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Mitsakie

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Allemagne: les petits-enfants des Nazis commencent à découvrir leur histoire

2011-05-17 18:55:00

Kirsten Grieshaber, The Associated Press

BERLIN - Rainer Höss avait 12 ans quand il a découvert que son grand-père compte parmi les pires meurtriers de l'Histoire.

initializeArticleBodyFontSize()Le jardinier de son pensionnat, un survivant d'Auschwitz, lui a donné une râclée après avoir appris qu'il était le petit-fils de Rudolf Höss, le commandant du camp de concentration qui en est venu à symboliser l'Holocauste.

«Il m'a battu, parce qu'il a projeté sur moi toute l'horreur qu'il a vécue, a expliqué Rainer Höss en souriant et en haussant les épaules. Höss un jour, Höss toujours. Que vous soyez le grand-père ou le petit-fils - coupable c'est coupable.»

Les Allemands n'ont jamais eu peur d'affronter leur passé nazi, versant des milliards de dollars en compensation, enseignant sans retenue l'histoire du Troisième Reich dans leurs écoles et érigeant des monuments à la mémoire des victimes.

Malgré tout, la majorité des Allemands ont longtemps cherché à taire la participation de leurs propres familles aux atrocités du régime nazi. Mais aujourd'hui, plus de 65 ans après la disparition d'Hitler, ils sont de plus en plus nombreux à souhaiter lever le voile du secret.

Plusieurs, comme M. Höss, se sont lancés dans des poursuites solitaires qui frisent l'obsession. D'autres se tournent vers les séminaires ou les ateliers qui ont vu le jour à travers l'Allemagne pour offrir conseils et appuis psychologiques.

«Vu de l'extérieur, la troisième génération a tout eu - la prospérité, l'éducation, la paix et la stabilité, a dit l'auteure Sabine Bode, qui a écrit sur le poids de l'Holocauste pour les familles allemandes modernes. Mais ils ont aussi grandi avec plusieurs secrets cachés, ils ont ressenti le fardeau silencieux de leurs familles, qui était souvent accompagné d'un manque de chaleur émotionnelle et d'inquiétudes floues.»

Comme d'autres, M. Höss a dû surmonter la résistance d'une famille qui aurait préféré qu'il n'aille «pas déranger le passé». Il a malgré tout consacré de nombreuses heures solitaires à sa quête, découvrant que son grand-père a dirigé Auschwitz de mai 1940 à novembre 1943, avant d'y revenir brièvement en 1944 pour superviser l'extermination d'au moins 400 000 Juifs en moins de deux mois.

Le commandant du camp habitait une maison luxueuse à moins de 150 mètres des cheminées qui crachaient les cendres des condamnés. Le père de Rainer Höss, Hans-Rudolf, était un des cinq enfants de Rudolf Höss.

«Quand je fouille et que je découvre les crimes de mon grand-père, ça me bouleverse complètement chaque fois», a confié M. Höss lors d'une récente entrevue dans un petit village de la Forêt noire.

Il dit avoir tenté de se suicider à deux reprises et avoir subi au moins trois crises cardiaques au cours des dernières années. Aujourd'hui, ajoute-t-il, la culpabilité est disparue mais le poids du passé ne se dissipe jamais.

«Mon grand-père était un tueur en série - et je ne peux que ressentir de la honte et de la tristesse, a dit l'homme de 45 ans, lui-même père de deux fils et deux filles. Toutefois, je ne veux pas me fermer les yeux et prétendre qu'il ne s'est jamais rien passé, comme le font les autres membres de ma famille... Je veux mettre fin à cette malédiction qui hante ma famille depuis cette époque, pour moi-même et pour mes enfants.»

M. Höss a été plongé dans la controverse en 2009 quand des médias israéliens ont rapporté qu'il avait tenté de vendre certains des biens de son grand-père au musée Yad Vashem. Mais des courriels fournis à l'Associated Press démontrent qu'il était tout aussi prêt à faire don de ces objets.

Quand il a visité Auschwitz pour la première fois, il a eu l'occasion d'échanger avec un groupe d'étudiants israéliens. Une fillette lui a alors remis une petite Étoile de David sur un cordon, qu'il porte aujourd'hui en permanence autour de son cou. Il dit que cela lui a permis d'accepter que la troisième génération de Juifs depuis l'Holocauste ne le tient pas responsable des horreurs du régime nazi.

Mais M. Höss reconnaît que le fantôme de son grand-père ne cessera probablement jamais de le hanter. Peu de temps après sa visite à Auschwitz, il a rencontré Josef Pacynski, un survivant polonais du camp et l'ancien barbier de son grand-père.

«Inconsciemment, j'imagine que j'espérais qu'il puisse me raconter une histoire positive au sujet de mon grand-père, quelque chose qui m'aurait démontré qu'il y avait quand même un peu de bonté en lui», a dit M. Höss.

M. Pacynski lui a demandé de se lever et de s'approcher. Il lui a alors lancé: «Tu es le portrait exact de ton grand-père.»

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