Aller au contenu

Une guerre sans fin...


Invité David Web

Messages recommandés

Invité David Web
Invités, Posté(e)
Invité David Web
Invité David Web Invités 0 message
Posté(e)

Une guerre sans fin...

(A Boston - Massachusetts, Boone - Caroline du Nord, Houston -Texas) Seuls les morts ont vu la fin de la guerre. A 31 ans, deux déploiements en Irak et un en Afghanistan, Riley Palmertree arbore en permanence au poignet un bracelet portant les noms de ses camarades, Brandon Wallace et Joshua Schmidt, tombés à Falloujah en avril 2007. Quelques mots ponctués de ces trois lettres : FTA. Comprendre : «Fuck the Army». Un autre porte le nom de Jacob Blaylock, tombé sur le front d’une guerre qui ne dit pas son nom, mais qui fait désormais autant de tués que les champs de bataille d’Irak ou d’Afghanistan : Jacob s’est donné la mort à son domicile du Texas, plusieurs mois après son retour.

Sur l’écran d’ordinateur de sa chambre transformée en studio de montage, dans un appartement de Boston, Riley a revu des dizaines de fois les images de cette guerre. Des vidéos que Brandon et Jacob filmaient à leurs heures perdues, tantôt scènes de la vie quotidienne sur la base, entrecoupées de blagues de potaches, tantôt témoignage sur le vif d’une guerre qui montre enfin son vrai visage, comme lorsque Jacob filme ce qu’il reste de l’uniforme ensanglanté d’un soldat dont le véhicule vient de sauter sur un engin explosif…

Brandon et Jacob voulaient réaliser un documentaire. Quand la guerre serait finie. Parmi les nombreuses séquences filmées, il y a celle-ci, un de ces moments où tout bascule. Nous sommes quelque part en Irak, le 13 avril 2007, un vendredi. L’ambiance est décontractée, les hommes, de bonne humeur, plaisantent. Après un an de déploiement sans perte, c’est le jour de la dernière mission, la Der des Der.

L’homme qui tient la caméra, c’est Jacob. Sur les toutes dernières images, on l’entend proposer à Brandon de reprendre sa place sur la tourelle. Ce dernier refuse. Cette décision aura des conséquences funestes. Ce jour-là, les hommes ont retardé la mission jusque tard dans la nuit. Par superstition, ils ne voulaient pas partir un vendredi 13.

Finalement, le véhicule de Brandon et Joshua, qui ouvre le convoi, saute peu après leur départ sur un engin artisanal enterré sur le bord de la route. Brandon est tué sur le coup. Joshua mourra dans l’incendie du véhicule. Jacob assiste à la scène, impuissant.

Deux semaines après ce fatidique vendredi 13, les hommes sont de retour au pays. Pour Jacob, la destination finale c’est Houston, Texas. Là il retrouve Heidi, son amie d’enfance, avec qui il s’installe. Il reprend son emploi de vendeur chez Fed’Ex-Kinkos, et monte un groupe de musique. L’apparence d’une vie normale. Mais il y a aussi le divorce avec son ex-femme, les problèmes d’argent, l’alcool, ses comportements de plus en plus erratiques, la culpabilité, les accès de colère, les nuits agitées, les cauchemars récurrents… «Il rêvait que ses deux amis étaient toujours vivants, racontera Heidi plus tard, qu’ils venaient le chercher pour sortir, mais lui leur disait qu’ils étaient morts, et eux ne comprenaient pas de quoi il parlait.»

Ce sont les mêmes ingrédients que l’on retrouve la nuit du 9 décembre 2007. L’alcool en excès, une dispute avec sa fiancée, Heidi, que dans sa confusion, il appelle du nom de son ex-femme, la colère… et puis ce revolver, qu’il agite désormais en tous sens. Qu’il porte à présent à sa bouche. «Qu’est ce que ta fille va penser de toi ? C’est vraiment stupide de faire ça», se souvient lui avoir dit Heidi. Elle a tourné la tête, il y eut un silence, et puis… la détonation. Jacob est mort.

Selon une étude de la Rand Corporation, près de 20% des soldats revenant d’Irak et d’Afghanistan, soit 300.000, souffrent de troubles psychologiques ou de dépression majeure, alors qu’à peine la moitié se font soigner. La moitié expliquent qu’ils ont été le témoin de la mort d’un camarade ou des ses blessures graves. On estime qu’entre 2001 et 2006, le nombre de suicides a été multiplié par deux dans les rangs des militaires.

16% des vétérans sont SDF. Au-delà de ces données brutes, il y a la question de la réinsertion de ces hommes dans la société américaine. Le magazine USA Today a révélé cette année que 16% des vétérans étaient sans domicile fixe à leur retour. Leur taux de chômage est estimé à 14,7%. Une étude de l’Université de Harvard a en outre calculé que le nombre d’anciens combattants américains qui sont morts en 2008 parce qu’ils n’avaient pas d’assurance maladie (2.266) a été 14 fois plus élevé que celui des soldats tués en Afghanistan pendant la même période.

Drôle de contraste avec l’accueil réservé par la population américaine à ses soldats. Ou que vous alliez, il n’est pas rare de trouver une station-service où l’on sert le café gratuitement aux vétérans, on est fier de signaler par un autocollant sur sa voiture que le fiston est parti se battre en Irak. «Welcome back», lit-on un peu partout sur des affiches dans les commerces.

Tout l'article...

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×