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L'affaire Salengro.


Invité David Web

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L'affaire Salengro

Roger Salengro est, à l'été 1936, l'objet d'une campagne infamante de la part de la presse d'extrême-droite, en raison de son action contre les ligues (loi sur la dissolution des ligues, projet de nationalisation des gazettes d'extrême-droite).

Tout commence le 14 juillet 1936 lorsque le quotidien de Charles Maurras, L'Action française, publie un article non signé s'indignant que Roger Salengro puisse s'incliner devant la tombe du soldat inconnu, puis se poursuit le 21 août 1936, avec la publication par le journal d'extrême-droite Gringoire d'un article qui pose la question « Roger Salengro, ministre de l'Intérieur, a-t-il déserté le 7 octobre 1915 ? » Cette accusation avait déjà été formulée auparavant, en 1923, par le Parti communiste.

L'Action française reprend et renforce les attaques les jours suivants et ses articles sont repris par d'autres journaux. Roger Salengro oppose démenti sur démenti aux accusations, mais se voit chaque fois l'objet d'une nouvelle attaque.

La campagne de presse est relayée à la Chambre des députés par le chef de file de son opposition municipale à Lille, Henri Becquart, à partir du 14 juillet 1936.

Salengro ayant été coursier à vélo pendant la guerre, ses adversaires le caricaturent à l'envi sous l'aspect d'un cycliste. Il est surnommé « le rétro-pédaleur » et les « accusations » implicites d'ivrognerie et d'homosexualité se veulent blessantes. On dépose même sur la tombe de sa défunte femme Léonie (morte en 1935), en guise de couronne mortuaire, un vieux pneu usagé de vélo qu'il jette à terre de rage lors d'une visite à sa mère.

Bien que l'accusation de désertion ait été reconnue comme infondée des années auparavant, le soldat Salengro ayant en fait été capturé par l'ennemi, la polémique enfle durant l'été dans un pays encore marqué par la guerre contre l'Allemagne.

Après un discours de Léon Blum et de lui même au perchoir de l'Assemblée nationale, où il se défend tant bien que mal contre la calomnie et le mensonge, la Chambre des députés, par un vote du 13 novembre 1936, par 427 voix sur 530 (63 députés considèrent qu'il a déserté mais la majorité de députés de la droite modérée votant en sa faveur), soutient Roger Salengro contre les accusations de l'extrême-droite. Mais Gringoire, par la plume d'Henri Béraud, ridiculise aussitôt le ministre en le surnommant du sobriquet de « Proprengros ». L'opinion publique, influencée par ces attaques à répétitions, ne retient que le soupçon.

Son suicide

Ne supportant plus les calomnies le ministre de l'Intérieur, fragilisé et déprimé (d'autant plus que sa femme est morte 18 mois plus tôt et sa mère mourante), décide de mettre fin à ses jours. En pleine inspection à Lille, sa ville natale, le 17 novembre 1936, Salengro rentre chez lui dans la soirée et croise dans la rue un homme qui le reconnaît, l'insulte et lui crache au visage. Arrivé et seul dans son appartement, il entre dans la petite cuisine, met son chat dans le cellier, ferme la porte en posant au bas une serpillière mouillée, ouvre le robinet de la gazinière, étale sur la table deux exemplaires du journal Gringoire, et rédige deux lettres testamentaires : l'une adressée à Léon Blum et l'autre à son frère. Salengro meurt asphyxié dans les minutes qui suivent. Il écrit : « S’ils n’ont pas réussi à me déshonorer, du moins porteront-ils la responsabilité de ma mort. »

Le 22 novembre 1936, devant l'hôtel de ville de Lille, lors de ses obsèques devant un million deux cent mille personnes, Léon Blum rend hommage dans une oraison funèbre à son défunt ministre dans « un de ses plus beaux discours [...] », en accusant les journaux d'opposition de sa mort, « [...] et la France célèbre un socialiste populaire, modeste et têtu, à l'image des héros de cet âge d'or de la gauche ». Des extraits de sa prise de parole se retrouvent dans le quotidien L'Humanité daté du 23 novembre 1936. Plus d'un million deux cent mille personnes assistent aux obsèques du ministre, ce qui en fait les plus grandes funérailles nationales depuis celles de Victor Hugo. Roger Salengro est enterré au cimetière de l'Est à Lille.

Conséquence immédiate

Après l'émotion suscitée par sa mort, une loi est promulguée le 18 décembre, visant à aggraver les peines frappant la diffamation par voie de presse.

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Membre, j'assume ... pas toujours, 91ans Posté(e)
Crumb Membre 2 251 messages
91ans‚ j'assume ... pas toujours,
Posté(e)

Tragique et écoeurant!

On est bien loin des dirigeants politiques actuels de tous bords. Même des accusations fondées, voire des condamnations, les laissent de glace et ils remontent sur scène tout guillerets. Par exemple, allez au Canada vous en reviendrez blanchi ... par la neige?

Des membres du propre parti de Salengro devraient s'inspirer de ce fait. Mais il est vrai qu'une peau d'éléphant ça protège énormément. Et puis qu'ont-ils à voir avec Roger Salengro et Léon Blum. Pas grand chose. On devait les poursuivre pour non respect du copyright. Ce n'est plus le Parti socialiste, c'est le Parti social-libéral. C'est nouveau ça viens de sortir, les travailleurs (social) rembourseront les cadeaux fait aux capitalistes (libéral).

Au moins Sarkozy évite de se réclamer du gaullisme. Son impudence, et il n'en manque pas, ne vas pas jusque là.

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Membre, 65ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 65ans‚
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Les Camelots du Roi (royalistes d'extrême-droite, antisémites) ont également blessé Léon Blum alors qu'il était dans sa voiture.

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