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En Chine, « le consensus de l'après-Tian'anmen s'effrite »


Nathaniel

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En Chine, « le consensus de l'après-Tian'anmen s'effrite »



le 04 juin 2011





(De Pékin) Le sinologue français Jean-Philippe Béja revient sur la vague répressive qui sévit actuellement en Chine, que beaucoup d'observateurs estiment être la pire depuis le massacre de Tian'anmen, le 4 juin 1989, il y a 22 ans.






Aujourd'hui la Chine : Quel est le bilan du mouvement répressif qui s'est abattu sur la société civile chinoise depuis que les révolutions arabes ?

Jean-Philippe Béja : D'abord, je ne pense pas que ce retour en arrière ait commencé à ce moment-là, même s'il est indéniable qu'il s'est accéléré. Pour moi, cela a commencé avec les Jeux olympiques [de Pékin en 2008, ndlr] et la répression au Tibet, puis avec la condamnation de Liu Xiaobo [dissident et prix Nobel de la paix, ndlr] à onze ans de prison [en décembre 2009, ndlr].

Quant au bilan, il est difficile à établir, car beaucoup de gens ont été arrêtés sans qu'on le sache, notamment dans les districts reculés. Mais on estime qu'entre les disparitions, les assignations à résidence et les arrestations (dont certains ont déjà été relâchés), on arrive au moins à 100 ou 120 personnes.

C'est une répression tous azimuts avec toutes sortes de gradation dans l'intimidation, qui utilise une nouvelle méthode déjà expérimentée sur l'avocat Gao Zhisheng.

On les prend, on les garde un mois ou deux et quand ils ressortent, ils ne parlent pas. On a obtenu leur silence par des pressions psychologiques, peut-être des sévices physiques.

Je rappelle par ailleurs que la femme de Liu Xiaobo, Liu Xia, est toujours assignée à résidence, et ce depuis le mois d'octobre dernier.

C'est donc un vaste mouvement dirigé vers toutes sortes d'activistes. Comme le disait récemment Jiang Yu, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères, la loi ne s'applique pas pour certaines personnes.

Q: Beaucoup d'observateurs estiment que la période actuelle est la pire depuis le massacre de Tian'anmen, il y a 22 ans. Qu'en pensez vous, et quel parallèle établissez-vous entre les deux ?

R: Je suis assez d'accord avec cela. Deux choses ont inquiété une partie des dirigeants en mai-juin 1989 :
  • d'abord, l'émergence d'une organisation autonome au sein de la société, et la perspective d'un éventuel dialogue du PCC avec eux ;
  • mais surtout, l'attitude de Zhao Ziyang [secrétaire général du Parti communiste chinois limogé en juin 1989 car il s'opposait à l'usage de la force, ndlr], qui voulait régler cela par l'ouverture et la démocratie. Cela a été pris comme une tentative de scinder le parti, ce qui était inacceptable. La répression était donc une façon de fermer la porte à toute scission.



Aujourd'hui, on est à la veille d'une succession [en 2012, Hu Jintao et Wen Jiabao laisseront leur place à Xi Jinping et Li Keqiang, ndlr], et le pays est en proie à une agitation sociale dont le traitement divise les dirigeants : il semble bien qu'une partie d'entre eux plaide pour commencer à discuter de réformes politiques.

J'en veux pour preuve les opinions contradictoires exprimées dans les médias gouvernementaux.




Source: Rue 89
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