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L'ennui, poison ou vertu ?


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Comme celui de l'artiste qui crée des oeuvres, puis les détruit rageusement (cf. L'ennui, par Moravia).

En lacérant sa toile, l'artiste cherche sans doute à pousser ses limites dans l'exigence de vérité, beauté, authenticité. Si l'oeuvre était "achevée" (= mise à mort), elle donnerait à cet artiste la sensation de mettre un terme à cette exigence. Le moteur de l'ennui s'arrêterait. Il va s'agir de le réactiver, en cultivant l'ennui sans lequel l'inspiration n'aurait jamais jailli. Lacérer sa toile, c'est renouer avec l'acte créateur et viser encore plus haut.

L'ennui est constructeur et destructeur, libérateur et aliénant. Vertu et poison.

(Bon, c'est pas tout mais va falloir revoir aussi ma copie avec Dompteur !)

Je crois que ce que tu décris la c'est plutot du perfectionnisme.

L'artiste qui déchire sa toile encore et encore s'est déja engagé dans une voie, mais dans l'ennui on est immobile a la croisée des chemins sans pouvoir se décider a en emprunter un.

Et je ne crois pas non plus que l'ennui se cultive.

D'abord parce que ça ne se commande pas, ensuite parce que c'est l'envie d'en sortir qui crée cette tension, ou ce patinage qui nous enfonce un peu plus en nous meme, tout en scrutant le monde extérieur.

On pourrait peut etre encore donner une image :

Celle d'un papillon pris dans une toile d'araignée:

Plus il se débat pour rejoindre le monde, plus il s'enferre dans la toile.

Et sinon pour Dompteur, si on rend une mauvaise copie c'est le fouet ?

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tison2feu Membre 3 161 messages
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Et sinon pour Dompteur, si on rend une mauvaise copie c'est le fouet ?

Ce serait le fouet, mais donné par moi. il importe de m'auto-corriger, de savoir apporter la contradiction à moi-même. Je ne suis pas certain d'avoir été suffisamment clair dans mes réponses alors même que la discussion a avancé grâce à nos échanges, Swamm, sur au moins un point qui me semble essentiel : dans ce type de topic, relatif à une qualité (vertu) ou à un défaut (vice), jugé comme tel par la société, en l'occurrence l'ennui, il importe de décrire ladite qualité ou ledit défaut de façon neutre, objective, par delà toute connotation morale péjorative ou méliorative. L'image de la roue qui patine par manque d'adhérence au sol est allée dans ce sens. A partir de cette nouvelle donne, je relis les questions qui m'ont été posées : est-ce possible de ne jamais avoir senti, à un moment ou à un autre, le sol de sa vie se dérober à ses pieds ? Si l'ennui est un sentiment embarras/empêchement (mais ne s'agit-il que de cela ? J'en doute), bien sûr que ma vie durant j'ai été "embarrassé" et confronté à mille tracasseries, à commencer par l'accomplissement de tâches pouvant m'empêcher de vivre pleinement ma vie et mes désirs, mais cela n'a jamais ébranlé mon adhésion à la vie au point de me demander si la vie valait ou non la peine d'être vécue, ou de sentir que je tournais à vide, etc. Parce qu'en dépit de tous ces obstacles, mon adhésion à la vie restait entière. En revanche, ce qui se faisait sentir toujours davantage, c'était la nécessité de combattre pour conquérir un temps à soi, que de multiples obstacles venaient me subtiliser, me voler incessamment. Cet état d'esprit, de liberté à conquérir, ne pouvait donner prise à nul autre état d'esprit, en l'occurrence celui de l'ennui. Ce n'est que la conquête d'espaces de liberté qui m'a permis de m'interroger enfin sur de vraies questions. J'essaye de m'expliquer : le catéchisme, par exemple, me parlait de mille choses incompréhensibles, de miracles, de péchés, de confession, de sacrements, d'anges et de démons, en un mot : de tout sauf de religion, de spiritualité, de questions ontologiques : pourquoi y a-t-il de l'être plutôt que rien du tout ? Etc.

