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C'est le rugby. Le Bistrot est en ébullition. La bière et le brouhaha des grands jours. Je m'éclipse et je tente de retrouver le fil d'une discussion entendue sur Youtube. Ou bien le monde est en nous : nous sommes un miroir où nous voyons une image du monde, plus ou moins fidèle, qui s'est construite à partir des éléments du monde.  
Ou bien notre pensée est une construction pure et le monde est une pensée pure. S'il est une pensée pure nous pouvons l'analyser. C'est le travail de la réflexion. Elle pose un sujet x qui a construit une horloge, le monde pensé, qu'elle est en train de démonter pour en extraire les petites roues qui s'ajustent, les pensées qui au fil du temps se sont ajointées afin de former un monde pensé cohérent. On trouve cette idée dans un film (The Truman Show) où un homme, d'abord enfant, grandit dans un monde que les téléspectateurs regardent évoluer au gré des idées des scénaristes. Mais cela montre que pour les spectateurs, pour nous qui lisons la philosophie-scénariste, il y a déjà un monde. Qu'il soit dit être le fruit de notre pensée, implique qu'il soit d'abord présent en tant que monde. Notre pensée construit le monde, certes, mais celui-ci apparait comme monde avant nos idées. C'est comme l'enfant qui trace un trait puis qui au fur et à mesure va lui ajouter des bras et parvenir à peindre la Joconde, Venus sortant du bain ou un Picasso.

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J'ai prolongé la réflexion notée dans mon journal hier après midi, dans une discussion, ce matin avec Bernado. Je lui ai demandé, alors que nous déjeunions en terrasse et sous un beau soleil : "comment apparait le monde ?" Il m'a répondu en résumé cela : un animal ne se réfère pas au monde. Il va d'une chose à une autre. Est-ce le mot "monde" qui crée le monde ? Si c'est le mot, alors c'est tout le langage. Chaque mot contient tout le langage. L'animal ne se réfère pas au monde, car il n'a pas de langage. Il perçoit les choses. Nous ne percevons pas le monde, nous l'imaginons. Il est supposé être là. Il est supposé par le fait de parler d'une chose. Dès que nous parlons d'une chose, nous l'imaginons et nous la situons dans le temps et dans l'espace, nous imaginons un tout qui contienne toutes les choses, le monde est là, simplement là, présent. Nous avons à être dans ce monde, à nous construire en harmonie avec les autres choses. Mais nous ne sommes pas pur projet. Les choses et nous-mêmes comme chose ne sont pas imaginaires.

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Angèle, la femme de Léon, mort en mer il y a quatre ans, nous a expliqué, ce tantôt, qu'il ne fallait pas nous en faire. Minouch lui a demandé en quoi. En fait Angèle répétait le message officiel concernant le virus. L'instit, toujours aussi rigoureux, nous a fait la démonstration suivante : une épidémie, c'est de la pure logique. Si, au départ, vous confinez le premier porteur, le virus va disparaître. Si vous le laissez se promener, il va le transmettre et en quelques jours il sera partout. Pourquoi le politique qui a le moyen d'agir (par définition : puisqu'il se l'approprie et donne ainsi la mauvaise habitude aux gens de s'en remettre à un Autre), n'est pas intervenu dans le cas de ce virus ? Pour des raisons économiques : notre pouvoir politique pouvait bloquer l'arrivée des porteurs potentiels. Il ne l'a pas fait. Et les médias de nous seriner le message officiel : c'est bénin, tout le monde va l'avoir. Il ne faut pas s'en faire. Comment les gens, les médias, les politiques peuvent être à ce point stupides ? Angèle répond : on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs et elle explique que dans l'armée, où elle a servi pendant 30 ans, chaque opération comporte des risques et que certains y restent. Nous devons nous sacrifier. L'instit en convient : les médias couvrent les politiques qui savent qu'il y aura des morts et que c'est le prix à payer pour que l'économie ne soit pas trop impactée (sic). je fais remarquer qu'ils se sont probablement trompés. L'instit dit : espérons que non.

