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4 mai 1897. La soeur de Sissi l'impératrice flambe dans l'incendie du Bazar de la charité.


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4 mai 1897. La soeur de Sissi l'impératrice flambe dans l'incendie du Bazar de la charité.

Le gotha parisien perd 126 de ses membres lors d'un incendie déclenché par la projection des films des frères Lumière.

mai-lewino-565978-jpg_389469.JPG© DR

En fin d'après-midi, le 4 mai 1897, une odeur de viande grillée se répand dans le huitième arrondissement de Paris. Curieux, aucun barbecue n'est prévu ce jour-là, mais simplement une réunion de bienfaisance au Bazar de la charité, au 17 de la rue Jean-Goujon. Or, ce n'est pas l'habitude pour ces dames du gotha de croquer des merguez comme les prolos défilant le 1er mai.

D'autant que la soeur de Sissi l'impératrice est présente dans le Bazar où elle tient un stand. Pourtant, la fumée noire qui se répand dans le quartier provient bien du hangar en bois de 1 000 mètres carrés abritant la vente de charité. Celui-ci s'est brutalement enflammé, piégeant toutes les dames de la haute dont les longues robes se transforment en torches. Hurlements de terreur ! Sauve-qui-peut général ! Agonies terribles. Qui sème la charité récolte l'incinération. Et Dieu dans tout ça ? Comme d'habitude, il se tait... Terrible incendie déclenché par un projecteur cinématographique des frères Lumière !

Pourtant, cette journée avait merveilleusement débuté. Dès le matin, la foule s'était précipitée dans le Bazar de la charité, où les architectes avaient reconstitué une rue de Paris au Moyen Âge, avec ses éventaires, ses échoppes aux enseignes farfelues, ses étages en trompe-l'oeil et ses murs tapissés de feuillages et de lierres. À la truie qui file, Au lion d'or, Au chat botté... Au total, vingt-deux stands proposent lingerie, colifichets et objets en tout genre collectés pour la grande vente. Tous les bénéfices doivent être reversés aux pauvres, aux invalides, aux orphelins...

En début d'après-midi, le hangar se remplit à vue d'oeil, près de 1 200 personnes sont déjà là. Surtout des femmes qui adorent, une fois par an, donner un peu de leur fric pour soigner leur réputation. Rien de nouveau sous le soleil. On reconnait Son Altesse royale la duchesse d'Alençon, épouse du petit-fils de Louis-Philippe Ier, soeur cadette de Sissi l'impératrice. Mais aussi la duchesse de Vendôme, la duchesse d'Uzès, la marquise de Saint-Chamans, la comtesse Greffuhle, la générale Février, la marquise de Sassenay... Bref, tout le gratin, la jet-set française.

L'allumette fatale

Pour ravir les aristos, le baron de Mackau, président de l'organisation caritative, a cru bon d'accueillir le tout nouveau cinématographe des frères Lumière. Chouette ! La salle de projection est installée dans une sorte d'appentis en bois, adossé au hangar, où, pour cinquante petits centimes, on peut assister à la projection de La sortie des usines Lumière à Lyon, de L'arrivée du train en gare de La Ciotat et de L'arroseur arrosé. Seulement voilà, l'entrepreneur Normandin, qui est chargé des représentations cinématographiques, fait la gueule. Depuis deux jours il se plaint du minuscule appentis mis à sa disposition pour abriter l'invention du siècle, alors qu'un espace immense est consacré à la vente de ces fichus chiffons de bonnes femmes. À peine a-t-il assez d'espace pour loger ses appareils, ses bidons d'éther, ses tubes à oxygène, ses boîtes, ses bouteilles... tous très inflammables. Il s'est même demandé à un moment si le projectionniste et son assistant n'allaient pas finir sur les genoux des spectateurs.

Peu après 16 heures, la duchesse d'Alençon confie à une de ses voisines, Mme Belin : "J'étouffe..." Celle-ci lui répond : " Si un incendie éclatait, ce serait terrible !" Elle brûle sans le savoir : moins d'une demi-heure plus tard, dans la cabine du cinématographe, la lampe du projecteur qui brûle de l'éther est à sec. M. Bellac, le projectionniste, entreprend de faire délicatement le plein quand son assistant, Grégoire Bagrachow, ne trouve rien de mieux à faire que de craquer une allumette. Erreur fatale. Les vapeurs d'éther s'embrasent instantanément. Les deux acolytes tentent péniblement de contenir les flammes. Autant vouloir demander aux eaux de la mer Rouge de reculer.