Et donc, me dira-t-on, ne ressens-tu pas alors quelque ennui-hésitation, à ne point pouvoir répondre à ces questions si vastes et si profondes ? Hésitations, doutes, questionnements difficiles et tenaces, assurément. Mais cela ne suffit pas à ébranler mon adhésion/adhérence à la vie et au monde.

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tison2feu Membre 3 161 messages
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J'essaye de m'expliquer : le catéchisme, par exemple, me parlait de mille choses incompréhensibles, de miracles, de péchés, de confession, de sacrements, d'anges et de démons, en un mot : de tout sauf de religion, de spiritualité, de questions ontologiques : pourquoi y a-t-il de l'être plutôt que rien du tout ? Etc.

Et donc, me dira-t-on, ne ressens-tu pas alors quelque ennui-hésitation, à ne point pouvoir répondre à ces questions si vastes et si profondes ? Hésitations, doutes, questionnements difficiles et tenaces, assurément. Mais cela ne suffit pas à ébranler mon adhésion/adhérence à la vie et au monde.

Reformulation : Il y avait un décalage entre mon amour pour la vie et le langage étrange du catéchisme et des rites à respecter en présence d'un croquemort vêtu tout de noir au confessionnal qui, lui, en tenant un discours culpabilisant et incompréhensible, me prouvait qu'il n'aimait manifestement pas la vie. Cela me semblait inconcevable de parler du véritable mystère de la vie, c'est-à-dire de poser de vraies questions, sans aimer la vie, sans être émerveillé par la vie. Malgré tout, pour le dire avec le Petit Prince, je savais que les adultes étaient comme ça, qu'il ne fallait pas leur en vouloir, que les enfants devaient être très indulgents envers les grandes personnes.

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tison2feu Membre 3 161 messages
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Et comment etre cohérent dans une existence absurde ?

En ne s'attachant pas au passé qui n'existe plus, en ne pensant pas au futur qui n'existe pas encore, le Carpe Diem quoi !

Ce rapport au temps me semble primordial. Celui qui s'ennuie trouve le temps trop long. Celui qui ne s'ennuie jamais trouve le temps trop court (Il lui faudrait 10 vies pour assouvir toutes ses passions). Cet ennui par défaut ou par excès a pour effet de provoquer une appréhension faussée du réel, toujours en décalage avec le temps présent. L'ennuyé par défaut est plombé par les traumatismes du passé, son appréhension du réel passe par le filtre déformant des blessures personnelles du passé, le monde est forcément chaotique (acosmique). L'ennuyé par excès est plombé par sa foi démesurée en la vie, le monde est exagérément ordonné et cohérent (cosmos). Le retour au réel et au présent nécessiterait donc moins de pathos et davantage de sérénité, une véritable douceur de l'émotion, qui se différencie de l'indifférence - celle du non-désir et de la mort.

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Reformulation : Il y avait un décalage entre mon amour pour la vie et le langage étrange du catéchisme et des rites à respecter en présence d'un croquemort vêtu tout de noir au confessionnal qui, lui, en tenant un discours culpabilisant et incompréhensible, me prouvait qu'il n'aimait manifestement pas la vie. Cela me semblait inconcevable de parler du véritable mystère de la vie, c'est-à-dire de poser de vraies questions, sans aimer la vie, sans être émerveillé par la vie. Malgré tout, pour le dire avec le Petit Prince, je savais que les adultes étaient comme ça, qu'il ne fallait pas leur en vouloir, que les enfants devaient être très indulgents envers les grandes personnes.

L'ennuyé par défaut est plombé par les traumatismes du passé, son appréhension du réel passe par le filtre déformant des blessures personnelles du passé, le monde est forcément chaotique (acosmique). L'ennuyé par excès est plombé par sa foi démesurée en la vie, le monde est exagérément ordonné et cohérent (cosmos). Le retour au réel et au présent nécessiterait donc moins de pathos et davantage de sérénité, une véritable douceur de l'émotion, qui se différencie de l'indifférence - celle du non-désir et de la mort.

