Aller au contenu

3 novembre 1986. L'Irangate éclate.


Invité David Web

Messages recommandés

Invité David Web
Invités, Posté(e)
Invité David Web
Invité David Web Invités 0 message
Posté(e)

3 novembre 1986. L'Irangate éclate.

L’affaire Iran-Contra (ou Irangate, nommée ainsi en souvenir du scandale du Watergate) est un scandale politique survenu aux États-Unis dans les années 1980.

L'affaire est toujours voilée de secrets et il est difficile de découvrir les faits. Plusieurs membres de l'administration Reagan ont vendu illégalement des armes à l'Iran, qui était un ennemi avoué des États-Unis, utilisant les profits pour financer secrètement, et malgré l'opposition du Congrès des États-Unis, les Contras, un mouvement contre-révolutionnaire nicaraguayen de lutte armée regroupant les opposants au gouvernement marxiste-léniniste de Daniel Ortega. Dans le cadre de la Guerre froide, il s'agit pour l'administration Reagan de renverser un régime considéré comme communiste et situé dans ce que les États-Unis considèrent comme leur zone d'influence.

Après la révélation de la vente d'armes en novembre 1986, le président Reagan est apparu à la télévision américaine et a nié les faits. Toutefois, une semaine plus tard, le 13 novembre, il est retourné sur les ondes pour affirmer que les armes étaient effectivement transférées à l’Iran. Reagan a en revanche démenti que cette vente faisait partie d’un échange d'otages (plusieurs Américains sont à l'époque otages au Liban).

L'affaire

L’affaire met en lien deux sujets disparates : la vente d’armes à l’Iran et le financement de militants Contra au Nicaragua. Le financement direct a été rendu illégal par l’amendement Boland. L’affaire émerge après la publication le 3 novembre 1986 du journal libanais Al-Shiraa qui démontre que les États-Unis ont vendu des armes à l’Iran en échange de la libération des otages du Hezbollah. Des lettres envoyées par Oliver North à John Poindexter appuient l’accusation. Toutefois, l’ambassadeur israélien aux États-Unis déclare que l’objectif était d’établir des liens avec des éléments militaires en Iran. Un fait qui mérite d’être remarqué, c’est que l’origine du financement Contra ne provient pas seulement des ventes d’armes, mais aussi d'un trafic de drogue dont les États-Unis avaient connaissance.

Prise d’otages

À la fin des années 1970 et début 1980, le Moyen-Orient faisait face à de fréquentes prise d’otages d’organisations islamistes. En 1979, des étudiants Iraniens ont pris en otage 66 employés de l’ambassade des États-Unis à Téhéran.

Le 20 janvier 1981, le jour où Ronald Reagan est devenu Président, les otages ont été libérés à la suite des accords d’Alger. Bani Sadr, alors président de la République islamique, et Gary Sick, alors membre du Conseil de sécurité nationale, parlent d'une « surprise d'octobre », c'est-à-dire d'un accord entre Reagan et Khomeiny pour retarder la libération des otages et ainsi désavantager Carter dans la présidentielle, en échange d'une livraison d'armes.

En 1983, des membres d'Al-Dawa, un parti politique irakien en exil devenu organisation militante, ont été emprisonnés pour avoir pris part dans une série d’attentats à la voiture piégée au Koweït le 12 décembre 1983 contre les ambassades françaises, américaines, l'aéroport et une raffinerie. En réponse à cet emprisonnement, le Hezbollah, un allié de Al-Dawa, prennent en otage 30 occidentaux, dont six Américains; par ailleurs, William Francis Buckley, chef de l'antenne de la CIA à Beyrouth, est kidnappé en 1984 par le Djihad islamique. Le Hezbollah demande la libération des prisonniers en échange des otages.

Les membres de l’administration Reagan déclarent qu’ils croyaient qu’en vendant des armes à l’Iran, l’Iran influencerait le Hezbollah libanais à les libérer. Trois otages sont libérés en réponse à la vente d'armes.

L’Iran était en pleine guerre contre l'Irak et trouvait peu de nations occidentales prêtes à l'approvisionner en armes. La vente d’armes était également vue, selon le conseiller à la sécurité nationale du président Reagan Robert McFarlane, comme susceptible d'améliorer les relations tendues avec l’Iran. Les profits sont allés aux Contras, des guerilleros engagés dans une lutte anti-communiste contre le régime sandiniste du Nicaragua.

Scandale

Quelles que soient les raisons de la vente d’armes américaines à l’Iran, l’affaire a provoqué une discorde politique aux États-Unis. Le magazine libanais Ash-Shiraa expose l’arrangement le 3 novembre 1986. C’est le premier reportage public sur une affaire d’armes contre otages. L’opération a été découverte après qu’un avion du pont aérien fut abattu au Nicaragua. Eugene Hasenfus, qui a été capturé par les autorités nicaraguayennes, affirme initialement que ses deux collègues, Max Gomez et Ramon Medina, étaient des agents de la CIA. Plus tard, il a retiré ses propos en disant qu'il ne savait pas. Le gouvernement iranien a confirmé le reportage de Al-Shiraa et dix jours après que l’histoire fut publiée, le président Reagan dévoile la vérité. Dans un discours télévisé, le 13 novembre, Reagan confirme la vente d’armes à l’Iran et déclare les raisons de la vente d’armes. Il affirme que seule une cargaison d’avion a été transférée en Iran.

