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À propos de I.Thomas-Gil
- Date de naissance 20/05/1976
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“désir du désir. Le désirable, c'est un désir. Qu'il y ait un désir, c'est ce que je désire. Est-ce alors un désir éprouvé par telle personne ? est-ce un désir qui me vise ? je désire telle personne et je désire que cette personne me désire : mon désir est déclenché par sa beauté et il vise ce qui est désirable, espéré, anticipé : son désir. C'est le moment de l'aliénation. Je dépends d'un autre, de son caprice, de son humeur. Tant que sa beauté causera mon désir je serai aliéné à son désir, je serai à sa merci. C'est la situation de tout humain. Chacun cherche à maîtriser ce désir : l'un flatte les autres pour qu'ils le désirent, d'autres deviennent forts pour que les autres le désirent, certains font de l'amour une obligation, d'autres nient que cela soit le but à poursuivre ...Cette maîtrise relative permet à chacun de se réaliser, de se donner une substance factuelle, d'apparaitre ... "
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“Ce qui est premier dans l'ordre de l'être est dernier dans l'ordre de la connaissance. Je me connais en dernier : après avoir été le produit d'un processus que je reconstitue par des hypothèses. Au commencement de mon existence, il y a le désir sans objet. Puis il y a ... causé par l'opération culturelle ... un objet. Cet objet est inter-dit, soustrait (il y a une loi, un mythe), il y a le refoulement de sa représentation. Cela produit un retour du refoulé, une explosion d'objets désirables, n'importe bout de quelque chose fait l'affaire. Le monde des objets est l'objet aimé explosant en une multiplicité d'éclats. Je deviens moi-même un objet. Je me connais comme existant. J'ai un nom, une forme, une substance, un entendement, une perception, une volonté : je vis dans l'instant, je suis fini, limité par la présence à moi-même et je tente alors de me représenter dans le temps, ce que j'ai été, comment tout cela a commencé.”
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“je crois qu'il pleut. J'ai l'impression qu'il pleut. Il me semble qu'il pleut. Je n'en suis pas sûr. Je sais qu'il pleut, tu peux me faire confiance. Je l'ai vu par la fenêtre. Lorsque je dis que je crois et lorsque je dis que je sais, il y a une différence dans ma manière de me rapporter à un fait : dans un cas j'ai une certitude basée sur une preuve, dans l'autre, j'ai des indices mais pas de certitude car pas de preuve. Je crois en Dieu, je n'ai pas de preuve mais je conserve ma confiance en l'existence de cet être que je nomme ainsi. Est-ce que si tout le monde dit : c'est faux, c'est une illusion, une superstition due à la peur, ... je vais continuer à croire, à me fier à des indices ? Qu'est-ce que dit de moi la confiance en une personne comme mon garagiste ? est-ce que j'ai une preuve, est-ce que je dis que je sais qu'il est digne de confiance ? je saute le pas : je choisis d'avoir confiance en lui sans avoir de preuve de sa fiabilité. Cela reste dans le cadre d'une expérience où je fais preuve d'attention, d'observation, de perspicacité. Mais à un moment je saute le pas et je fais confiance."
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“les poissons dans l'eau ne savent pas de quoi l'eau est faite. Elle est conçue par eux comme un ensemble de petites billes qui elles-mêmes sont pleines d'une matière dont ils cherchent la composition et le fonctionnement. Mais dans la mesure où il leur est impossible de voir à ce niveau de petitesse, les poissons se demandent si cela a un sens de dire que la réalité objective existe. Ils observent des faits comme Holmes et interprètent comme lui. La vérité du réel est objet de conjecture, de certitude, de doute. La réalité objective de l'eau est mystérieuse dès lors qu'on se demande ce qu'elle est au-dedans d'elle-même.”