Effondrement

Le duc d'Alençon, qui accompagne son épouse, est discrètement alerté de l'incendie. Aussitôt, avant que les flammes ne provoquent la panique, il commence à faire évacuer des centaines de personnes par l'entrée principale. Soudain, un rideau du hangar prend feu. En quelques secondes les flammes se propagent à tout ce décor fait de bois blanc, de carton et de velum goudronnés, agrémenté de tapisseries, de tentures, de dentelles, de rubans... Que de belles textures pour ravir les flammes.

Le calme cède à la terreur. Les femmes se prennent les pieds dans leurs longues robes, celles qui tombent finissent piétinées par la horde de fuyards hurlants qui se précipitent vers la sortie. Le hangar se transforme en brasier. Certains invités rebroussent chemin en voyant la sortie totalement bouchée pour essayer de s'enfuir par la cour intérieure. C'est le cas de la duchesse d'Alençon, qui a voulu rester pour aider quelques personnes à sortir. Mais la cour se révèle un mortel cul-de-sac, car elle donne sur les cuisines de l'hôtel du Palais, dont toutes les fenêtres sont dotées de barreaux. Certains sont descellés par les cuisiniers, permettant ainsi de sauver quelques-unes des personnes prises au piège, hurlant comme des bêtes sauvages.

À l'intérieur du hangar, le faux plafond en velum goudronné enflammé s'effondre sur la foule. Un plombier nommé Piquet et un vidangeur nommé Dhuy, passant par là, se précipitent courageusement dans le Bazar de la charité pour secourir de nombreuses femmes et des enfants. "Deux bras se tendaient vers moi. Je les saisis, mais il ne me resta dans les mains qu'un peu de peau brûlée et un doigt", racontera Piquet au Petit Journal. Ceux ou celles qui sont restés piégés à l'intérieur se transforment en torches vivantes et se tortillent avant de tomber au sol, carbonisés au milieu des décombres calcinés. Quinze minutes après le début de l'incendie, l'édifice s'effondre déjà.

Peines de prison avec sursis

À l'extérieur, les pompiers tentent de maîtriser l'incendie pour éviter la propagation au voisinage, et, au milieu d'eux, le duc d'Alençon cherche sa femme. En vain. Elle n'a pas réussi à s'enfuir. Son corps méconnaissable sera authentifié ultérieurement par son dentiste qui reconnaîtra sa sublime dentition et le bridge en or qu'il lui avait posé. L'a-t-il récupéré ? Ce jour-là, faire la charité aura coûté la vie à 126 personnes et des brûlures graves à plus de 250 autres.

Les victimes sont essentiellement des femmes. Alors qu'au moins deux cents beaux mâles se pavanaient dans le Bazar, les victimes masculines se comptent sur les doigts d'une seule main ! Et encore, il s'agit de trois vieillards, d'un portier de 12 ans et d'un médecin. Les autres n'ont pas hésité à piétiner ces dames pour s'en sortir vivants ! Les lâches ! Les journaux à grand tirage s'emparent du drame, glorifiant les deux ou trois véritables héros et ironisant sur tous les autres, les "chevaliers de la Pétoche" ou les "marquis de l'Escampette". C'est comme si Brad Pitt s'était tranquillement barré sur la pointe des pieds en laissant cramer son Angelina Jolie dans le Bunker du Festival de Cannes en proie aux flammes. Impensable.

Toute l'histoire...

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Membre+, Un manuscrit dans une main, une boussole dans l'autre, 41ans Posté(e)
Noisettes Membre+ 10 576 messages
41ans‚ Un manuscrit dans une main, une boussole dans l'autre,
Posté(e)

J'ai entendu dire, moi, que l'incendie a été déclenchée par l'inflammation des bobines de film constituées de nitrate, un composé chimique très instable, inflammable et dont rien ne pouvait arrêter la combustion...

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