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Apocalypse Now - Journal


January

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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Hello Tous :) 

De retour pour une nouvelle lecture partagée. 

Plantons le décor : 

Printemps 1976

Eleanor Coppola, son mari Francis Ford Coppola et leurs enfants quittent la Californie pour les Philippines, lieu de tournage d’Apocalypse Now.

C’est le début d’une aventure à la fois personnelle, conjugale et cinématographique qui durera trois ans et dont les protagonistes sont encore loin d’imaginer l’intensité et la folie.

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Ce que je vous propose de partager cette fois-ci, c’est le journal d’Eleanor Coppola tout au long de ces trois années.

Le bouquin :

893169582.jpg

Rappel du synopsis du film : Pendant la guerre du Viêt Nam, les services secrets militaires américains confient au capitaine Willard la mission de retrouver et d’exécuter le colonel Kurtz dont les méthodes sont jugées « malsaines ». Celui-ci, établi au-delà de la frontière avec le Cambodge, a pris la tête d’un groupe d’indigènes et mène des opérations contre l’ennemi avec une sauvagerie terrifiante…

Au moyen d’un patrouilleur et de son équipage mis à sa disposition, Willard doit remonter le fleuve jusqu’au plus profond de la jungle pour éliminer l’officier. Au cours de ce voyage, il découvre, en étudiant le dossier de Kurtz, un homme très différent de l’idée qu’il s’en faisait.

*************

Je pense que nous sommes nombreux à avoir vu ce monument. Bien sûr les critiques du film sont les bienvenues (ce n'est pas parce-que nous sommes en littérature...). En revanche, merci de ne pas dévoiler de « secrets de tournage », ils sont probablement tous dans le bouquin et bien plus encore. Le  sujet n’aurait plus de raison de rester ouvert s’il n’y a pas de continuité et d’explications autour d’un fait, merci de ne pas me casser la baraque ;)

Par contre, je ne saurais trop vous recommander de revoir le film si vous ne l’avez plus en tête.

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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Francis Ford Coppola est tombé sur un os de taille dès le début, le casting de son héros, Willard. Il avait pensé en tout premier lieu à Steve Mc Queen. Mais celui-ci n’aime pas trop le personnage de Willard, il veut qu’on réécrive le rôle. Ce que Francis Ford Coppola fait avec lui. Steve Mc Queen est content du résultat, mais décline : impossible de partir à l’étranger pendant 17 semaines. Mais bon, finalement, si le cachet était de trois millions de dollars, il reverrait sa position.

Francis propose le rôle à Marlon Brando. Mais le rôle ne l’intéresse pas et il ne veut même pas en parler.  Alors Francis démarche Al Pacino. Ce dernier est enthousiasmé par le rôle, il adore ! Seulement voilà, dix-sept semaines dans la jungle, c’est niet.

Jimmy Caan lui, veut beaucoup trop d’argent. Jack Nicholson est en train de réaliser un film, il ne peut pas prendre le rôle. Robert Redford ne veut pas du rôle Willard, mais il veut bien celui de Kurtz…

Tout ce beau monde finit par agacer tellement Francis Ford Coppola qu’il en jettera tous ses oscars par la fenêtre ! Ses enfants ramasseront les morceaux dans le jardin, quatre statuettes sur cinq sont brisées.

Francis finit par organiser un casting pour des acteurs inconnus, à Los Angeles. Entre-temps, l’agent de Marlon Brando l’appelle en lui disant que celui-ci veut le voir…

 

Le film sera tourné aux Philippines. Parce-que les Philippines ont des similarités géographiques avec le Viet Nam, mais surtout parce que le gouvernement philippin voulait bien louer à la production son matériel militaire et ses hélicoptères de fabrication américaine, et parce que les frais de construction et de main d’œuvre y étaient, d’une manière générale, plutôt bas.

Francis Ford Coppola a engagé sa responsabilité financière, outre qu’il a déjà vendu les droits de distribution à l’étranger et à United Artists aux Etats-Unis. La fourchette de financement se situe entre 12 et 14 millions de dollars.

Le film s’inspire d’une nouvelle de Joseph Conrad « Au cœur des ténèbres ». Seul le lieu change, l’Afrique Noire pour Joseph Conrad, le Viet Nam pour Francis Ford Coppola.