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“la pensée est intégration, éros. Le discours philosophique, scientifique ... est sans fin, un schéma qui se renouvelle en cherchant à établir la nature de ce qui sous nos yeux se produit. L'oeuvre achevée, c'est l'oeuvre divine, une et indivisible, ou bien celle de l'artiste à laquelle rien ne peut plus être ajouté, qui se suffit dans son éternité, son identité, sa perfection, sa forme. Elle est le monde et fige le temps. La vie de chacun est une et se renouvelant, comme une rivière. C'est une intégration qui se défait souterrainement afin de se refaire autrement, sous nos yeux. Des éléments nouveaux surgissent en effet et eros les intègre dans notre immanence qui ne peut jamais se refermer sur l'identité, car l'avenir est notre être, ce dont provient le désirable. C'est un enfant qui joue, fait feu de tout bois, transforme tout ce qui lui tombe sous la main en éléments signifiants, construisant l'unité perdue et la défaisant sans se lasser. ”
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"Il pleut. Je sais qu'il pleut. Je dis à quelqu'un qu'il pleut. Il pleut et je ne sais pas qu'il pleut. Quelqu'un peut me l'apprendre. Je peux ne pas le croire. J'ai des raisons de ne pas le croire. Je crois qu'il veut se venger de moi. Je crois qu'il ment comme il respire. Il a besoin que les autres pensent quelque chose de lui. La présence de cette pensée qui le prend comme ce dont il y a quelque chose à penser, est une condition absolue dont il n'a pas conscience. Comment peut-on savoir que quelque chose dont on n'a pas conscience, existe? C'est une hypothèse. Comment peut-on vérifier qu'une hypothèse est vraie ? En faisant des expériences. Comment peut-on savoir qu'il existe des dieux ? une loi "morale" ? un amour ? une haine ? Est-ce que tous ces mots sont des hypothèses ?"
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"Quel sens a le mot miel ? j'imagine une coulée de miel, je descends à la cuisine, j'ouvre un placard, j'ouvre un pot, j'aspire voluptueusement l'odeur d'un miel de lavande. La pensée est une puissance et un acte, elle rend ainsi présent le miel, elle est la présence de ce qu'elle désire, elle est à la fois désir du miel et présence du miel. L'erreur est de se dire que ce qui est actif, c'est un seul mot, une seule image, une seule odeur : en réalité, c'est toute une culture. Non pas une relation terme à terme (pensée, réel) mais un système de croyances se superposant à un autre système (pensée, nature)"
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“la pensée est représentation, elle est une manière de se rendre-présent à volonté ... ce qui nous importe, ce que nous avons vu, ce que nous nous attendons à voir ....etc. Nous ne sommes pas ce qui nous est extérieur, il nous est donc possible de nous relier à cet Autre, soit pour l'aimer et le haïr, soit pour le dévoiler et le connaître.”
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“qu'est-ce qui se passe lorsque quelque chose semble sacré ? je m'approche d'une falaise, de nuit, et j'ai l'impression très soudaine qu'elle se détache d'une manière inhabituelle, je me souviens alors de ce que me racontait mon oncle à propos de cet endroit, je découvre alors qu'elle m'apparait conforme à ce récit. Le sacré dont les savants cherchent à élucider l'apparition serait le produit de notre pensée concernant notre environnement : nous pensons et nous voyons avec des sortes de films qui ne cessent de se reprendre et de se projeter.”
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I.Thomas.Gil est parti sur son vieux rafiot avec quelques amis en direction d'une île perdue au milieu de l'Atlantique Sud et pour rejoindre d'autres amis qui y demeurent toute l'année, élevant des moutons, se déplaçant en vélo sur des pistes balayées par les vents, survolées par les goélands. Il m'a passé sa piaule en attendant son retour. J'ai trouvé une clé : Bob Dylan, Léonard Cohen, des chants flamenco, du jazz de la New-Orléans et quelques notes. “Si nous pensons sérieusement que nul ne peut nous imposer quoi que ce soit, que nous sommes capables de juger par nous-mêmes du cours de notre existence et que personne à notre place ne peut venir en décider ... alors nous sommes dans le coup et toi papa t'es pas dans l'coup : the time are changing ”
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L'essence est invisible, elle est ce que la pensée doit supposer et reconstituer pour comprendre le visible auquel elle a affaire puisqu'elle est pensée humaine, désirant, sentant. Autrement dit les hommes pensent ce qui est Autre : il y a un désirable, il y a un "je", il y a un Autre dans un logos, un mythe, un monde. Il y a la parole pour dire, chercher, nommer, articuler, schématiser ce qui est, pour se l'approprier, c'est le "je" que chacun est, en cours d'élaboration du sensible, regard que porte sans cesse Don Quichotte en quête des géants. Un humain recherche, c'est un logos investissant dans du sensible, dans ce qui est visible, pour en faire l'être, car étrangement pour l'humain l'être manque et l'humain soupire et désire ... tant la présence du désirable lui manque ("je") et cela de façon essentielle, car sans cette quête il n'est rien. Il est cela ("je"), le mouvement du logos qui s'approprie par lambeaux des éclats de la verité, de la présence qui se dérobe mais qui revient pour autant que l'humain reste actif. C'est comme la chatte qui habite cette villa, elle transporte chaque jour ses chatons dans un endroit différent. Tout en mangeant la pâtée qu'on lui a préparé, elle se dit : où vais-je les mettre ? C'est une pulsion : il faut que je fasse ...La pensée surgit ..c'est ce qu'on appelle : la psyché, le psychisme, l'âme, le dialogue de l'âme avec elle-même, avec l'Autre, le corps, la vie ...De même les humains déplacent sans arrêt les limites, il faut que je déplace les limites ...il n'y a d'être humain que déplaçant les limites, que libre (poser une limite pour la déplacer).
