes glisseront sur nous comme la pluie sur un imperméable. Nous hurlerons notre solitude, notre malchance, les mains tendues vers le ciel, alors que l'amour était là, déposé à nos pieds.
Mais si l'on ouvre ne serait-ce qu'un peu la porte de notre cœur, alors l'amour de l'autre pourra y pénétrer, et sa chaleur nous rassurera et nous encouragera à l'ouvrir encore plus grand.
La quantité d'amour que nous pouvons recevoir est proportionnelle à l'ouverture de notre cœur, tout comme celle que nous donnons. Et cette ouverture découle du lâcher prise qui suit la compréhension de la nature profonde des choses.
Sachons voir l'enfant blessé et innocent au fond de nos yeux. Alors nous le verrons aussi en l'autre, et l'amour circulera naturellement et puissamment, guérissant jusqu'aux blessures les plus profondes.
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