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Qu'il fait beau aujourd'hui ! La pluie, les giboulées, de retour cet après-midi ! Vertige, pris dans ce mélange inextricable du temps. J'ouvre mon carnet et je griffonne assis à l'abri du vent, dans un creux au milieu des dunes : le présent est pur commencement, le passé est une vue extérieure de ce qui a été, le futur est vue extérieure de ce qui va être, le présent comme pur commencement est là et n'est pas là. Il est là puisque c'est le présent. Il n'est pas là parce que je regarde de l'extérieur. Regarder, partir du commencement et aller vers un autre qui n'est pas ...moi, qui suis ce pur commencement. La culture gitane existe : il faut s'aider d'une image, celle d'une cruche. L'ethnologue regarde la cruche et les gitans sont dans la cruche. https://www.youtube.com/watch?v=U9iw1gMVoO0

 

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Une mer d'huile. La tranquillité. Le ciel étoilé et les yeux de minouchka. Qu'est-ce qui peut venir rompre la beauté du monde ? La peur. L'agressivité. Ce sont des effractions qui brisent le monde familier, aimant, le paradis sur terre. Le monde est l'unité présente dont je suis. Je ne prétends être rien d'autre qu'appartenance à cette unité. Tout cela est le présent, pur, imaginaire, tissu fragile, barque nonchalante, effort millénaire des hommes, face à face avec le réel chaotique, mer déchaînée, lames tranchantes. Les hommes sont des cultures ambulantes. Ils traînent autour d'eux un monde imaginaire qui est leur présent, leur bel aujourd'hui. Le monde se désenchante, l'angoisse, l'événement, le branle-bas. Le savoir manque, que faire? Appeler l'Autre à l'aide. Dites-moi ce qui arrive, que ce n'est pas grave, que le monde est bon. Il demande : de qui doutez-vous? Je réponds : de mon amie. Et la liberté vous pèse ? Je ne veux pas de cette solitude. Je m'ennuie. Je veux mon amie. Pourquoi l'avez-vous perdue ? ne vouliez-vous pas retrouver votre liberté ? C'est possible, je réponds. Mais cette liberté n'est-elle pas une façon imaginaire de reconstituer le monde sans le fonder sur l'autre? Seulement voilà, l'angoisse concerne l'autre, son absence, non? être ou n'être pas, cela dépend de l'attitude des autres. Qu'ils veuillent bien me permettre de rêver que le monde est bon. Certes, encore faut-il hisser les voiles et ne pas laisser la barque sans pilote!

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Quelques ardoises, une soudure, le pignon que nous avons maçonné. Le Bistrot est comme neuf ! Bernado a loué une villa sur le front de mer. Sa femme, Franscesca-Lina est arrivée. Elle vient d'italie : elle nous assure avoir passé sa quatorzaine sans montrer de signes de contamination. On se croirait dans un film de SF ! Elle en a profité pour commencer un article sur Levinas et elle compte sur nous pour ne pas trop la déranger!

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sur un blog : procès Fillon. Il y a le côté juridique. Il y a le côté politique. Il y a le côté idéologique. Cela commence par l'intrigue politique : Fillon n'est pas le bon candidat, il ne gagnera pas, il faut le dégager. Ensuite vient la morale : l'homme politique doit rester une sorte de saint. On profite de cette histoire de financement par l'intermédiaire d'un travail fictif pour montrer que le média officiel et le politique professionnel sont des saints on peut leur faire confiance. La vérité reste voilée, l'homme politique et le journaliste sont des gens intéressés : mais cela ne doit pas être dit. La France est le pays de Tartuffe pour la terre entière. Enfin, dernier moment, les juges, eux aussi des saint-hommes, utilisent leur pouvoir de mettre en examen, de mettre en procés, celui qui leur a été désigné et déjà, mis en pièces par le tribunal médiatique, la vox populi. C'est le coup de pied de l'âne. 