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Les filles de la ville arrivent et les gars aussi. Il y a de l'électricité dans l'air. La saison a commencé et les trottoirs, les arcades, les chemins, les ruelles, les plages, les dunes ... grouillent de monde, d'un monde plein de vie, d'apostrophes, de cris d'enfant ..venus d'ailleurs .. qu'on n'avait pas oubliés, qui nous font sourire .. c'est reparti ! Plus aucun endroit à l'abri. Où vais-je griffonner mes réflexions sur le psychisme ? Quel psychisme me demande Minouchka. Que veut-on dire quand on parle du psychisme de quelqu'un ? On veut dire qu'il est un être qui a une âme et que cette âme a des états, des pensées, des sentiments, des désirs. On veut dire qu'un caillou n'a pas tout ça. On veut dire que soi-même on a tout ça bien qu'on ne sait pas trop à quoi tout ça correspond exactement .. alors qu'on voit clairement que les autres sont tristes ou heureux mais qu'on ne sait pas trop ce qu'ils pensent ... alors qu'on sait ce qu'on pense soi-même ... bien que ça aille très vite et qu'on n'a pas le temps de comprendre le sens de ce qu'on pense et encore moins la raison. Toutes ces réflexions sont-elles de vraies réflexions ou bien sont-elles une sorte de fiction, une parole adressée aux autres dans un but mystérieux ? Et puis, cette question : comment les hommes s'accordent aussi bien, se comprennent-ils si bien ? ils ne sont pas des psychismes isolés dans des îles corporelles et s'envoyant des signes. Ils s'accordent si bien, comme des horloges synchrones, c'est parce qu'ils pensent quasiment la même chose à quelques nuances près. Et comment ce prodige peut avoir lieu ?
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La fin justifie les moyens, telle serait l'opinion de toute notre époque, d'après Arsène avec qui nous avons un peu discuté via WhatsApp avant qu'il ne nous raconte ses déboires avec les émeus : ils auraient pendant la nuit éventré ses serres, mangé toutes ses salades. La vérité, la réalité doit être assumée avant toute chose. On ne peut réellement se faire la dupe de nos désirs de grandeur sans que la réalité ne nous inflige un vif coup de patte comme maman chatte à son chaton insouciant. Croire que la fin justifie les moyens, c'est croire que nos désirs produisent la réalité. Or, c'est oublier que nous voulons la vérité, certes pas comme fin, ni comme moyen mais comme condition nécessaire de notre bien être. Celui qui se sent bien dans sa peau pense que ce qu'il fait est véritablement une bonne chose. Seulement, il peut penser cela avec mauvaise foi, c-à-d en sachant très bien qu'il se ment à lui-même puisqu'il sait que ce qu'il fait n'est pas véritablement une bonne chose. La vérité est une condition nécessaire au bien être : se mentir, c'est inventer la vérité. Ainsi, si je dis que ce qui compte pour moi, c'est que ma joie demeure, je fais l'autruche, je sais que c'est faux, je ne veux rien savoir de ce qui est vrai : croire que ma joie est indépendante de la vérité et qu'une joie causée par un mensonge ne va pas s'inverser en souffrance et donc en haine et en vengeance. J'ai ensuite tenté de distinguer plusieurs conceptions de la vérité au 17° s. Celle qui est une lumière instantanée, vérité une et venant en personne éclairer une essence éternelle pour un “je”, substance pensante, lieu où peut surgir la vérité. Le “je” sait avec certitude qu'il est en présence de la vérité et il sait que ce qu'elle éclaire est un être particulier rendu visible et qui n'est donc pas le tout de ce qui existe. Une autre conception fait de la vérité ce que seul un dieu peut comprendre car elle a besoin pour apparaitre à la pensée de la totalité de ce qui existe. Si je connais l'ensemble des faits qui ont eu lieu, qui ont lieu et qui auront lieu, alors je comprends la vérité une et indivisible. Active, processuelle. Une autre conception repose sur la pensée qui dévoile la réalité en agissant sur elle. La vérité n'apparait pas en tant que telle car ce n'est qu'un mot pour nommer la réalité sensible dont on s'efforce de mathématiser les régularités. Si nos schémas sont vrais alors la réalité sensible sera anticipable en partie.
