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Quand l’homme sage reste sage – Les peuples racines, une philosophie en phase avec la Nature


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Quand l’homme sage reste sage – Les peuples racines, une philosophie en phase avec la Nature

Persuadé que l’homme moderne va à sa perte en agressant outre-mesure la biosphère, Michel Tarrier se fait essayiste, écrit, publie et communique beaucoup. Ses premiers livres font polémiques parce que, écologiste radical, il s’en prend aux monothéismes régnant et à l’anthropocentrisme insolent qu’il estime coupable du manque de respect à l’endroit des paysages et des autres espèces.

Sa théorie est qu’en détruisant son milieu, l’humain pratique une politique de la terre brûlée qui va le conduire à un véritable autogénocide. Entomologiste, ecologue autodidacte devenu écologiste par la force des choses, il commence un véritable combat et entre dans l’écologisme actif. Il donne notamment de la voix pour la sauvegarde de la forêt de cèdres et contre le surpâturage au Maroc.

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Les peuples natifs vivent en communion avec leur milieu, toutes leurs cellules sont en phase avec la Terre nourricière, éthologie qui n’a pas trop eu l’heur de nous plaire au fil des siècles passés, jusqu’à ce qu’on en fonde tant d’admiration que de contrition ces derniers temps. « Le fils souhaite oublier, le petit-fils veut s’en souvenir », insinuait Arthur Schlesinger. En dépit de ce vent en poupe pour la mode ethnique, nonobstant les recommandations de l’Organisation des Nations unies. de l’Organisation des États Américains, des Organisations Indigènes d’Amazonie, de l’Union Mondiale pour la Nature et de tant d’autres institutions mondiales, nationales et régionales, la situation de ces peuples reste des plus alarmantes : vingt cinq langues disparaissent chaque année dans le monde. Certains diront : moins de langues, moins de guerres, les langues et les religions étant, à travers le nationalisme, les principales raisons pour lesquelles on se bat.

La philosophie plurimillénaire de la naturalité des peuples premiers aurait dû, dès l’inévitable contact, participer à l’enrichissement de la pensée universelle. Nous avons, une fois de plus, raté le coche. Ce don rare, cette intelligence de l’instinct que se partagent les peuples « sauvages », ne se rencontre plus chez l’insolent Homo sapiens modernicus, même pas chez son prétendu naturaliste de terrain dont la dégaine et le comportement sont le plus souvent ceux d’un pathétique Nemrod de la science à la petite semaine. La noosphère – lourdement polluée par Washington, Londres, Paris, Moscou, Tokyo qui n’aspirent qu’à Broadway – se ressent fatalement de cette amputation, et l’air écologiquement irrespirable ne l’est que par le déshéritement colonial, puis technocratique, orchestré à l’égard de cette sève de l’humanité qu’était la pensée panthéiste. Loin de l’écrasant dogme abrahamique, le panthéisme n’affirme rien, il est à l’écoute, il est sublime liberté. Les peuples racines (expression que nous devons à l’école des anthropologues russes) sont en communication viscérale avec tout ce qui sous-tend le cosmos, et de ce dialogue symbiotique émane une fécondité cachée. Ce pouvoir de la périphérie correspond à la vision juste, mais nous l’avons troqué pour un pouvoir centralisateur erronément élu. Les communautés indigènes de la forêt, de la steppe ou de la montagne communiquent de façon sensorielle avec leur milieu. Nous avons ridiculisé et révoqué cette connivence homme-Nature, et remplacée par un divorce, un hiatus, une fracture. Il est vrai qu’un peu tard et fatalement blessés, nous cherchons maintenant à combler le fossé. L’esprit de l’homme naturel est charpenté par une psychologie cognitive de son environnement, dont il pressent le moindre souffle, le moindre son, la senteur la plus ténue. C’est le trésor des humbles de la poétique maeterlinckienne, où le philosophe-entomologiste parle des hommes qui ne savent pas encore que leur futur idéal sera une mangeoire, ou Les rêveries d’un promeneur solitaire de Rousseau, ou encore Les essais de Goethe sur la métamorphose des plantes et des insectes, et plus récemment Le traité du rebelle ou Le recours aux forêts de l’anarque Ernst Jünger. Quel univers contrasté avec le boutiquier nord-américain globèse, vacancier pédophile à ses heures, et qu’il faut soulever à la grue lorsque montent les eaux d’un tsunami imprévu, mais que le natif, en deuil de sa mangrove et de ses coraux, aurait senti venir. Comme l’ont senti les animaux sauvages.

Les peuples premiers pouvaient tenir le rôle de sentinelles de notre planète. Encore aurait-il fallu les respecter, ne pas diaboliser leurs mœurs, ne pas dépecer leurs communautés. Mais notre civilisation monothéiste et monoplace ne respecte rien d’autre que le chemin qui nous mène d’un Christ millésimé jusqu’au temple du supermarché d’aujourd’hui. Tout doit combler notre ego, hic et nunc.

Ce monde occidental a heurté, bafoué, liquidé les peuples natifs, les a plongés dans le plus total coma culturel. Il fallait et il faut encore qu’à tout prix ils déblaient le terrain. Rien de plus facile quand la raison est celle du plus fort : que peut bien faire celui qui n’a pas inventé la poudre devant le fusil envahisseur ? Le vrai choc de civilisation, c’est bien celui-là, et non l’autre allégué entre islam et chrétienté, lesquels frères ennemis – finalement – s’entendent comme larrons en foire. Et ce ne sont pas quelques 11 septembre qui risquent de faire brûler trop longtemps le torchon impérialiste commun. Aujourd’hui, capitalistes fourbes et bien-pensants, sur la repentance quand ça nous arrange, nous faisons notre mea culpa d’avoir biffé les peuples indigènes, ne serait-ce qu’au détriment des catalogues de nos agences de voyages qui voudraient bien tirer les derniers marrons sauvages du feu de notre jeu de massacre. Les religions du Livre n’en continuent pas moins à prescrire, à se faire admettre jusqu’à l’inadmissible, là où on ne les attend pas. L’inquisition est une manière de défaire. Étranges symboles œcuméniques que ceux qui avancent autoritaires, militaires, sanguinaires, contre les païens, les idolâtres, les sauvages, les barbares et autres « nègres ». Si le progrès, c’est seulement passer de l’étui pénien au string, du curare au nucléaire, de l’igloo au building, du morse cru à la vache folle, de la tradition orale à la lobotomie cathodique, alors nous avons perdu notre temps. Mieux que de parquer et de rééduquer les peuples indigènes, il eût fallu entrer en concertation, pratiquer l’altérité, comprendre un tant soit peu leurs rituels pour savoir qui nous étions, nous aussi. Quelle arrogance, quel manque d’empathie, tout de même ! ...

suite de l'article >> https://krapooarboricole.wordpress.com/2009/11/13/quand-lhomme-sage-reste-sage-les-peuples-racines-une-philosophie-en-phase-avec-la-nature/

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