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Le chemin à travers les dunes : noyé dans la bruine. Il y a le grondement de l'océan tout proche, c'est marée haute. Voici la cabane. Les chasseurs l'ont aménagée. Je m'installe sous la véranda dans une sorte de rocking-chair rudimentaire digne des pires bayous de la Louisiane ! Ah! peinard ! Etre à l'abri des regards. Qu'est-ce que cela, un regard dont je m'abrite ? Un écureuil passe, me regarde. Cela me dérange à peine. Le monde est un. Lorsqu'une personne me regarde ça fait crac, brutalement quelque chose est là, coeur du monde, oeil du cyclone, tourné vers moi, moi surpris d'être regardé, mal à l'aise, comme si je me surprenais dans ma fuite et que là, j'étais coincé, obligé de faire face à un regard. D'aussi loin que remontent mes souvenirs, j'ai un problème avec le regard des autres, avec sa question. J'ai beau essayé de me faire léger, je suis encombré par moi-même. J'aimerais être pure musique, chant, ange, érotisme, présent neuf, ouverture vers l'avenir : l'avenir pour me délivrer du poids du passé, qui revient, qui insiste, est-ce la vérité, quelle est ma vérité?  Le regard des autres me perce à jour, me rend coupable de je ne sais quelle faute passée, devient le temps qui passe, inéxorable, insaisissable point de vérité évanescente, unique point d'archimède qui se dérobe et qui revient sans cesse, le regard de l'autre c'est le même, l'identique, l'unique point de certitude, l'autre, où ça ? qui parle s'inquiètent Don Juan et Hamlet. Qui me regarde ? pourquoi ce regard que je devine, que je quête, me détruit-il, me fait-il fondre comme neige au soleil, me fait-il perdre la boussole, les mots, les idées, les bonnes choses de ce monde, pourquoi je me sens devenir un château de sable, pourquoi ne reste-t-il de moi que des moignons dérisoires, un corps nu comme un ver qui se tortille et ne sait où se cacher. 

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La place du Mercadieu est anormalement vide. C'est jour de marché mais les gens ont peur. Normalement, jamais cette maladie n'aurait du venir ici. Quid de ce normalement me demande Minouchka ? L'instit qui est attablé avec nous en terrasse répond ceci : cette maladie pulmonaire est là parce que les gens sont des imbéciles. Ils sont des imbéciles en ce qu'ils sont devenus incapables d'agir et de de réfléchir en vue de leur propre survie. Juste à cet instant, Manu, l'apprenti boulanger est en train de parler à une table voisine : le président sait ce qu'il fait, il fait fermer les écoles parce que c'est le bon moment, il fait tenir les élections ..etc. Eh Manu ! tu ne réfléchis pas à ta propre survie : tu t'en remets bêtement à l'Autre qui sait, lui dit en riant Minouch. Et quoi ! dit Manu, en quoi le président a tort ? L'instit lui dit : tu ne devrais pas faire confiance aveuglément, voilà le problème, si les gens étaient davantage intelligents, ils auraient gueulé tellement fort que les petits calculs de boutiquier auraient fait long feu. Pech'gour, le quincailler, ajoute ceci :  il aurait fallu, à partir de ce qui s'est passé en Chine, prendre la mesure du danger et nous protéger au maximum. On a laissé grande ouverte la porte en espérant que le pic de l'épidémie soit repoussé dans la période chaude. J'ajoute ceci : ce fut une erreur et le pic va arriver trop tôt et trop fort : les services de soins intensifs vont être submergés. Francesca ajoute ceci : les imbéciles ne prennent pas la mesure du danger, ils sont dans la démesure, ils se prennent pour la mesure des choses, avec leurs petits calculs à courte portée.  

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I.Thomas-Gil Membre 153 messages
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Le gouvernement impose le couvre-feu. Chacun reste chez soi et on laisse le virus aller au bout de son temps. On voit l'utilité d'un gouvernement : il faut se confiner en même temps. Cette épidémie va servir de leçon pour toutes les épidémies à venir. Elle montre aussi qui sont le gens. En particulier, tous ceux qui sont dédoublés, duplices : ils font sans faire. Ils se conforment mais gardent un oeil ironique. Ils se donnent l'air de savoir. Ils se prennent à leur propre jeu. Dès qu'on leur tourne le dos, ils ricanent. On ne la leur fait pas. Ils sont bêtes et vides. Ils sont peureux et baissent les yeux mais ils mettent un point d'honneur à transgresser : ils ne réfléchissent pas, ils ne comprennent pas. Excellents vecteurs des épidémies.

