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Le temps perdu.


Portnawak

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Membre, Courant d'air de Kili..., 110ans Posté(e)
Portnawak Membre 1 936 messages
110ans‚ Courant d'air de Kili...,
Posté(e)

Depuis très longtemps, j'ai ce petit texte de Jacques Prévert, encadré dans le salon (le texte, pas monsieur Prévert).

Devant la porte de l'usine

le travailleur soudain s'arrête

le beau temps l'a tiré par la veste

et comme il se retourne

tout rouge tout rond

souriant dans son ciel de plomb

il cligne de l'œil

familièrement

dis donc camarade soleil

tu ne trouves pas

que c'est plutôt con

de donner une journée pareille

à un patron ?

C'est mignon tout plein, n'est-ce pas ?

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De Prévert aussi

LE DÉSESPOIR EST ASSIS SUR UN BANC

Dans un square sur un banc

Il y a un homme qui vous appelle

quand on passe

Il a des binocles un vieux costume gris

Il fume un petit ninas il est

assis

Et il vous appelle quand on passe

Ou simplement il vous fait

signe

Il ne faut pas le regarder

Il ne faut pas l'écouter

Il faut

passer

Faire comme si on ne le voyait pas

Comme si on ne l'entendait

pas

Il faut passer et presser le pas

Si vous le regardez

Si vous

l'écoutez

Il vous fait signe et rien personne

Ne peut vous empêcher

d'aller vous asseoir près de lui

Alors il vous regarde et sourit

Et vous

souffrez atrocement

Et l'homme continue de sourire

Et vous souriez du

même sourire

Exactement

Plus vous souriez plus vous

souffrez

Atrocement

Plus vous souffrez plus vous

souriez

Irrémédiablement

Et vous restez là

Assis figé

Souriant sur

le banc

Des enfants jouent tout près de vous

Des passants

passent

Tranquillement

Des oiseaux s'envolent

Quittant un

arbre

Pour un autre

Et vous restez là

Sur le banc

Et vous savez

vous savez

Que jamais plus vous ne jouerez

Comme ces enfants

Vous

savez que jamais plus vous ne passerez

Tranquillement

Comme ces

passants

Que jamais plus vous ne vous envolerez

Quittant un arbre pour un

autre

Comme ces oiseaux.

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