Ce que tu écris me donne l'occasion de dire quelque chose de personnel et qui n'engage que moi:

Il y a les amoureux de la vie, et il y a les amoureux de l'amour, et ce ne sont pas les memes.

Enfin au début de la vie sentimentale ils se confondaient peut etre, mais l'expérience venant ils se séparent en deux camps.

Au sein de notre espèce en dehors de l'amour filial ( nécessaire a la propagation de l'espèce) il n'y a pas d'amour.

Il peut y avoir de l'amitié, de la solidarité, de la compassion parfois, mais de l'amour point.

C'est une illusion, une carotte brandit devant notre nez et qui nous sert a avancer, mais que l'on ne peut jamais savourer.

Si on pouvait croquer cette carotte peut etre n'avancerions nous plus.

Les amoureux de la vie considèrent l'amour seulement comme un plaisir comme un autre, annexe, un plaisir non nécessaire a leur bonheur.

Alors que pour les autres il prend la place centrale.

"L'étranger" de Camus a vécu toute sa vie de manière absurde, étranger au monde, non adhérent a la vie, mais au moment de mourir exécuté :

" Je m'ouvrais pour la première fois a la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine".

Le monde est indifférent puisqu'il n'y a pas d'amour.

Un gateau qui n'a pas de coeur est creux.

Alors évidemment quand on pense de cette manière l'ennui guette plus souvent que désiré.

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Et si Meursault se dit a la fin de sa vie que finalement il a été heureux c'est parce qu'il n'a pas souffert de l'absurde, vivant de maniere absurde lui-meme.

" J'ai raison, j'ai toujours eu raison", sous entendu de ne pas essayer d'adhérer au monde, et de vivre comme un étranger.

C'est ce qui s'appelle une victoire a la Pyrrhus.

Sisyphe est un peu le contraire de Meursault, et pourtant Camus nous dit aussi qu'il faut l'imaginer heureux.

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tison2feu Membre 3 161 messages
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"L'étranger" de Camus a vécu toute sa vie de manière absurde, étranger au monde, non adhérent a la vie, mais au moment de mourir exécuté :

" Je m'ouvrais pour la première fois a la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu'il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu'ils m'accueillent avec des cris de haine".

Le monde est indifférent puisqu'il n'y a pas d'amour.

Un gateau qui n'a pas de coeur est creux.

Alors évidemment quand on pense de cette manière l'ennui guette plus souvent que désiré.

Meursault, ou Schiffter cité plus haut, ont un rapport à la nature parfois très sensuel. Alors, "non adhérence à la vie" ? C'est là où je butte.

Une fois incarcéré, Meursault évoque avec nostalgie son amour sensuel de la nature. C'est donc comme s'il avait vécu sensuellement sa vie sans en avoir pris conscience, ou à tout le moins sans jamais l'avoir désiré puisque tout lui était égal avant son incarcération, du temps où "toute la question, une fois encore, était de tuer le temps".

Chez Meursault, effectivement, l'indifférence neutralise toute forme de sentiment, à la grande différence de Schiffter. Lequel est, nous le savons, grand amateur de "philosophie sentimentale". Par quoi l'évocation d'une "non-adhérence à la vie" nécessite alors d'être définie une nouvelle fois dans son rapport au temps. Il s'agit de non-adhérence au temps présent, mais pas au temps passé : "Je n'ai pas d'estime pour les gens qui prétendent ne pas éprouver de nostalgie. Qu'ont-ils faits durant leurs jeunes années ? Les ont-ils vécues sans attention ? Dès lors, que sont leurs amis et leurs amours devenus ? En ont-ils jamais eu pour ne pas les regretter ? Sans doute le nostalgique ne pleure-t-il que sur soi. Mais c'est une âme fidèle. Il conserve les souvenirs des moments de sa vie et des épisodes de son époque. Sachant que le vent emportera les plaisirs et les jours, il prend soin du présent. S'il a du talent, il fabriquera une mémoire pour les autres. Il sera écrivain. Rien de beau n'aurait été écrit sans cette passion triste." ("Nostalgie", Dictionnaire chic de philosophie).