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I.Thomas-Gil Membre 153 messages
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Quel magnifique matin de printemps ! Les dunes tout autour et la tranquillité enfin !
Je suis avec Minouchka, nous nous laissons bercer par le chant des fauvettes et le rythme des vagues. Tout le monde, au village, s'isole, dans le doute, bien que personne ne soit sans doute infecté. On s'impose cette discipline, d'un commun accord. Les cercles se referment : je suis avec Minouchka, Bernado et Francesca dans une petite villa en bordure de l'océan. Bientôt nous rejoindront la fille de Minouchka et mon fils, ils vont s'imposer une douzaine de jours de confinement avant de nous rejoindre.

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I.Thomas-Gil Membre 153 messages
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Trouvé ce tantôt un journal de bord pour rire et se détendre, les adultes ont besoin de rire. Il faudrait une rubrique histoire de toto. Bernado a essayé de me faire rire. Les journalistes sont des nuls, ils ont dit aux français de ne pas s'en faire et maintenant ils leur disent de s'en faire. Ha ha. Ce n'est pas drôle lui a dit une forumeuse acharnée et connaisseuse. Pourtant c'est drôle. Les politiques ont repoussé les mesures de confinement afin que la vie politique et démocratique puisse suivre son train de sénateur. Ha ha. Ce n'est pas drôle ! Mince alors.  Alors que les chinois, les italiens, les espagnols appliquent la règle à la lettre, les français se transmettent le virus dans la bonne humeur. Les journalistes morigènent les mauvais français. Ceux-ci croient que c'est pour rire. Haha, trop drôle. :Suisse:

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Une épaisse brume couvre le pays. Nous déjeunons. Ce qui est capital dans ce genre de situation, c'est que chacun veille à ne pas céder à la tentation de se plaindre. C'est une tentation car chacun de nous est à chaque instant à la croisée des chemins. Ou bien il accepte ou bien il ne veut rien savoir. S'il ne veut rien savoir, alors il doit trouver une raison pour justifier son refus et c'est pour cela qu'il se plaint : il va trouver une chose qui ne va pas, il va la ruminer puis il va en faire part aux autres qui sont eux-mêmes à la croisée des chemins. Celui qui se plaint entraîne dans sa chute les autres qu'il culpabilise en exposant sa souffrance. L'autre voie, celle de l'acceptation exige que le monde soit bon, plein de bonnes choses : celui qui se plaint dit que le monde est mauvais, c'est un rabat-joie, un pisse-vinaigre, un méchant qui refuse le monde et ne supporte pas que les autres soient heureux (cercle ascendant, cercle descendant). Il y a mille et une façons de se plaindre. Par exemple juger, regarder d'un point de vue moral (histoire de la cruche que l'on regarde de l'extérieur au lieu de se trouver à l'intérieur). 

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Le langage, ce que nous disons, ce que nous voulons dire, tout cela constitue une partie de notre être, une partie qui produit des discours. Et puis il y a la matière, les corps. Tout ce que je viens d'écrire est un mélange. Il faut de la matière pour produire un discours et la matière est ce dont on ne cesse de parler. Descartes a tenu un discours sur cette dualité. Il a parlé de l'être selon ses deux formes : espace, langage. Les hommes tiennent des discours sur le corps et sur l'âme, en disant que l'âme est ce qui constitue leur être véritable, en disant que le corps impose des conditions et des limites à cette âme. On peut comprendre notre difficulté à voir le danger mortel que nous courons sans cesse, en particulier dans notre lenteur à réagir contre la propagation du virus qui nous menace en ce moment, à le laisser envahir l'espace, en nous comprenant comme ces êtres de discours parlant du corps idéalisé pour ne pas avoir à nous en approcher (faire l'autruche). Tout va très bien madame la Marquise. Le reflet dans le miroir. Don Quichotte déclamant ses vers et fonçant sur des moulins à vent.