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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Merci Le Merle de ton +, sinon je me sentirais vraiment seule ;)

 Continuons, et commençons :

9 mars 1976

Nous nous sommes installés là, dans cette grande maison aérée et spacieuse, plutôt imposante pour le pays, et qui est située dans Dasmariñas, le Berverly Hills de Manille. J’ai demandé à l’accessoiriste de nous trouver des meubles en osier. Comme ça, une fois le tournage terminé, je pourrai les ramener pour notre maison de campagne à Napa Valley. […]

J’entends des ouvriers qui creusent une piscine à la main. Un menuisier cogne sur le mur de la cabine de projection qu’on vient de faire construire. […]

Ces derniers jours, nous avons voyagé en avion, en hélicoptère, en jeep, en canoë et à pied, afin de repérer les lieux de tournage. Nous avons vu des maisons aux toits de chaume sur pilotis, des pêcheurs à bord de pirogues à balancier, des enfants se déplaçant à dos de buffle. […]

A notre arrivée sur un des lieux du tournage, un membre de l’équipe venait juste de tuer un cobra. Je me demande ce que les enfants pensent de tout ça. Sofia a 4 ans, Roman 10, Gio 12. Tous les jours, j’ai la sensation d’être dans un film étranger. D’une certaine manière, j’attends qu’on change de bobine et que je me retrouve dans un lieu familier, San Francisco ou Napa.

 

 

 

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Invité pako
Invités, Posté(e)
Invité pako
Invité pako Invités 0 message
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Super idée ! 

Bravo et merci , vivement la suite .

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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Merci Pako :) 

 

11 mars 1976

Je reviens des bureaux de production, installés dans un des studios philippins du centre de Manille que l’équipe a loués. […]

Eleanor Coppola retrouve ici une bonne partie de l’équipe du « Parrain II ». Ils sont réunis pour étudier de quelle façon loger et nourrir des centaines de personnes sur le premier lieu de tournage, Baler, petite ville qui ne possède qu’un seul petit hôtel.

Au rez-de-chaussée se trouve une pièce de la taille d’un gymnase, remplie de costumes. Des dizaines de jeunes hommes s’y faisaient couper les cheveux et habiller en GI. A côté, un sculpteur et cinq ou six assistants avaient installé un grand studio, et étaient en train de façonner une énorme tête en argile ainsi que les décorations qui vont constituer les bâtiments du temple du plateau principal qu’on appelle « le champ de Kurtz ». Ils  s’inspirent des dessins et photos que Dean Tavoularis a fait d’Angkor Wat.

13 mars 1976

Francis m’a demandé de faire un documentaire pour le département publicité de United Artists. Je ne sais pas s’il essaie seulement de m’occuper ou s’il souhaite éviter d’engager une équipe supplémentaire pour une production déjà surchargée.[…] Je ne sais pas par où commencer. J’ai fait quelques photos. Il y a quelques temps, j’ai fait un court-métrage de trois minutes. Mais c’est tout.

20 mars 1976

Premier jour de tournage. On sent un courant d’excitation. Ca se passe en extérieur, dans un marais salant près d’une rivière. C’est la scène où Willard arrive en hélicoptère pour rejoindre le patrouilleur qui doit l’emmener en mission. La voix de l’assistant-réalisateur appelant les bateaux à prendre position résonne dans les haut-parleurs. Un peintre est encore en train de peindre le quai.

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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2 avril 1976

Les hélicoptères utilisés dans le film appartiennent à l’armée philippine. Aujourd’hui, au milieu de la répétition d’un plan compliqué, ils ont reçu l’ordre d’aller combattre des rebelles engagés dans une guerre civile à 300 km au sud. […] J’ai discuté avec un membre philippin de l’équipe. Il a dit qu’un groupe d’îles du sud, à majorité musulmanes, se battent pour devenir indépendantes. Francis a un garde du corps gouvernemental qui le protège à chaque instant. On a des gardes du corps chez nous. Le gouvernement semble penser que si Francis était kidnappé par des rebelles, ça pourrait créer un incident international.