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tison2feu Membre 3 161 messages
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Je note un point très positif, commun à ces deux écrivains, dans l'expression formelle. Des phrases claires et concises qui mettent en relief l'essentiel, comme si l'expérience de l'ennui contribuait grandement à tuer les longueurs et le superflu. L'ennui semble générer sa propre esthétique, celle de l'épure. A ce compte-là, le lecteur ne s'ennuie jamais.

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Je note un point très positif, commun à ces deux écrivains, dans l'expression formelle. Des phrases claires et concises qui mettent en relief l'essentiel, comme si l'expérience de l'ennui contribuait grandement à tuer le superfétatoire et l'anecdotique. L'ennui semble générer sa propre esthétique, celle de l'épure. A ce compte-là, le lecteur ne s'ennuie jamais.

Exactement ! C'est trés, trés bien vu Tison ! Chapeau bas :hi:

Pour le reste :

Il me semble assez évident qu'incarcéré entre 4 murs et donc privé de liberté pendant des mois, on ne peut qu'etre nostalgique des moments passés au grand air.

La phrase essentielle a propos de l'étranger me semble celle ci :" Je m'ouvrais pour la première fois a la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi,..."

Meursault se sent justifié de son indifférence, de sa non adhérence, en prenant conscience que la vie, l'univers est pareil a lui-meme, rien n'a d'importance ( d'apres lui ).

Je l'oppose a Sisyphe qui lui est heureux en s'opposant a l'absurde de toutes ses forces, car plus il s'oppose, plus il devient fort.

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tison2feu Membre 3 161 messages
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Il me semble assez évident qu'incarcéré entre 4 murs et donc privé de liberté pendant des mois, on ne peut qu'etre nostalgique des moments passés au grand air.

La phrase essentielle a propos de l'étranger me semble celle ci :" Je m'ouvrais pour la première fois a la tendre indifférence du monde. De l'éprouver si pareil à moi,..."

Meursault se sent justifié de son indifférence, de sa non adhérence, en prenant conscience que la vie, l'univers est pareil a lui-meme, rien n'a d'importance ( d'apres lui ).

Je l'oppose a Sisyphe qui lui est heureux en s'opposant a l'absurde de toutes ses forces, car plus il s'oppose, plus il devient fort.

Cette phrase est en effet essentielle. Meursault restera égal à lui même : l'idée de la mort ne le fera pas "se convertir" ni se convaincre de quelque manière de l'importance de la vie, pas plus que de l'importance de la mort. Au contraire, cela confortera sa non-adhérence à la vie.

Dans ton bref commentaire, je m'arrête sur ce terme "importance" qui me semble beaucoup plus éclairant que le terme "intérêt" que j'avais employé jusqu'à présent. Je comprends mieux que l'ennuyé puisse éprouver quelque intérêt pour la nature (plage, surf, etc.) ou pour les choses de l'amour, mais ces activités ne sont pas jugées suffisamment importantes au point de donner sens à sa vie dans un univers qui ne sait ni souffrir ni aimer. D'où sa critique impitoyable des institutions jugées "importantes" par le commun des mortels (famille, religion, justice).

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Cette phrase est en effet essentielle. Meursault restera égal à lui même : l'idée de la mort ne le fera pas "se convertir" ni se convaincre de quelque manière de l'importance de la vie, pas plus que de l'importance de la mort. Au contraire, cela confortera sa non-adhérence à la vie.