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Quel temps magnifique. Les gens viennent sur la plage,  ils se tiennent à bonne distance les uns des autres. Ils sont intelligents : ils comprennent le danger. Ici, il n'y a pas besoin de loi ni de police pour contraindre les gens à faire ce qu'il convient. Ici, nous avons décidé depuis que le virus mortel s'est approché de notre pays, de ne plus nous rassembler. Tout est organisé dans ce but. Plus de salle d'attente, plus de transport en commun, plus aucun lieu commun. Nous formons des petites communautés que nous tenons séparées et qui travaillent chacune à remplir une fonction et cela tout le temps que durera l'épidémie. Tout fonctionne autour d'une règle : la bonne distance. Ailleurs, c'est la bêtise qui panique : les gens continuent à se rassembler dans les magasins, les transports, les lieux de travail et par ailleurs ils s'interdisent les promenades. C'est comme s'ils s'imposaient une camisole punitive et que cela allait les protéger du virus qu'ils vont attraper dans les magasins. 

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Discussion sur la terrasse. Il fait encore doux malgré la nuit tombée. La chatte vient nous frôler les jambes avant de partir chasser les mulots. La question porte sur le doute qui a accompagné depuis le début la naissance de la science moderne. L'idée qu'il y a une vérité humaine, une nature humaine et qu'il est nécessaire de lutter contre ceux qui croient que tout est possible, que l'homme, la vie et toute chose n'ont aucune essence, aucune vérité, aucune nature. Les rationalistes ont ouvert cette voie en disant ceci : nous faisons partie de la nature, nous agissons en tant qu'êtres naturels, c'est vous, vous qui vous opposez à notre recherche, qui êtes dans l'erreur en vous cramponnant à des interprétations de ce qu'est l'homme et la nature. On a tendance à être convaincu par ce discours et pourtant quelque chose en nous semble insister et vouloir dire stop, il y a quelque chose qui cloche.

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Le Bistrot du port ne sert plus de boisson. Ce samedi matin est bien étrange ! Mais la terrasse reste ouverte et chacun peut venir avec son café et ses croissants. Les tables ont été espacées soigneusement. Il n'y en a plus que quatre. Ce matin, j'ai ainsi pu bavardé avec Gérard le cantonnier qui s'apprétait à aller curer les fossés du côté des Lazules. Les gens répètent mécaniquement ce que les médias répètent inlassablement. Voilà en gros le fruit de notre bavardage. Or, me dit ensuite Bernado, les médias produisent des vérités générales et c'est à chacun d'adapter ces normes selon les circonstances. Par exemple, la notion de civisme est rabâchée, des reportages, des historiques ... la mamie Angèle qui n'a plus toute sa rête, n'a plus ici que ce mot à la bouche. Le problème, je fais remarquer, c'est que l'on se réfère à ces notions médiatisées et qu'on oublie l'essentiel : les médias passent par essence à côté de l'essentiel. Tu nous le montreras une autre fois, me dit Minouchka, qui veut libérer la table pour les marins-pêcheurs du Konk-Leon. Nous continuons à discuter en revenant par la plage. Ludo, le fils aîné d'Angèle voulait acheter une tourte d'avance pour la mettre au congélo mais sa mère s'y est opposé au nom du civisme. Comment lui faire comprendre que mettre une tourte dans le congélo n'est pas un acte d'incivisme, aurait parait-il hurlé Ludo, qu'on l'aurait entendu à l'autre bout du port !

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Nous avons dit des choses hier soir suite à une question de Franscesca concernant la question du sujet qui est problématique dans notre "civilisation". 
La logique exige que ce dont on parle, on puisse décider si cela existe ou pas. On ne peut avoir affaire qu'à une alternative : c'est vrai ou c'est faux. Il ne saurait y avoir un être nouveau qui viendrait rendre caduque cette alternative. Il est interdit de se donner l'être (dire par exemple qu'il y a deux sortes d'être). Il faut s'en tenir à l'être car sinon ce que nous disons repose sur notre volonté. Cela apparait dans la Génèse : il y a dieu et l'homme n'est pas dieu. Mais il apparait aussi que l'être, condition du discours, se fige dans l'identité. Or, il faut expliquer le changement. C'est pour cela que les philosophes introduisent la matière comme ce qui est susceptible de changer de forme. La forme est de la matière en train de se diversifier selon des formes générales parmi lesquelles est apparu le langage humain et ses jeux divers. Un jeu de langage parmi d'autres : la description objective de l'être à partir de l'expérience active et transmise dans les cultures s'élaborant lentement au fil des millénaires. 
Dans ce cadre logique, il ne peut y avoir de liberté, de souveraineté, de sujet décidant ex nihilo, faisant table rase. Or, toute la modernité repose sur l'idée qu'un tel sujet est véritablement. Par ailleurs, la science moderne maintient la rigueur logique et tente de voir la matière comme une structure se modifiant : l'homme fait partie de la matière et la science tente de le comprendre sans recourir au sujet de la philosophie, de la politique, de la morale, de la religion.

