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Invité ella voyage

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Invité ella voyage
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Invité ella voyage Invités 0 message
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(je recopie quelques passages de l'interview de Télérama (pas tous, pour l'article entier, voir le journal lui-même) de cette semaine_ Rubrique L'invité_ pour le prochain Etonnants voyageurs de 2012 qui aura lieu à St Malo)

En train, en Fiat, à pied ou en voilier, cet Italien entêté questionne les frontières autant que les hommes. Un écrivain reporter que nous avons rattrapé sur les rives du Pô.

Paolo Rumiz

Pas facile d'organiser un rendez-vous avec un écrivain voyageur! Mobile, mobile... Surtout quand il traverse l'Italie, en descendant le cours du Pô. C'est à Boretto, petite commune fluviale située à environ 150 kms au sud de Milan, que nous retrouvons finalement Paolo Rumiz. L'écrivain et journaliste italien, accompagné de quelques acolytes, vient d'amarrer son bateau, un cat-boat en bois de 5,5 m doté d'une seule voile. Le navire n'en arbore pas moins fièrement son petit nom toscan: Gatto chiorbone, le chat têtu. L'appellation va comme un gant à Rumiz, ce voyageur entêté. Sous son regard félin, on entrevoit l'humanité rencontrée lors de ses mille et un voyages, autant de traversées de frontières.

....

Le moyen de transport fait-il le voyage?

Je dirais que c'est un appât, qui permet de provoquer des rencontres, d'attirer les gens. En 2006, j'ai traversé les Appennins dans une toute petite voiture italienne des années 1930-1940, la très coquette Fiat Topolino. J'ai appris ensuite que c'est cette même voiture que Nicolas Bouvier avait utilisée en 1953-1954 pour son grand voyage, qui l'a conduit jusqu'en Afghanistan et qu'il relate dans L'Usage du monde. Cette voiture mythique fait aujourd'hui rêver. Tous les gens que j'ai rencontrés venaient spontanément me parler, me confier des histoires d'antan, comprenant que j'étais à la recherche de quelque chose qui allait s'évanouir. Le moyen de transport donne le la. Celui qui veut rester seul avec lui-même voyagera plutôt à pied. Celui qui a besoin d'une légère compagnie, à vélo. Mais pour multiplier les rencontres, les transports publics s'imposent. Et là, il y a d'autres appâts, comme cela par exemple...[ Rumiz sort de sa poche un objet qui ressemble à un chapelet bleu et blanc]. C'est un komboloï grec, laïc. Un jour, j'étais bloqué dans un train entre Milan et Venise au milieu d'une tempête de neige; personne ne parlait, tout le monde était de mauvaise humeur. J'ai alors sorti ce komboloï et une minute a suffi pour qu'un russe et un Marocain me posent des questions sur mes origines.

....

Regrettez-vous les frontières européennes, l'avant-Schengen?

L'Europe me paraît moins intéressante. Les frontières gardent les différences. Or je voyage justement pour rencontrer des gens autres, des gens différents de moi. Aucun intérêt, sinon à se déplacer. Je pense en outre qu'on a besoin de quelques limites; si je sais quel est mon territoire, je serais capable d'accepter les autres beaucoup plus facilement. L'Italie était d'ailleurs beaucoup plus hospitalière il y a cinquante ans qu'aujourd'hui. J'ai peur de cette mondialisation qui suscite la nostalgie des micro-patries. Je suis d'accord avec Régis Debray et son livre Eloge des frontières. Le problème de la globalisation, c'est qu'elle crée des réponses simples à la question complète, inquiète, de l'identité. Pour répondre à cette inquiétude, on se fabrique un ennemi. De ce point de vue, la guerre des Balkans, sur laquelle j'ai beaucoup écrit, n' a pas été archaïque mais très contemporaine; les politiciens ont exploité, au lieu de la calmer, l'angoisse identitaire des populations. J'ai rencontré un Serbe très cultivé qui m'a dit: " Maintenant je peux te dire qui je suis". ll a eu besoin d'une guerre pour connaître son identité. C'est terrible. Déjà, au XXè siècle, la modernité avait tout simplifié; elle s'est inventée des ennemis qui ont été massacrés, chassés, expulsés. J'ai senti le vide atroce laissé par les juifs. La Turquie est beaucoup plus faible sans les Arméniens- beaucoup plus turque mais beaucoup plus faible... C'est pareil en Europe centrale. Pouvez-vous imaginer ce qu'était Czernowitz, le berceau de la musique klemer? C'était un monde incroyable, fascinant. Toute cette pluralité a maintenant disparu.

(et autre lien

http://www.courrieri...ope-bat-a-l-est

et on peut en trouver d'autres encore, comme celui-ci

http://www.presseuro...sans-frontieres)

http://youtu.be/_KfcHrsHlOI

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Maintenant
Membre, 38ans Posté(e)
Donny Membre 621 messages
Baby Forumeur‚ 38ans‚
Posté(e)
Je suis d'accord avec Régis Debray et son livre Eloge des frontières.

Oui, très bon livre.

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