Dans ton bref commentaire, je m'arrête sur ce terme "importance" qui me semble beaucoup plus éclairant que le terme "intérêt" que j'avais employé jusqu'à présent. Je comprends mieux que l'ennuyé puisse éprouver quelque intérêt pour la nature (plage, surf, etc.) ou pour les choses de l'amour, mais ces activités ne sont pas jugées suffisamment importantes au point de donner sens à sa vie dans un univers qui ne sait ni souffrir ni aimer. D'où sa critique impitoyable des institutions jugées "importantes" par le commun des mortels (famille, religion, justice).

Oui, pas mieux.:hi:

En cherchant si une comparaison avait déja eté faite entre Meursault et le "Sisyphe heureux", j'ai trouvé ceci:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Mythe_de_Sisyphe.

La révolte comme moyen d'etre heureux face a l'absurde

( il a aussi écrit "l'homme révolté" ), Meursault n'est toutefois pas un révolté, c'est un homme absurde.

Mais on a un peu dérivé par rapport a l'ennui.

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"L’ennui, c’est la simple impossibilité d’être, quand on sait

N’avoir rien en propre ; quand dans tout ce qui existe on ne fait Que s’éprouver, puis se retrouver ; simple impossibilité

De s’oublier, tout en ayant la sensation d’être évidé. "

Intéressante citation ! C'est de qui ?

Impossibilité d'etre ou impossibilité de participer a ce qui est.

Surtout que les personnes qui s'ennuient, et qui ne cherchent pas systématiquement a tuer cet ennui par n'importe quoi, ont envie d'aller vers les autres.

L'ennui c'est une ouverture aux autres, au monde, sans pouvoir y participer.

Les fantomes doivent beaucoup s'ennuyer.

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Pas assez belle, puisque tu n'as pas compris ce que je voulais dire.

L'ennui ce n'est pas "une ouverture aux autres, au monde, sans pouvoir y participer". C'est très exactement le contraire : participer au monde, s'ouvrir aux autres, etc... Tout en sachant que cela ne servira à rien, car en toute fin, c'est soi que l'on retrouve dans le monde et dans les autres. Le petit soi que l'on voulait oublier mais qui est encore là, toujours là. Le petit soi qui n'est pourtant qu'une interface, qui n'a aucune consistance.

Ah en effet je n'avais pas compris cela.

Ce que tu décris c'est l'ennui du baroudeur, le gars qui a tout vu, a tout fait, est revenu de tout, le mec blasé.

voir dégouté.

Alors que moi c'est l'ennui de celui qui cherche encore une porte de sortie a l'extérieur de lui-meme.

Sans doute le tien a une longueur d'avance, si on est pessimiste.

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Pas assez belle, puisque tu n'as pas compris ce que je voulais dire.

L'ennui ce n'est pas "une ouverture aux autres, au monde, sans pouvoir y participer". C'est très exactement le contraire : participer au monde, s'ouvrir aux autres, etc... Tout en sachant que cela ne servira à rien, car en toute fin, c'est soi que l'on retrouve dans le monde et dans les autres. Le petit soi que l'on voulait oublier mais qui est encore là, toujours là. Le petit soi qui n'est pourtant qu'une interface, qui n'a aucune consistance.

Aprés réflexion je pense que ce que tu décris avec ta belle plume ici http://www.forumfr.com/blogs/b1098e6048-le-bar-pmu-l%E2%80%99ennui.html, ce n'est pas l'ennui, mais le dégout de soi.

Ton personnage me fait penser a un autre de Dostoievski, "Stavroguine".

Il ne recherche les autres que pour se fuir lui-meme, passer toutes ses journées dans un bar pmu, ou dans tout autre endroit trés fréquenté, par peur de se retrouver seul avec lui-meme.

Dans le dégout de soi les autres ne sont qu'un moyen, alors forcément c'est un cercle vicieux, impossible de sortir de soi, le dégouté voit son image partout dans les autres.

L'ennui c'est tout autre chose, c'est par exemple en toile de fond: " Je voudrais vous aider, je voudrais vous faire du bien, pourquoi ne me demandez vous pas mon aide ou pourquoi la refusez vous ?"