8 avril 1976

Trente spécialistes en sécurité sont là pour protéger la grande quantité d’explosifs qui sont entre les mains de l’équipe des effets spéciaux, ainsi que les fusils automatiques M-16 utilisés par les figurants.

9 avril 1976

Je viens de comprendre pourquoi les sièges des cuvettes dans les toilettes extérieures ont tous des traces de pieds. Un Américain de grande taille a conçu un trône tellement haut qu’aucun vietnamien ou philippin ne peut s’y asseoir en gardant contact avec le sol. Ils sont obligés de monter sur la cuvette et de s’accroupir.

 

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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12 avril 1976

Huit hélicoptères vont arriver de la mer, détruire deux maisons et des palmiers… Rebrousser chemin, passer à nouveau, frapper deux autres maisons, repasser encore et détruire quatre maisons ainsi que les bateaux sur la plage. Les hommes des effets spéciaux on déjà allumé des feux dans les huttes et aux alentours. Ils jettent des pneus sur les flammes pour que la fumée noire continue à tourbillonner.

[…] Le local à peinture et celui des accessoires avec le matériel des cascadeurs étaient en feu. […] mes trois caisses de matériel caméra fondues dans l’entrée […] les pots de peinture ont commencé à exploser […] Les cascadeurs vont devoir rentrer à Los Angeles, leurs costumes d’amiante ont fondu. Les dommages se chiffrent entre trente et cinquante mille dollars.

16 avril 1976

Hier soir, Francis a vu les rushes de la première semaine. C’étaient les scènes avec Harvey Keitel, qui joue Willard. […] Un quart d’heure plus tard, ils étaient déjà au téléphone en train de réserver des vols pour Los Angeles le lendemain. Francis avait pris la décision de remplacer son acteur principal.

20 avril 1976

Hier, Francis a envoyé un télégramme au secrétaire de la Défense, Donald Rumsfeld, pour lui expliquer la situation et lui demander pourquoi  il ne pouvait pas directement louer du matériel à l’armée américaine, comme l’avait fait la production des « Bérets Verts ». […] Il semblerait que le département de la défense se livre à une sorte de censure. En effet, pour un film sur la Seconde Guerre Mondiale il propose son aide sans le moindre problème.

 

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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22 avril 1976

La journée est passée à préparer minutieusement et à répéter la scène où l’hélicoptère atterrit sur la place du village pour récupérer un GI blessé. […] Nous étions tellement près et les pales du rotor déclenchaient un tel vent de terre, de sable et de fumée que j’ai littéralement été soulevée de terre avec mon trépied. […] Le plan principal n’a pas été tourné avant cinq heures un quart. Vittorio était très énervé […] Après en avoir discuté avec Francis, ils ont décidé de revenir tôt demain matin et de recommencer.

25 avril 1976

On a parlé aux parents de Francis au téléphone. Sa mère m’a demandé si en réalité Brando n’avait pas repoussé sa présence sur le tournage parce-qu’il était trop gros. J’ai dit non, et ai expliqué que c’était parce-que le plateau n’était pas prêt et que Brando voulait passer l’été avec ses enfants. Plus tard, j’ai réalisé à quel point ma réponse était ennuyeuse. Aucun ragot croustillant.

26 Avril 1976

Quelqu’un est entré par effraction dans l’entrepôt du costumier hier et a pris les gants en amiante que portent ceux qui enlèvent les costumes des cascadeurs en feu. On a envoyé quelqu’un à Baler pour en racheter, mais tout ce qu’ils  ont pu trouver, ce sont des gants de mariage.

 

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Invité pako
Invités, Posté(e)
Invité pako
Invité pako Invités 0 message
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Un peu hors sujet , mais j'adore la couverture de ce livre . Je collectionne les affiches de films depuis mon adolescence et celle-ci est superbe .

Les anectodes sont vraiment intéressantes concernant ce film hors normes , Merci Jan .

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Membre, 75ans Posté(e)
boeingue Membre 23 346 messages
Maitre des forums‚ 75ans‚
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un trés beau film ,mais je préfére Platoon !!

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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C'est vrai qu'elle est belle la couverture. T'as vu c'est un Sonatine ;))   Depuis quelques temps je me rends compte que j'achète de plus en plus souvent des bouquins de cette maison. 

