Tranche horaire
Le brousouf régulier de ce souffle séculier commence à poindre dans ma nuit. La tâche là bas marquée, s'attache à se démasquer sans se dissocier de ce bruit. Les jets portent une légère odeur de bois brulé, d'huile et de suif échaudés. Le ciel déjà peu clair se recouvre, obscurcis par ses crachats de vapeur. Dans un temps qui ralentis, l'énorme engin envahis l'espace du quai tout gris. L'implacable mécanique dans un crissement de freins fait vibrer tout son métal.
En cette heure impossible j'ai ce goût si froid du fer qui m'envahit toutes les voies. La trille d'un sifflet de gare tente de rivaliser avec le soufflet désobstruant la vapeur du moteur, tandis que trépidant, je la vois descendre les marches un peu plus loin. La lumière que son regard allume en m'apercevant éblouis mes pas pressés.
Alors qu'elle rejoins mes bras elle m'enserre en son parfum et sur ma nuque engourdie, elle me sussure un baiser. Sa voix fait le jour en moi de la caresse en mon cou de son soufle régulier.
Il est 15h, dans ce temps incertain de l'hiver, et mon soleil s'est levé.
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