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Faste et pauvreté dans la noblesse

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Exo7

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Exo7 Membre 874 messages
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Faste et pauvreté dans la noblesse.

 

Voici le cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg et prince du Saint-Empire.

"Son Excellence nous reçut dans son palais épiscopal, digne d'un souverain. Il menait un train de maison ruineux et invraisemblable à raconter... Il n'avait pas moins de quatorze maîtres d'hôtel et vingt-cinq valets de chambre...

Le Cardinal sortait de sa chapelle en soutane de moire écarlate et en rochet de point d'Angleterre d'un prix incalculable. Il avait une aube des grandes cérémonies, quand il officiait à Versailles, au point à l'aiguille, d'une telle richesse qu'on osait à peine la toucher. On l'estimait plus de cent mille livres. Ce jour là nous n'avions que le rochet d'Angleterre, un de ses moins beaux, disait l'abbé Georgel, son secrétaire. 

Le Cardinal portait à la main un missel enluminé(...) d'une antiquité et d'une magnificence uniques; les livres imprimés n'étaient pas dignes de lui"  (Baronne d'Oberkirch, Mémoires).

 

Et voici maintenant la petite noblesse de Bretagne d'après Chateaubriand.

La famille à laquelle appartenait l'écrivain "s'appauvrit effet inévitable de la loi du pays : les ainés nobles emportaient les deux tiers des biens, en vertu de la coutume de Bretagne; les cadets divisaient entre eux tous un seul tiers de l'héritage paternel.

La décomposition du chétif estoc (bien de famille) de ceux-ci s'opérait avec d'autant plus de rapidité qu'ils se mariaient, et comme la distribution des deux tiers existait aussi pour leurs enfants, ces cadets arrivaient promptement au partage d'un pigeon, d'un lapin, d'une canardière et d'un chien de chasse, bien qu'ils fussent toujours chevaliers hauts et puissants seigneurs d'un colombier, d'une crapaudière et d'une garenne.

On voit dans les anciennes familles nobles une quantité de cadets : on les suit pendant deux ou trois générations, puis ils disparaissent, redescendus peu à peu à la charrue ou absorbés par les classes ouvrières, sans qu'on sache ce qu'ils sont devenus."

Le Père de Chateaubriand appartenait ainsi à une famille indigente. Il se fit marin pour gagner sa vie, puis "il passa aux Iles (Antilles françaises); il s'enrichit dans les colonies et jeta les fondements de la nouvelle fortune de sa famille". Lorsqu'il résidait dans son manoir de Combourg, non loin de Saint Malo, "nous étions plus particulièrement liés avec la famille Trémaudan... Cette famille habitait une métairie qui n'attestait sa noblesse que par un colombier...

Une seule passion dominait mon père, celle de son nom. Avare dans l'espoir de rendre à sa famille son premier éclat, hautain aux Etats de Bretagne pour les gentilshommes, dur avec ses vassaux à Combourg, taciturne, despotique et menaçant dans son intérieur, ce qu'on sentait en le voyant, c'était la crainte."

(Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe).

 

 

Révélation

- rochet : surplis blanc qu'en certaines occasions le prêtre porte sur la soutane.

- aube : longue robe de toile blanche.

- canardière : étang sur lequel on prend au filet des canards sauvages.

- crapaudière : terrain marécageux, où l'on trouve des crapauds.

- garenne : réserve de gibier où le seigneur chasse le lapin.

- missel : livres de prières.

 

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