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Angèle est allée téléphoner à la maréchaussée pour dénoncer les parisiens qui sont arrivés et qui vont sur la plage. Or, ils se sont conformés à nos règles très strictes : former des groupes qui ne peuvent changer et surtout rester à bonne distance de toute personne étrangère à leur groupe et cela pour une quinzaine. Nous avons des tests dans notre pharmacie et cela nous a permis de repèrer deux parisiens infectés. Ils sont isolés, on leur porte à manger, ils peuvent se promener et nous parler : à bonne distance. Pourquoi Angèle est-elle allée les dénoncer ? C'est de cela que nous débattons en ce moment. Le principe est simple : toute personne non infectée doit respecter la règle de la bonne distance et cela afin de ne pas être contaminée et de ne pas contaminer ensuite sans le savoir. Cela doit durer tant que le pays ne sera pas sain et ne surveillera pas aux frontières les arrivants. Puis, lorsque le vaccin sera là, le problème sera derrière nous. Nous savons comment stopper l'épidémie, et nous la stoppons, de fait, sans recours à la force : juste en expliquant la justesse et la simplicité de la règle. Angèle ne comprend pas la justesse de la règle et cela se voit dans le fait qu'elle se rapproche des gens, va "en ville" dans les marchés, entre sans précaution dans les magasins : en croyant que le fait de se conformer à la loi la protège du virus. Cette naïveté est le vecteur le plus efficace de l'épidémie. Il faut que la loi cesse d'être le moyen d'imposer le juste comportement et il faut que le jugement de chacun prenne le relai : que chacun assume sa responsabilité vis à vis des autres. Tant qu'on en reste à la loi et à la notion de civisme, on est dans l'abstraction : Angèle continue comme si de rien n'était, elle touche les gens et postillonne en étant sûre de ne pas être contagieuse. Or, elle peut l'être et ne pas le savoir : cela elle ne peut le concevoir, puisqu'elle agit selon la loi, avec civisme. 

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Plus aucune traînée dans le ciel. Les touristes et leurs bagnoles, les camions de livraison : tout a disparu. Nous voici seuls avec juste quelques parisiens qui se sont échappés de l'enfer. Pourquoi Angèle a-t-elle voulu les dénoncer ? Heureusement qu'on a réussi à la dissuader. Hier, elle nous disait l'avoir fait. Mais Ludo, son fils aîné, nous a dit que non. Ouf! Elle est unique en son genre, du moins ici. Elle a l'esprit étrangement dérangé. Est-ce à cause de cela qu'elle s'est engagée pendant plusieurs dizaines d'années ou bien est-ce cela qui a modifié son comportement ? C'est comme si elle ne pouvait fonctionner que comme une mécanique obéissante et donneuse d'ordre. Ce n'est pas la réalité, le monde, les autres ..qui la préoccupent : c'est juste le fait qu'on lui donne des ordres, qu'elle-même en donne, qu'elle soit en règle, qu'elle ait ses papiers sur elle .. Chez elle, et au village aussi, elle recherche la loi, soit pour lui obéir soit pour l'établir, elle désire la loi comme au temps de l'armée, au temps du roi soleil, ses enfants, ses petits-enfants, les gens du village la détestent. Léon, son mari passait son temps au Bistrot. Il la craignait comme la peste. Pendant l'occupation, au temps où l'allemand imposait le couvre-feu, elle aurait collaboré activement, nous répétait-il "entre nous seulement".

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