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La philosophie du 17° s. est un tournant pour tous les hommes : elle annonce la bonne nouvelle. Il y a de la progressivité : chaque homme peut progresser dans la connaissance du monde, à la condition de renoncer à ce qu'il est, de renoncer à la vie qui, elle, est désespérément sans progrès. La philosophie du 17° s. annonce l'accomplissement du rêve de tous les hommes à qui est parvenue la mauvaise nouvelle : ils vont mourir. Comment vivre avec ce savoir désespérant ? On le peut si on pense que le temps qui nous rapproche inéluctablement de notre disparition, est un bon temps, un temps qui nous accroit, nous enrichit, nous rend plus beau. Or, qu'est-ce que cette beauté qui s'accroit? C'est, selon la philosophie (qui se sépare ainsi de la religion) celle de notre essence. L'idée d'essence est l'idée grecque, platonicienne ...etc, selon laquelle, il ne faut pas désespérer de ce que nous voyons, car ce que nous voyons n'est pas l'essence. Mais est-ce que cela existe vraiment ce que l'on nomme : l'essence ? Ce que La philosophie du 17° s. montre, c'est que l'homme peut par sa pensée construire efffectivement l'essence et s'évader de ce qu'il voit. La science est l'accomplissement de ce rêve : chaque jour elle renonce à la culture, à la nature, à la vie, à la personne pour construire, à partir d'elle-même, mathématiquement, la structure du monde qui nous environne et que nous voyons certes, mais en nous trompant sur son essence comme Don Quichotte se trompe sur la nature véritable des moulins à vents qu'il prend pour des géants. Mais ! me dit Lise, si la philosophie du 17° s. a compris qu'il existe bel et bien de l'essence et que les hommes de science vont le démontrer chaque jour, pourquoi n'y a-t-il pas une essence (cachée sous ce que l'on voit) de la vie et de l'homme ? Il y a de l'essence chez l'homme, que je lui réponds, voilà le rêve des hommes, mais sur cette voie c'est déjà un miracle qu'ils soient parvenus à se représenter un peu de la vérité du "réel". Pour ce qui est de la vérité de l'homme, c'est là ce que cherchent la phénoménologie, la sociologie, la psychologie ...
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Nous sommes allés faire un tour en avion malgré le temps orageux. Les nuages se sont vite refermés sur nous, nous caressant sans cesse puis on a paru sauter dans un autre monde, dans un bleu parfaitement immobile. Minouchka a coupé les moteurs et nous sommes partis chacun dans un trip, ouvrant l'oeil de temps à autre dirigé tantôt vers le bas, l'orage tantôt vers le haut, le cristal. Cette division est-elle celle de la philosophie moderne ? Oui, entre l'homme ordinaire occupé par sa personne et ses passions, et le savant qui se tourne vers la réalité en se contraignant à ne regarder qu'elle. Les règles pour la direction de l'esprit, au 17°s, imposent au savant de se contenter de ce qui est simple, facile, évident et de renoncer à l'obscur, au confus.