Et encore, tu vas voir... J'ai revu le film juste avant de lire le bouquin. Et bien franchement, à la lecture de certains trucs je me suis dit "non mais c'est une blague ?!" 

Par rapport aux anecdotes déjà racontées, je ne savais pas que ce n'était pas Martin Sheen qui avait été choisi au départ pour le rôle de Willard. Il a eu un sacré culot, une fois le film commencé, de retourner aux USA chercher un autre acteur... 

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
Posté(e)
il y a 22 minutes, boeingue a dit :

un trés beau film ,mais je préfére Platoon !!

J'ai beaucoup aimé Platoon aussi. Je pense que la finalité n'est pas la même. Même si, alors là il n'y a pas de doute, ce qu'on nous montre dans l'un ou l'autre film, c'est la folie qui les prend, tous, quels qu'ils soient, ils deviennent tous fous... 

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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27 avril 1976

Francis est aux prises avec les thèmes du voyage intérieur de Willard et des vérités de Kurtz, des thèmes qu’il n’a pas résolus en lui-même, et il se bat donc intensément pour écrire la fin de son scénario et se comprendre en chemin. Il semble se rendre compte qu’il va soit réussir, soit échouer sur les deux fronts, ce qui l’effraie énormément.

[…] Les parallèles entre le personnage de Kurtz et la personnalité de Francis sont de plus en plus nets. Par exemple, l’ivresse du pouvoir face au risque de tout perdre : c’est comme l’excitation de la guerre lorsqu’on tue l’autre tout en prenant le risque d’être soi-même tué.

30 avril 1976

J’ai l’impression que c’est la journée la plus chaude qu’on ait eue jusqu’ici. Lorsque j’ai quitté la chambre climatisée, je me suis heurtée à un mur invisible d’air chaud. L’impact était quasi physique.

[…] L’électricité cesse souvent de fonctionner, et, maintenant qu’il fait vraiment chaud, l’eau est de plus en plus souvent coupée. Ca n’a pas fonctionné de la journée, la chasse d’eau ne marche pas et je ne peux pas prendre de douche.

[…] Ma peau d’irlandaise nécessite un climat frais et humide pour survivre. Je suis toute rouge et couverte de taches.

1er mai 1976

Nous avons déjeuné dehors et Francis a raconté des histoires formidables sur le tournage du « Parrain » : comment il avait failli se faire virer de la production, les histoires qu’il y avait eues, et la présence d’un vrai mafioso sur le tournage.

[…] Il y a de gros cafards marrons ici. Ils n’ont pas l’air très vifs, mais ils me gênent beaucoup. Hier soir, quand j’ai emmené Sofia dans la salle de bains, il y en avait un gros sur l’évier qui se promenait sur les brosses à dents.

 

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 605 messages
Maitre des forums‚
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bonjour

j'ai vu le film mais je n'ai pas tellement aimé  , c'est un très bon film mais cela m'à rappelé la guerre d'Indochine ( que je n'ai pas fait ) et la guerre d'Algérie que j'ai fais . 

ce qui m'à marqué le plus ce ne sont pas les combats mais les rapports humains et cette ambiance particulière entre les soldats et les habitants ou ce déroulent ces drames .

tous fous ... oui et non ,mais anormal  peut-être car j'ai eu beaucoup de mal à me remettre de la guerre d'Algérie .

bonne soirée

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
108ans‚ ©,
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Je trouve que le film comporte quelques longueurs...gênantes. Mais en même temps, si on veut réfléchir d'un point de vue cinématographique, ces longueurs sont là pour valider l'atmosphère étouffante, et pas que, la torture du héros pour se positionner entre un raisonnement ou un autre.

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 202 messages
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2 mai 1976

Cet après-midi, j’ai fait ma première interview. Avec Bobby Duvall. […] Bobby a dit que, pour son personnage, il s’était inspiré d’un de ses amis officiers de West Point : un type dont la vie n’avait de sens que s’il y avait une guerre.