L'ennui c'est l'envie d'etre utile a quelqu'un, a quelque chose, mais sans pouvoir trouver a qui ou a quoi.

En amour le dégout de soi c'est " empeche moi de me détruire",

et l'ennui: " laisse moi t'aimer".

Et qui exerce le plus grand pouvoir d'attraction, de l'ennuyé ou du dégouté ?

Le second bien évidemment car il a davantage d'égocentrisme et il donne l'illusion d'avoir plus de densité.

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tison2feu Membre 3 161 messages
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Aprés réflexion je pense que ce que tu décris avec ta belle plume ici http://www.forumfr.c...80%99ennui.html, ce n'est pas l'ennui, mais le dégout de soi.

Ton personnage me fait penser a un autre de Dostoievski, "Stavroguine".

Il ne recherche les autres que pour se fuir lui-meme, passer toutes ses journées dans un bar pmu, ou dans tout autre endroit trés fréquenté, par peur de se retrouver seul avec lui-meme.

Dans le dégout de soi les autres ne sont qu'un moyen, alors forcément c'est un cercle vicieux, impossible de sortir de soi, le dégouté voit son image partout dans les autres.

L'ennui c'est tout autre chose, c'est par exemple en toile de fond: " Je voudrais vous aider, je voudrais vous faire du bien, pourquoi ne me demandez vous pas mon aide ou pourquoi la refusez vous ?"

L'ennui c'est l'envie d'etre utile a quelqu'un, a quelque chose, mais sans pouvoir trouver a qui ou a quoi.

En amour le dégout de soi c'est " empeche moi de me détruire",

et l'ennui: " laisse moi t'aimer".

Et qui exerce le plus grand pouvoir d'attraction, de l'ennuyé ou du dégouté ?

Le second bien évidemment car il a davantage d'égocentrisme et il donne l'illusion d'avoir plus de densité.

Je dois avouer que ces vers de Tequila ont grandement étanché ma soif. Cet ennui serait donc la conscience de l'insignifiance de soi et l'impossibilité d'oublier ce petit soi. D'emblée, cela me parle mieux que ce concept d'absurdité camusienne.

Nous comprenons alors toute la tension de ce petit soi confronté à la vanité incommensurable des hommes.

Cela éclaire des assertions du type : "L'idéal de surhumanité procède de l'âme d'un nabot" (F. Schiffter)

Tu présentes une version très différente et optimiste de l'ennui existentiel, Swamm, qui laisse une petite place à l'espoir d'une ouverture à l'autre. Encore faudrait-il que celui qui s'ennuie soit en capacité d'accorder une minimum d'importance à quelque chose. S'il y parvient, il est vrai que son ennui sera moins abyssal.

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Je dois avouer que ces vers de Tequila ont grandement étanché ma soif. Cet ennui serait donc la conscience de l'insignifiance de soi et l'impossibilité d'oublier ce petit soi. D'emblée, cela me parle mieux que ce concept d'absurdité camusienne.

Nous comprenons alors toute la tension de ce petit soi confronté à la vanité incommensurable des hommes.

Cela éclaire des assertions du type : "L'idéal de surhumanité procède de l'âme d'un nabot" (F. Schiffter)

Tu présentes une version très différente et optimiste de l'ennui existentiel, Swamm, qui laisse une petite place à l'espoir d'une ouverture à l'autre. Encore faudrait-il que celui qui s'ennuie soit en capacité d'accorder une minimum d'importance à quelque chose. S'il y parvient, il est vrai que son ennui sera moins abyssal.

Tison, tu portes bien ton pseudo,

Celui qui s'ennuie attache une importance primordiale aux choses existentielles, c'est de son impuissance a y participer que nait son ennui.

Celui qui s'ennuie souffre de ne pas pouvoir apporter sa contribution bienveillante, et de rien d'autre.

Celui qui a le dégout de lui-meme souffre de ne pas pouvoir utiliser les autres comme remède.

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