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Les français de la belle époque #6

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Exo7

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Membre, 101ans Posté(e)
Exo7 Membre 796 messages
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La loi de trois ans.

 

La crise d'Agadir en 1911 obligeait à s'interroger sur la capacité de l'armée à mener une guerre contre l'Allemagne. Un mois ne s'était pas écoulé que Joseph Joffre était nommé chef d'état-major général chargé de commander en cas de guerre (28 juillet), remédiant ainsi à l'absurde séparation des deux responsabilités majeures : organiser l'armée et la commander.

Poincaré, président du Conseil en janvier 1912, fit accepter par le Parlement l'accord franco-allemand si contesté, qui laissait faire la France au Maroc contre l'abandon de terres au Kamerun.

Comme Joffre subordonnait le succès en cas de conflit à un mouvement par la Belgique, Poincaré sonda les Britanniques ; ils affirmèrent clairement qu'ils ne combattraient pas aux côtés de la France si elle rompait la neutralité belge. L'état-major dut donc revoir ses plans en conséquence.

 

Polytechnicien à 17 ans, Joffre avait fait carrière dans le Génie, construisant chemin de fer ou fortifications. Il avait servi en Indochine, puis au Soudan - il est entré à Tombouctou en 1894 - et à Madagascar, avec des passages par l'état-major de son arme. Remarquable logisticien, il était partisan de l'offensive à outrance comme la plupart des têtes pensantes de l'armée. 

Cette doctrine reposait sur la conviction que les facteurs moraux étaient non seulement les plus importants, mais même "les seuls importants". Le combat défensif "ne peut pas prétendre à la victoire, parce qu'il suppose et surtout parce qu'il développe chez celui qui l'emploie une infériorité morale qu'aucun avantage matériel n'est capable de racheter". 

En revanche, l'offensive provoque chez l'adversaire "cette dépression qui le rend incapable d'activité. Il n'existe pas d'autre moyen que l'attaque immédiate et totale. La moindre réticence avouée, même dans le détail, risque de lui faire perdre toute sa valeur". Le plan de guerre de Joffre, le plan XVII, reposait sur cette conception. 

Joffre supposait, à juste titre, que les Allemands la partageraient. D'où la question : Qui attaquerait le premier ? Et si c'étaient les Allemands, les Français résisteraient-ils ? 

 

La question des effectifs devenait alors essentielle, mais celle des effectifs d'active, entraînés et prêts à l'attaque, car les militaires n'avaient aucune confiance dans les réserves. La crainte les obsédait d'une Allemagne assez forte pour lancer, sans faire appel à ses réservistes, une attaque brusquée qui déciderait du sort de la guerre. Or elle se préparait à accroître son armée de 120 000 hommes pour la porter à 850 000 environ, ce qui lui en donnerait les moyens.

L'état-major s'en alarmait d'autant plus qu'il doutait de la capacité des Russes à mobiliser rapidement leur armée et de leur respect de l'alliance en cas de conflit colonial. Poincaré ayant été élu président de la République en janvier 1913, le nouveau gouvernement décida de prolonger d'une année le service militaire.

La raison démographique n'était pas la seule. Avec 40 millions d'habitants contre 65 de l'autre côté du Rhin, la question des effectifs se posait évidemment, même si l’Allemagne envisageait une guerre sur deux fronts. Mais au Conseil supérieur de guerre du 4 mars 1913, qui décida la prolongation du service militaire, les généraux disaient avoir besoin de 130 000 hommes ; la prolongation leur en apportait 180 000, soit 50 000 de trop, de leur propre aveu.

 

Au Conseil du 18 avril, où fut adopté le plan XVII, ils insistaient : pour la première offensive, la bataille décisive, il fallait n'engager que des unités d'active, et dans ces unités, pas plus d'un tiers de réservistes : les autres seraient bons à garder les fortifications ou les trains, et à combler les vides des unités jusqu'à l'arrivée des renforts.

Comme on ne pouvait recruter sans délai de nouveaux officiers, avant de créer de nouveaux régiments avec des officiers de réserve, la loi faisait passer la taille des compagnies de 90 à 140 hommes, renforçant l'active. La stratégie de l'offensive exigeait plus de soldats d'active, et pas seulement plus de soldats.

En argumentant d'une part sur la nécessité de mettre l'armée en état de répondre à l'attaque brusquée d'un adversaire fort de 850 000 hommes et, d'autre part, sur le fait que l'égalité absolue entre les citoyens édictés par la loi militaire de 1905 était totalement respectée. Le gouvernement parvint à faire adopter par les deux chambres la loi de trois ans, qui portait l'effectif de l'armée d'active à 736 000 hommes environ - un record de rapidité.

Des manifestations éclatèrent dans certaines casernes, car la prolongation du service retenait sous l'uniforme des soldats qui comptaient être libérés bientôt. Mais les choses ne faisaient que commencer...

 

Antoine. Prost.

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Membre, 101ans Posté(e)
Exo7 Membre 796 messages
Mentor‚ 101ans‚
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Il y a 1 heure, Gepetto a dit :

Un vrai feuilleton :D

Reste un épisode... Tu vas tenir ? :8):

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Membre, Créateur de la marionnette, 78ans Posté(e)
Gepetto Membre 5 521 messages
Maitre des forums‚ 78ans‚ Créateur de la marionnette,
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il y a 44 minutes, Exo7 a dit :

Reste un épisode... Tu vas tenir ? :8):

Oui , vas y envoie :D

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