5 mai 1976

La production  loue les hélicoptères une fortune, et chaque jour ils envoient des pilotes différents qui ne comprennent pas les consignes ou qui n’étaient pas présents la veille pendant la répétition. Ils ne volent pas là où on leur demande de le faire et bousillent des milliers de dollars de prises. Lorsque les hélicoptères sont pilotés par des soldats sans expérience, cela se voit immédiatement dans les séquences. Les pilotes de combat américains ne pilotaient pas ainsi.

[…] On a marché dans l’eau avec notre matériel jusqu’à la rive, suffisamment pour pouvoir filmer Bobby Duvall avec son chapeau de cavalerie, en train de prendre la plage d’assaut. Il avait fière allure et le savait, il débordait d’énergie et de confiance en lui. Tout le monde pouvait le sentir.

Une heure et demie – les ensembliers sont en train de déverser du sable sec pour que la plage n’ait pas l’air mouillée. Pendant la prise précédente, les explosions d’eau ont tout trempé. […] Maintenant les costumiers sont en train de donner aux acteurs principaux des costumes secs pour une nouvelle prise. Les hélicos vont bientôt décoller.

6 mai 1976

Il fait tellement chaud que j’ai commencé à me sentir faible. […] Le tournage est suspendu parce qu’ils ont commencé à filmer la scène hier matin, quand le ciel était gris. Maintenant le soleil brille.

L’équipe des effets spéciaux prépare l’essence pour les incendies, le long de la ligne où se trouve le napalm.

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January Modérateur 62 202 messages
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7 mai 1976

Le vent pousse les gaz d’échappement des hélicos vers nous. Cette odeur me donne la nausée. Tout le monde se presse parce que les avions de chasse F-5 vont passer dans le ciel au dessus de nous à 11 heures. Ils ne peuvent le faire que trois fois. Lors de leur troisième passage, ils vont larguer des bombes de faux napalm, et l’équipe des effets spéciaux va déclencher un énorme incendie dans les palmiers, avec des milliers de litres de carburant. […] Tout le monde prie pour que l’on puisse tenir les badauds à l’écart. Les gros effets sont très dangereux.

[…] Le napalm a explosé pile au moment où passaient les avions de combat, parfaitement synchronisés. […] Les responsables des effets spéciaux étaient ravis. Trois mille litres d’essence ont explosé en une minute et demie.

[…] J’entends derrière moi une conversation entre le cascadeur et le conseiller militaire. Dans la scène suivante, un prisonnier viêt-cong va prendre une balle dans la tempe. La question est de savoir comment il doit tomber. Un flacon de sang et un tube étant fixés à son dos, il vaut mieux qu’il tombe à la renverse pour ne pas qu’on les voie. Le conseiller militaire dit qu’une balle de calibre 45 tirée à bout portant pulvériserait sa tête, peu importe comment il tombe ensuite.

 

8 mai 1976

La prise de vues d’aujourd’hui est un plan de Bobby Duvall en train de regarder, au loin, ses hommes surfer sur les vagues parmi les gerbes d’eau soulevées par les explosions. Cet emplacement a été choisi pour ses vagues. Aujourd’hui, l’océan est complètement calme. Pas une vague à l’horizon. Les responsables des effets spéciaux ont installé des explosifs sur le récif. Assise près d’eux, je les entends raconter que, après quelques explosions, les requins vont arriver, attirés par les poissons morts.

 

 

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January Modérateur 62 202 messages
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9 mai 1976

C’est dimanche, des gens n’arrêtent pas d’aller et venir chez nous […] Je commence à être saturée par tout ce monde. Ils sont tous gentils. Il n’y a aucune raison pour moi de faire un caprice et de virer qui que ce soit. Mais j’aimerais tant être seule avec les enfants et Francis.

10 mai 1976

J’ai discuté avec Martin Sheen de la façon dont il s’adapte à ce nouvel environnement. Jusqu’ici, il s’est déjà coupé le visage, ce qui a nécessité quatre points de suture. Il est tombé dans les pommes à cause de la chaleur en traversant la rue à Baler […]

Mona m’a dit que le tigre qui doit apparaître dans une scène est arrivé hier de Los Angeles […] L’après-midi, ils l’ont emmené à l’aéroport pour le mettre dans l’avion pour Baler. Mais la caisse ne passait pas par la porte de l’avion, donc ils ont fait monter le tigre à bord comme un simple passager avant de le mettre en cage.

