L'Industrie du Caritatif

Ce jour de Noël 2006, au journal télévisé de France 5, on nous a montré des tentes montées le long du Canal Saint-Martin à Paris par les membres d'une association dénommée Les Enfants de Don Quichotte en faveur des SDF et de «l'accès de tous à un logement décent ».

Le journaliste a donné la parole à un ingénieur retraité qui participait à cet évènement de solidarité avec ces gens qui couchent dehors. Ce monsieur au grand coeur a pointé son appartement en face et a expliqué que dans sa conscience, il ne pouvait pas réveillonner à la dinde et au champagne pendant que ces malheureux étaient confrontés au froid de l'hiver, à la faim et à la solitude. Il a donc décidé de partager leur condition pour une nuit et de dormir dans une de ces tentes de camping.

Si j'admire et je respecte son sentiment noble de partager Noël avec ceux moins favorisés que lui, je ne peux cependant m'empêcher quelques réflections.

Au lieu de s'abaisser à leur niveau dans une action symbolique de soutien moral, pourquoi n'a-t-il pas invité l'un de ces SDF dans son appartement pour partager un repas somptueux et bien arrosé ? Au lieu de dormir dans leur tente, il aurait pu inviter un SDF à dormir au chaud dans sa chambre. Plutôt que de descendre à leur niveau, il aurait pu les élever au sien.

Que vise ces organisations caritatives qui mettent ces SDF au centre de l'actualité ? A culpabiliser un soir de Noël ceux d'entre nous qui menons une vie disciplinée au service de notre carrière, de notre famille et payons beaucoup d'impôts pour financer toutes les activités de solidarité du gouvernement (RMI ¿) ?

Il semble que le caritatif est en train de devenir une immense industrie qui exploite nos bons sentiments, notre générosité et cherche à nous culpabiliser continuellement pour nous extraire encore et toujours davantage d'argent. La misère, la saleté, l'échec sont donnés en spectacle au journal de 20 heures. Le bonheur simple d'un dîner familiale lui, devient un privilège, un affront, une honte qu'il faut dissimuler.

En France, les improductifs, les parasites, les cancres économiques tiennent la population en otage avec la complicité des médias toujours à la recherche d'un plus grand audimat.