« La raison était […] d’envoyer un signe que les États-Unis étaient préparés à remplacer l’animosité par une nouvelle relation. Au moment où nous avons entrepris cette initiative, nous avons précisé l’opposition de l’Iran à toute forme de terrorisme international en tant que condition de progrès dans notre relation. L’étape la plus importante que l’Iran pouvait faire, nous l’avons indiqué, serait d’utiliser son influence au Liban pour sécuriser la libération de tous les otages. »

Le scandale s’envenime le 21 novembre, quand Oliver North et sa secrétaire Fawn Hall sont surpris en train de détruire des documents pertinents. Le procureur général des États-Unis, Edwin Meese, avoue le 25 novembre que les bénéfices de la vente d’armes en Iran étaient rendus disponibles pour assister les rebelles Contras au Nicaragua. Le même jour, John Poindexter démissionne et Oliver North est licencié. Poindexter est remplacé par Frank Carlucci le 2 décembre 1986.

Argent de la drogue

À partir des années 1980, les Contras étaient soupçonnés d’être financés par la distribution de cocaïne. Une des premières allégations est contenue dans un procès classé en 1986 par deux journalistes représentés par le Christic Institute, qui déclaraient que la CIA et d’autres partis étaient impliqués dans des actes criminels, dont le financement d’achat d’armes avec la recette des ventes de cocaïne.

Le procès a été rejeté ; plusieurs participants ont subséquemment porté plainte contre le Christic Institute pour diffamation et ont gagné. Le rapport du Comité du Sénat des Affaires étrangères, du sénateur John Kerry en 1988 sur les liens de la drogue Contra, publié le 13 avril 1989, conclut que "des seniors de la politique des États-Unis n’étaient pas immunisés de l’idée que l’argent de la drogue était une solution parfaite pour les problèmes de financement Contra". Le rapport du Comité Kerry affirme que des membres du département d’État « qui ont fourni du support aux Contras étaient impliqués dans le trafic de drogue ; les éléments des Contras mêmes savaient pertinemment qu’ils recevaient une assistance financière et matérielle de trafiquants de drogue ». Kerry avait des suspicions sur la connexion de North avec Manuel Noriega, un baron de la drogue du Panama. Selon l’Archive de la Sécurité nationale (National Security Archive), Oliver North aurait été en contact avec Noriega et l’a rencontré personnellement.

Le rapport poursuit : « les liens de la drogue Contra inclut paiements aux trafiquants de drogue par le département d'État des États-Unis, autorisé par le Congrès en tant que assistance humanitaire, dans certains cas après l’inculpation de trafiquants par des agences fédérales, dans d’autres pendant que les trafiquants étaient sous enquête par ces mêmes agences ». Les Maisons du Congrès ont commencé à poser des questions sur les allégations de drogue associées aux Contras, provoquant un réexamen au printemps de 1986 sur les allégations du département d’État, conjointement avec le département de la Justice et les agences d’intelligence nationales.

Les allégations refont surface en 1996 quand le journaliste Gary Webb publie des rapports dans le San Jose Mercury News, et plus tard dans son livre "Alliance Obscure", qui détaille comment les Contras avaient distribué du crack cocaïne à Los Angeles pour financer l’achat d’armes. Ces reportages étaient initialement attaqués par d’autres journaux, qui tentaient de discréditer le lien, en citant des rapports officiels qui apparemment blanchissaient la CIA.

Le reportage du The Wall Street Journal du 29 janvier 1997sur les activités au Mena, indique que l’aéroport d'Arkansas a prétendument impliqué le gouverneur à l’époque, Bill Clinton dans une dissimulation de trafic de drogue. L’article du Wall Street Journal affirme :

Au centre du réseau de spéculation tissé autour de Mena se trouve quelques faits incontestés : un des meilleurs informateurs de drogue dans l’histoire des États-Unis, le trafiquant Barry Seal, a basé son opération aérienne à Mena. Au sommet de sa carrière il importait environ 1 000 livres (450 kg) de cocaïne par mois, et avait une fortune personnelle estimée à plus de $50 millions. Après être devenu un informateur pour le Drug Enforcement Administration, il a travaillé au moins une fois avec la CIA, dans une intervention de drogue Sandinista. Il a été assassiné par des tueurs à gages colombiens à Baton Rouge (Louisiane), en 1986 ; huit mois plus tard, un de ses avions—avec un pilote d’Arkansas aux commandes et Eugene Hasenfus dans la soute—a été descendu au-dessus du Nicaragua avec une cargaison de fournitures Contra.

En 1998, l'Inspecteur Général de la CIA Frederick Hitz publie un rapport à deux volumesqui soutient les affirmations de Webb, décrit comment 50 Contras et entités liés à Contra impliqués dans le trafic de drogue ont été protégés par les forces de l’ordre par l’administration Reagan-Bush, et documente la dissimulation de preuves relatives aux activités. Le rapport démontre qu’Oliver North et le National Security Council étaient informés de ces activités. Plus tard dans la même année, un rapport de l’inspecteur général du département de la Justice Michael Bromwich parvient à des conclusions similaires.

Le 10 décembre 2004, Gary Webb s’est apparemment suicidé en se tirant deux balles fatales dans la tête.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×