[…] Ce matin Dennis m’a raconté l’histoire du tigre dans l’avion. Il a dit que les passagers étaient assis lorsqu’ils ont hissé la caisse à hauteur de la porte de l’appareil. Ils ont mis un poulet près de l’ouverture de la cage. Mais quand ils ont laissé sortir le tigre, il ne s’est pas du tout intéressé au poulet et a sauté sur la cage puis s’est mis à dévisager l’assemblée. Tout le monde s’est rué vers le compartiment avant, dont ils ont verrouillé la porte. Le pilote est sorti par la fenêtre du cockpit pour s’installer sur l’aile, refusant de décoller.

 

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January Modérateur 62 202 messages
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11 mai 1976

La production n’a pas pu obtenir un gros hélico Chinook. Elle a dû utiliser un Huey. Il a levé le bateau, qui était suspendu à de longs câbles ; mais il était trop lourd. Au lieu de poser le bateau sur la rivière, ils l’ont lâché dans le lagon, où il s’est fendu en deux.

12 mai 1976

Ce matin, John m’a raconté sa version de l’histoire du tigre dans l’avion. Il adit que le pilote avait sauté de la fenêtre du cockpit jusqu’au sol, un sacré saut, et que, une fois le tigre enfermé dans sa cage, le pilote avait refusé d’emprunter la porte pour remonter à bord, ne voulant pas passer devant le tigre. Quelqu’un a du aller chercher une échelle pour qu’il grimpe sur l’aile à partir de laquelle il s’est hissé par la fenêtre du cockpit. A l’arrivée, il a attendu que le tigre soit évacué pour descendre de l’avion.

[…] Hier, une jeune femme qui interviewait Francis sur le plateau a dit : « Maintenant que vous avez accompli tant de choses et que vous êtes mondialement connu, quel défi peut bien vous motiver encore ? » Francis a répondu : « J’essaie juste de survivre à aujourd’hui . » Il parlait sincèrement. Il a été extrêmement frustré par tous les problèmes qu’a rencontré la production jusqu’ici.

[…] Plus tôt, Francis avait confié à Martin Sheen sa peur que les gens de la production ne sachent absolument pas si le film était bon ou mauvais. Il a dit : « En fait, si l’équipe trouve une scène drôle ou si quelqu’un trouve les rushes formidables, je me méfie ; parce que si quelque chose marche bien tout seul, d’habitude ça veut dire que c’est trop complet en soi pour s’insérer dans l’ensemble du film ». Il a raconté à Marty que, pendant le tournage du « Parrain », alors qu’il était dans les chiottes du studio, assis sur la cuvette, deux membres de l’équipe sont entrés et ont commencé à parler du film, disant que ce n’était qu’une merde et que le connard de réalisateur était incompétent. Francis a dit qu’il avait soulevé ses pieds pour qu’ils ne reconnaissent pas ses chaussures. Maintenant, il a l’impression que toute la production l’observe et se dit : Quelle grosse merde, c’est ça, le réalisateur du « Parrain » ? Ca ne ressemble à rien du tout.

 

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13 mai 1976

J’emmène les enfants sur le tournage tous les samedis. Roman aime traîner chez les maquilleurs. Il dit que ses impacts de balle sont aussi bons que ceux du maquilleur assistant.

18 mai 1976

Le réveil a sonné tôt ce matin. Alors que, éveillée, je restais allongée dans mon lit, une voix intérieure me disait : « N’y va pas aujourd’hui . » […] Francis était sur le plateau d’Iba pour la semaine. Les enfants étaient à l’école. Il n’y avait aucune raison logique pour que je reste chez moi. Environ une demi-heure plus tard, Francis est apparu dans l’embrasure de la porte. Le patrouilleur était tombé en panne, il ne pouvait pas tourner. Il était vraiment en colère ; il avait quitté le plateau précipitamment et pris un avion pour rentrer à la maison, disant qu’il n’y retournerait pas avant qu’ils lui aient trouvé un bateau digne de ce nom et en état de marche. Il s’est allongé sur le canapé et a laissé libre cours à son angoisse. Je sais qu’il était heureux de me trouver à la maison.

 

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